nous deux.

l'hypnotisant concert de ce soir te berce dans des souvenirs illusoires. réalité, rêve ou tentation ? tu ne parviens pas à éclaircir l'océan de tes pensées qui s'éparpillent face à la voix cuivrée qui s'élève et qui fait chalouper ton bassin. tu aimerais pouvoir absorber cette chaleur soudaine qui s'invite, se niche, dans le creux de ton ventre appelé à se remémorer des instants passés. à chaque fois que trejan jaillit dans ton quotidien, c'est furieusement délicieux. cette sensation te perturbe, t'éveille parfois en sursaut au milieu de la nuit. tu te demandes pourquoi son âme agit encore sur la tienne. quelle est cette empreinte invisible qu'il a su imposer à ton palpitant ? six ans, c'est long ; six ans, depuis votre rapide séparation. ce fut suffisant, c'était le premier. parfois tu te dis que tu ne pourras pas aimer avec autant d'intensité ; d'autrefois, tes nuits cauchemardesques te ramènent à cette douloureuse décision que tu as dû prendre. le rôle de la peste, tu l'assumes et le portes comme une couverture sur ta peau. il te permet de justifier ton comportement et ta décision de t'être éloignée. et s'il était, finalement, si loin, trop loin, de ta réalité ? tu as peur. tu as seulement peur. de sombrer à ses côtés, dans ce monde si noir, trop noir. tu refuses de perdre la lueur, l'éclat permanent de la lumière et de l'espoir.
ce soir, tu cèdes face au poids alourdissant du manque. tu acceptes de bloquer tes craintes, ta peine et tes doutes pour lui dévoiler ce que tu ressens. tu penses à lui. tu penses encore à lui. et si, vous pouviez respirer le même air le temps d'un court instant ? profiter du silence offert par la lune afin de vous satisfaire d'une proximité retrouvée, éphémère, avant que le soleil ne vous ramène à la réalité de l'impermanence. quelques mots, ton téléphone serré contre tes doigts ; il accepte. il accepte et ta poitrine se libère de ce soudain noeud qui l'empêchait d'absorber pleinement l'extérieur dans tes poumons. ton impatience ? tu essayes de ne pas la cultiver en quittant avec calme, malgré tes doigts tremblants, l'établissement pour lequel tu travailles. il te suffit de quelques pas pour trouver une place au sein du square. vide. neutre. ta langue sur tes lèvres, ce mélange d'inquiétude et de passion. tu hisses ton écharpe sur tes cheveux, te masquant de cet extérieur incontrôlable. et tu marches, fredonnant les paroles de cette chanson que tu aimes autant. te permettant de souffler de la force à ton âme affaiblie, soumise à ton coeur qui bat pour lui.

