many years, many lifes - Gabi

traits de caractère / Jusqu'à ses 20 ans, il était individualiste, orgueilleux, prétentieux et tout ça, fois dix. Gabriel c'était le sportif qui se sait beau, qui en profite, qui appuie pour le montrer, qui abuse de la situation, de l'éclat de rire qui va dans son sens. Malin, il savait comment profiter des gens et les amener à aller où il voulait. Impulsif, il était aussi capable de mettre à terre ce qui ne rentrait pas dans le rang. Sans scrupule, il adorait le faire même, regarder derrière lui n'était pas son genre. Le jeune homme n'était pas un gosse de riche, mais il mettait tout l'effort possible pour qu'on pense que c'était le cas. Un poison ou une goutte de lave, selon l'interlocuteur, quelqu'un en qui on n'a pas confiance, mais qu'on suit par peur des répercussions. Beau-parleur, il était capable de pointer du doigt la différence et d'amener les autres à voir ces différences. Fêtard, il aussi connu et profité de la drogue, financièrement, comme pour s'amuser. Il n'est pas né ainsi, ce n'était pas quelque chose de naturel, mais il l'est vite devenue, par la force des choses, au gré des évènements et des rencontres. Incontrôlable, il a longtemps joué avec les limites et celles-ci, c'est lui-même qui se les fixait.

Parce qu'on a pas toujours 20 ans. Il a payé le prix fort pour ce mode de vie, peut-être pas assez encore, Gabriel est quelqu'un qui pense beaucoup. Beaucoup plus qu'avant. Il reste malin, mais il ne s'en sert plus désormais ou pas dans un but individuel. Attentif, il a un besoin depuis quelque temps de comprendre les choses. Son impulsivité n'est pas morte, mais elle est canalisée, enfouie, pour l'instant. Ambitieux, mais il a besoin de se rattraper avant d'envisager de penser à lui. Il reste soucieux des conséquences de ses actes, alors il s'interdit beaucoup de chose, même si l'envie est là. Bagarreur, s'il a changé, il n'aime pas non plus se faire titiller de trop près. Il accepte plus facilement la critique par contre. Il est resté fêtard, mais un fêtard qui ne le montre plus. Rigoler, boire un verre, il n'a plus ce besoin de se montrer. Souriant, malicieux, il peut parfois donner l'impression qu'il est en décalage et il l'est oui. Il a beaucoup de choses à prouver, à se prouver, mais il ne baisse pas les bras pour autant. Il a été au fond du trou, mais ce n'est pas dans son tempérament d'y rester, forcé ou non. Ca peut paraitre inimaginable pour ceux qui l'ont connus avant, mais aujourd'hui, c'est une personne en qui on peut avoir confiance. L'improbable qui s'est produit. S'il parait inoffensif désormais, ce qui pourrait attirer des représailles, il faut pourtant se méfier de l'eau qui dort.

Ce lundi à Brooklyn. Gabriel ne s'en rappelle pas et pour cause, il était encore au milieu de ses deux parents. Ils géraient probablement les détails de leur séparation devant le bébé déjà agité. Cette image pourrait être comme le dernier souvenir, s'il en avait eut un de son père. Ce père qui a prit la poudre d'escampette devant la peur de la paternité, celui-là même qui, lorsque Gab avait une petite semaine à peine est parti, sans regarder derrière. Jamais. Il a plutôt regardé devant et la demoiselle de dix ans plus jeune que sa compagne. Des souvenirs, il y en a eut ensuite, huit ans plus tard, alors que la désormais Madame Stinson célébrait son deuxième mariage. Le soucis c'est que pour ses souvenirs là, ils ont démarré un peu trop tard. Gabi était devenu un petit garçon, plus mature que la moyenne, plus ... instinctif et qui n'avait eut besoin de personne comme figure paternel, puis tout court. C'est pas maintenant qu'il se laisserait attendrir.

Ce mardi, dans les eaux troubles de la dérive. Personne n'arrêtait le désormais jeune homme lors de cette soirée. Il avait prit le soin de rameuter toute une troupe de gens. La moitié qu'il ne connaissait que de vue, l'autre moitié, même pas. L'occasion était belle, faire la fête, sans conséquence, se faire un nom. Sous drogue, reluquant une possible conquête, il rassurait l'un de ses proches amis, propriétaire de la maison. Cette fête serait géniale et il n'y aurait pas de problème. Qu'une bagarre générale éclate et que les flics débarquent ? Non, non, pas un problème. Gabriel s'était enfuit lui et peu importe, vraiment, ce qui était arrivé aux autres. Ce qui était arrivé à son "ami". Il l'avait eut sa super soirée, qui ne serait pas la dernière et la sienne n'était d'ailleurs pas totalement terminée.

