affalé sur ton bureau, les notifications de ton téléphone portable qui ne cessent d'assommer ton unique silence. un gang d'enfants aussi sauvages que toi se promènent habituellement dans chaque recoin de cette grande maison, ils ne sont pas là. des enfants qui ne partagent pas le même sang que toi, mais qu'avec le temps, tu as appris à considérer comme tes seules raisons de vivre. une lumière presque inexistante dans cette pièce nommée ta chambre, les parents sont partis en voyage en compagnie de cette troupe de gamins. puis toi t'es là, à te remettre en question sur tes actes, à te détester toi-même. après tout, t'as raison. tu te redresses, étirant un peu les muscles de tes bras. tu remets en place tes cheveux qui te cachent la vue par moments. t'observes ton téléphone quelques secondes, perplexe à l'idée de lire ces messages haineux que l'on t'envoie chaque jour. un long soupire finit par t'échapper, puis tu agrippes lentement ton appareil, le déverrouillant au passage. comme d'habitude, les mêmes insultes parvenaient à te faire culpabiliser, à te faire regretter. mais, il y avait ce pseudo, que tu voyais une fois de plus dans la conversation de groupes où se trouvaient tes amis. il ne parlait jamais, sauf à toi. mais bien sûr, il fallait que ça reste entre vous deux, et c'était bien trop honteux. tu ne le connaissais pas, mais vos échanges d'écrits étaient bien trop amusants. aucune envie d'en savoir plus sur lui, tu savais qu'il avait un truc avec toi, mais tu en jouais pour te distraire. c'est comme un jeu de choix, il faut choisir les bonnes paroles. et toi, tu savais comment les choisir, comment lui faire croire que tu t'intéressais vraiment à lui.
l'inconnu, 20:36
salut ! j'espère que tu vas bien...
j'ai vu qu'on parlait beaucoup de toi
dans le cercle scolaire où tu es...
puis c'est vrai que je m'inquiète un peu.
moi, 20:40
ah salut. et bien c'est vrai que c'est un peu
dur de devoir supporter tout ça,
mais après tout c'est de ma faute
et je n'aurais pas dû faire
ça. et, attends comment tu sais ça?
l'inconnu, 20:42
je m'intéresse à toi.
mais c'est pas de ta faute,
tu savais pas quoi faire alors...
t'as pas à te mettre la pression.
je te conseille d'oublier cette histoire.
moi,
20:46si seulement je pouvais.
mais, c'est gentil de ta part.
ça fait deux mois qu'on se parle
j'ai l'impression que tu connais vraiment
tout de moi, c'est ouf ça, tu trouves pas?
l'inconnu, 20:49
ah euh ouais, c'est ouf.
d'ailleurs, tu t'appelles comment?
enfin, si tu veux bien me communiquer
ces informations, à moins que tu les
trouves un peu trop osées à ton goût.
moi,
20:53euh, désolé je dois aller
faire mes devoirs pour demain.
le lycée c'est dur haha. bon bah...
je te laisse... bonne nuit, dors bien !
fermeture de la conversation avec inconnu.
vous avez reçu un nouveau message de la part de lookatme.
lookatme, 20:54
hé l'incapable. ça roule?
tu t'souviens d'moi? ouais, c'est
"la beurette de service". et bah la
beurette et te dit d'aller voir ailleurs.
à cause de toi, ma meilleure amie
est quoi? hein, à ton avis elle est quoi?!
moi, 20:55
elle est décédée, à cause de moi.
je le sais, beurette de service.
pas besoin de me le rappeler, ok?
c'est pas comme si c'était pas moi qui
avais fait cette grosse erreur après tout.
lookatme, 20:58
oh my godness ! mais
justement débile ! elle est morte.
ma deuxième soeur est MORTE.
et toi tu le vis bien? tranquille?
t'es vraiment un stupide gars, tous
les même, j'te jure ! bon j'te laisse,
tu vaux pas moins que le principal...
fermeture de la conversation avec lookatme.