la boîte crânienne claque, ca fait du bruit dans tout les sens, ça hurle, ça chante, ça tambourine. a moitié mort dans le canapé de ton appartement, l'alcool vidé, la musique qui passe, le regard qui se perds sur le disque vinyle qui tourne, retourne, encore et encore, drôle de danse quand on y pense, mouvements digne d'un ballet improvisé lors d'un mariage, une parfaite symphonie désaccordée au rythme du disque qui tourne et du rythme de la musique lente. il pourrait même y'avoir des larmes qui couleraient ce soir, mais non, rien ne sortira, une immense solitude prenant place dans l'appartement, alors que ta cigarette clouée entre tes lèvres intacte, pas encore consumée, restera en place, sans rien. tu repenses à tout, tu veux juste t'enfuir, prendre les jambes a ton cou. disparaître, aller dire au monde de se faire foutre, se réfugier on ne sait où, peut-être chicago ou los angeles, pour boxer, pour essayer de faire quelque chose de mieux dans sa vie. tu sais que cette décision, viendra un jour où l'autre. le jour où tu vrilleras totalement, une bombe a retardement qui ne demande qu'a imploser a la moindre occasion, l'envie de s'éclater le crâne contre quelque chose, où de se jeter de la fenêtre, pour abréger les souffrances intérieures, peut-être pour s'évader de cette prison où tu as été enfermé sans même le vouloir, oh trejan tu souffres, en silence, tu la fermes, tu encaisses, comme toujours. le surplus sur tes épaules le temps d'un instant. ton téléphone qui vibrera, pas vraiment l'envie de le regarder.
et pourtant tu le fais,
isaure. isaure.
celle qui a tout eu.
celle qui a tout détruit.
celle pour qui tu aurais tout arrêté.
mais la vie en a décidé autrement.
tu n'sais même pas ce qui te passe par la tête, pour accepter sa demande, peut-être que dans le fond elle fait le pas que tu n'osais pas faire, peut-être que tu l'aimes encore (quoi-que, ça tout le monde se doute que c'est encore le cas.). et te voilà, a sauter dans ta voiture pour te diriger à ce foutu square, ni près ni loin, juste un mélange de distance, une sorte de mélancolie qui s'empare de toi un instant, une sorte de joie qui irrigue tes veines en pensant au fait qu'elle t'attende, presque a exploser de joie dans cette foutue voiture où tu vas péter un câble le lendemain soir. et l'asphalte détruira la gomme de tes pneus, pneus presque déjà morts, mais pneus qui ne seront jamais a changer, jusqu'à ce qu'ils s'entrouvrent. seulement sorti de ta voiture, sur un parking non loin de là, cette foutue cigarette encore a tes lèvres finira allumée. enfin. alors qu'il se dirige dans le square. entre les lumières étouffées par les arbres. et qu'enfin il la remarque, elle a beau être seule, il aurait pu reconnaître la blonde parmi des milliers. alors qu'il se rapproche d'elle, jetant son mégot non-loin de la, mine de rien. et une fois aux abords de la blonde, il ne dira que simplement "vous attendez quelqu'un ?" et un timide sourire qui s'offre.

le doute, vicieux et oppressant.
ce doute qui glisse sur ta peau, s'insère dans tes organes, pour te faire croire que trejan ne viendra pas ; ce n'est qu'une illusion, isaure. tu tombes dans la folie. ton coeur bat, il est vivant. se pourrait-il qu'il est cessé de vibrer depuis que tu l'as quitté ? tu déposes tes doigts rafraîchis par l'extérieur contre ta poitrine, ta gorge, afin d'apaiser cette virevoltante échappée. calmes-toi, isaure ; calmes-toi, doucement. tu fermes tes paupières afin de prendre une longue et profonde inspiration. tu relâches cette énergie, l'angoisse. et tu marches. tu continues de marcher pour occuper ton corps qui ignore comment se positionner, comment l'attendre. qu'est-ce que tu provoques, isaure ? comment peux-tu assumer cette soudaine domination de ton coeur sur ta raison ? tout est rapide. les mouvements de ta cage thoracique, tes pensées, tes pas, ces bruits, le vide, le tout, tes yeux qui tournent ; jusqu'à.
il est là.
tu en es certaine, même si tu ne le vois pas. tu tournes, glisses et tu t'approches. il est vraiment là. grand, instable ; saisissante vision. tu aimerais pouvoir empêcher ce qui se produit dans ton organisme. atteindre ce nuage de chaleur qui s'engouffre. ces mots qui marquent ton esprit. beauté, manque, évidence. tu secoues ton visage et tu te contentes de sourire, qu'un peu, à ses mots. sa voix, cette voix. arrêtes isaures, calmes-toi. ce n'est rien qu'une folie nocturne, une envie passagère ; l'éphémère. il n'est pas pour toi, il ne le sera jamais. il faut se contenter du présent, de ce présent que vous vous offrez, sans chercher à le comprendre. je pensais que tu ne viendrais pas. tu souffles, avouant ta surprise. pourquoi lui mentir ? tu ne sais pas mentir, sauf si c'est utile à la protection de ton âme et de tes failles. ce soir, tu ne souhaites pas te raconter d'histoires. pas de rôle. c'est la nuit, c'est calme, c'est doux. tu as envie de t'accrocher à lui. de le sentir. de le toucher. de le serrer. de prendre tout ce que tu peux, t'en imprégner avant que tout disparaisse. tu le fixes, c'est long, c'est lent. lui dire que tu l'aimes ? non. tu te contentes, tu oses, d'avancer et de te hisser contre lui, te moquant ce qu'il peut croire. fatiguée, soudainement heureuse, tu viens déposer ton visage contre sa poitrine et glisser tes bras autour de son torse. tes paupières qui se ferment. est-ce égoïste ? certainement, ce n'est pas de ta faute. protégée par la nuit.