Le mercredi c'est panini. Enfin du moins ça l'est d'ordinaire. Avec Maddy, sa voisine, qu'il connait depuis toujours, ils ont pris cette habitude tout petits. Ils ont le même âge et Gabriel n'a pas a faire le mec où à l'influencer, elle ne lui tourne jamais le dos. En tout cas jusque là. Madisson de son vrai prénom a encore entendu des choses et elle s'était même mise à pleurer. A l'adolescence, on grandi, mais pas tous de la même manière. Elle était incapable d'assumer d'être le binôme de la définition qu'elle entendait tous les jours de lui. Elle ne pouvait plus le faire. Elle ne voulait plus le faire. Elle avait déjà accepté trop de choses, trop de débordements, trop de démonstrations de force. Les remords lui revenaient. Gabi l'avait sans doute oublié à la longue, mais Maddy est une fille aussi. Le dernier rempares contre le fait qu'il soit totalement hors de contrôle venait de céder. Il était seul de nouveau. Avec ses idées.


Jeudi explique mercredi. Si Maddy lui a rappelé qu'elle était une fille, c'est qu'elle a appris ce qu'il s'était passé avec Jihane quelques jours auparavant. Cette fille qu'il a rencontré grâce à sa passion pour la mécanique. Les photos nues qu'il avait délibérément diffusées par orgueil, par simple vengeance, tout ça décidé en une fraction de seconde. Le pire, c'est qu'il n'y pensait même plus à ce moment-là. Jihane était une fille qui lui avait tapé dans l'oeil certes, il se murmure qu'il avait même eut un coup de coeur pour elle, mais elle avait refusé d'aller dans son sens pour qu'il gagne une simple course. Sans penser à ce que ça représentait pour la jeune femme, il était donc entré en scène. Gabi pouvait faire rire les gens, les amuser pour lui-même s'amuser, mais quand on ne va pas dans la même direction que lui, il ne suit plus, il ne joue plus. Petite-amie, cousin, copain, facteur, peu importe. C'est le seul moyen qu'il avait trouvé pour s'assurer que rien ne lui échappe. Au diable les conséquences. Pour l'instant.

Un vendredi noir. Il avait fait le malin Gabriel. Du haut de ses vingt ans et de son statut de chef de bande, il n'y avait que ça à faire. Pointer du doigt sa tête de turque devant ses amis, il trouvait ça marrant. Insisté sur le fait que ce dernier soit différent avait aiguisé l'appétit des loups qui lui servaient d'amis. Il n'avait plus rien contrôlé ensuite, pas parce qu'il ne voulait pas, il se rendait compte au fur et à mesure des coups que c'était bien trop mal même pour lui, mais parce qu'il ne pouvait pas. Et il s'est mit à constater, dernier jeune homme présent devant celui qui n'avait rien demandé, à terre et en sang. Un évènement peut vous changer un garçon en homme et vous changer même radicalement. Celui-là, à son âge se montrait déterminent. Alors qu'un de ses "amis" venait le chercher pour fuir la scène, lui, il n'oubliait pas, il n'oublierait pas. Gabriel ne le savait pas encore à ce moment précis, mais il venait d'avoir un déclic. Un déclic qui le conduirait à quitter la vie scolaire habituelle pour les études à distance. Il ne savait pas qu'il allait se fermer à la vie, aux autres et ça pendant un an. Que le jeune homme impitoyable allait se rendre chaque jour à l'hôpital ensuite pour rendre visite à la victime de son manque de contrôle. Tragique ironie.

Le samedi et ses bougies. Sa mère, Maddy et son chien Hermès, la définition de fête n'est plus tout à fait la même. De bonne fête en tout cas. Bien sûr, il sort encore des fois le soir, il aime toujours ça, mais là pour ses 22 ans, il n'a besoin de rien d'autres. Une traversée du désert, l'image peut faire rire, mais Gabi n'avait définitivement pas rigolé.  il y a du mieux, bien mieux. Tourner définitivement la page, mais sans oublier, il l'avait fait, encore une fois grâce à celle qui était revenue le chercher au fond du trou. Madisson était revenue au meilleur des moments possibles.  Et quoi de mieux qu'un rôle de stafiaire au zoo, il n'aurait pas de quoi s'ennuyer. Enfin, la vie continue.

Le dimanche, c'est le jour du seigneur, faut pas déconner.