the only crime in a love is to lose. (ainhoa)

elle ne cherchait pas à le rembarrer, ni même à lui donner l'impression qu'elle ne voulait plus de lui dans sa vie. mais c'était peut-être bien ce qui ressortait pourtant de ses propos. parce qu'elle avait encore la défaite amère et qu'elle ne tenait pas à remuer le couteau dans la plaie. alors elle les trouvait les explications pour lui démontrer par a + b pourquoi c'était une mauvaise idée qu'il revienne dans la vie de son père. puisque ça voudrait automatiquement dire, revenir dans sa vie à elle aussi. une fois, elle s'était faite avoir et elle n'avait pas spécialement envie de revivre l'expérience. c'était encore bien trop frais dans son esprit. écoute ain, laisse tomber, j'ai compris. t'en fais pas. il semble finalement prendre la mesure de ce qu'elle justifie si bien. même si elle ne savait pas réellement pourquoi elle faisait tout ça. pour se protéger, pour ne pas replonger. il n'y a plus rien de fluide dans leur échange. ils n'ont plus les sujets de discussion, plus les manières de s'adresser l'un à l'autre et ils étaient sûrement aussi crispé de son côté à elle que de son côté à lui. elle prend sur elle ainhoa, elle baisse les yeux parfois, pas à l'aise face à la scène dans laquelle elle semblait pourtant prendre part. alors ils glissent vers une toute autre direction. plus générale, moins casse-gueule et puis ça lui donnait l'occasion d'avoir de ses nouvelles pour de vrai. et celles-ci étaient bien loin d'être réjouissantes. elle remarque bien vite la fatigue, la nervosité chez cosimo. tout en lui le trahit sans qu'il ne puisse rien y faire. ou peut-être qu'elle l'avait trop connu pour passer à coté de ce genre de détails. sa main ne semble jamais prendre de repos alors elle tente d'y apporter un peu plus de calme à l'aide de la sienne ainhoa. sauf qu'elle se rend bien vite compte du ridicule de la situation, de sa faiblesse qui la perdrait un jour. elle se reprend assez vite et attrape la tasse de café dont elle avale une gorgée, histoire de se raccrocher à quelque chose de plus concret. histoire d'oublier ce faux pas. la réponse de cosimo ne vient pas naturellement mais elle est visible. il n'y a que ce fin sourire pour essayer de masquer ce qu'il ressentait plus profondément. et elle le capte sans mal la kiné. pourtant, elle ne préfère pas en rajouter, pour ne pas insister. elle comprenait aisément qu'il n'ait pas spécialement envie de s'étaler sur le sujet. la balle était dans son camp, il saurait très bien où la trouver le jour où il aurait besoin de se confier, si tant est qu'il pense encore à elle en premier lieu à ce moment-là. en attendant, il aborde le sujet d'une coloc. c'est ce que le cerveau de ainhoa assimile en tout cas. une idée de sa soeur visiblement. même si elle sait pertinemment qu'elle n'a plus son mot à dire, elle ne parvient pas pour autant à masquer sa désapprobation. elle se sentait vulgairement remplacée par une sombre inconnue alors qu'elle n'avait même pas décidée de cette séparation. finalement, c'était vraiment avec elle qu'il avait un problème puisqu'il semblait déjà se satisfaire d'une nouvelle femme dans sa vie. ce pourquoi elle laisse échapper ses remarques ainhoa, suivies des questions qui la taraudaient. après tout, il les interprétera comme il le voudra. ouais.. je lui ai rien demandé. ils se sont mis en tête de me trouver quelqu'un parce qu'ils ont peur que je fasse une connerie tout seul. elle arque un sourcil à l'entente de la justification qu'il avance. et c'était légitime ? il n'y a que ça qui l'intéresse dans sa dernière réplique, même si elle ne cautionne pas forcément le comportement des saint. même si j'vois pas comment une inconnue pourrait avoir une quelconque influence bénéfique sur toi. et pourtant, ce fut plus fort qu'elle, elle en rajouta sur le fond du problème. qu'ils veuillent lui éviter la solitude était tout à fait acceptable, mais autant lui trouver un véritable ami pour lui tenir compagnie chez lui. pas une personne sortie d'une pochette surprise qui ne le connaissait ni d'eve, ni d'adam et qui ne pourrait donc rien faire pour l'aider à reprendre pied. ils avaient décidément une logique assez déconcertante. puis elle continue parce qu'elle a besoin de savoir si la situation n'est qu'éphémère ou si elle est amenée à s'éterniser. quand je suis rentré de mission le mois dernier, elle était déjà installée... elle hausse les sourcils en entendant ses propos. c'est qu'il n'avait même pas jugé utile de le consulter sur son propre sort. dans un sens, ça la rassurait de se dire que ce n'était pas lui qui avait demandé quoique ce soit, on la lui avait imposé. j'aurais adoré ça, qu'elle laisse échapper d'un ton ironique alors qu'elle s'imaginait à la place de son ex-fiancé. et quand il plonge vraiment son regard dans le sien, elle s'y accroche de toutes ses forces. c'est sûrement moins monotone pour toi, elle ajoute en haussant les épaules. tentant simplement de trouver des explications pour valoriser le geste alors qu'elle n'en pense pas un mot. elle voudrait simplement qu'il lui dise que c'est rien, que c'est juste une présence, rien d'important, que cette fille n'est personne si ce n'est une voisine d'appart' à défaut d'être une voisine de pallier. elle ne sait plus vraiment ce qu'elle cherche ainhoa. tout ce qu'elle sait, c'est qu'imaginer une autre femme avec lui est loin de lui faire du bien.

