see you in the fireflies. (ella)

and i want to keep us all alive, and i want to see you with my eyes but i see you in the fireflies, and how extraordinary is that, light me up again. -- @ella gardner

Deux, trois pilules avalées, le début des hostilités. La guerre dans son organisme. Les bombes explosent, les unes après les autres. Comme si elle l’avait cherché. Comme si elle l’avait désiré. L’euphorie déguisée laissant place au vide de son cœur, au vide de son âme, au vide de son esprit. L’envie cruelle de faire la fête s’est évaporée, à l’instant même où elle a avalé ces cachés, proposés par le premier petit revendeur de la soirée. Tu voulais vibrer, Opale, tu voulais t’amuser, tu voulais te sentir libre, te sentir vivante, mais tu te sens plus morte que jamais. Les doutes t’assaillent, te torture l’esprit, te font réaliser combien ta vie est vide de sens. Elle se sent affreusement mal, remuée par tout ce qu’elle espérait oublier, par tout ce sur quoi elle désirait tirer un trait. Affreusement mal. Physiquement, mentalement, trop de douleurs mélangées pour qu’elle ne puisse réellement les distinguer. Peu importe d’où elles viennent, après tout, t’es déjà totalement bousillée. Plus rien a sauvé, chez toi, Opale. Plus rien qui ne vaille la peine d’insister. D’insister pour exister. Le chemin s’achève dans le coin d’une des pièces, alors qu’elle trouve repos contre le sol, incapable de faire plus, incapable d’aller plus loin. Et c’est à elle, qu’elle pense. A elle, qu’elle décide d’envoyer son appel à l’aide, comme une évidence. Sa meilleure amie, qui d’autre qu’elle pour la ramasser sans jamais la juger. Qui d’autre qu’elle pour la soutenir sans jamais s’inquiéter.

à ella, 00h48 :
el’, j’ai besoin de toi…
tu peux venir me chercher chez bart stp…

La gymnaste déchue ne prend même pas la peine de s’assurer qu’elle est bien éveillée, qu’elle aura son message, qu’elle prendra connaissance de son message. Elle n’en est pas capable. Et comme bien trop souvent, elle remet son sort aux mains du destin. Aux mains d’Ella, plutôt, nettement moins cruelle que ce foutu destin. Nettement moins cruelle que ce foutu destin qui s’acharne sur toi, encore et toujours, depuis des années désormais. Ella, son ange aux ailes noires, qu’elle espère voir arriver, qu’elle espère voir la sauver. Sa meilleure amie.

(c) calaveras.

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{ see you in the fireflies}
crédit/ tumblr ☾ w/@Opale Millstone

Minuit tremble,
et les âmes vagabondes sortent combler leur manque.
Manque du vice, manque d’adrénaline, manque affectif, c’est peut-être du pareil au même quand vient la nuit. Ils sont tous là, à errer, de shooters en cocktails, de cocaïne en héroïne. Ils sont tous là, à tenter de se vider la tête, à s’faire croire qu’ils font la fête. Ils sont tous là, autant de carcasses vides, qui s’essaient à retrouver vie.
Puis il y a toi, Ella,
il y a toi qui te sens pas à ta place ce soir,
les pensées tumultueuses tournées vers un seul nom, Ambroise.
Perturbée par leurs retrouvailles, elle y pense constamment depuis ce soir-là. Elle pense, à lui, souvent. Trop souvent. Il y a longtemps qu’un homme n’a pas accaparé les songes torturés de l’âme en peine. Elle n’a pas le cœur à faire semblant, pas cette fois, alors que tout la ramène à lui. Les minutes passent, la gamine se surpasse. Pas de drogue, pas d’alcool, ce soir. Elle tient le même verre de vodka depuis qu’elle est arrivée, sans réellement y toucher. Il n’y a que la clope qui occupe sa soirée. C’est ce qu’elle est occupée à faire, à l’extérieur du club, elle est occupée à se tuer un peu plus les poumons quand elle entend le son de son téléphone. Le verre posé sur le muret sur lequel elle est adossée, elle se saisit de l’appareil pour en lire les quelques lignes… celles de sa meilleure amie.

à Opale, 00h49 :
j’arrive.