tu respires longuement, avant de mettre en veilles ton téléphone portable et de le reposer à sa place. tu remets ta tête dans tes bras, avant de repenser à ce que tu aurais pu faire, pour éviter qu'elle se fasse violer. c'était ta confidente secrète, ta meilleure amie à toi aussi. ses amies n'étaient guère les seules à la considérer comme sa soeur jumelle. quand tu étais à ses côtés, c'était comme une bouffée d'air frais, tu pouvais enfin vivre. maintenant tu vis dans l'mensonge incarné. personne n'essuiera la sueur de ton front, tes larmes, et personne ne sera là pour te calmer dans tes excès de colère. pourtant tu sais qu'elle est là, avec toi et ta bande. elle te hante malgré tout, et tu l'aimes, tu l'aimes tellement que la chaleur de ses mains tu la ressens dans les tiennes avant de t'endormir. l'odeur de ses cheveux te fait frissonner à chaque fois que tu y repenses, le son de sa voix est comme une douceur éphémère à tendance diabolique. ce ne sont que des illusions, des souvenirs qui ne partiront plus et qui resteront gravés dans ta mémoire. elle a disparu, t'aurais pas dû le laisser lui faire ça, le laisser la faire souffrir et la laisser mourir de cette façon. elle te manque, ton toi d'avant te manque.
the past is a bad defect. (2017)
conversation vocale entre ma vie et vous.
ANDY ANDY ANDY, dis, comment tu m'as renommée dans tes contacts? je parie que c'est un truc HYPER moche et trop méchant ! moi personnellement, je t'ai nommé ma vie mais si quelqu'un d'autre venait à l'apprendre, on est directement morts tous les deux haha !
moi je t'ai également nommée ma vie haha ! puis, c'est sûr, si quelqu'un venait à l'apprendre... ce serait ta réputation qui serait dégradée... pas la mienne. on me connaît sous le nom du gars qui défie les flics alors bon, j'pense que la moitié des gens de ce lycée ne connaissent même pas mon vrai prénom. c'est pas super cool pour moi.
oh, trop bien, on est pareils ! mais t'inquiètes, au moins tu joues un peu les bad boys dans cette école, c'est cool. puis, moi j'te trouve cool andy. d'ailleurs, j'ai toujours trouvé bizarre que tu portes le même nom que tes parents, mais tu as une tête vraiment différente...
je... je préfère ne pas en parler. enfin... si. tu es ma meilleure amie et je me dois de te le dire. et bien, je n'ai jamais connu mes parents biologiques à vrai dire. ma mère m'a juste laissé une lettre à mon arrivée dans cette famille adoptive. je n'ai toujours pas le droit de la lire avant mes dix-huit ans. et puis, mon père adoptif m'a juste dit dans quel pays je suis né, et comment je m'appelais à la base. mon prénom était kyle.
andy, pourquoi tu ne me l'as jamais dit avant? ça semble si triste... mais, surtout gardes la tête relevée ! pense au présent, pas au passé, ni au futur d'ailleurs. ce sera bénéfique pour toi, crois-moi andy. et puis, je serai toujours là pour toi... toujours.
merci, j'aime énormément être à tes côtés, ça me remonte le moral ! et, je continue toujours à m'exercer sur le chant. je m'améliore, à vrai dire. et c'est grâce à toi ! je n'aurais jamais pu convaincre mes parents de me laisser poursuivre ma passion sans ton aide, et je t'en remercie encore !
mais c'est normal andy, je ferais tout pour toi. je suis heureuse que tu puisses vivre de ton plaisir, je suis aussi fière de toi. t'entendre chanter la nuit, quand l'on se promène dans des parcs où personne ne s'y trouve, c'est ce qui fait également mon bonheur. tu sais, je ne suis rien sans toi.
arrêtes, tu es la fille la plus populaire du lycée, ta bande de pots de peinture qui te suivent à longueur de journée sont également populaires. tu as les garçons à tes pieds et une tonne d'admiratrices. je doute que tu puisses dépendre de moi ainsi, dépendre d'un simple gamin inutile.
tu as eu tord de dire ça, andy.
les secrets ne sont jamais révélés
mais un jour toi, tu les découvriras.