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 matin eden (ismaël)

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Nikita Aleïev;

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Nikita Aleïev



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Message Sujet: Re: matin eden (ismaël)    matin eden (ismaël)  - Page 2 Empty Mer 13 Oct - 21:54

on pourrait la peindre, elle, la muse de l'inanité, qui fraude l'humanité à peine couverte de ces draps immaculés, singeant la divine aphrodisiaque accoutrée d'une pureté qu'elle ne possédera jamais. pour ne pas se méprendre, on tâcherait même la toile de jets d'encre noire pour la vulgariser, telle l'imposteur de l'éternité volée aux cieux éthérés qu'elle symbolise. et on finirait par la titrer, cette toile, comme l'extinction de l'aube. comme la sirène spectrale aux milles amorces née pour leurrer. « tu te trompes, il en a un. et nous sommes en train de le vivre. » elle acquiesce docile, alors qu'elle pense non. alors qu'elle a payé plus cher de son absence. alors qu'elle a connu la misère, sans lui. la famine, l'infortune, le commun des hommes, leur indigence et la modicité de leur vie. alors, un réveil avec ismaël, c'est gratuit. avec un buffet à sentiments à volonté et une fontaine aux coulures salées du passé. « je ne suis pas obligé de te rendre la pareille pour dérober ce qui reste de ton existence. » mais en reste-t-il vraiment quelque chose ? la vengeance ne réside-t-elle pas en la condamnant amorphe dans cette existence qu'elle voudrait suicider ? eden sourit en un souffle, dessinant des cœurs sur sa peau avec le bout de ses doigts. dérobe-moi, mon amour. deviens escroc, plante-moi les crocs, réveille-moi de tes morsures. vole-moi la mémoire ancienne pour en créer une nouvelle. cambriole mes pensées pour revigorer l'encéphale. dépossède moi du rien pour redevenir tout. dérobe et n'en laisse pas un reste. dérobe et vis-moi. dérobe pour la grâce. dérobe comme je t'ai mutilé d'une part de toi. dérobe pour pareil, et procréer une nouvelle version de moi. « tu voulais me punir. » plus encore que le frapper d'une peine, elle voulait ses larmes, elle voulait son âme. et pourtant de ce jour, elle ne subsiste que châtiée, les billes vaporeuses et recrues d'avoir passé leur nuit à pleurer, l'âme détachée de son être et trainée péniblement derrière ses pas. « t'étais parti sans moi. » affabule-t-elle le ton presque tremblant. la gorge serrée. c'est qu'elle aussi, pourrait y croire. il l'avait abandonnée de longues semaines pour paris, était revenu avant qu'elle n'ait pu fuir le pays, l'avait retrouvée estropiée d'un autre amour disparu. je voulais te punir, de m'infliger encore un fantôme. c'est de ta faute, si l'un est mort et moi aussi. de ta faute, si l'autre s'est évadé en me laissant pour rien. c'est de ta faute, ismaël, mon cœur désagrégé et les lames sur ses reliques organiques. ça valait bien une balle, mais je me suis trompée de cible.