J’ai besoin de toi. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui pourraient lui dire ça. Mais Opale, elle en fait partie. Opale, sa meilleure amie. Rien qu’en lisant ses mots, l’écorchée vive sent les battements de son cœur s’accélérer. Elle connaît son acolyte trop bien pour ne pas s’inquiéter. Si elle prend la peine de lui dire qu’elle doit venir la chercher, c’est qu’elle doit vraiment être dans un sale état. Alors elle ne réfléchit pas, Ella, le message à peine envoyé, elle laisse tomber sa cigarette pour partir sans plus attendre jusqu’au lieu de la fête. Elle attrape un taxi et s’engouffre à l’intérieur. Puis, une fois devant l’immeuble de Bart, elle fait promettre au chauffeur de l’attendre avant de rejoindre enfin l’appartement plongé dans les excès. Elle ne met pas longtemps à la trouver, là, assise à même le sol ; visiblement elle a pris quelque chose. La camée, pas là pour la juger, se précipite jusqu’à elle pour s’accroupir à ses côtés. – Hé, ma belle… elle l’appelle, la voix inquiète, mais soulagée malgré tout de l’avoir retrouvée. Sa main vient saisir la sienne, alors qu’elle ne tarde pas à lui demander. – Comment tu te sens ? Mal, assurément. Mais elle est là, Ella, elle n’est plus toute seule à présent. Elle ne le sera jamais vraiment.

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Absence de réactions, la conscience s’est envolée, juste après ce petit message, ce dernier appel à l’aide, comme si, d’une manière ou d’une autre, elle tentait toujours de se raccrocher à la vie. Elle n’a pourtant pas de raison de le faire, pas de raison de se battre, pas de raison d’exister, quand l’existence n’est que chaos. Chaos, toujours. Chaos, sans fin. De l’âme à l’esprit, de l’esprit à l’âme, elle se retrouve toujours abîmée jusqu’à ne plus avoir rien à donner. C’est ainsi que tu te sens, ce soir, Opale, vide. Vide, incroyablement vide. Avec comme dernier espoir son amie, sa meilleure amie, parce qu’après tout, elle est bien tout ce qu’elle a dans sa vie. Ses amis, ceux qui acceptent sa folie, ceux qui subissent sans même savoir, ceux qui ne se détournent pas, ils sont quelques-uns, comme ça. Quelques-uns, comme seuls piliers. Et elle s’évapore, après son message, parce qu’elle offre une confiance aveugle à la brune de son cœur, parce qu’elle sait qu’elle viendra, qu’elle apparaîtra dans la brume. Comme une certitude qui coule dans tes veines, l’assurance de pouvoir compter l’une sur l’autre, toujours, alors que vous n’êtes que deux bombes à retardement. Tic tac. Une voix qui la sort, peu à peu, des ténèbres et de l’obscurité, du mutisme dans lequel elle s’est enfermée. T’es venue… Merci… Le cœur qui se réchauffe avec une immédiateté qui lui est propre, toujours excessive, toujours trop rapide. Maintenant que tu es là, je pense que ça va un mieux… Intérieurement, peut-être un peu, parce qu’elle se sent toujours profondément dans les vapes, comme si une secousse venait de ravager le monde entier, comme si une secousse venait de l’engloutir, de la faire chuter, encore trop bras, trop profond. Tu ne devrais pas l’entraîner avec toi, Ella. Parce qu’elle est déjà rongée par son propre mal. Parce qu’elle n’a pas, en plus, besoin de subir le tiens. Mais vos cœurs se sont accrochés, comme deux petits êtres paumés.

(c) calaveras.

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{ see you in the fireflies}
crédit/ tumblr ☾ w/@Opale Millstone

Âme siamoise à la sienne, toutes les deux, elles se comprennent.
Elles ne sont que deux vagabondes qui tentent d’avancer dans de semblables ténèbres. Au milieu des souffrances barbelées qui ne cessent de les agripper, des tourments suspendus à leurs têtes qui continuent de les appeler, des démons infernaux qui font tout pour les attirer. Elles partagent les mêmes difficultés à poursuivre leur chemin quand il serait tellement plus facile de tout stopper. Accepter de tomber et, enfin, se laisser submerger entièrement par cette ombre noire qui les suit depuis toutes ces années.
Mais, Opale et Ella, elles se comprennent,
car elles s’efforcent encore de s’accrocher à cette vie qui ne veut pas d’elles.

