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(02.06.2023) STQ FÊTE SES 5 ANS HAPPY BDAY !

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 if you bled, i bleed the same (finose)

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Message Sujet: if you bled, i bleed the same (finose)   if you bled, i bleed the same (finose) Empty Ven 14 Mai - 23:43

(JUNE 2020.)
no fair
you really know how to make me cry
when you gimme those ocean eyes
i'm scared

ce sera aujourd'hui.
aujourd'hui, elle le fait, elle va aller le voir.
elle s'accorde pas trop de temps pour y penser. elle attrape son sac, et la voilà partie.
faut qu'elle agisse avant qu'elle ait le temps d'y réfléchir, elle le sait. elle s'inflige toujours des heures à peser le pour et le contre de chaque idée avant de prendre une décision. retourner la situation dans tous les sens et dépeindre soigneusement chaque scénario imaginable, pour pouvoir prévoir le pire.
sauf qu'à ce jour, le pire est déjà arrivé.
oui, faut qu'elle agisse avant qu'elle puisse trop y penser, avant qu'elle se décide à rebrousser chemin et attendre quelques jours de plus après avoir envoyé un autre sms, ou laissé un autre message désespéré sur le répondeur.
quoi que, un de plus, ça changerait pas grand chose. de toute façon, c'est pas comme s'il les écoutait.
la blonde s'est torturé l'esprit pendant plus d'un mois, comme on pouvait l'attendre d'elle.
un mois qu'il brille de par son absence, fin. la pire des présences. celle dont on peut pas se débarrasser, qu'elle traîne comme un boulet à la cheville, le cœur serré, le regard peiné. c'est juste pas pareil, sans lui. elle a l'impression de tout vivre avec un filtre. les murs sont gris, le ciel couvert, les bruits de la ville résonnent trop fort, ils l'agressent.
sans parler des nouveaux tocs qui sont arrivés, qui se sont fait un plaisir d'occuper tout l'espace que fin était plus là pour remplir. elle a eu l'air maligne dimanche dernier, quand elle a du expliquer à vinny pourquoi elle lavait à la main les assiettes propres qu'elle venait de sortir de son lave-vaisselle.
vraiment, faut que ça cesse.
c'est pas comme si rose avait manqué de patience. elle lui a laissé le temps de revenir, de se manifester. mais après des semaines passées dans le noir complet, elle a bien du se rendre à l'évidence: fin, il compte pas revenir.
fin, il est en train de fuir, pour une raison qui lui échappe encore. et s'il est pas décidé à lui en parler, elle, elle va le faire. elle va se battre.
il a pas le droit de la quitter comme ça. il va lui dire, il va lui fournir une explication. il lui en doit une, rien que pour tous les états par lesquels il la fait passer depuis plus d'un mois. si au début elle était simplement agacée, la blonde a vite commencé à s'inquiéter, à s'acharner. elle en est arrivée à se plonger dans un état de stress sans précédent, à en perdre le sommeil, le sourire. la raison. au point de s'endormir à l'aube plusieurs nuits d'affilée, roulée en boule, l'oreiller taché de toutes les larmes qu'elle a pu verser, jusqu'à ce qu'elle ait plus rien. qu'elle ait tout pleuré.
et maintenant qu'elle a plus de place pour les pleurs, elle a enfin assez d'espace pour autre chose, rose.
la colère.
elle en a assez pour remplir une salle entière.
assez pour prendre le métro jusqu'à chez lui sur un coup de tête. assez pour se répéter qu'il va lui fournir une putain de raison pour ce silence radio. elle le ressasse en boucle, comme un mantra, s'empêchant de penser à quoi que ce soit d'autre jusqu'à ce qu'elle ait fini de traverser le queens, et que ses petits pas l'amènent devant la porte d'entrée du brun. elle tend une main tremblante et tente d'appuyer sur la poignée, mais celle-ci ne cède pas.
c'est pas grave, elle a prévu.
elle sort le double de clé qu'il lui a demandé de garder le jour où il a signé le bail, et entre dans l'appartement.
elle fait quelques pas hésitants jusqu'au salon tandis que seul le bruit de ses pas peut se faire entendre. la blonde se pose sur le canapé et allume la télévision, bien décidée à s'occuper jusqu'à son retour. le parfum familier du brun flotte légèrement dans l'air - l'odeur suffit à lui nouer le ventre alors qu'elle fixe l'émission projetée sur l'écran pendant la demi-heure qui suit, le regard vide. les couleurs qui dansent dans ses yeux verts sont le seul signe que ceux-ci sont posés sur l'écran; son esprit, lui, est bien loin.
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Message Sujet: Re: if you bled, i bleed the same (finose)   if you bled, i bleed the same (finose) Empty Ven 14 Mai - 23:50


