— over my head (w/bb)

t’as le sourire qui te pend aux lèvres, celui que tu n’arrives d’ailleurs même pas à chasser. le souvenir de ses doigts, contre la peau, de ses lèvres qui brûlent les tiennes. ton cœur, que tu sens toujours taper contre ta poitrine. princesse amoureuse, et pourtant tu n’es toujours pas prête à l’admettre haut et fort. même si tu le sais, depuis quelques temps déjà. alors tu fermes les yeux quelques instants, pas encore prête à redescendre sur terre. pourtant il le faut. fracas contre la porte de ta chambre qui ne tarde pas à suivre, ton cœur qui rate un battement avant que tu pousses un long soupir. peignoir que tu fais glisser sur tes épaules, avant de te diriger vers la porte de ta chambre. loquet que tu déverrouilles, avant d’ouvrir la porte et croiser ce regard, son regard. « bb ? » la surprise peut probablement se lire sur ton visage. car clairement, ce n’est pas elle que tu croyais apercevoir en ouvrant cette porte. l’idée que ce soit ta mère ou l’une de tes sœurs te semblait plus probable que la jeune femme. mais tu n’en restais pas moins contente de la voir. et le sourire qui reprend ses droits sur ton visage en témoigne. à moins que ce ne soit autre chose. « je… j’allais prendre ma douche, mais entre, fais comme chez toi, ce ne sera pas très longtemps. » première excuse que tu avais trouvé, pour t’éclipser quelques instants. le temps de retrouver un peu de contenance. un air un peu plus naturel. alors c’est ce que tu fais. tu prends la direction de cette salle de bain connexe à ta chambre, prenant bien soin d’agripper quelques vêtements au passage qu’il te faudrait enfiler. l’eau que tu fais couler à bonne température. légère brûlure contre ta peau alors que tu te laisses submerger. soupir entre tes lèvres, alors que tu passages tes mains sur ton visage. puis tu finis par fermer l’eau, par prendre une serviette pour te sécher, avant d’enfiler tes vêtements et prendre la direction de ta chambre. tes cheveux mouillés, qui tombent le long de ton visage, avant que tu ne t’assois devant ton miroir et que tu ne les brosses. et y’a toujours ce sourire qui te caresse les lèvres, que même cette courte douche n’aura pas parvenu à effacer. « alors, qu’est-ce que tu fais là ? » simple question, lancée à l’intention de ton amie, alors que ton regard croise le sien à travers le miroir. parce que tu te dis qu’il doit bien y avoir une raison pour ça présence. quoi que, peut-être que non aussi. après tout, elle n’en avait probablement pas besoin pour venir te voir. « et détrompe toi, je suis contente de te voir, hein. seulement, je ne m’y attendais pas vraiment. » tu préfères le préciser malgré tout. que tu es contente de la voir. la brosse que tu remets à sa place sur le meuble, avant de te retourner vers elle. attendant clairement qu’elle dise quelque chose.