L’une avec l’autre,
l’une pour l’autre.

Parce que si sa meilleure amie interrompait le combat, si elle choisissait d’arrêter de se battre… elle ne sait pas si elle y arriverait encore, Ella. Parce qu’elle n’est pas seulement ta sœur de douleur, Opale. Elle est aussi celle qui te permet d’y croire. Croire que, tant que vous serez ensemble, vous pourrez continuer le combat. Parce que tant qu’elle a la force de se relever, toi, tu ne peux pas arrêter. Il y a comme une forme de complémentarité fusionnelle entre elles. La gymnaste, de tous son courage, répond présente chaque fois qu’elle lui demande de l’aide. Chaque fois qu’elle a besoin d’elle. Dans un effet de miroir irisé, comme un écho reflété, Ella ne peut qu’en faire de même pour elle. Lui rendre la pareille pour toutes les fois où la situation était contraire. Agenouillée auprès d’elle, la camée glisse sa main contre la chevelure de son amie ; soulagée par ses dires, mais pas totalement rassurée. Opale, elle a le corps qui tremble autant que son âme. – On va se relever ensemble, ok, mais seulement quand tu seras prête à le faire. elle affirme, la voix douce. Elle ne veut aucunement brusquer une Opale à fleur de peau car elle la connaît trop bien dans ces instants. L’oiseau fébrile peut lui échapper à tout moment. Poursuivant ses caresses contre la crinière délicate de la poupée fêlée, Ella reprend rapidement. – Est-ce que tu sais ce que t’as pris ? Ou qui te l’a donné ? elle l’interroge, étonnamment patiente. Elle a besoin de savoir, besoin de s’assurer que personne n’a mis en danger son double. Ou bien, c’est cette personne qui va bientôt le regretter.
Parce qu’il n’y a pas que dans les abysses qu’elles sont liées,
il y a aussi tout cet amour pour les protéger.

L’une avec l’autre,
l’une pour l’autre.

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La voix d’ella, il n’y a qu’elle, qu’elle entend encore. Il n’y a qu’elle, qui compte encore. Tout le reste semble disparaître, ou peut-être qu’elle est encore bien trop mal pour réaliser qu’elle est toujours bloquée à cette soirée. Au fond, elle peine même à se souvenir que c’est elle qui l’a appelée. Tout ce qu’elle sait, c’est que son ange noir est là. Venue pour la sauver. sans elle, tu te laisserais certainement crever dans un coin, opale. Comme une bête écorchée abandonnée au bord de la route. Parce que t’es persuadée de rien valoir de mieux que ça. Parce que t’es persuadée que tu ne mérites pas autre chose que ça.
Egoïstement, elle se tourne pourtant vers ella. Pas une question d’envie, mais bien un instinct de survie. Elle ne cherche pas à être sauvée mais c’est comme si, d’une manière ou d’une autre, son corps venait le réclamer. elle répond présente, pour toi. Comme une évidence, comme un signe du destin. elles se sont trouvées et ne sont plus prêtes à se lâcher. Deux semblables, deux identiques aux différences presque invisibles.
Sa main vient à elle, se pose contre elle, l’ancre un peu plus dans cette réalité que son esprit perturbé tente de fuir. Sa main vient à elle, se pose contre elle et lui offre un peu tendresse dans cette terrible brutalité. oui, d’accord… quelques mots balbutiés, sans conviction, pas certaine d’y arriver dans tous les cas. Sans elle, elle ne pourrait pas. Et c’est en son amie qu’elle croit, plus que tout, aujourd’hui. non, j’sais pas… je crois que… que j’ai juste abusé… juste abusé, parce qu’elle allait trop mal pour exister. t’es dans un de ces moments, ceux qu’ella ne connait pas. la véritable nature qu’elle s’apprête à découvrir, capable de ressurgir à tout moment, comme le monstre caché sous le lit, comme l’entité du placard. on peut y aller… pas certaine, mais l’envie d’être ailleurs, le besoin d’être ailleurs, loin d’ici. Loin de l’agitation. Loin de la fête, quand son cœur ne rêve que d’un cimetière.

(c) calaveras.