je voulais plus d'air, plus de distance
j'en ai juste un peu trop mis

des journées encore, passées à y penser. passées à relire les messages de rose, parfois réécouter ceux sur le répondeur.
des journées à me dire que je devrais peut-être la rappeler, qu’elle est sûrement en train de s’inquiéter.
c’est clair qu’elle l’est.
mais j’peux pas la rappeler.
parce que si je faisais ça, je lui laisserais une chance de m’abandonner, je lui en donnerais l’opportunité.
c’est pas vrai qu’elle va m’abandonner, rose, ni me laisser sur le bas-côté, comme un malpropre.
m’oublier, comme on oublie un t-shirt acheté sur un coup de tête en soldes.
m’abandonner, comme on abandonne un chiot et qu’on n’en veut plus parce qu’il est devenu trop gros, trop envahissant, moins mignon, trop destructeur.
m’abandonner, comme tous les autres avant.
elle a pas le droit, rose, et je m’y oppose catégoriquement.
la vérité, c’est qu’à tout moment, elle pourrait le faire. sauf si j’abandonne le premier.
et ses mots résonnent encore dans ma tête, ceux de notre dernière soirée.
nos dernières heures en tête à tête, sur le toit. rose un peu éméchée qui ravive des vieux souvenirs, ramène des anciens sentiments à la surface, et l’angoisse qui frappe violemment, qui prend aux tripes.
ça peut pas, ça peut juste pas.
elle peut pas, elle peut juste pas.
alors je fais ce que je fais de mieux dans la vie, je laisse le temps faire les choses. et ça avancera comme ça devait avancer.
inchallah comme on dit.
alors je passe mes journées, mes semaines, à errer comme une âme en peine.
mes journées, mes semaines, à m’enfoncer un peu plus profondément dans le canapé, et plus rien faire, plus jamais.
espérer que tout me tombe dans les mains, du ciel. on sait jamais.
avancer sans savoir où aller.
perdre rose.
perdre mon job.
risquer de perdre mon toit.
me réveiller subitement, me dire qu’il faudrait que je me sorte les doigts du cul éventuellement. au moins pour pouvoir payer ma weed. au moins ça.
le reste, c’est pas si grave.
je mangerais des nouilles chinoises à chaque repas.
j’irais squatter des canapés. celui de jax, surtout. il dirait jamais non.
mais j’me bouge quand même, un minimum.
deux-trois cv déposés,
et des paroles qui me viennent en tête.
comme si y avait des trucs à faire en ville,
tu poses un cv pour avoir la conscience tranquille,
mais t’aurais sûrement plus de chance
de trouver du taf en écrivant ton nom sur une feuille blanche.

alors les manches de la chemise retroussées,
la musique en tête et les écouteurs vissés dans les oreilles,
je rentre à la maison, épuisé, et impatient de retrouver mon canapé.
j’ouvre la porte de l’appartement sans me rendre compte qu’elle est pas verrouillée,
sans réaliser que le coloc est parti pour la semaine, que j’aurais dû avoir à utiliser la clé.
jette les pompes plus loin, retire la chemise pour être à l’aise,
stoppé net dans mon élan quand j’entends la télévision,
le visage qui transpire la surprise quand je la vois, installée là.
rose, assise, à ma place sur le canapé.
le regard dans le vide, qui semble attendre.
l’estomac qui se noue, l’angoisse qui revient.
pourquoi elle est là?
me dire qu’elle va me lâcher?
trop tard, elle peut pas. je l’ai déjà fait.
léger raclement de gorge, j’avance jusqu’au salon.
- salut? tu fais quoi ici?
tu t’es perdue?
t’habites pas ici, au cas où tu le saurais pas.
mais tu le sais certainement,
ça sent pas aussi bon que chez toi,
c’est pas aussi bien rangé,
ni aussi bien décoré.
et y a pas assez ton odeur, d’ailleurs.
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Message Sujet: Re: if you bled, i bleed the same (finose)   if you bled, i bleed the same (finose) Empty Sam 15 Mai - 1:18

le bruit de la porte d’entrée qui se claque résonne le long du couloir et suffit à la faire sursauter. elle arrache son regard de l’écran de télévision et fixe l’embrasure de la porte d’un air anxieux, observant l’ombre familière se rapprocher.
bien sûr qu’il a toujours la même gueule. mais ça l’empêche pas de l’observer attentivement maintenant qu’il lui fait face.
ça fait qu’une trentaine de jours, mais à en voir la façon dont elle scrute chaque trait de son visage, rose se dit qu’elle avait raison. ça ressemblait bien à une éternité.
ça la soulage tellement de revoir son visage que pendant quelques instant elle en serait presque attendrie, et la colère qui gronde dans sa poitrine s’atténue un peu.
mais c’est que passager. c’est un sentiment de courte durée, qui vient se briser dès que le brun ouvre la bouche et lui demande ce qu’elle fait là, d’un air surpris.
comme si elle avait été la seule à se torturer l’esprit. la seule à avoir ressenti un immense vide, sans lui.
peut-être bien que oui.
rose sait pertinemment qu’elle devrait être prudente dans sa façon d’appréhender fin. elle a pris l’habitude quand ils étaient petits, depuis le début. elle connaît le ton à employer pour l’apaiser, quand poser une main sur lui pour avoir son attention. elle sait combien de sucres mettre dans son café pour qu’il soit assez réveillé, à quelle température garder le chauffage en hiver pour l’empêcher de râler.
elle sait aussi que dans une situation pareille, la réaction la plus sensible serait d’essayer d’aborder le sujet avec précaution, parce qu’elle pourra pas tirer les réponses qu’elle convoite si désespérément si elle attaque trop vite. ça fait plus d’un mois qu’il la fuit, fin. rien ne l’empêche de continuer sur sa lancée, de tourner les talons et claquer la porte qu’il venait à peine de fermer derrière lui.
le problème c’est que maintenant qu’elle l’a devant lui, elle est incapable de se remémorer pourquoi c’est à elle de se comporter en adulte, de garder son sang froid. parce qu’il est là, avec ses foutus grands yeux inquiets et son sac encore sur l’épaule, comme s’il était prêt à remette le pied dehors et la laisser sans nouvelle pour trois jours, trois mois, peut-être même trois ans de plus. il s’est figé devant elle dans une posture défensive et lui parle d’un ton presque accusateur, et ce truc à lui seul lui fait clairement entendre qu’elle a rien à faire ici, sur son canapé.
rien à faire à ses côtés.
ça fait mal, putain.
alors rose fait ce que toute personne sensible ferait. elle attrape le premier truc qui lui passe sous la main et lui jette au visage. à savoir ici, les coussins du canapé.
et y a pas mal de coussins, sur ce canapé. faudra qu’elle pense à remercier le coloc d’avoir décoré le salon, parce que c’est certainement pas fin qui a été pris d’un élan de motivation un dimanche matin et est allé chercher quatre coussins chez ikea.
elle lui a déjà balancé deux d’entre eux en pleine figure avant que quelques mots ne daignent enfin sortir de sa gorge nouée.
- je fais quoi ici?
elle attrape un autre coussin au passage, sentant la colère monter jusqu’à ressortir, la dépasser.
- JE FAIS QUOI ICI?! répète t’elle d’une voix plus forte.
elle jette son troisième missile qui vient s’écraser sur le mur cette fois ci, avant de finir sa chute sur le meuble télé.
- j’ai du te laisser une trentaine de messages, je t’ai appelé, envoyé des sms, j’ai pas arrêté de te dire que j’me faisais du soucis et toi tu me demandes c’que je fous ici? c’est quoi ton putain de problème hossman? lui crie t’elle en attrapant le dernier projectile et le levant au dessus de sa tête, prête à le lancer.
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Message Sujet: Re: if you bled, i bleed the same (finose)   if you bled, i bleed the same (finose) Empty Sam 15 Mai - 1:24