les amants imaginaires reparaissent en la réalité et le couple prohibé redevient précaire. les flammes chancellent, incertaines, fragiles quant aux sinistres qu'elles vont assurément engendrer. « je dois me marier. bientôt. » eden demeure impassible alors que son corps entier s'est fait lacérer sous les coups de cinq gros mots, sculptant sur sa peau de vives écorchures. « elle a le goût de l'imposture. » « évidemment. » ne s'empêche-t-elle pas de commenter, partagée entre le chagrin d'un nouveau premier amour si tôt déchu, et l'avidité naissante pour d'inédits sévices à asservir. évidemment, qu'elle a le goût de l'imposture, puisqu'elle n'est pas moi, mon amour. évidemment, puisque ses yeux ne sont pas capables de contempler ton anomalie, d'en discerner les copeaux de barbarie, ici et là semés sur les fissures d'un visage déjà transpercé ou sur les éraillures de tes poings assassins. évidemment puisqu'elle ne connaît de toi qu'un fiancé, au mieux, forcé ; puisqu'elle ne sait rien de ton obscénité veineuse, de ta bestialité innée. évidemment puisqu'elle ne possède pas, les restes d'un cœur qu'elle ne t'a pas arraché. alors comment pourrait-elle se sentir à sa place, l'étrangère, si allongée contre toi, elle est incapable de s'accorder sur tes fréquences vibratoires, puisqu'elle n'en fréquente que d'illusoires ? « c'est à toi de m'en débarrasser. » ordonne-t-il en se retirant, après avoir abandonné ses serments sur l'oreiller et leurs phantasmes entre deux pliures du linceul. la blonde se redresse, tendant sa main pour qu'il lui offre aussi une cigarette. elle prend le temps des trois premières inspirations pour souffler, enfumant la pièce, et leur désir d'amour digeste. « des préférences d'exfiltration ? » demande-t-elle en tournant ses propres boucles entre ses doigts. comment voudrais-tu, que je t'en débarrasse ? irais-je avec douceur, en trombes, dans le mutisme d'une balle perdue ou l'euphorie d'une position d'élite ? pourrais-je m'en amuser, abuser un peu, de ses complaintes qui chercheront à me charmer ? pourrais-je me récrée de rappeler notre immortalité à une autre ? ou bien devrais-je mesurer l'irrationnel de ma passion ? suffira-t-il seulement d'acheter sa disparition, de mentir pour qu'elle s'exile exprès ? « comment est-elle ? » finit-elle par demander, l'air détaché alors que la jalousie l'enserre. est-elle du genre à te fuir ou t'affronter ? solutionne-t-elle tes incartades ou enforme-t-elle d'autres frasques ? comment t'aime-t-elle ? comment la détestes-tu ? comment s'impacte-t-elle sur tes jours ? comment vais-je l'expulser de ta vie ?

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Message Sujet: Re: matin eden (ismaël)    matin eden (ismaël)  - Page 2 Empty Jeu 14 Oct - 0:08

une balle dans l'cœur pour des années obscènes.
c'est que j'ai jamais su t'aimer sans scandale. sans nos cris de rage et tes silences punitifs. c'est que tu n'existais qu'en des termes malheureux, que ne te trouvais jamais aussi belle que l'regard avide et les sens à vif. que la vie devait être réduite en cendre pour renaître dans les flammes. c'est qu'avant toi, j'me pensais béni des dieux, j'croyais que les conséquences n'appartenaient qu'aux malheureux, ceux d'en bas, ceux comme toi.
une balle dans l'cœur comme une énième preuve d'amour. c'était pas cher payé.


« t'étais parti sans moi. oui. » il ne dément pas, assume pleinement. la bague de fiançailles à peine passée à l'annulaire qu'ismaël était devenu aveugle. incapable d'apercevoir le mal-être qu'elle ressentait et qui ne lui appartenait pas. l'homme trop imbu de lui même, persuadé d'être le seul détenteur d'un cœur pillé par d'autres. et il faut qu'il retrace le fil de ses souvenirs, qu'il redessine les traits de son visage meurtri par la tristesse pour s'en apercevoir, enfin. c'est la rancœur qui le fait parler outre-mesure. cette envie de partager ses émotions. vois comme je souffre de t'imaginer en amour avec un autre. est-ce que tu ressens la même chose ? est-ce que l'idée érode tes certitudes ? l'héritier se dédouane, jette au feu ses obligations dans un ordre qui appelle toute leur cruauté. c'est à toi de m'en débarrasser. ça sonne comme un besoin vital. « des préférences d'exfiltration ? » ses iris jusqu'alors captivé par le vide, se tournent sur la blonde encore à moitié nue. « faisons quelque chose que nous n'avons jamais encore fait. »  il a le sourire des mauvais jours, des envies de démesures. « tu as toujours été plus imaginative que moi. » qu'il souffle en quelques volutes de fumée. surprend moi, mon amour. mets-y les formes, ou ne les mets pas. infiltre toi dans son monde. jette la dans l'hudson. qu'importe, du moment que tu reprends cette place qui te revient de droit. « mais ne perds pas de temps. on ne sait pas ce qui pourrait arriver. » un amour est si vite arrivé. « comment est-elle ? » il arque un sourcil quand il reprend sa place, allongé sur le matelas il cherche une réponse qui ne le trahira pas. en vain. le menteur a pris congé, balayé par le corps à corps trop sensé.