elle ne comprend pas la démarche ainhoa, c'est pour cela qu'elle s'interroge. qu'elle cherche à savoir si la sonnette d'alarme avait vraiment résonné pour qu'ils en arrivent là. depuis quand cherchait-on un coloc' en guise de compagnie à un adulte de près de trente ans ? il avait certainement passé l'âge de devoir cohabiter avec quelqu'un seulement parce qu'on le lui imposait. non décidément, elle ne comprenait pas la démarche. encore moins qu'il ait accepté sans ciller et qu'il semble même s'y accommoder plutôt bien, sans se forcer. bien sûr que non. jsuis pas suicidaire. juste, un peu, à cran ces derniers temps. ça, elle le saisissait aisément. quel homme normalement constitué et sain d'esprit aurait pu se sentir tout à fait comme avant après avoir vu et vécu ce qu'il avait pu endurer. elle le voit essayer de se calmer, de se canaliser et ça l'énerve de ne rien pouvoir faire pour l'aider mais il avait pris sa décision. elle n'avait pas été consultée alors elle n'avait pas d'autre choix que celui de s'y tenir. elle ne trouve rien à répondre puisqu'elle pensait déjà que ce n'était rien d'inhabituel dans le fond, rien de plus que d'habitude. pas décidée à en démordre de cette histoire de coloc', elle montre presque sans filtre ce qu'elle pense de tout ça. franchement étonnée qu'on puisse miser sur une inconnu ou plutôt une inconnue pour le mettre sur le droit chemin, elle s'offusque. je t’assure que moi non plus. mais t’étais plus là et je voulais certainement pas quelqu’un que je connais et qu’ils connaissent. ils auraient été capables de lui demander de les tenir informer de mes moindres faits et gestes. j’ai pas besoin de ça. t'étais plus là. y'a que ça qui ressort de sa tirade, y'a que ça qu'elle entend, y'a que ça qui la heurte un peu trop frontalement. tant qu'elle a envie de répliquer, de lui dire combien ce n'était pas elle qui avait décidé d'en arriver là, de ne plus être là comme il disait. mais il ne le savait que trop et il était impossible de refaire l'histoire aujourd'hui. bah écoute, tant mieux si tu y trouves ton compte, c'est le principal, qu'elle souffle dans un sourire à peine forcé. inutile d'épiloguer des heures et des heures sur le sujet, elle ne tomberait jamais d'accord. d'autant qu'elle n'avait plus le pouvoir de faire quoique ce soit. leurs deux regards se percutent et s'accrochent un peu trop longtemps. et c'est sûrement à cet instant qu'elle en rajoute, qu'elle fait des commentaires, toujours. elle fait comme si elle approuvait, comme si ça ne la gênait plus alors qu'elle espère seulement qu'il la contredise. qu'il lui prouve combien il était le premier dérangé par la manoeuvre. hm. pas vraiment, je connais rien de cette fille. on a pas trop parlé, je sais juste son prénom. c'est déjà bien. elle hoche la tête, ne sachant pas réellement si elle pouvait se fier à ses mots ou s'il disait seulement ça pour qu'elle arrête de poser trop de questions. il aurait sûrement raison d'ailleurs puisqu'elle ne savait même pas par quel miracle il était parvenu à ne pas l'envoyer bouler. ce n'était plus sa vie, elle n'avait plus rien à redire. bon, je vais pas te déranger plus longtemps. jvais aller chercher mes affaires. elle redescend sur terre quand elle comprend ses dires et qu'elle le voit se lever. ok. c'est tout ce qu'elle trouve à répondre, que pourrait-elle dire d'autre ? elle n'avait plus aucune carte en main. il s'éclipse dans la chambre d'ami et c'est ce moment qu'elle choisit pour terminer sa tasse de café, pour reposer les deux dans le lave-vaisselle. aussi pour soupirer face à l'issue qui se profilait bien trop rapidement devant ses yeux. quand il redescend, il se pose face à elle, sac à la main. prends soin de toi, ain. elle se force à imiter un semblant de sourire avant de lui répondre. toi aussi cosimo. elle se rend cruellement compte qu'elle ne le reverra sûrement plus jamais, qu'elle ne croisera plus son regard rassurant, qu'elle ne lui adressera peut-être même plus la parole. et c'était sûrement tous ces petits détails qui étaient si durs à encaisser. pourtant, elle tente de garder le cap, de rester forte, de ne pas craquer maintenant. elle aurait voulu le serrer dans ses bras une dernière fois, mais ce n'était plus son rôle. et quand elle sent ses lèvres sur son front, c'est presque instinctivement qu'elle ferme les yeux. se donnant mentalement le courage de tenir encore quelques secondes. elle ne se retournera pas ainhoa, pas avant d'entendre le claquement de la porte derrière lui. à l'instant même où son corps a un sursaut. clap de fin, les dés étaient jeté. pour de bon cette fois.