ce sourire un peu bête que tu tentes bien évidemment de ravaler toi. parce qu’il était bel et bien certain que la jeune femme n’allait pas manquer de te le faire remarquer. un peu gênée d’ailleurs, alors que ses mots parviennent jusqu’à tes tympans. grande inspiration, que tu prends, comme si ça pouvait te donner le coup de pouce qu’il te manquait pour retrouver ce semblant de contenance. comme si ça allait changer quoi que ce soit. le regard qui se baisse légèrement, seulement quelques secondes, avant de retrouver le sien, dans le miroir. parce que clairement, ça ne fait pas naturel du tout, que tu agisses de cette manière. toi qui n’a d’habitude honte de rien du tout. encore moins avec la jeune femme. non, vaut mieux que tu gardes la tête haute, princesse. autrement tu pourrais perdre ta couronne. la parole que tu reprends, donc. annonçant que tu étais contente de la voir, malgré la surprise. bien que ça, elle ne devait pas vraiment en douter à vrai dire. pas comme si c’était vraiment nouveau. « évidemment que tu es contente de me voir, l'inverse n'est pas dans les options. » sourire un peu plus malicieux qui déforme rapidement tes lèvres. petit rire qui s’en suit d’ailleurs, venant ainsi joindre les paroles de la jeune femme. parce qu’elle a tapé dans le mille. parce que déjà, elle te connait trop bien. et ensuite, il faut bien le dire c’est exactement pour ça que tu l’aimes, bb. parce qu’elle est sûre d’elle, parce qu’elle n’a pas froid aux yeux. alors que parfois, tu préfèrerais peut-être que ce soit le cas. « dis-moi... t'as fais quoi hier soir ? » comme à cet instant précis. ta gorge qui se noue. comme si sa question passait un peu de travers dans ta gorge. parce que ce ton, dont elle use. t’as l’impression qu’elle sait. qu’hier soir, tu n’étais pas entrain de réviser, qu’hier soir tu étais accompagnée. alors que toi, tu ne lui en as jamais parlé. et tu ne comptais d’ailleurs pas le faire de sitôt, à vrai dire. parce qu’à quelque part, tu te doutais bel et bien de ce qu’elle allait dire. et clairement, tu n’avais pas besoin de ça, toi. « et ce soir ? tu sors avec moi ? » ta brosse, que tu déposes doucement sur le meuble, avant de te retourner vers elle. de croiser son regard, de le défier par la même occasion. toi, qui cherche à te montrer impassible, alors qu’il y a ton cœur qui tambourine dans ta poitrine. et faut dire que tu es plutôt douée, pour cacher tes sentiments, pour rester inatteignable. parce que tu as beaucoup de pratique. et ici, tu n’as qu’à agir le plus normalement qui soit. et peut-être bien qu’elle avalera tout ce que tu veux bien lui dire. et que vous passerez bien vite à un autre sujet. « ce soir ? hum, oui, j’pense bien que ça peut se faire. » que tu commences. la question facile en premier. toi, qui n’a rien de prévu, le temps de cette soirée. et clairement, tu ne peux nier que ça te ferait probablement du bien, de sortir un peu. de te changer les idées. et ainsi, peut-être bien espérer te le sortir de la tête, au moins le temps d’une soirée. « et pour hier… pourquoi ça t’intéresse hein ? j’ai rien fait de particulier tu sais… » et voilà que tu joues la carte de l’ignorance. voilà que tu cherches presque à la faire culpabiliser de t’avoir posé cette question. presque parce que tu la connais très bien, betsi. et tu sais pertinemment que la jeune femme n’est pas de celle qu’on arrive à faire culpabiliser. seulement, voilà, tu cherches à passer au prochain sujet, à ne pas t’éterniser sur ce que tu as fait hier soir. et encore moins, évoquer la personne avec qui tu as passé la soirée et la nuit. le jeune homme, qui vient à peine de disparaitre, par la fenêtre de ta chambre. non clairement, tu n’es pas prête à lui en parler. tu ne le seras d’ailleurs probablement jamais. « j’suis sortie en ville, j’me suis promenée, et je suis sagement rentrée. donc rien à signaler. » tu ne mens pas, toi. tu omets seulement certains détails. parce qu’il n’y a aucune raison pour qu’elle se doute de quoi que ce soit, non ? « mais du coup, t’as envie de sortir où ? » et voilà que tu reviens finalement à la première question, comme si de rien n’était. ne lui laissant d’ailleurs, pas le temps de glisser quoi que ce soit. il ne te reste donc plus qu’à espérer qu’elle ne reviendra pas sur ta soirée d’hier. c’est bien beau, de rêver.