j’comprends pas tout ce qu’il se passe sous mon nez,
rose installée sur mon canapé, devant la télé.
peut-être qu’au contraire je comprends très bien ce qu’il se passe.
au fond de moi, je le sais,
pourquoi elle est là,
plantée à rien faire,
les yeux ouverts à regarder sans voir.
si moi je les ai quasiment comptés,
les jours, les heures,
alors rose les a comptés, et je peux l’affirmer avec certitude.
elle aurait presque fait des croix, sur un calendrier.
elle a sûrement noté le nombre de jours précis où je suis resté sans lui fournir de réponses,
et ensuite elle a comparé ça à un tableau fait par ses propres soins, pour savoir mon degré d’éventuelle colère.
je dis ça, mais peut-être qu’un tel tableau n’existe pas.
peut-être qu’elle les a même pas comptés, les jours.
si ça se trouve, elle est là pour récupérer ses quelques affaires qui traînent ici.
quitte à ne plus se parler, autant qu’elle récupère ce qui lui appartient, pas vrai?
ça confirmerait juste ce que je pensais.
une rose qui baisse les bras, ça veut dire une rose capable d’abandonner.
de m’abandonner, moi.
elle a vraiment déjà tiré un trait?
je me retrouve coupé dans mes réflexions par un coussin dans la figure.
un premier, puis un deuxième,
alors qu’elle se met à crier.
- crie pas comme ça!
ma voix qui se fait elle aussi plus forte, pour couvrir la sienne.
tu crois que les voisins ont besoin de savoir?
qu’il y a une fille chez moi, visiblement mécontente?
non, ça va aller.
ils vont croire que t’es une conquête que j’ai vexé.
et très clairement, t’as rien d’une conquête.
les sourcils froncés, je regarde le troisième coussin atterrir contre le mur, finir sa chute sur le meuble télé,
et par chance, la télé qui ne subit rien.
putain si en plus elle ruinait la télé,
m’empêchait au passage d’allumer la xbox..
non, là, c’est moi qui me serais énervé.
je l’écoute, sa tirade.
à moitié.
non, c’est faux, à qui je mens?
je l’écoute d’une oreille attentive.
un sourcil haussé, un brin sceptique,
comme si elle s’était réellement fait du soucis.
en deux enjambées, je la rejoins pour attraper le dernier coussin,
lui arracher des mains avant qu’elle ne puisse le jeter.
et comme ça, je me retrouve à peine à quelques centimètres d’elle,
le cœur battant bruyamment,
son parfum qui vient à mon nez,
et l’envie de la serrer, fort, qui me prend aux tripes.
mon cerveau qui me hurle de ne rien faire. j’dois pas craquer, j’serais con de craquer.
- tu t’es pas dit que j’étais peut-être occupé? tout simplement, que j’avais pas le temps pour répondre à tous tes messages?
tous tes messages un peu désespérés qui m’ont presque faits me sentir harcelés,
auxquels je me suis habitué,
si bien que mon cœur se serrait, quand j’en avais pas.
comme si j’avais vraiment été occupé,
comme si j’avais eu quelque chose à foutre de ces derniers semaines.
- faut t’y faire, j’ai pas tout mon temps pour être sur mon téléphone, rose.
et ça, c’est la vérité.
c’est juste pas applicable quand ça la concerne.
rares ont été les fois où j’ai pas répondu présent.
- c’est bon, maintenant tu m’as en face de toi, tu voulais quoi?
garder l’air détaché,
passer pour un connard,
mais ne surtout pas flancher.
je recule de plusieurs pas, le coussin toujours dans la main,
le lâche au sol, arrivé à mi-chemin en direction de la cuisine, pour me faire un café.
- c’est bon j’suis vivant.
que je marmonne,
un peu énervé.
énervé qu’elle se soit énervée.
énervé que je m’autorise pas à la serrer.
pourquoi je le ferais? aussitôt qu’elle pourra, elle partira.
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Message Sujet: Re: if you bled, i bleed the same (finose)   if you bled, i bleed the same (finose) Empty Sam 15 Mai - 1:28