est-ce que c'est toi la bonne où bien mon esprit m'joue des tours?
une sorte de mélange sur le bout du palais, l'alcool plus doux, un gout plus amer qui se joint a tes papilles, un étrange délire, une douce mascarade, une incroyable joute sentimentale se déroule à cet instant présent en toi. accepter le cheval de troie, le refuser, où proprement dit, laisser isaure gagner, et accepter ta défaite. tu n'sais même pas pourquoi t'as agi comme ça depuis des années, dans le fond, tu te conseilles toi-même. en te disant que si jamais tu n'as que trop de conquêtes, tu pourrais finalement l'oublier, mais incapable. et tu fais semblant devant tes pairs, d'être intact face à tout ça. mais la pénombre te guette le soir, dans ton vieux taudis, seul, à s'enfiler des drogues en tout genre, l'odeur de l'alcool qui parfois s'émane de ta bouche pour se laisser mourir dans l'air ambiant. assis dans cette foutue bagnole, le siège qui ne tient uniquement parce-que c'est à la mode. les ceintures oubliées presque, loin de tout ce qui semble sécuritaire, mais qu'importe. il y'a une sorte de feu intérieur qui se démarre en toi, a l'idée d'être a quelques dizaines ou centaines de mètres d'elle, qu' elle, c'est isaure.
t'as cette sensation, d'avoir son odeur qui s'accroche dans ta voiture, peut-être que t'es sorti rapidement parce-que c'est trop difficile pour toi, et l'extérieur n'en est pas moins rassurant, tu as l'impression où presque d'être traqué. tu n'sais pas quoi en penser, ni quoi dire, ou faire. alors tu fais comme tu ferais en temps normal, tu te jettes tête baissée, parce-que tu n'sais pas faire quelque chose de raisonné, et que d'avoir accepté de revoir isaure faudra un: mais t'es vraiment con ma parole. venant d'alix, si elle osera te répondre. et la voir dans ton champ de vision te laisses presque bouche-bée, la cœur qui s'emballe presque, alors que t'essayes de garder cette face impassible, alors que tu entames de nouveau le pas vers elle, peut-être trop rapidement mais pas bien grave. tu n'sais même pas quelle folie t'as prise ce soir, peut-être que demain vous ne vous parlerez déjà plus.
t'es près d'elle, mais si loin en même temps. alors que tu la regardes un sourire au visage avec sa réponse. "eh bien tu t'es trompée. me voilà." que tu réponds bêtement, ne sachant quoi dire où faire. pas préparé a tout ça faut-il avouer. tu n'sais pas ce qu'il se trame dans le cerveau d'isaure, ce qu'elle pense. peut-être une simple blague où quelque chose dans le genre. douce mélancolie qui s'installe au creux de toi, et incroyable résurrection quand elle se retrouve contre toi, dans tes bras, alors  que tu poseras ta tète contre la sienne, et une des tes mains qui se faufilera dans ses cheveux pour ajouter simplement "tout va bien isaure?"