Toi, qui as bien essayé d’à peine effleurer la question de ta soirée précédente. Toi, qui croyais qu’en minimisant au possible l’intérêt de cette soirée, le sujet aurait été évité. Pourtant, tu aurais bien dû te douter que sa question n’était pas anodine. Qu’elle n’avait pas été posée pour rien. Et tu en venais même à te demander ce qui avait bien pu lui mettre la puce à l’oreille. Pourquoi elle s’y intéressait tant. « Ah bon ? Tu m'as pas dit que tu devais réviser ? » Jeune femme qui te pique de sa question. Qui visiblement, ne semble pas prête à en rester là. Pourtant, tu aurais bien voulu, toi. Pas trop t’attarder sur le sujet, passer à autre chose. T’aurais voulu qu’elle oublie cette stupide idée qu’elle semblait s’être incrustée dans le crâne. Mais c’était de Betsi dont il s’agissait. Alors autant dire que tu pouvais bien rêver toi. « Je ne me souviens pas de ça. » Non, clairement tu n’avais pas le souvenir de lui avoir parlé que quelconques révisions la veille. Par contre, tu avais bel et bien le souvenir d’avoir déjà utilisé cette excuse par le passé. Alors que clairement, c’est tout autre chose qui se passait. Seulement cette fois, tu avais l’extrême conviction que tu n’avais pas fait mention de révisions. Bien loin de t’imaginer que le problème était justement que tu ne lui avais rien dit. Princesse qui tente donc de reporter le sujet sur autre chose, cette dites soirée dont elle t’avait parlée, en sa compagnie. Ton regard, rivé vers la jeune femme qui semble observer les moindres détails de ta chambre. Comme si elle cherchait quelque chose. Alors que clairement, tu étais bel et bien convaincue qu’elle n’allait pas trouver quoi que ce soit. « Je sais pas, t'as pas envie d'aller danser ? On se trouve un mec pour la soirée... voire pour la nuit. » Tes lèvres se pincent à cet instant. Franchement pas emballée à l’idée. Ou du moins, peut-être pas autant que tu l’aurais été, en temps normal. Hésitation palpable face à sa proposition, et pourtant tu finis tout de même par énoncer : « Oui, pourquoi pas. » Paroles dites, d’un ton presque détaché. Qui ne te ressemble pas vraiment. Comme si tu cherchais à te convaincre par le fait même que tu avais envie de mettre à exécution cette soirée. Enfin ce qui te dérangeait n’était pas vraiment de passer la soirée en sa compagnie, bien au contraire. C’était plutôt l’aspect qu’il n’y aurait pas qu’elle et toi. Que deux mecs se mettraient entre vous, et que comme elle le suggérait, c’était peut-être pour plus que le temps de la soirée. Et en fait, c’était de ça que tu n’étais pas certaine d’avoir envie. Pas à cet instant tout du moins. Mais tu fondais tous tes espoirs sur le fait que tu changerais peut-être d’avis au courant de la journée. Il te restait bien quelques heures pour te faire à cette idée. « Par contre, je choisis le type avec qui tu vas passer la soirée. » Princesse qui tente de rattraper le coup, qui tente de camoufler comme elle peut son hésitation. Parce que ça ne te ressemble clairement pas, et si tu ne veux pas que Betsi pose plus de questions, t’as intérêt à tout faire couler, comme si rien de bien particulier ne se passait. Et après, il ne te restait plus qu’à espérer. Espérer qu’elle ait gobé ton histoire sans grand détail, espérer qu’elle n’ait pas remarqué ta brève hésitation avant que tu ne reprennes. Et aussi, espérer qu’elle ne fasse pas un lien entre tout cela et ce sourire niais que tu avais quand elle est arrivée. Oui, tu fondais beaucoup sur des espoirs. Alors, clairement, la chute n’en serait que plus douloureuse par la suite. « Et bien évidemment, j’te laisserai choisir le mien. » Sourire qui déforme finalement tes lippes. Sourire cette fois bien plus malicieux, qui te ressemble bien plus que ce que tu lui as précédemment offert. « J’te fais confiance, j’sais que tu me connais assez pour savoir quel type de mec me plait. » Petit rire qui s’extirpe de tes lippes. Ou ça, pour te connaitre, elle te connait. Et c’est bien ça qui te fait peur. Parce que t’as peur qu’elle finisse par s’apercevoir que tu caches bel et bien quelque chose.