il traverse le salon en quelques enjambées avant qu'elle puisse lui jeter quoi que ce soit d'autre au visage, lui arrachant le coussin qu'elle tient fermement dans les mains. elle a le cœur qui s'emballe à le voir tout à coup si près, si près qu'il respirerait presque le même air qu'elle.
non pas qu'elle ait encore beaucoup d'air en réserve. d'ailleurs à l'entendre lui jeter des explications aussi blessantes au visage, elle sent sa respiration se couper.
- mais je rêve, t'en as vraiment rien à foutre en fait que je m'inquiète? si ça te saoule autant que je demande juste de tes nouvelles la prochaine fois bloque moi non, ce sera plus simple? dit-elle d'une voix étranglée. je t'ai vu poster sur les réseaux et tu m'as laissé en vue pendant un mois, tu les voyais mes messages, donc viens pas me faire croire que t'avais pas le temps d'être sur ton téléphone. me prends pas pour une idiote.
il lui parle toujours sur le même ton. celui qui fait mal, celui qui lui chuchote qu'il en a plus rien à faire. sauf qu'en le regardant faire quelques pas en arrière, la blonde le voit. son regard fuyant. celui qui match pas son discours agressif. elle se lève du canapé pour suivre son mouvement, sans s'en rendre compte, comme si son corps craignait de se trouver de nouveau si loin du sien. la jeune femme se coupe dans son élan brusquement après avoir réalisé qu'elle s'est levée, et laisse le brun traîner les pieds en direction de la cuisine.
- mais je voulais savoir ce qu'il se passe! t'as jamais fait ça avant, pourquoi je devrais penser que c'est normal d'un coup? dit-elle en attrapant le coussin qu'il vient de faire tomber, s'activant pour remettre en ordre tout ce qu'elle vient de jeter au sol. c'est pas leur place, c'est pas là qu'ils sont sensés être. les coussins, ils ont leur place sur le canapé, ils l'ont toujours eu, ils sont pas faits pour être ailleurs, ils sont pas fait pour autre chose, comme fin est pas fait pour courir si loin de rose. tes copines tu peux les ghoster comme tu veux j'en ai rien à faire mais à moi tu me fais pas ça fin, c'est clair? moi ça fait quinze ans que je suis là, alors la moindre des choses si t'es trop occupé pour me parler c'est au moins de me prévenir, au lieu de m'ignorer du jour au lendemain comme si-
comme si t'allais partir sans dire au revoir. comme si t'avais de nouveau quatorze ans et que tu venais lui rendre son bracelet en lui annonçant que t'étais prêt à te barrer.
tu peux pas te barrer, fin. t'as pas le droit.
rose s’interrompt, se force à prendre une longue inspiration. elle ferme les yeux, compte jusqu'à cinq, se passant une main tremblante dans les cheveux. expire.
silence pesant. elle rouvre les yeux, coule un regard vers fin, qui se verse un café.
fin, avec qui elle arrivera jamais à rien en criant. même s'il lui donne envie d'hurler à s'en arracher les cordes vocales, à s'abîmer la voix jusqu'à ce qu'il réagisse.
- franchement je comprends pas ce qu'il se passe là. tu vas pas me faire croire que t'étais juste occupé, t'as jamais fait ça...
jamais. dans n'importe quelle situation, ils se sont toujours épaulés. tout lâché au moindre appel à l'aide, simplement en lisant un message, lâché tout ce qu'ils faisaient. quitte à abandonner l'école, le travail, les potes, les amants. fin, il est là pour rose, comme rose est là pour lui. c'est l'une des seules certitude dans la vie de la blonde, et là, il essaye de lui enlever.
mais ça colle pas. il abandonne rarement du jour au lendemain, fin. et certainement pas quand ça concerne les potes. si ça l'embête, il râle, il baisse les bras, il s'exprime de moins en moins. mais il le fait petit à petit. il le fait de sorte à ce qu'on puisse le voir venir.
il est en train de lui cacher une partie de l'histoire, elle le sent.
- qu'est ce qu'il se passe? dit-elle d'une voix beaucoup plus petite, s'approchant de lui avec précaution. t'as des problèmes? t'as peur de m'en parler? ou je sais pas, j'ai fait quelque chose? tu sais que tu peux me le dire si t'as des ennuis, tu sais que je suis là.
mais m'ignore pas comme ça,
s'il te plait, tout mais pas ça.
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Message Sujet: Re: if you bled, i bleed the same (finose)   if you bled, i bleed the same (finose) Empty Sam 15 Mai - 1:31

