Je te vois mais nous sommes, deux étrangers. - Cassey

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{ deux étrangers }
crédit/ tumblr ☆ w/@Luis Santiago 

Samedi soir. Le soir où les fêtards sortent pour oublier tous les déboires de leur semaine. Les tourments qui hantent au quotidien mis de côté, dans le seul but de passer une belle soirée. Il y a ceux en quête d’une nouvelle proie, ceux qui ne veulent qu’une conquête d’un soir. Ceux, aussi, qui ont besoin d’une compagnie, oublier que c’est seul qu’ils mènent leur vie. Il y a ceux qui, simplement, ont besoin de faire la fête jusqu’au bout de la nuit. S’enivrer de tout l’alcool à leur disposition, pour mieux s’évader au milieu de toutes ces autres âmes en perdition.
Puis, il y a toi, Cassey.
Elle a besoin de vivre à toute allure. Vivre à s’en couper le souffle. Se laisser aller au sein de ses envies les plus extrêmes. Jolie papillon attirée par la flamme, tu te brûles trop souvent les doigts, mais peut-être qu’au fond, Cassey, t’aimes ça. Peut-être que tu ne vis bien que comme ça. L’adrénaline qui coule dans ses veines, elle s’ennuie beaucoup trop au milieu de la banalité. Elle a besoin d’extraordinaire, besoin d’enflammer cet incendie en elle. Au risque de se laisser consumer, au risque de s’y brûler les ailes.

Parce que tu préfères vivre jusqu’à ne plus pouvoir respirer,
parce que tu préfères avoir le souffle coupé,
plutôt que de te contenter d’exister,
c’est ce qui vient encore de t’arriver,
mais tu préfères l’oublier.

C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée dans ce club, ce soir, au milieu de tous ces inconnus. Plusieurs cocktails alcoolisés dans les veines, elle déhanche son corps avec aisance sur la piste de danse. Elle est vêtue d’une robe moulante, un brin trop courte, aux tons dorés. Le sourire mutin sur ses lèvres couleur carmin, elle est plus lumineuse que jamais. Elle est belle, Cassey, parmi tous ces visages qu’elle ne connaît pas. Elle éclaire le monde partout sur son passage. Le soleil retrouve de son éclat, au rythme de ses pas. Au gré, aussi, de tous les regards qui se posent sur l’astre solaire. Elle danse, en compagnie de l’une de ses amies, relativement sage malgré les hommes qui gravitent autour d’elles. Tu danses pour oublier toute l’obscurité de tes songes, tu danses pour oublier les trahisons et les souffrances mal assumées, tu danses pour exister, toi, loin des hommes et de leur tendance à te blesser. Après plusieurs minutes passées sur la piste, les deux amies rejoignent à nouveau la table qui leur est réservée. Elles y retrouvent d’autres copines, mais aussi, quelques hommes qui s’y sont invités. Cassey, elle est en train de discuter avec deux d’entre eux, le sourire charmeur mais les paroles plus innocentes. Elle n’a aucune envie de faire de nouvelles rencontres sentimentales en ce moment. Elle a subi une déception beaucoup trop importante avec Luis. Puis, il y a Owen, aussi, bien plus digne que ces histoires aussi frivoles que futiles. Elle relève la tête soudain quand elle voit le serveur s’approcher, il interrompt leur discussion le temps de lui offrir un cocktail avec une serviette marquées de quelques mots à son intention. Quelque peu intriguée, d’abord, la sirène pose ses océans sur le bout de papier improvisé… c’est là qu’elle les reconnaît. Elle se souvient, instantanément, de la chanson, de la soirée, de ces instants partagés. C’est Luis qui lui offre ce cocktail, lui et personne d’autre. Seulement elle est beaucoup trop en colère contre lui pour réfléchir avant sa réaction. Toujours plus dramatique, elle balance sans gêne la serviette dans le breuvage alcoolisé tout en reprenant. – Vous pouvez lui ramener son cocktail, merci. le sourire de peste sur le visage de la princesse, elle se détourne du serveur pour se concentrer à nouveau sur sa discussion avec le reste de la tablée.
Non, tu ne laisseras pas Luis Santiago gâcher ta soirée,
t’as déjà perdu trop de temps à ses côtés.