« belle. riche. de mon monde. » les mots sont prononcés au compte goutte, le ton robotique. « le genre que tu détestes. » elle n'est pas toi. elle n'a pas ton sourire, ni le mordant de tes incisives. elle n'éclipse pas les autres par sa présence, encore moins comme toi, par ton absence. elle a la fragilité des femmes trophées. elle dit oui, sans arrêt, comme une marionnette contrôlée par les siens. elle ressemble à ce que je suis devenu. et je te hais pour ça. « tu devais être la seule. je pourrai te pardonner cette nuit. mais ce mariage, jamais. » il crève de sincérité, là, sous le regard de celle qu'il ne peut abandonner.

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Message Sujet: Re: matin eden (ismaël)    matin eden (ismaël)  - Page 2 Empty Sam 16 Oct - 17:21

avant de se perdre, la balle s'était trouvée être une fatalité viscérale. qui avait pour office d'assouvir un talion latent, qui s'ennuyait d'une échéance qui n'arrivait pas. le plomb dans la poitrine voulait venger les cendres d'un mort, et son corps à elle déjà sailli en fumée. eden avait voulu achever ses enfers, ce jour-là, les faucher tous et ne laisser d'ismaël qu'un estropié condamné à l'éternité. s'il s'était plaint, sûrement qu'elle aurait décliquer son arme, jusqu'à la dernière recharge. s'il avait supplié, sûrement qu'elle aurait veillé à l'absolu de son extinction. les obsèques auraient été royales et somptueuses, dignes d'un défunt qui aurait porté une couronne aussi clinquante que son capital humain. le soir, à couvert de la clémence et d'autres déficiences familiales, elle aurait été baiser sur sa tombe, pour que le déshonneur ne s'épuise d'aucune frontière, ni le ciel, ni la terre. mais, les attributs de la cible étaient faits d'or. la faiblesse d'ismaël ne connaissait ni larmes ni complaintes. et son intelligence avait résidé là où il lui avait promis la rouille en silence. elle n'aurait pas pu tirer encore, sur un homme qui avait érigé son reflet. n'aurait pas pu achever, un corps incliné sans effroi. alors elle était partie. la revanche insatiable, repliée en dix sous l'inanité de ses organes. mais c'est parce que t'étais parti sans moi, qu'elle calomnie. j'ai tiré parce que tu m'avais abandonnée quelques mois pour la ville de l'amour où je n'étais pas, mon amour. et certainement pas, pour tayloriser les neuf années que j'avais passionnellement subies à tes côtés. non. c'était seulement, parce qu'il était parti sans elle. « oui. » il le confirme. et eden s'égaye en un sourire du siège de leur plus grande politique qui reprend place au gouvernement. bon retour, mon machiavel. merci de revenir révolutionner mon âme avec notre programme. bienvenue en autarcie, où le terrorisme que nous nous infligeons l'un et l'autre suffit à présider nos êtres. le premier projet soumis est convainquant. le débarras d'une femme qui a pris sa place à son doigt. « faisons quelque chose que nous n'avons jamais encore fait. » elle pense à lui couper la main. proprement, dans l'art de son perfectionnisme. que l'ablation soit esthétique, pour l'exposer à la façon d'une œuvre, lui donner l'opportunité de se faire mirer avec appréciation sur l'une des étagères du salon, entre une plante déshydratée et un livre faits d'images seulement. pour qu'ismaël chaque matin passe devant, et se rappelle avoir eu un jour l'opportunité de fuir eden. la bague de fiançailles sous verre, là pour révoquer sa déraison, l'absurdité d'avoir dit non, dans la démence du caprice d'avoir voulu retrouver leur relation blasphème, jusqu'à ce que l'amour les sépare. « tu as toujours été plus imaginative que moi. » elle sourit. éprise de pensées hostiles comme l'hôte de démesure qu'elle réincarne. « mais ne perds pas de temps. on ne sait pas ce qui pourrait arriver. » « tu me connais ponctuelle. » jamais la chimère n'arrive en retard, encore moins pour son nouveau baptême.