j’en ai déjà assez, de cette situation, de cette journée, de ses actions immédiates.
j’en ai assez parce que je me retrouve forcé à lui mentir,
droit dans les yeux, la regarder et mentir.
mentir en disant que j’étais trop occupé, trop occupé pour rose.
mentir en disant que l’impossible s’était réalisé.
c’est ça, rose, on va faire ça. la prochaine fois, je te bloque.
ça ira beaucoup plus vite, pas vrai?
t’auras pas l’occasion de me harceler comme tu l’as fait, et c’est pas plus mal, parce que j’en ai rien à foutre, c’est ça?
si tu savais.
si tu savais comme ça m’a bouffé de t’ignorer,
si tu savais le mal que ça m’a fait de vivre sans toi,
si tu savais comme je m’en suis voulu que tu t’inquiètes pour moi.
je m’en suis voulu au début, quand j’étais encore persuadé que tu t’inquiétais. puis j’ai arrêté, quand je me suis convaincu que t’en avais, en vérité, plus rien à branler.
alors c’est comme ça qu’on va faire, dorénavant?
on va continuer de se mentir droit dans les yeux?
comme si on savait pas lire dans l’autre comme dans un livre ouvert.
mais à force d’avoir mentir comme ça, je sais plus quoi raconter.
j’crois que j’ai tout dit.
j’crois que tout ce qu’il me reste à faire, c’est l’ignorer, maintenant.
tu veux que je te dise quoi, exactement? non, j’ai jamais fait ça avant. et t’as raison malheureusement, c’est pas normal. c’est pas normal que j’agisse comme ça, mais j’suis censé te dire quoi?
la vérité, toute la vérité, rien que la vérité?
jamais. t’aurais l’opportunité de fuir.
- dix-sept ans.
désolé, j’ai pas pu m’en empêcher. c’était marmonné, à demi-mot, mais j’ai pas pu m’en empêcher.
ça fait dix-sept ans que t’es là, rose. pas quinze. dix-sept.
et j’pourrais jamais l’oublier. j’pourrais jamais oublier toutes ces années.
y a des dates comme ça, dans ma vie, qui resteront ancrées à tout jamais, gravées dans le marbre.
notre rencontre. ton anniversaire. le jour où tu t’es faite adopter.
j’suis pas foutu de me rappeler d’un numéro de téléphone, ni de la date du jour où j’étais plus puceau. mais tout ça j’serais jamais capable de l’oublier.
- franchement j’sais pas quoi te dire.
j’ai rien à dire.
j’ai beaucoup à dire, mais rien que je puisse lui dire. rien qu’elle puisse comprendre. rien qui ne fasse changer les choses.
je me retourne un instant, lui jeter un coup d’oeil, pour voir qu’elle a remis les coussins à leur place. l’inverse m’aurait surpris, qu’elle les laisse trainer au sol, qu’elle laisse du désordre. j’serais même pas surpris qu’elle ait passé un coup d’aspirateur en arrivant ici.
elle est complètement folle à lier.
j’ai du mal à réprimer un sourire. à y penser, à voir ça.
j’ai du mal, alors j’enfonce mon visage dans la tasse, je me noie dans mon café.
qu’elle n’aille pas y trouver là une forme de défiance ou un foutage de gueule quel qu’il soit.
mais elle s’approche rose, et elle insiste. elle veut savoir. elle se fait des films. ça m’agace.
- putain mais fous moi la paix! j’ai pas d’ennuis, tu m’as pris pour qui? j’me suis pas mis à vendre des barrettes si c’est ce qui t’inquiète, j’ai juste pas l’time.
allez vas-y, lâche l’affaire s’te plait, qu’on n’en parle plus.
juste va t’en, dis plus rien.
- j’ai rien, j’vais bien. j’t’ai juste pas répondu, y a pas mort d’homme. t’en fais tout une montagne mais y a rien. tu m’as en face de toi maintenant, c’est bon, tu vois que je vais bien.
maintenant lâche-moi. c’est ce que tu vas faire éventuellement de toute façon.
c’est ce qu’ils font tous éventuellement.
j’comprends même pas comment t’as pu mettre aussi longtemps.
- va t’occuper de ton mec, ce gros jaloux là. il va vriller que tu sois là.
quel con celui-là.
j’arrive pas à croire que ce soit lui qui te mérite, et pas moi.
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Message Sujet: Re: if you bled, i bleed the same (finose)   if you bled, i bleed the same (finose) Empty Sam 15 Mai - 1:38