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{ deux étrangers }
crédit/ tumblr ☆ w/@Luis Santiago 

Elle ne veut plus jamais le voir. C’est ce qu’elle lui a dit ce fameux soir. Elle ne veut plus jamais avoir affaire à cet homme cruel, sans scrupule, cet homme qui a profité d’elle au risque qu’elle perde tout. Il a joué avec elle, Luis. Depuis le départ, elle n’était qu’une cible, une proie facile pour la réussite de ses trafics. Il a cru pouvoir profité d’elle mais l’antiquaire a été bien plus maligne qu’il ne le croyait. Ses qualités professionnelles ne sont depuis longtemps plus à prouver. C’est ton cœur qui n’a sans doute pas toutes ses fonctionnalités. Ton cœur ou peut-être la raison dont tu as toujours manqué. Manque de prudence ; manque de clairvoyance ; elle l’a laissé prendre l’ascendant sur elle alors qu’elle croyait nouer avec lui une véritable relation. Il lui a fait mal, Luis, sûrement qu’elle a même encore beaucoup trop de mal. Mais elle a définitivement tourné la page.

Tu n’étais qu’un amant,
tu n’étais qu’un passe-temps,
tu as cru pouvoir jouer avec mes sentiments,

mais tu n’étais rien, rien du tout.

Elle a frôlé les limites, trop souvent, elle a pris des risques. Mais tomber amoureuse de lui, elle se l’est interdit. La frontière qu’elle n’a jamais franchi, elle est partie juste avant qu’il ne soit trop tard, Cassey. Ce n’est certainement pas pour le laisser revenir au beau milieu d’une soirée où elle parvenait très bien à s’amuser. Elle pourrait s’insurger qu’il ose lui offrir un cocktail, comme s’il espérait attiser le chant de la sirène. Elle pourrait se mettre en colère, qu’il puisse encore avec l’audace de tenter une approche envers elle. Mais, pour une fois, la blonde incendiaire choisit de laisser couler. Elle fait la pire chose qu’on peut faire à un homme comme Luis Santiago ; un homme qui croit, bien à tort, qu’il peut avoir tout ce qu’il veut. Elle va complètement l’ignorer. Alors, détournée du serveur sa réponse à peine prononcée, la jolie blonde s’évertue à reprendre sa conversation comme si rien ne s’était passé. Son esprit peut difficilement oublier la présence du ténébreux, quelque part ici, dans ce bar, en train de la scruter. Elle peut presque déceler les lacs glacés du séducteur se poser sur elle, sans qu’elle ne sache d’où cela provient. Mais elle continue de rester indifférente, Cassey. Elle poursuit son échange avec les beaux inconnus et ses amies, elle laisse même échapper un rire après une plaisanterie. Elle continue de lui prouver qu’il n’a plus sa place dans sa vie. Plus jamais, d’une quelconque façon, c'est terminé.

Et tu veux oublier,
combien il t’a blessée,
combien il t’a trahie,
alors que t’avait confiance en lui,
tu veux oublier,
combien tu étais en train de t’attacher,
tu veux l’oublier,
lui, tout entier,
faire comme s’il n’avait jamais existé.

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{ deux étrangers }
crédit/ tumblr ☆ w/@Luis Santiago 

Les minutes défilent, au rythme des mélodies, alors qu’avance la nuit. Elle parvient, tant bien que mal, à  éclipser la présence du serpent manipulateur ; elle parvient à l’oublier, lui, en découvrant d’autres jolis cœurs. Il est loin d’être le seul homme sur terre, Luis. Elle n’aura pas de mal à l’oublier, elle n’aura pas de mal à le remplacer. À la vérité, peut-être qu’il lui a ouvert les yeux sur ses relations avec les hommes. Peut-être que c’est Carmin qui avait raison. À force de se perdre dans des histoires futiles, comme avec lui, elle aurait pu se perdre, Cassey. Elle aurait pu briser définitivement ses chances d’être heureuse. C’est pour cette raison qu’elle ne cherche plus un simple amant, pour cette raison qu’elle veut se focaliser sur le seul homme que son cœur n’a jamais pu effacer.

Et ce n’est pas Luis Santiago.