il reprend place à ses côtés. elle, se biaise, couchant sa poitrine sur le bas de son ventre et ses bras en croix sur son torse. désireuse de connaître sa fiancée avec la partialité de ses mots. « belle. riche. de mon monde. » tout ce qu'elle n'est pas. « le genre que tu détestes. » le genre qu'elle aurait aimé être. une beauté sans tare et sans travers, ensommeillée sur un matelas de billets qui lui auraient permis d'acheter la vie, d'acheter son monde et d'y régner sans lui. ça aurait été plus facile, d'être futile comme elle. parce que si elle, manque de profondeur, eden, est un gouffre à part entière. elle finit sa cigarette, contrariée. manque de laisser tomber ses cendres sur la peau d'ismaël. s'y avise en tuant la tige dans la boîte en fer. « tu devais être la seule. je pourrai te pardonner cette nuit. mais ce mariage, jamais. » elle souffle la fumée, entre l'agacement et la nécessité de l'acte. « tu n'auras pas à me pardonner, parce qu'il n'aura pas lieu. » avance-t-elle avec conviction. « je viens à peine de te retrouver, je suis incapable de te laisser repartir. ni ce matin, ni un autre. je ne t'autoriserais aucun mariage si ce n'est le nôtre. » elle avoue avec douceur. aucun mariage, aucune autre. aucun rêve si ce n'est nous, mon amour, aucune issue si ce n'est moi. « tu veux me dire ? » reprend-t-elle après un silence. « comment tu l'as rencontrée ? pourquoi c'est elle qu'ils ont choisi pour toi ? est-ce-que tu l'embrasses ? à quel point l'as-tu laissé prendre ma place ? » dans une curiosité plus qu'impure. rends-moi dingue, pour qu'elle n'existe plus.

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Message Sujet: Re: matin eden (ismaël)    matin eden (ismaël)  - Page 2 Empty Dim 17 Oct - 19:14

« tu me connais ponctuelle. » tu me sais démonique. capable d'auto-sabotage pour t'arracher quelques larmes. c'est ce qu'il pourrait faire en rentrant dans les détails, en lui peignant un portrait ravissant de cette femme qui s'apprête à devenir la sienne. mais ismaël se fait avare, l'cœur ne désire pas étaler au grand jour sa plaie purulente. qu'importe son statut, qu'importe son visage, elle pourrait porter ton masque que je ne saurai être berné. je t'ai appris eden, de toi je connais chaque contour, chaque soupirs. la moindre de tes fibres musculaires. parce que tu vis en moi, je n'ai qu'à t'approcher pour que nous vibrions à l'unisson.