elle se rapproche à petits pas, alliant les gestes à la parole. le ton doux, la démarche aussi, des fois qu'il aurait l'idée de filer comme une proie qui se sent en danger.
faut dire qu'il y ressemble un peu, fin. prêt à se barrer au moindre faux mouvement, chaque fois qu'il se sent menacé. toujours à mettre le plus de distance possible entre lui et ce qui le contrarie.
la blonde l'observe, alerte.
explique lui un peu fin, qu'est ce que tu fuis? il est par où, ce danger?
t'aurais juste à le pointer du doigt, tu sais. tu sais que rose, elle ferait tout pour le chasser.
mais pour l'instant, elle a pas la moindre idée de la forme qu'il revêt. pour l'instant, elle regarde juste le même manège se répéter devant ses yeux fatigués.
alors, elle répète le sien. quand elle le sent reculer, elle s'approche. doucement, ralentissant au maximum, cherchant presque à stopper le temps. peut-être dans l'espoir de le voir rester figé, là où il est.
là où il devrait être. à ses côtés.
la blonde profite même de ce bref moment où elle disparaît de son champs de vision, alors qu'il est occupé à descendre d'un grand trait le reste de son café, une main sur le comptoir.
main qu'elle s'apprête à recouvrir de la sienne.
geste jamais anodin, celui qui sert à communiquer quand la barrière de la langue se fait une joie de les séparer. le tour de magie qui permet de faire un peu de lumière dans leurs têtes trop noircies, aidant les paroles à s'y frayer leur chemin.
mais elle a même pas le temps de frôler le bout de ses doigts qu'il a déjà reposé son bol. mais surtout, il a haussé le ton.
elle ramène sa main contre sa poitrine en un éclair, aussi vite que si elle s'était brûlée. elle s'efforce se pas ciller sous le coup de l'exclamation, même si ça l'a prise par surprise.
- c'est pas la peine de te braquer, je suis pas en train de t'accuser, dit-elle à voix basse.
non, c'est pas ce qui l'inquiète, qu'il se mette à dealer. elle se doute que si c'est ça qu'il avait voulu faire, c'est pas les contacts qui manquaient.
- tu sais très bien ce qui m'inquiète, rétorque la blonde, pour compléter sa pensée.
il tourne autour du pot. lui fait dire des choses qu'elle a jamais dîtes, parce que c'est plus facile que de se prononcer de son côté.
c'est toujours la même chose, pense-t-elle avec colère. quelque chose le perturbe, et c'est à elle d'encaisser les coups jusqu'à ce qu'il concède placer quelques mots là dessus.
sauf que là, les mots se font attendre.
pourtant y a toujours ce moment, où il finit par flancher. finit par lui dire ce qui le contrarie, même si c'est à peine lâché, murmuré du bout des lèvres.
y a ces explications, qui permettent de la conforter dans son choix. lui dire qu'elle a bien fait d'enfoncer les portes fermées, d'opter pour quatre pas en avant quand il en faisait trois en arrière.
de refuser de lâcher, peu importe ce qu'il disait.
sauf que cette fois, y a rien d'expliqué. y a qu'une réponse ajoutée, qui la prend de court, tant elle s'attendait pas à voir ce sujet amené sur le tapis.
comment ça, son mec?
- c'est quoi le rapport? s'étrangle rose. elle le sent le contrôle qui s'échappe de nouveau, le ton qui se perd entre deux octaves, mourant d'envie de se caler sur le sien alors qu'elle fait de son mieux pour rester calme. et d'où tu tiens ça, qu'il est jaloux? jaloux de qui?  
c'est une technique pour changer de sujet, c'est ça? pour lui faire oublier le vrai problème?
parce que si c'est le cas, c'est presque gagné.
mais presque, seulement.
- je vais où je veux, j'ai pas besoin de l'aval de vinny. et puis, on parle pas lui, là précise-t-elle.
vinny va très bien,
il se permet pas de la laisser sans réponse pendant des semaines, lui,
surtout pas pour lui dire qu'il avait pas le temps,
on trouve toujours du temps, pour les personnes qui nous sont chères.
est ce qu'il peut vraiment lui en vouloir, que ça la blesse de penser qu'elle soit soudainement plus si précieuse que ça à ses yeux?
- donc je suis juste sensée penser que c'est normal qu'on se donne plus de nouvelles pendant un mois maintenant, c'est ça? ajoute-t-elle, d'un ton presque moqueur. dis moi, si c'est ça que tu veux. ce sera quand même plus simple que rien me dire du tout.
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Message Sujet: Re: if you bled, i bleed the same (finose)   if you bled, i bleed the same (finose) Empty Sam 15 Mai - 15:17

