beautiful things never last that's why fireflies flash. (a&c)

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{ beautiful things never last
That's why fireflies flash }
crédit/ tumblr ☾ w/ Alejandro & Camille

Elle aimerait, un jour, devenir cette femme qu’Alejandro voit en elle.
Elle aimerait mériter le regard qu’Alejandro a sur elle.  Ou, peut-être, seulement pouvoir s’observer ne serait-ce qu’une fois, quelques minutes à peine, sous les prunelles de celui qu’elle considère comme un père. Mais c’est l’obscurité qui transparaît dans son reflet chaque fois qu’elle ose le contempler. La vérité qu’elle voit en face, l’écorchée vive, celle qu’elle est dans le présent quand Alej’ tente d’entrevoir l’avenir. Il arrive au doux miracle de la faire rire mais, rapidement, la conversation devient sérieuse alors qu’elle réalise la peine dans laquelle il doit vivre depuis que Camille s’est réveillé amnésique. Elle n’a toutefois pas le temps de s’y attarder davantage, pas cette fois. Car leur conversation s’interrompt quand ils entendent tout le capharnaüm à quelques mètres d’eux. Ella, sous l’inquiétude qui la submerge, quitte tout de suite la chambre pour aller retrouver le père qui ne se souvient pas d’elle. Loin d’être rassurée en le retrouvant, c’est l’angoisse qui la submerge. Il veut partir… partir à cause d’elle. La voix d’Alejandro essaie bien de la convaincre du contraire. Mais il n’allait pas partir, Camille, avant qu’elle n’arrive. Avant que le tourbillon vienne l’assaillir de toutes les exigences qu’il n’est plus en mesure d’assouvir. Ella tente de le retenir, quand Alejandro semble prêt à le laisser s’enfuir. La gamine, si paumée quelques secondes plus tôt, le contemple avec cet air d’incompréhension, cette lueur retrouvée grâce à l’émotion. – On ne va pas le laisser partir ! Elle ne comprend pas, Ella, comment il peut rester si calme. Comment il peut supporter de le voir prêt à partir sans tenter de se battre. Et peut-être a-t-il raison, peut-être qu’elle aurait beaucoup moins souffert dans sa vie, si elle avait laissé s’enfuir celui qu’elle aimait, au lieu de s’acharner. Mais elle refuse de laisser partir Camille. Pas à cause d’elle et de ses réactions puériles, ses réactions explosives. Son père de substitution ne connaît pas cette tendresse, chez elle. Il n’a guère eu le temps de la retrouver, alors qu’il l’a vue déjà plusieurs fois imploser. Il a vu sa colère avant de voir sa tendresse, il a vu sa haine avant de connaître sa douceur.

Mais, Ella, elle aime à la hauteur qu’elle déteste.

Même, bien plus fort encore. Sa main contre celle de Camille, elle le contemple de ses iris emplis de crainte et d’affection. – Tu nous déranges pas, on a besoin de toi. elle lui confie, sans le quitter de son regard assombri. Prête à tout pour qu’il change d’avis. Mais les mots de son interlocuteur l’atteignent en plein cœur. Elle voudrait lui dire qu’elle a réagi sous le coup de la colère, de la détresse. De cette rage qui vit en elle. Elle voudrait, Ella, qu’il s’en rappelle. Car il sait, il sait si bien, que la haine est le moyen qu’elle connaît le mieux pour exprimer tout ce qu’elle ressent. Peut-être parce qu’elle a grandi au milieu de cette haine, qu’elle en a gardé un petit bout en elle. Peut-être, aussi, parce que c’est quelque chose qui fait désormais partie d’elle. Camille le sait, tout cela, mais Camille ne s’en souvient pas. Elle voudrait lui dire, aussi, qu’elle est prête à accepter cette situation, précisément comme l’a énoncé il y a quelques instants son père de substitution. Elle voudrait lui dire qu’elle est prête à attendre qu’il la connaisse, que, peut-être à nouveau, il l’aime. Mais, la gorge nouée, elle peine à parler. C’est quand il évoque à nouveau la drogue, celle qui la ronge depuis des mois dans l’ombre, qu’elle trouve le courage de répondre. – Non… non, tu ne savais pas… parce que t’es la personne dont l’avis compte le plus au monde, pour moi et… et je voulais pas te faire de mal. Je voulais pas te décevoir. Ses opales brillent dans celles de Camille, alors qu’elle énonce une vérité si authentique. C’est différent, avec Alejandro, elle n’a pas peur, peut-être parce qu’ils se comprennent. Qu’ils vivent plongés au sein d’une noirceur similaire. Mais Camille n’est que lumière…

Et Ella, tu ne veux pas,
que ta lumière s’en aille.