Ta gorge qui se serre, alors qu’elle brandit, presque fièrement cet emballage de préservatif qui trainait au sol. Pourtant, toi, tu évites tout simplement la question. Bien plus simple de faire ainsi plutôt que d’avouer qu’effectivement tu as passé la nuit en compagnie de quelqu’un. Cette même personne, qui commence sérieusement à prendre de la place dans ta vie, qui s’est même déjà taillé une place dans ton cœur. Mais tu n’osais pas lui en parler, tu n’oses toujours pas d’ailleurs. Pour la simple et bonne raison que tu avais bien vu venir ce regard désapprobateur. Et ses remarques cinglantes qui te passait de travers dans la gorge. Oui, clairement tu t’en doutais. Parce que tu la connais bien, Betsi. Et tu savais pertinemment qu’elle désapprouverait. Et si bien que tu te fiches bien de l’avis des gens en général, il faut le dire, le sien, il a de l’importance. Il t’atteint probablement bien plus qu’il ne le devrait. Et peut-être bien qu’à quelque part, tu cherchais à protéger cette bulle, dans laquelle tu semblais vivre depuis quelques temps. Celle, qui n’allait probablement pas tarder à faire éclater. « Je suis ravie que tu me donnes le feu vert, parce que je compte bien m’y mettre dès maintenant. » Tes lèvres qui se pincent. Parce que tu sais très bien à cet instant que tu as dit quelque chose qu’il ne fallait pas, quelque chose que tu allais regretter même. Mais il était déjà trop tard pour retirer quoi que ce soit. Parce qu’elle était déjà sur une lancée, Betsi. Et quand c’était le cas, même toi, il t’était impossible de l’arrêter. Même si tu n’étais pas prête encore à entendre ce qu’elle avait à te dire. Parce que dans tous les cas, sa vérité, elle te ferait du mal. « Ce type là. J’l’ai pas validé moi. » L’emballage du préservatif, qu’elle ramène sur la table, avant de te faire comprendre que c’est pas seulement ça qui t’as trahi. Parce que toi, tu en déduis qu’elle a dû le voir, filer de la fenêtre de ta chambre, juste avant d’arriver. Plus moyen de mentir maintenant Laure. Ou il te faudra être très imaginative cette fois… « Laure, t’as vu l’état de sa caisse ? C’est une épave. Tu l’as trouvé où celui-là ? Dans un squat pour pommés ? Sur le trottoir pendant qu’il faisait la manche ? » Et pourtant, l’idée même de lui mentir qui s’évapore au gré des paroles de la jeune femme. Ses paroles qui frappent contre tes tympans, qui t’étourdissent même. Toi, qui en a clairement bien assez entendu, qui s’apprête à reprendre la parole, à te justifier même, peut-être même à lui expliquer, que justement ce n’est peut-être pas un de ceux qu’on prend pour ensuite jeter. Qu’il y a bel et bien de sentiments qui prennent de l’ampleur, et que peut-être que… Mais elle reprend la parole. « L’erreur est humaine, mais là, t’as le cerveau désoxygéné. » Et clairement, tu te ravises. Non mais elle est sérieuse ? Clairement la phrase de trop, qui te fait voir rouge. Si bien que toi, tu n’entends même plus ce qu’elle te dit. T’es simplement entrain de te dire que tu dois prendre de grande inspiration. Mais franchement, ça ne fonctionne pas trop. Non, même que ça ne fonctionne pas du tout. « Depuis quand j’ai besoin de ton approbation pour coucher avec un mec ? » Et toi, tu cries presque à cet instant. Auparavant calme, il faut dire qu’il ne t’en aurait pas fallu bien plus pour descendre de ton petit nuage. Parce que clairement, ses mots, tu les prends comme une attaque. Parce qu’au final, c’était bien ce que c’était, une attaque. Et clairement, tu ne regrettes pas un seul instant de ne rien lui avoir dit. Mais peut-être qu’à quelque part, si tu réagissais de la sorte, c’est parce que tu avais peur qu’elle ait raison, en quelque sorte. Que justement, tu pouvais aspirer à plus que cette pseudo-relation qui était probablement toxique. Mais qui pourtant, te faisait sentir plus vivante que jamais. « Au