je la vois du coin de l’oeil, se rapprocher, rose.
je la vois surtout, une fois la tasse posée. je la vois tout près, presque sursauter.
je la sens, son odeur qui commence à m’envelopper.
je l’entends, sa voix qu’elle n’a pas besoin d’élever pour que je l’entende. sa voix, basse, pour tenter de m’apaiser. puis ses mots, qui ont l’effet opposé.
non, c’est vrai, elle est pas en train de m’accuser.
et si tout avait été normal, je ne serais pas en train de me braquer, comme ça.
mais rien n’est normal, et je m’accuse moi-même.
je me jette tous les blâmes, ou presque.
je reconnais que je me suis éloigné, que je l’ai ignorée, que je l’ai laissée en vu, ghostée, abandonnée. mais c’est pas de ma faute, quand même.
j’y suis pour rien, c’est de la légitime défense.
sans trop pouvoir expliquer pourquoi je me suis senti oppressé depuis ce soir-là, sur les toits. oppressé à en avoir envie de gerber, la tête qui tourne, des difficultés à respirer, comme si une angoisse insurmontable m’envahissait et que la crise allait bientôt m’engloutir tout entier.
étrangement, c’est plutôt son genre à elle, les crises d’angoisse.
et moi, trop peu habitué à ce genre de réaction, j’ai réagi en fonction,
la défense contre l’attaque.
l’abandonner avant qu’elle m’abandonne.
c’est pas vrai que je lui laisserais cette opportunité, de me faire souffrir. pas elle.
mais si ça n’en tenait qu’à moi, si je me contentais d’écouter mon coeur et ses battements rapides, ça serait différent.
pas les battements d’angoisse, de peur.
mais si j’écoutais ceux de bonheur, ceux qui donne un effet de bondissement hors de ma poitrine soudain. ceux qui entrainent un sentiment d’apaisement. ceux qui, parfois, rendent mes mains moites étrangement.
si ça n’en tenait qu’à moi et que j’écoutais tout ça, j’partirais pas. jamais.
et je ne la laisserais pas partir non plus.
j’pourrais m’accrocher à elle, m’enchainer à son poignet pour qu’elle soit incapable de m’abandonner. j’pourrais aller m’installer chez elle, histoire d’être bien certain.
mais ça, c’est si j’écoutais les bons côtés et jamais les mauvais.
ça, c’était avant que l’angoisse, la noirceur dans le coin de ma tête, prenne toute la place, et fasse dégager la sérénité à grands coups de pieds.
j’pourrais aller m’installer chez elle, si vinny n’était pas un gros jaloux.
rose, c’est la seule qui s’en rend pas compte. tout le monde le sait, le voit, le sent, qu’il est jaloux. j’pourrais penser qu’il a des raisons de l’être, j’y ai cru, fut un temps. il a raison d’être jaloux, parce qu’il n’aura jamais une place aussi importante dans sa vie que celle que j’ai moi. mais j’suis plus bien certain de ça.
vinny, il est jaloux de tous les mecs autour de toi, mais surtout de moi.
j’vois pas bien à quoi ça me servirait d’en rajouter, d’envenimer. je préfère encore ne rien rajouter. silence complet. les yeux qui roulent dans leurs orbites face à sa naïveté.
mais encore heureux, que t’as pas besoin de son aval. encore heureux, que tu fais ce que tu veux. ne laisse jamais un seul de tes mecs te dicter ce que tu peux ou ne pas faire, pitié.
au pire, j’le laisserais pas faire, t’en fais pas, j’interviendrais.
comme à chaque fois. sauf quand ça me concerne.
j’suis plus foutu de parler, de sortir un seul mot, un seul son.
j’suis même plus foutu de la regarder dans les yeux. la tête baissée, le regard fuyant.
si mes jambes pouvaient se mettre à fuir elles aussi, à courir, elles le feraient.
évidemment que c’est pas normal, rose. et ça pourra jamais l’être.
évidemment que j’veux pas qu’on se lâche, au fond de moi. j’en voudrais jamais de ça.
mais j’peux pas t’expliquer, tu comprendrais pas.
- je-
putain.
pourquoi j’suis pas foutu de lui dire? la regarder dans les yeux, et lui dire « t’sais quoi, barre-toi, prends la porte et reviens pas. j’en veux pas de tes nouvelles, et t’auras pas des miennes. récupère toutes tes affaires et disparais. » ça serait tellement plus simple.
j’abandonne, j’baisse les bras. encore une fois.
- j’recommencerais plus, ok?
on sait tous les deux que c’est un mensonge, mais viens on fait comme si c’était la vérité s’te plait. au moins pour aujourd’hui, viens on ignore l’évidence.
- viens on s’installe, j’te fais un café, et tu me racontes ta vie si tu veux.
et après ça, on n’en parle plus.
après ça, tu t’en vas, et je t’ignore. deal?
un pacte silencieux, parce que j’suis un lâche.
un lâche et un peureux.
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Message Sujet: Re: if you bled, i bleed the same (finose)   if you bled, i bleed the same (finose) Empty Sam 15 Mai - 19:27

elle a ce petit air qui modifie légèrement ses traits, qui vient dépeindre un visage à l'air faussement amusé.
il doit le voir pourtant, dans ses yeux.
qu'elle a tout sauf envie de rire.
qu'elle aurait presque envie de pleurer.
il le verrait s'il daignait la regarder plus de quelques secondes, cela dit.
rose sait pas bien ce qu'elle recherche avec ce brin de provocation. geste désespéré dans l'espoir de susciter quelque chose, n'importe quoi, une quelconque réaction qui permettra d'agiter les sentiments qui se bousculent réellement en lui, qui les forcera à revenir à la surface.
des sentiments autres que cet air las.
et pendant un instant, rose aurait presque espoir. elle se tient plus droite alors qu'elle voit le brun s'agiter un peu, voit quelques émotions danser dans ses yeux. elle retient même son souffle quand elle le voit prendre le siens, écarter les lèvres, se préparer à formuler une réponse qui, elle espère, apportera l'explication convenable.
c'est raté. les mots sortent pas, ils sortent jamais.
je recommencerai plus, qu'il enchaîne à ça.
elle se retient de rouler les yeux, peu encline à rajouter de l'huile sur le feu. si on lui avait donné un dollar pour toutes les fois où elle l'avait entendu prononcer ces mots, elle vivrait déjà sa meilleure vie aux maldives.
avec lui.
enfin, il change de sujet, et ça lui demande toute son énergie pour pas rétorquer.
elle a envie de le prendre par les épaules et le secouer.
dis le, fin. t'étais sur la bonne voix. qui est ce qu'elle doit contacter? un employeur? une ex-conquête? le proprio?
elle en serait pas à sa première fois, elle l'a déjà fait. elle a déjà épluché le code du travail quand on menaçait de le virer. elle a lu plus de contrats de location qu'une jeune femme de son âge qui ne fait pas carrière dans l'immobilier le devrait. juste pour s'assurer qu'une petite clause en bas ne le précipiterait pas à la rue.
elle s'est même interposée entre lui et un videur, une fois. d'accord, c'est pas elle qui a les muscles pour, mais elle a la voix qui porte, rose, quand elle veut. et ce sale type refusait de le laisser entrer en boite avec elle sous prétexte que ses chaussures n'étaient pas assez cleans.
il se prenait pour qui, à penser qu'on a tous le moyen de se payer une belle paire de pompes toutes neuves quand on est à peine diplômé?
quand on a pas de parents?
- si tu veux, s'entend-elle soupirer, alors qu'elle sent son pouls battre contre ses tempes. manifestation de la tête, qui lui crie encore de pas abandonner.
mais elle a plus le coeur à se battre là, rose. elle a envie de pouvoir parler à fin sans qu'ils aient à se sauter à la gorge, meurt d'envie d'avoir une discussion normale, pour la première fois en un mois.
ça lui a tant manqué.
c'en est tel qu'il suffit d'une invitation bancale à s'installer pour la faire flancher, et sentir la colère qu'elle utilisait pour se motiver retomber comme un soufflé.
t'es faible, rose.
toujours trop faible, quand il s'agit de fin.
- enfin bon, il s'est rien passé de fou en un mois. rien de génial en tout cas. y a qu'au boulot que ça se passe bien, en ce moment, enchaîne-t-elle d'un ton soulagé. ils sont contents de moi.
merci le travail de puiser toute l'énergie physique et mentale qui l'anime pour éviter de trop réfléchir quand elle pose un pied chez elle le soir, oui. rose s'est tellement donné à fond pour s'empêcher de penser au brun ces dernières semaines qu'elle n'avait même plus le courage de bouger durant les week-ends passés avec vinny - ce qu'il lui a d'ailleurs fait remarquer samedi dernier.
télé, legging et comfort food sont les maîtres mots de ses jours de repos.
et bien sûr un peu de ménage, quand les angoisses refont surface.
- d'ailleurs... ils m'ont fait une proposition, ajoute-t-elle d'un ton léger.
elle serre ses mains l'une contre l'autre, déglutit difficilement. c'est peut-être pas le meilleur moment pour en parler.
mais d'un autre côté, il lui laisse aucun moment pour le faire.
et puis, si elle en parle, peut-être qu'il arrêtera de lui faire croire que c'est une bonne chose, de rester si loin l'un de l'autre.
il arrêtera, n'est ce pas?
il lui dira que c'est une mauvaise idée.
- pour un poste à paris. quelques mois.
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Message Sujet: Re: if you bled, i bleed the same (finose)   if you bled, i bleed the same (finose) Empty Sam 15 Mai - 20:08