Enfin, Alejandro se met à parler. En espagnol, pour qu’elle ne puisse pas comprendre. Elle saisit quelques bribes de mots dans leur échange mais ne saisit pas grand-chose. C’est l’émotion qui transparaît, plus que ce qu’ils sont en train de dire. La colère, la rancœur à peine dissimulée, mais l’amour surtout. L’amour, qu’elle comprend, dans les mots de Camille. La tourmentée les contemple, tour à tour, un peu chamboulée, un peu déboussolée. Puis, soudain, le policier saisit la main de son fiancé, se remet à parler en anglais. Elle n’a aucune idée de ce dont il vient de parler mais il se souvient… il se souvient de quelque chose. Elle ne sait pas tout à fait quoi, Ella, mais elle devine que c’est important. Assez pour qu’il oublie toute leur conversation et qu’il vienne, même, déposer un baiser contre les lèvres de son amant. – Est-ce que ça veut dire que tu vas rester ? elle demande, timidement, comme une enfant face à ses parents. Mais c’est ce qu’ils sont, tous les deux, depuis déjà longtemps.

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{ beautiful things never last
That's why fireflies flash }
crédit/ tumblr ☾ w/ Alejandro & Camille

On ne retient pas quelqu’un qui veut partir, Alenjandro, il lui dit.
Pourtant, c’est ce que l’âme en perdition est prête à faire, prête à tout en réalité, pour le retenir. Parce qu’elle a déjà trop perdu dans sa vie, elle refuse de le perdre, lui aussi. Il a cette putain d’amnésie mais, au fond, elle sait qu’il est toujours quelque part dans son esprit. Le Camille qu’elle connaît et qu’elle, mais aussi celui qui l’aime. Et quand elle sent sa main se poser contre sa joue dans un geste de tendresse, quand elle l’entend lui parler comme un véritable père… elle a l’impression de retrouver un peu d’oxygène. Ses opales noires se mettent à briller sous l’émotion parce que, à cet instant précis, l’enfant perdue a le sentiment de retrouver son père de substitution. Il n’y a plus cette rancœur, cette froideur dans ses prunelles. Seulement cette douceur avec laquelle il s’est toujours adressé à elle quand il évoque la poudre blanche qu’elle devrait arrêter. Les iris tournés un instant vers Alejandro, puis à nouveau vers lui, elle n’ose leur répondre, Ella, car elle ne pense pas à la drogue à ce moment, mais bien à lui. Lui qu’elle retrouve petit à petit. – Je suis désolée, aussi, que t’aies déjà vu… tout ça de moi… mais je veux être là pour toi, maintenant. Cette deuxième rencontre ne s’est pas faite comme la première. Il l’a vue en colère, emplie de haine, il a vu la tempête. Mais elle veut, aussi, lui rappeler, tout cet amour qu’elle a pour son père.

Tu veux qu’il se souvienne,
ou même, seulement, qu’il redécouvre,
tout cet amour entre vous.

La ténébreuse laisse glisser ses lunes assombries d’un père  à l’autre alors que chacun tente désormais de rassurer l’autre. Même Alejandro, si pudique à l’idée de confier ses sentiments – peut-être plus encore en sa présence, finit par ouvrir un peu son cœur. Mais ce sont les mots de Camille qui rassurent la tourmentée instantanément. D’un signe de la tête, elle acquiesce à sa proposition. – Mais c’est moi qui choisis ce qu’on mange ! elle affirme, la gamine, retrouvant un brin de légèreté. Elle se doute que le policier a besoin d’un peu de tranquillité… besoin de s’assurer, aussi, qu’ils vont bien, certainement. Alors elle fait tout pour aller bien, Ella. Elle ne veut plus le malmener, pas dans cet état, pas alors qu’ils sont tous aussi à fleur de peau. Mais elle se sent mieux, en leur présence, que quelques minutes plus tôt. Et Alejandro sait lui rappeler qu’il est là pour elle. Un petit sourire tendre apparaît sur les lèvres de l’écorchée vive avant qu’il ne s’agrandisse en les entendant. Elle a la sensation, brève mais réelle, que tout est comme avant. – J’crois que c’est sa manière de me dire qu’il m’aime. elle taquine Al, et lui adresse même un sourire espiègle. Elle finit par se lever, et tend les deux mains pour les inciter à en faire de même. – Allez, les vieux, on se lève ! Sans plus attendre, elle file jusqu’à la cuisine, prétendant partir récupérer les prospectus qu’ils gardent dans un coin. Mais elle devine aussi qu’un petit instant rien qu’à eux ne leur fera pas de mal. En attendant, la jeune femme décide de passer la commande auprès d’une pizzeria. Elle connaît leurs goûts suffisamment pour choisir la préférence de chacun avant qu’ils ne reviennent.