« tu n'auras pas à me pardonner, parce qu'il n'aura pas lieu. je viens à peine de te retrouver, je suis incapable de te laisser repartir. ni ce matin, ni un autre. je ne t'autoriserais aucun mariage si ce n'est le nôtre.» les voilà parlant d'amour, de la pureté des sentiments qui les emprisonnent l'un à l'autre. c'est au delà d'une évidence, une peine de mort pour laquelle il serait prêt à signer encore et encore. et s'il n'écoutait que les pulsations de son sang, ismaël serait prêt à réitérer l'expérience; genoux à terre je t'offrirai ma tête. « et nous irions jusqu'au bout, cette fois ?» qu'il murmure, ses doigts effleurant le bras posé sur son torse. iront-ils jusqu'à l'hôtel ? sous les yeux médusés de toutes ces âmes massacrées. se diront-ils oui tout en étant certains de se faire engloutir par les ténèbres ? est-ce que le diable rira de cette énième farce faite aux dieux ? « tu veux me dire ? comment tu l'as rencontrée ? pourquoi c'est elle qu'ils ont choisi pour toi ? est-ce-que tu l'embrasses ? à quel point l'as-tu laissé prendre ma place ? » non. tu n'as pas besoin de savoir. dans les yeux de la blonde, ismaël cherche l'osmose et l'enfer ressemble au paradis quand leurs âmes se reconnectent. « puisque tu insistes. qu'il soupire, je l'ai rencontré à l'une de ses soirées organisées par ma famille, tout avait été prévu à l'avance par ma mère. tu sais comment elle est, à ne rien laisser au hasard. son père, de ce que j'en sais, est un homme influent de l'autre côté de la frontière. c'est pour ça. qu'ils l'ont choisi, pour gagner des points, je suppose. » l'idée même de n'être qu'un bout de viande le rend moins enclin à se confier, la colère apparaît lentement sur ses traits, c'est qu'il pourrait s'enflammer avant elle, « nous sommes officiellement fiancés depuis six mois, alors, oui, il ne la quitte pas des yeux la moindre seconde, je lui fais l'amour. ici même. ou ailleurs. pourquoi m'en priver après tout. » les mots sont choisis et appuyés. « ses affaires trainent, ici et là. » au même titre que les tiennes, que tu pourrais retrouver en un coup d'oeil. il s'arrête, ne détourne pas le regard. il la désire fébrile, prête à sortir d'ici dans la seconde pour anéantir l'usurpatrice. « j'ai réussi à me persuader que c'était une bonne chose, je le pensais.. » le mensonge a éclater au moment ou je dévorais tes reins. « satisfaite ? » il prononce ces derniers mots en se redressant, son bras englobant le dos d'eden pour la maintenir à califourchon sur lui. « c'est ce que tu voulais entendre, mon amour ? que tu peux être remplaçable ? » son souffle caresse ses lèvres, mais l'amour s'est mué en rage, celle d'un homme pris au piège.

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Message Sujet: Re: matin eden (ismaël)    matin eden (ismaël)  - Page 2 Empty Lun 18 Oct - 22:58

s'ils sont prêts à se subir l'un et l'autre pour l'éternité et celle d'après encore, il n'empêche que jusqu'au dernier jour, les amants enclins à la torture n'ont jamais pu légaliser leur amour. comme s'il était finalement trop impur pour être promis dans une bâtisse de dieu, trop bouleversant pour être autorisé par une mégalopole aux grands projets d'évolution. survoltés et séditieux, les maudits sévissent depuis sans serment. hors la législation des contrats et les papiers d'identité, ils ont signé leur sacrement aux coulures de leur propre sang. comme de mauvais mariés en marge des conventions. comme de bons vauriens qui s'usent à profaner les idéaux de cupidon. « et nous irions jusqu'au bout, cette fois ? » questionne-t-il, la voix sur les rotules. le torse sous ses doigts, les entrailles sous sa poitrine, le cœur inférieur à sa tête. se pourrait-il qu'ils s'aiment, au bout ? qu'ils rangent leurs êtres disparates dans un rang de foule ? qu'ils s'agenouillent ensemble pour que l'orthodoxie les couronne ? « pourquoi pas. peut-être qu'on y arriverait, maintenant. » lui répond-t-elle. peut-être que je pourrais porter ton nom, maintenant que tu t'appelles louis. maintenant qu'on s'est rencontrés autrement, maintenant qu'on s'est aimés sans la nuit. peut-être que cette fois, l'union voudrait de nous, avec la pondération de nos paroles et la plénitude de notre première fois. peut-être qu'on pourrait s'aimer normalement, mon amour, sans rendre jaloux le diable. et s'ils y parvenaient ? la paix ne saurait durer. et ils divorceraient aussitôt, déjà lassés d'un amour qui ne les rendrait pas fous.