dernière nouvelle, j’suis une grande fille, bb. J’sais prendre mes propres décisions. » Gamine têtue, qui déteste qu’on lui dise qu’elle est dans le tort. Gamine fière, qui n’était pas prête à lui donner raison. Non, tu avais décidé de mettre ton pied à terre, de maintenir tes convictions. Et aussi, de lui prouver à quel point ses paroles sont dénudées de sens. « Alors, franchement, ta leçon d’moral, tu t’la gardes pour toi c’est clair ? » La jeune femme, qui s’était préalablement rapprocher de toi. Et pourtant, ce n’est qu’à cet instant que tu t’étais levée. Que tu avais fait quelques pas vers l’avant toi aussi. Juste pour la confronter. Et qu’elle réalise à quel point son discourt était totalement ridicule. Mais ouais, comme ça t’intéresse, j’l’ai trouvé sur l’trottoir, juste à côté d’la benne à ordures. » Le sourire, totalement hypocrite qui déforme tes lèvres alors que tu croises les bras devant toi.  « Parce que c’est bien à la conclusion qu’t’es arrivée, non ? Que c’mec, dont tu connais rien d’ailleurs, c’est qu’un déchet ? » Pas d’autre explication que celle-là qui te vient à l’esprit, après ce qu’elle t’a dit. « Parce qu’évidemment, t’as pas d’thune, t’es bon pour la poubelle. C’est d’une logique infaillible. » Alors y’a ta langue qui continue à claquer, les mots qui continuent à défiler. Avant que ce petit rire ne s’échappe de tes lèvres. Rire visiblement teinté de jaune. Parce que c’est probablement mieux ça que de carrément lui craquer au visage. Parce que oui, ça t’a bel et bien traversé l’esprit. Mais tu t’es retenue. « Qu’est-ce que j’ferais avec son argent, hein ? C’pas comme si j’en manquais. » Que la pure et simple vérité. Tu n’avais clairement pas besoin d’un mec riche pour être heureuse toi. Alors de quoi tu avais besoin ? Léger soupir. Ton sourire qui finit par tomber, alors que tu te recules de quelques pas avant de te retourner et de poser ton attention autre part que sur ta meilleure amie. Avant de laisser tomber, cette fois sur un ton à nouveau un peu plus calme que précédemment. « Alors ouais, clairement. J’ai l’cerveau désoxygéné. Tout ça, parce que j’préfère les bonnes baises aux portefeuilles bien garnis. Qu’on m’enfile la camisole de force maintenant. »

Tu t’es enflammée toi. Parce que son ton qui inspirait presque le dédain, ne t’avait pas du tout plu. Il faut aussi dire que tout ce qui sortait de sa bouche t’affectait bien plus que ce que tous les autres pouvait bien te dire. Comme quoi son avis comptait. Comme quoi le simple fait qu’elle semblait désapprouver tes choix te contrariait. Mais d’un autre côté, tu t’y attendais. Ce n’était donc pas une très grande surprise. Mais il n’en restait pas moins que ça te décevait. Peut-être bien parce que tu aurais aimé lui en parler, tu aurais souhaité ne pas avoir à lui cacher la vérité. Seulement voilà, sa réaction ne faisait que confirmer que tu avais bien fait de ne pas lui en parler. De toute manière, qu’est-ce que tu avais à dire ? « Dis-moi que je rêve... » Tes lèvres qui se pincent. Sa phrase, qui ne pourrait probablement pas plus mal commencer à vrai dire. L’envie de lui dire que tu n’avais pas besoin d’entendre ce qui allait suivre. Et pourtant, tu t’es tue. Peut-être bien parce que tu te doutais que tu ne pourrais que dire quelque chose que tu allais regretter après. Et puis clairement, tu t’étais déjà peut-être un peu trop emportée. Trop pour que ça paraisse naturel. Trop pour que tu nies que tu n’avais pas ça à cœur. « Tu t'entends parler Laure ? Écoute bien... » Tu fermes les yeux. Peut-être pour ne pas avoir à croiser son regard. Ou peut-être est-ce plutôt parce que tu as peur de la suite. Comme si tu savais pertinemment ce qui arrivait. Après tout, elle te connaissait que trop bien, Betsi. « Tu serais prête à me mordre pour le défendre, putain. » Tu déglutis. Parce qu’elle a