tomber dans ses bras.
tomber dans ses bras et ne plus vouloir se trouver ailleurs. tes paupières fermées, ton souffle prudent et ton palpitant soudainement apaisé bien que brûlant à cause de votre évident rapprochement. vos corps se retrouvent et s'étreignent avec un naturel déconcertant. et si tu refoulais ce besoin, intime et étourdissant, d'être auprès de lui ? nichée contre son torse rassurant et ses bras enveloppant. ce soir, tu oublies tes craintes, tes peurs et tes doutes ; ce soir, tu ne penses qu'à ton égoïste cœur qui hurle depuis des années son désir d'être sienne, d'être près de trejan, pour lui. entièrement destinée à n'être que là, comme en cet instant, dans ses bras. tu te moques de ce que les autres, ces autres, peuvent penser ; tu te moques de ce que toi-même, tu penses de ton comportement. tu ignores tout. glissant tes mains sous sa veste, pour déposer en douceur tes doigts froids sur la peau du bas de son dos.  
est-ce que tu vas bien, isaure ?
je crois, j'imagine. que tu réponds, peu satisfaite par le choix de tes mots. toi, la sincère et l'incapable d'exprimer des émotions qui ne sont pas tiennes. je me sens complète. que tu ajoutes, c'est précieux. tu ne joues pas. tu ne joues plus. savourer ce corps à corps, s'en contenter et calquer ta respiration sur le mouvement de sa cage thoracique. et si c'était aussi simple ? non. évidemment, non. mais ce soir, tu l'imagines. tu le rêves. tu dessines un avenir fluide et tu t'inventes une réalité parallèle à la tienne. et tu vis. tu vis cette illusion. cette folie dérisoire. cette échappée minutée. tout s'envolera lorsque le soleil retrouvera une place dans votre horizon, illuminant les défauts de vos âmes et l'évidence de votre incompatibilité.
tu te redresses, désireuse de capturer la profondeur de ses yeux. tes doigts glissent, s'échappent. l'une de tes mains, réchauffée, délicate, se hisse jusqu'à sa joue que tu caresses. comment vas-tu, toi ? curieuse, attachée et dans l'attente de sa réponse. captivée par son visage que tu découvres comme une première fois. un renouveau ? qu'une utopie.

je sais que tu ne peux pas me croire parce que je ne dis jamais la vérité mais,
je souhaite que tu pourrais juste voir que c'est seulement pour te protéger, maintenant.
combien de fois quelqu'un peut-il vouloir la même douleur?
quand la pression se met sur moi, alors je change les choses.
et à chaque fois que je cours, je sais que tu vas chasser,
on finit toujours tout de suite au même endroit.

oh bordel, c'est trop inattendu comme sensation, comme étreinte, il n'y a qu'un sourire qui s'évapore, alors qu'il en est presque a la serrer que trop fort contre elle, comme si jamais il ne la quitterait, alors qu'on sait tous que ça ne sera qu'un instant l'idylle, là où demain ils viendront à se briser de nouveau. tu ne l'as pas vu depuis des années, et c'est d'un naturel apeurant que tout se mets en marche, comme une vieille machine du dix-neuvième siècle qui tournerait encore à l'heure actuelle. un terrible frisson qui s'empare de ta colonne vertébrale en sentant ses doigts contre ton échine, qu'est-ce qu'il se passe? tu n'en sais rien. et de ses mots, tu sais que ça ne va pas, tu le ressens presque instant, qu'elle ne dira pas tout, t'as cette sorte de radar qui capte ses mensonges à des kilomètres. tu n'sais pas ce à quoi elle pense, mais tu es sûr qu'elle pense a autre chose. et tu l'écoutes, hoches la tête un instant.

ton cerveau te joue des tours, tu n'es concrètement plus lucide, alors que tu n'veux que garder la fille a tes côtés, dans tes bras, tu te sens presque libre. si même elle te demandait, t'irais tout claquer la gueule aux yeux de ta famille, t'émanciper pour mieux respirer, t'émanciper pour mieux t'épanouir. et y'a pourtant cette sorte d'incompatibilité qui crève le magnifique dessein de cette relation, là où isaure laissera sa main rejoindre ta joue, sa question tu l'attendais, mais tu n'as pas la réponse. tu n'en sais rien, c'est impossible de savoir a tes yeux. alors tu souffles un instant "très bien, je suppose. je crois."