Elle oublie sa présence, grâce à ses amies, grâce à ses rencontres d’une nuit. Elle se focalise sur leur échange pour mieux faire abstraction de Luis. Jusqu’à ce que, après quelques verres, elle croise ce regard qu’elle connaît beaucoup trop bien. Les grands océans froids, le sourire en coin sur le minois, cet air beaucoup trop confiant alors qu’il lui adresse un clin d’œil qui n’a rien d’amusant. Il est là, face à elle, à quelques pas d’elle. Comme s’il s’était installé précisément dans son champ de vision pour mieux l’importuner ; pour mieux la déstabiliser. Il pense encore y arriver.

Mais toi,
t’as tourné la page,
toi, tu ne veux pas,
toi, tu ne veux plus rien de lui,
vous deux, c’est bien fini.

Devant l’immaturité du séducteur, la jolie blonde se contente de lever les yeux vers le ciel, dépitée plus qu’en colère. Elle ne veut pas être en colère. Cassey, son impulsivité, elle le sait, est la pire de ses faiblesses. Si elle s’écoutait… si elle se laissait aller, à extérioriser tout ce qu’elle peut éprouver, elle pourrait bien finir par exploser. Tu ne veux pas te mettre en colère ; tu ne veux pas encore lui donner ce pouvoir qu’il ne mérite guère. Tu ne veux pas songer aux mille raisons que tu pourrais lui donner, pour lui expliquer à quel point il a pu te blesser. Tu ne veux pas lui donner ça, non, tu lui a déjà beaucoup trop donné. Alors elle se contient, encore, elle contient la rancœur qui la ronge chaque fois qu’elle pense à lui. Elle maintient la couronne relevée car il ne mérite pas, en vérité, qu’elle s’abaisse à la laisser tomber. Elle ne veut même pas songer au culot dont il fait preuve en venant ainsi la provoquer ; encore après tout ce qu’il a fait. Alors, non, elle ne le rejoindra pas ; quoi qu’il fasse. Les prunelles à peine levées au plafond retrouvent déjà celles de l’un de ses interlocuteurs sans réagir. Elle sirote un nouveau cocktail, quelques minutes encore, avant de s’excuser pour rejoindre les toilettes du bar. Le corps fin de la sirène se faufile jusqu’à la pièce, un peu d’attente, pas longtemps, avant qu’elle n’y pénètre. Elle en sortira, aussi, sans daigner lui offrir un seul regard.

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crédit/ tumblr ☆ w/@Luis Santiago 

Son irruption violente, mais guère si étonnante, la frappe comme un coup d’éclair en plein cœur. Foudroyée, Cassey, par les grands azurs qui cherchent obstinément les siens, par la prestance et le corps qu’elle connaît trop bien, c’est sa voix qui la sort de la torpeur. Son cerveau, instantanément, se remet à fonctionner ; sans doute bien mieux que son cœur. Le papillon était prêt à virevolter, prête à s’amuser jusqu’au bout de la nuit, sans penser à lui. Elle était prête à l’oublier, Luis. Après qu’il l’ait meurtrie ; après qu’il l’ait trahie ; elle a refusé de s’effondrer pour un homme pareil. Mais il continue, encore, de vouloir la mettre plus bas que terre. Cassey, elle ne comprend pas ; elle ne sait pas ce qu’il attend d’elle ; elle ne sait pas ce qu’il veut encore d’elle. Il est trop tard pour se servir de sa boutique d’antiquités, il a perdu l’occasion de l’utiliser. Alors, que veut-il ? Qu’espère-t-il ? Prend-il seulement un plaisir infini à lacérer son cœur de ses lames aiguisées ? Faut-il qu’il soit si sadique pour continuer à se jouer d’elle maintenant que tout est terminé ? Elle a l’impression de ne pas le reconnaître, Luis. L’impression d’avoir affaire à un psychopathe sans états d’âme, sans remord, sans aucune émotion, qui l’affronte avec le plus serein des sourires. Elle, à l’intérieur, n’a rien de tranquille. C’est le chaos qu’il sème dans son esprit. Mais l’expérience lui a appris que chercher une explication ne sera guère utile. Sa dernière confrontation avec le séducteur aussi. Il était tellement froid, tellement implacable. Il se fichait bien de la blesser au plus haut point ; il a été cruel, odieux avec elle. Ce ne sera pas le cas cette fois. Elle ne se laissera pas atteindre cette fois. – Je t’ai dit que je ne voulais plus te voir, alors tu me lâches. elle rétorque, la voix sèche, aussi dure que de la pierre. Il a eu droit à la Cassey enjôleuse, à celle qui sourit en toutes circonstances, à celle qui vit au gré de ses envies sans se poser de questions. Il a eu droit à la Cassey enjouée et pleine de vie ; mais c’est fini. Elle est fermée, la jolie blonde, définitivement fermée à lui et toutes ses tentatives. Elle lui a bien dit, la dernière fois, il ne vaut même plus la peine qu’elle s’abaisse à lui répondre ; il ne vaut plus la peine de rien, il ne mérite plus rien. Alors la poupée n’attend pas sa réponse, elle tourne déjà les talons. Prête à rejoindre des personnes avec lesquelles elle a réellement envie d’offrir son temps ; prête surtout à l’effacer complètement de son existence.