elle a besoin, eden, d'être le martyr de cette maladie d'amour. de la sentir noircir son sang puis le rendre graveleux, d'être démangée de cette passion qui fleurit sur ses organes en cendres, et d'en sentir chaque épine lui percer la peau. alors, elle veut trop savoir de cette femme aux mœurs opposées aux siennes. « puisque tu insistes. » elle expire, prête à s'asphyxier des déclarations qu'il va lui dire. « je l'ai rencontré à l'une de ses soirées organisées par ma famille, tout avait été prévu à l'avance par ma mère. tu sais comment elle est, à ne rien laisser au hasard. son père, de ce que j'en sais, est un homme influent de l'autre côté de la frontière. c'est pour ça. qu'ils l'ont choisi, pour gagner des points, je suppose.. » attentive comme si elle s'apprêtait pour un speed-dating, alors que la pauvre ne sera que sa cible. ne sera qu'une de plus. une de plus évincée de la vie d'ismaël, une de plus qu'il ne pourra plus abîmer. une de plus qu'eden aura effrayé, mais une de plus qu'elle aura aussi sauvé. alors elle s'intéresse sérieusement, est même éprise d'un sentiment qu'elle croit être de soulagement lorsqu'elle ne discerne aucun éclat dans les secrets d'isma. « nous sommes officiellement fiancés depuis six mois, alors, oui, je lui fais l'amour. ici même. ou ailleurs. pourquoi m'en priver après tout. » « je t'ai juste demandé si tu l'embrassais. » réagit-elle spontanément, piquée dans son orgueil. parce que le paradis est en fleurs, et que son ego n'a pas d'égal. ça ne la dérange pas qu'il en baise d'autres. ça la dérange qu'il puisse lui faire l'amour comme il vient de le faire avec elle. ça la dérange qu'elle, connaisse une part de lui qu'elle ne possédait pas avant aujourd'hui. quand bien même il ne s'agisse que de platonisme, elle n'aime pas savoir qu'il le partage avec d'autres, et pourtant l'immorale, est déjà saturée du nouvel amour auquel ils ont goûté. sa dernière insomnie était rouge, celle de ce soir se rhabillera de noir. et c'est le paradoxe psychologique du monstre qu'elle incarne. « ses affaires trainent, ici et là. » et c'est peut-être parce qu'il y a un peu d'elle, qu'ils ne se sont pas encore dégradés eux. « j'ai réussi à me persuader que c'était une bonne chose, je le pensais.. » d'anticiper des épousailles avec une fille que tu ne mérites pas ? « satisfaite ? » elle arque un sourcil, alors qu'elle se force à sceller ses lèvres depuis un moment pour choisir justement ses mots et les utiliser comme des armes. un frisson lui parcourt l'échine quand il passe les mains dans son dos, alors qu'elle se laisse faire. « c'est ce que tu voulais entendre, mon amour ? que tu peux être remplaçable ? » « oui. » ment-elle en un souffle léger et faussement apaisé. elle reste un instant silencieuse, là à lui dessiner des cœurs brisés indistincts sur le buste, qui finissent par ne devenir que des cercles. qui se répètent. et répètent. « au final, on passe les mêmes nuits, toi et moi. on couche avec des autres qu'on nous impose. et on n'est plus assez forts pour dire non. » elle commence, le miel sur la langue avec l'ammoniaque dans la gorge. « sauf que toi, tu fais ça gratuitement. » incise-t-elle, dans l'attente de sentir ses muscles se tendre sous elle, ses nerfs s'échauffer sous son cœur qui pulse pour le sien. je suis une fille de pute, mais toi, mon amour, t'es la pute de ta mère. les tracés sphériques perdurent. et elle reprend, le ton sage et sucré. « je pense qu'elle n'a rien à faire dans ta vie, et que c'est pas fairplay si la personne qui me remplace a été achetée. » elle continue, cherchant qu'à creuser son encéphale pour y foutre quelques de ses calculs. « et je pense aussi que si je n'aimais pas autant te sentir vivant à mes côtés, je serais déjà partie d'ici pour aller m'occuper de son cas. » elle conclût en se surélevant à peine pour déposer un nouveau baiser sur la cicatrice dont elle l'a marquée. c'est que y'a ses empreintes, sur son poitrail, et elle fera tout pour les graver plus profondes, la succube.

