(wp #12) / olivia.

Tes talents de dessinatrice ne lui feront certainement pas honneur. Mais c’est ton cœur qui s’exprime aujourd’hui, peu importe la forme que prendra ton œuvre.
Parce que si tu devais résumer cette année passée à l’étranger, loin de tous tes repères, c’est bien elle qui se fraye une place au fond de ton cœur. Parce qu’avec elle, t’avais plus peur de rien, tu te sentais pousser des ailes. Les angoisses disparaissaient. Les doutes s’évaporaient. Tu voulais prendre des risques, à te laisser aller. Ces petits plaisirs qu'elle t'as fait goûter. Tout ça c’est un peu grâce à elle.
Les couleurs sont vives, les courbes félines se dessinent lentement. Elle est le rayon de soleil qui illumine les pièces trop sombres. Elle est cet aimant auquel tout le monde s’accroche. Elle attire les regards, devient source de désirs. Masculins, féminins, on a d’yeux que pour elle.
Personnalité atypique. Hypnotique. On veut l’attraper cet oiseau rare. On veut l’étudier, le comprendre. Mais en un battement d’ailes, il s’éclipse, laissant derrière lui quelques âmes écorchées.
Mais c’était différent avec toi. Tu ne fais pas que la regarder, tu la dévores des yeux et ce, dès le premier jour. Plus tu la dessines, sa longue chevelure ondulée flottant dans les airs, le regard concentré sur les quelques pas de danse qu’elle effectue sur ce bateau, plus le manque se fait ressentir. Parce que y’a eu cette connexion entre vous deux.
C’était doux.
Pur.
Un amour réciproque. Platonique.
Et tu repenses à vos conversations nocturnes. Tu souris, les yeux humides. Ta gorge se serre. Avec elle, il n’y avait pas faux semblant, juste des choses qui se passaient dans le bas de ton ventre. Jusqu’à occuper chacune de tes pensées. T’avais ce besoin de la voir. Obsession dévorante. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Avec qui ? Et pourquoi elle répondait pas à ton message ?

Elle danse sur ce bateau, le sourire au bord des lèvres. C'est ça que tu peins. A coups de bleu, d'orange, de jaune, de vert. Parce qu'elle pétille ce jour-là. Elle qui incarne à la perfection les couleurs de l'arc-en-ciel. Mais tu sais qu’elle souffre au fond. Derrière son sourire ravageur. Des blessures profondes. Les plaies encore ouvertes. Elles saignent parfois. Et t’as été là pour l’aider à les panser, sans rien attendre en retour, parce que t’as longtemps gardé tous ces sentiments pour toi. Pour ne pas la blesser. Pour ne pas l’accabler encore plus avec ça. T’as accepté de garder la chimère sur ton dos, même si ça te consumait. Ça faisait mal mais t’encaissais. Puis pour toi c’était  probablement de passage tout ça. Sentiment étrange que tu refusais de qualifier. Parce que t’as jamais éprouvé ça dans ta vie.
Choisir de la dessiner aujourd’hui c’est choisir aussi d’accepter de nombreuses choses à propos de toi. Elle t’a aidé à y voir plus clair. A mettre des mots sur tout ce que tu pouvais ressentir. Elle t’a donné des ailes. Elle a ouvert ces portes trop longtemps restées closes. Silence trop longtemps gardé. Et t’en es reconnaissante. Parce que tout fait sens maintenant.
Tu l’aimes.
Même si rien ne s’est passé.
Probablement l’destin qui l’a décidé.
Tu l’aimes.
Même si ça fait mal d’y penser.
Parce que vos chemins resteront séparés.
Tu gardes en tête ces souvenirs qui t’enivrent.
De cette fille-là qui te délivre.