le soupir passe les lèvres de rose, et l’agacement me monte déjà. si rapide, et vif. c’est à peine si elle acquiesce, rien n’est enjoué.
si elle dit oui, c’est uniquement parce qu’autrement, elle aurait pas d’autre raison de rester ici. j’en suis conscient, et elle aussi.
c’est la seule chose qui nous lie aujourd’hui, nous pousse à rester ensemble.
un pauvre café bon marché.
c’est d’une tristesse.
l’oreille est très peu attentive à ce qu’elle dit, faussement concentré sur sa tasse qui coule. la tête qui se hoche mécaniquement, faire croire à une attention portée quand il n’en est rien.
des mots qui peinent à faire leur chemin.
boulot. contents.
très léger sourire qui se dessine au coin des lèvres, comme pour dire « j’suis content pour toi ».
mais si j’étais pas dos à elle, elle le verrait. le sourire forcé. le regard ailleurs, en pleine dissociation. l’esprit déjà perdu dans l’imaginaire.
un imaginaire où j’oublie son café, où on s’en fout de ce qu’il s’est passé le dernier mois.
un imaginaire où je la serre dans mes bras si fort qu’on en souffrirait tous les deux.
un imaginaire où on serait heureux, à tous jamais, main de la main, sans la crainte de voir l’autre partir. cette pensée qui ne nous atteindrait jamais, pas même un quart de seconde.
qu’elle est douce, cette rêverie.
qu’elle est irréaliste, aussi.
et rose, elle a le don de m’en sortir rapidement. brutalement.
c’est violent, et ça fait mal. ça rappelle à l’ordre.
je me retourne vers elle, l’air presque indifférent, la tasse de café tendue en sa direction.
tiens, bois ton café et raconte-moi tout.
persuadé d’être prêt à entendre sa proposition, me disant qu’elle les mérite toutes, les propositions, et les augmentations. elle devrait tout obtenir, talentueuse qu’elle est.
et intelligente.
et organisée.
et encore une liste immense de qualités.
elle les mérite toutes.
mais celle-là, mon coeur la méritait pas. il méritait mieux.
- paris..
je répète en écho, à demi-mot.
probablement pour essayer de me l’entrer dans le crâne.
le coeur qui s’emballe, la gorge qui se serre. mes cauchemars qui prennent une forme bien trop réelle.
elle s’en va. rose se barre. à l’autre bout du monde, qui plus est.
elle m’abandonne, pour une autre continent, indéfiniment.
ça sera le plus long et le plus loin qu’on aura été séparés.
j’suis même pas certain de pouvoir y survivre.
mon cerveau qui se réveille subitement pour répéter à mon coeur « i told you so », à tue-tête, pour le narguer.
- super.
pourquoi j’t’ai laissée rester? pourquoi je t’ai pas demandé de partir, foutue à la porte, dégagée sans ménagement?
il en était encore temps, juste dix minutes avant.
juste dix minutes et tout a basculé.
je pouvais encore me protéger jusque là, maintenant c’est trop tard.
un moment de faiblesse, quelques secondes où j’ai flanché. quelques secondes que je me suis accordé à te garder à mes côtés. il n’en aura pas fallu plus pour que tu prennes l’opportunité de me piétiner.
quand est-ce que je vais enfin réussir à me blinder?
j’arrête pas de le dire, de t’abandonner le premier. j’arrête pas d’essayer de le faire. le résultat, c’est que je suis celui qui se fait briser le premier.
quel con.
- du coup t’es venue m’engueuler de pas t’avoir donné de nouvelles pour un mois, alors que toi, tu te barres pendant plusieurs mois? tu te rends compte de l’ironie du truc, où il faut que je te le souligne?
c’est bon, va t’en qu’on n’en parle plus.
- félicitations.
amertume et mensonge en treize lettres.
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