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Message Sujet: Re: matin eden (ismaël)    matin eden (ismaël)  - Page 2 Empty Mer 20 Oct - 0:27

je dirai oui le premier. tout le monde le sait. je dirai oui, des dizaines, des centaines de fois, à répétions, à tel point que je ne pourrai entendre ceux qui hurleraient à l'erreur. tu porteras mon nom, envers et contre tous. ou je prendrai le tiens, qu'importe, si tu me promets que je serai le seul à te conduire à la tombe. nous leurs montrerons qu'à nous seuls, nous érigerons l'amour au rang qu'il mérite. une œuvre d'art à l'histoire et au dénouement tragique. et si tu me disais oui, cette fois, devant témoins, je t'offrirai la plus poignante des fins.

il se répand en détail, cache la réalité derrière des faits amplifiés, des demi-vérités planquées sous des couches de mensonges. c'est un millefeuilles sentimental des plus inégals. il se met déjà à chercher les limites, désireux de les frôler, seulement. fouille dans ses entrailles, aussi profond que dans les siennes jusqu'à atteindre les faiblesses tapis sous l'épiderme. mais à ce jeu, ismaël a toujours été le plus mauvais, ne se rendant jamais compte qu'il était celui qui avait le plus à perdre, jettant son coeur en arrière blanc sans se douter de la souffrance qui l'attendrait lorsqu'il regagnerait les coulisses. masochiste maladroit.

il ne scille pas. pas une seconde. le ton calme comme s'il avait répété la veille. tente même de contenir le mitraillement de ses pensées quand eden répond enfin. « au final, on passe les mêmes nuits, toi et moi. on couche avec des autres qu'on nous impose. et on n'est plus assez forts pour dire non. » c'est avec toi, que je retrouverai ma force. « sauf que toi, tu fais ça gratuitement. » le court-circuit tenaille en premier ses neurones, le regard se fige, les muscles se tétanisent. tu te vends, mon amour. depuis quand ? combien sont-ils à avoir souillé ton être ? ... pourquoi me dis-tu ça, maintenant ? celui que j'essaye d'être, pour toi, ne te suffit déjà plus ? le palpitant se fait saisir à son tour, les battements lui donnent le vertige. ismaël se cramponne à la faible lueur de bonté qui persiste. « je pense qu'elle n'a rien à faire dans ta vie, et que c'est pas fairplay si la personne qui me remplace a été achetée. » s'il ricanne, ce n'est que d'un air mauvais, ses doigts glissant dans la nuque de la femme devenue putain. « et je pense aussi que si je n'aimais pas autant te sentir vivant à mes côtés, je serais déjà partie d'ici pour aller m'occuper de son cas. » il frissonne au contact des lèvres de la blonde. la cicatrice se réveille quand le cerveau, lui, s'est assoupi. il n'y a qu'elle. qu'elle pour réveiller sa furie. qu'elle pour le rendre humain, forçant l'organe à battre plus que de raison. qu'elle pour qu'il soit témoin de sa propre folie, celle qui goûte le sel et le sang. il n'y a qu'elle, qui sait le monstre sans le craindre. alors il sourit, le démon au corps. « ça s'arrête aujourd'hui. » qu'il tranche, « et ce n'est pas un choix. » il ajoute. c'est terminé. cette vie sans moi. tu n'as plus vraiment le choix. nous ne l'avons jamais eu.


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