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{ deux étrangers }
crédit/ tumblr ☆ w/@Luis Santiago 

Y’a le cœur encore emballé.
Y’a la peau encore consumée,
sous les caresses qu’il lui infligeait,
y’a le corps encore enflammé,
sous les baisers qu’il lui volait.
Il y a elle,
tout entière,
encore beaucoup trop faible,
mais la colère prime sur tout le reste,
la colère,
il n’y a plus qu’elle,
pour la sauver de ses ténèbres.

Luis, il l’a prévenue plus d’une fois qu’il était quelqu’un de mauvais ; quelqu’un dont il ne vaut mieux pas s’approcher. Mais comme un papillon attiré par la flamme, elle s’est laissée captiver par le mal. Elle l’a laissé, lui, s’immiscer dans chaque pore de son derme, dans chaque pan de son être. Peut-être qu’elle a sa part de responsabilité, Cassey, peut-être qu’elle aurait pu tout éviter. Seulement, si l’interdit lui plaît beaucoup trop, elle est aussi bien trop loyale et bien trop entière pour accepter un tel blasphème. Il ne l’a pas simplement trahie en se servant d’elle. Il a joué de ses charmes, il a joué de son emprise sur elle. Il est venu à sa rencontre en ayant tout prévu, avant même de l’avoir jamais vue. Partie de cette idée, l’évidence frappe la poupée comme un coup d’éclair perpétuel. Rien, jamais, entre n’a été sincère. Il lui a menti, du premier jour, jusqu’au dernier. Et le voilà, encore en train d’essayer de lui parler. Mais pourquoi ? Pour quelle raison s’acharner ? Elle ne lui apportera plus rien, maintenant qu’elle sait. Déjà prête à s’éloigner sans prendre la peine de répondre à sa provocation, la blonde explosive fait tout pour contrôler ses émotions.

Garder son calme face à lui,
ne plus se laisser atteindre par lui,
ne plus rien donner à Luis.

D’une emprise beaucoup trop soudaine pour qu’elle puisse l’empêcher, le prédateur empoigne son bras frêle de ses serres pour la plaquer sans délicatesse contre le mur à sa portée. Elle s’apprête déjà à l’incendier mais ses azurs se font happer par l’océan glacé. Troublée, plus qu’elle ne le devrait, par le contact visuel auquel elle a réussi jusqu’à présent à échapper ; déstabilisée, aussi, par cette trop brutale proximité ; Cassey, elle le fixe, les océans enflammés d’un agacement si loin de toute la colère qu’elle peut éprouver. Mais elle ne dit rien, la poupée, elle est peut-être un peu trop faible face à celui qui l’a tant de fois charmée. Le silence comme réponse à ses mots qui l’horripilent, ce n’est qu’une fois détachée de son emprise qu’elle réagit. « Il faudrait penser à aller te faire soigner, toi. » elle lâche sèchement en le repoussant pour espérer pouvoir passer ; espérer enfin s’éloigner de lui, quand il évoque une simple partie remise. « Parce que ce n’est qu’un jeu pour toi, tout ça ? Tu t’amuses avec moi comme si j’étais un pion et tu t’attends à ce que je continue la partie  avec toi ? » Le joueur a misé sur la mauvaise carte cette fois,
Cassey, elle peut tout donner,
mais elle peut aussi tout reprendre d’un claquement de doigt.