raison. Parce que ça t’a fait enrager qu’elle parle de lui comme si c’était un moins que rien. Qu’elle le descende plus bas que terre. Et tu te dis que tu n’aurais probablement pas dû laisser ses mots d’atteindre. Ou plutôt, tu aurais mieux fait de te montrer indifférente. Pourtant ici, ça avait été plus fort que toi. Et maintenant, tu avais ce goût amer dans le fond de ta bouche. « Tu craques pour lui. » Ses mots, qui ont le même effet que des lames. La vérité bien trop vraie pour que tu puisses l’entendre, pour que tu puisses l’envisager. « Tu craques pour lui putain Laure ! » Mais elle continue. Elle marque bien ses mots. Comme si elle commençait à comprendre. Et c’était peut-être bien ça le problème au fond. Elle avait tout compris. « Je craque pas… » Pour lui ? Menteuse. Ou c’est simplement que t’es idiote si c’est vraiment ce que tu crois. Non parce qu’en fait, bb, elle a visé juste. Mais oui, c’est bien trop difficile pour toi de l’avouer. « Mais de toute façon, c’pas ça le point. » Tu esquives simplement la question. Comme si tu n’étais bonne qu’à ça, aujourd’hui. Mais bon, c’était probablement bien plus simple de faire comme ça, que t’affronter réellement la question. Une grande inspiration que tu prends. Avant de reprendre encore une fois la parole. Avant de dédramatiser, avant de minimiser la situation. Peut-être bien parce que tu cherches à te convaincre toi-même au final. « Non, non, non. » Soupir qui s’en suit. Tes yeux qui retrouvent sa silhouette, remarquant qu’elle s’approche de toi. Et cette fois, tu ne peux plus te défiler. Non, il te faut affronter son regard. « J'ai des radars, tu me prends pour qui ? Là, c'est plus une question de bonne baise, c'est une question de... » Elle n’a pas besoin de terminer sa phrase, tu as très bien compris. Mais non, ce n’est pas ça… Pas vrai ? « J'peux pas le dire, j'vais m'évanouir. » Elle en fait des tonnes. Alors que toi, tu restes là, immobile. Milles et une pensées qui se font guerre dans ta boîte crânienne. Le silence qui s’installe doucement. Le calme, après la tempête. Parce que cette fois, tu ne sais même pas quoi lui dire en fait. Quoi lui répondre. « Tu veux que j’te dise quoi ? » Parce que t’es un peu perdue là, entre tout ce qui se passe dans ta tête, et ce qu’elle vient de te dire. Et clairement, à cet instant, tu n’as qu’une envie, c’est d’appuyer sur ce bouton stop et que tout s’arrête. T’as juste besoin de ne plus penser à rien. « Que j’suis amoureuse ? Parce que j’le suis pas. » Ah oui, vraiment ? C’est tout du moins, ce que toi, tu sembles croire. Alors tu croises les bras, et tu fais un pas vers l’avant. Ton regard qui vient retrouver le sien. Le sien dans lequel tu te perds, quelques instants, avant d’avouer, à mi mots. « Parce que si tu veux la vérité, la vraie, je sais même plus où j’en suis. » Triste réalité à vrai dire. Princesse, complètement perdue dans cet océan de sentiments. Y’a bien quelque chose pourtant. Tu ne te voiles pas la face. Ou presque pas. Et si elle voulait de l’honnêteté de ta part, elle en aurait. De toute façon, elle te connaissait un peu trop bien pour que tu continues à tenter de lui faire gober tout et n’importe quoi. Non, parce qu’elle n’était pas stupide, bb. « J’avais jamais ressenti ça, mais j’sais même pas c’que j’ressens vraiment. » Et ça te fait étrange de le dire à voix-haute. De lui dire à elle, aussi. Alors qu’au final, peut-être bien que ça aurait dû venir naturellement. « Alors au final y’a pas grand-chose à dire, j’pense. » Ou plutôt, il y a en tellement que tu ne sais même pas par où commencer. « Et j’ai pas envie d’en parler. » Non en fait, ce dont tu n’as surtout pas envie, c’est d’entendre ce qu’elle a à te dire. Parce que tu sais bel et bien que sa vérité, elle va te faire du mal. Et tu n’es pas prête à l’entendre. Pas maintenant, ni jamais, probablement.