ton regard qui se perds dans ses magnifiques pupilles, et les mains sur le dos de la blonde, et putain trejan tu sais pas ce qu'il te prends, mais l'instant d'après tu déposes tes lèvres sur celles d'isaure, tu te recules presque instantanément ensuite avant de rajouter l'air piteux "ahem.. désolé.." et voilà trejan, t'as encore fait de la merde.

les paupières closes. ton corps échoué contre le sien, ton âme qui se dépose dans ses précieuses mains. est-ce que c'est un jeu ? tu rêves. ce n'est qu'un songe. la nuit qui t'offre une douce et sauvage illumination. comment ton coeur peut-il battre lorsqu'il se trouve auprès de trejan ? six ans se sont écoulées depuis que tu es partie sans te retourner. tu as fui. tu l'as fui ; lui, son monde, son frère, tout. et maintenant ? tu caresses avec une douceur électrisante sa joue et tu captures l'entièreté de ses yeux afin d'y plonger sans chercher à retrouver la surface votre océan. tu plonges, si loin, trop loin.
cette sensation d'avoir attendu, de l'avoir attendu.
des frissons, des émotions multiples et contradictoires. un palpitant qui bat fort. des joues rougies par la rapidité et l'intensité du présent. la froideur extérieure est oublié, l'heure tardive également. y'a rien. rien que trejan dans ton esprit qui erre dans l'obscurité depuis des années, avec la naïve croyance d'être sur le bon chemin. quelle idiote tu es. tu ne comprends rien. tu essayes, mais tu ne comprends rien à ton coeur et à ses désirs intimes et profonds. tu refoules. tu fais semblant. tu essayes, pourtant. tu te persuades. t'ouvrir à ce que tu es te procure une satisfaction immédiate qui englobe l'ensemble de ton corps. jusqu'à, ses lèvres sur les siennes. furtif, curieux et brûlant. il s'éloigne avant que tu ne possèdes le temps de réagir. tes dents qui se glissent, pincent, ta lèvre inférieure. tu te demandes. tu le regardes. et si vous aviez ce droit ? c'est un désir commun. une envie partagée. une pulsion. tu secoues ton visage pour lui répondre et tu te hisses sur la pointe de tes pieds afin de capturer la finesse de ses lèvres. tu l'embrasses. réellement. avec intensité et oubli. oubli de tout le reste. juste lui, et toi. vous deux, contre le reste. tes mains qui pressent son corps contre le tien. tu as envie d'aimer. envie d'exister. envie de le sentir. envie de ne pas oublier. envie de faire gonfler ta poitrine jusqu'à lui permettre d'exploser ; d'expulser son bien-être soudain et ce bonheur, l'éphémère. tu l'embrasses, tu le serres, tu te livres et tu t'oublies. tu me manques. murmures, livré contre sa bouche. vos souffles mêlés. l'intimidation.
lorsque la lune réveille et révèle.

Rien n'peut rattraper le temps qu'on a perdu
Donc j'vais m'vider toute la nuit, j'vais réveiller toute la rue
J't'aime autant que tu m'dégoûtes
Et tu m'dégoûtes à la mort

déstabilisantes retrouvailles, son doux visage, ses douces paroles, sa tendre voix qui te fait frémir les poils, un bateau qui s'amarre a son port. tu restes contre elle, dans cette étonnante étreinte. tu n'sais pas ce qui se passe dans le cerveau d'isaure, elle joue surement de toi, comme pendant la première fois, mais tu t'en moques, tu passes au dessus, en vérité tu n'y penses même pas, tu profites de l'instant. tu profites d'humer l'odeur de son parfum une nouvelle fois, de la garder une nouvelle fois, peut-être. t'oses espérer l'inespérable, t'imagines l'imaginable. demain matin elle aura bloqué ton numéro, elle le débloquera dans deux semaines. tu le sais déjà, tu connais la mélodie par cœur. mélomane des sentiments tu connais ceux de la blonde sur le bout des doigts. six ans déjà qu'elle a brisé la seule part la plus pure de toi, six ans que t'es plus le même. six ans que t'as sombré alors que t'avais plus rien pour te sauver. six ans que tu erres comme un satané clébard errant à qui on hésiterait pas à foutre un coup de pied au cul pour pouvoir passer. le souffle transformé en fumée a la sortie de vos bouches, tu n'sais même pas ce qu'elle cherche. elle t'as brisé et tu continues a ramper a ses pieds, tu n'peux pas décrire tout ça.
t'as la petite voix dans l'esprit qui te souffles de partir, t'aimerais l'écouter, mais tes muscles refusent, ils ne veulent pas, ne peuvent pas, ça reste la même merde au final. et te voilà a poser tes lèvres sur les siennes, un sentiment étrange s'empare de toi, comme si vous étiez tout deux d'innocents adolescents qui s'embrassent pour la première fois au détour d'une faussement-montée balade dans un parc pour rendre le tout un peu plus romantique que ce qu'ils peuvent voir à la télévision. tu aimerais comprendre ce que vous recherchez, à se retrouver là, comme roméo et juliette des temps modernes, comme si vous étiez destinés qu'à vous blesser en vous aimant. elle secoue son visage, tu ne saurais dire si c'est bien ou mal, jusqu'à ce qu'elle s'hisse pour revenir capturer tes lèvres, et tu la gardes contre toi, tu la resserres contre toi quitte à ce qu'elle ne puisse plus jamais partir, qu'elle se colle contre ton âme, que vous ne fassiez qu'uns, parce-que c'est ce que tu veux. et les sons de sa voix qui se laissent mourir contre tes lèvres font hérisser tes poils. alors que tu n'offres qu'en réponse "tu me manques aussi."
depuis le premier jour,
depuis que t'es plus là.

folie que tu ne peux que regretter.
tes lèvres posées sur les siennes, une pulsion, une passion. un plaisir éphémère, un désir assouvi ; pour combien de temps ? les doutes reviendront. ta réalité s'imposera. le soleil retrouvera une place, sa place, dans le paysage. pour chasser les étoiles. pour chasser l'éclat de cette lune dont tu aimes les rondeurs. tu n'y penses pas, pas encore. tu le regardes, lui. et tu souris. qu'un peu. presque intimidée par cette proximité retrouvée. et pourtant, c'est fluide. facile. l'évidence ? ton évidence, certainement. mais également ta perdition évidente. à ses côtés, tout peut s'embraser en un battement de cil. il se déploie dans un univers dangereux, pour toi, pour lui, le reste. tu n'aimes pas cette perspective, son avenir. cette possibilité de sombrer en restant à ses côtés. alors, tu as fui. et tu continueras de fuir jusqu'à ce que tu sois certaine que tu peux respirer sans craindre les ombres de la nuit.
tes lèvres sur les siennes.
c'est le grand frisson. vertigineuse sensation. surtout lorsqu'il ose, qu'il dit, que oui. toi aussi. tu lui manques. c'est possible ? comment est-ce possible de se taire pendant autant d'années et de se retrouver intacts ? tant pis, tant mieux. tu soupires et tu te rapproches encore de lui. glissant tes lèvres sur sa joue, en dessous de son oreille. tu déposes des baisers, tu réceptionnes son odeur, la tendresse de sa peau. le désir réchauffe ton propre corps. tu donnerais vraiment tout pour moi ? que tu demandes alors, brisant cet apaisant silence. référence à votre conversation téléphonique. désir de compréhension de ses écrits. tu cherches des réponses, tu caresses sa peau, tu glisses tes yeux sur son visage. sa grandeur, sa force et sa sensibilité ; tes doigts sur sa joue, dans ses cheveux, son crâne. tu as envie de le garder là, près de toi. tu ne réfléchis pas. l'intuition. désir primaire. désir autrefois refoulé, qui apprécie sa liberté soudaine de pouvoir exprimer ce qu'il éprouve.