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{ see you in the fireflies}
crédit/ tumblr ☾ w/@Opale Millstone

Elle paraît ailleurs, Opale, dans une autre réalité. Un monde embrumé, submergé par un brouillard nébuleux, où ne se retrouvent que les âmes égarées. Sa meilleure amie connaît ces abîmes, cet univers qui se tient entre l’enfer et le paradis ; cet univers où il y a tout, sauf de la vie. Dans les limbes, elle se trouve, Opale, elle est prise au piège sans même se rendre compte dans cet étau qui se resserre. Prisonnière des débâcles dont elle ne saurait se libérer, dans ce purgatoire où elle ne trouvera pas l’absolution ; prisonnière de ce tourbillon dont elle n’a aucune conscience. Elle le sait, Ella, pour s’y être si souvent perdue. D’ordinaire, c’est elle, la carcasse déchue que l’on tente de libérer de cet enfer à peine déguisé. C’est elle, d’ordinaire, que l’on vient sauver. Qu’elle, Opale, vient sauver. L’écorchée vive ne sait pas si elle aura la force de la délivrer comme le contraire est tant de fois arrivé. Elle ne sait pas, en vérité, si elle a la force de relever quiconque quand elle a elle-même, toujours, perpétuellement la sensation d’être à terre. Mais elle ne peut pas la laisser tomber, pas elle.

Pour toutes les fois où elle a été là,
pour toutes les fois où elle s’est sentie comprise, soutenue, épaulée,
ou, simplement, aimée,
elle ne pourrait jamais l’abandonner.

Les prunelles sombres n’ont d’yeux que pour sa meilleure amie. Cette âme sœur à la sienne qui semble dénuée de vie. Alors elle se demande, Ella, si c’est bien ce qu’elle inflige tant de fois quand c’est elle qui a besoin d’aide. Elle se demande, Ella, comment font ceux qui, comme Opale, n’ont jamais cessé de la ramasser à la petite cuillère. Elle, n’a jamais vu la gymnaste dans cet état, comme, éreintée de se battre. Elle reconnaît les iris vides qui la fixent, mais pas chez elle, pas chez son amie. Elle est si forte, Opale, si belle et courageuse à la fois. Elle lui a toujours donné l’impression de pouvoir affronter tous les raz-de-marée et, subitement, elle la voit se noyer ; prête à sombrer. Mais elle ne la laissera pas couler, jamais. – Ce n’est pas grave… t’en fais pas, c’est rien. Si elle a seulement abusé des cachetons qu’elle a pu avaler, elle sait exactement ce qu’il faut faire, la camée. – Ok, on y va. Le bras qui glisse contre le corps frêle de sa siamoise, elle l’aide à se redresser sans jamais la lâcher. Les deux âmes abîmées quittent tant bien que mal l’appartement encore rempli des autres oiseaux nocturnes qui continuent de s’amuser. D’une main, l’ange gardien loin d’en être un maintient toujours la carcasse de son amie quand l’autre part chercher ses clés. Elle ne perd pas de temps pour déverrouiller la voiture et l’y installer. – Je te ramène chez moi. elle lui précise, la voix brève, concise. Elle démarre déjà le véhicule mais ne peut retenir un coup d’œil vers son alliée de toujours. – T’es en sécurité, Opale… j’te le promets. Tu peux fermer un peu les yeux le temps d’arriver. et elle lui confie, tous les mots qu’elle a si souvent eu besoin d’entendre. Qu’on lui dise de se reposer, que tout va bien aller, qu’elle n’a plus rien dont elle se doit préoccuper. Elle, ce soir, elle s’occupera d’Opale, elle la protégera, de tout, même d’elle-même.

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Tirée de l’obscurité, des méandres, par la force d’ella. La force presque mystique, magique, de sa meilleure amie. Cette force incroyable, parce qu’elle est forte pour deux, ella. Elle est forte pour elle-même, elle est forte pour opale. forte pour toi, quand t’es pas capable de l’être. Quand tu t’es plongée trop fort dans les pires expériences, dans ce qui n’a rien de bon pour toi. rien de bon pour elle, dans cette vie qu’elle mène. Rien de bon du tout, parce qu’elle est incapable de se gérer, incapable de prendre soin d’elle-même, elle est là, la vérité. Là, alors qu’elle prétend le contraire, qu’elle se persuade du contraire depuis qu’elle est devenue orpheline. Mais c’est faux, trop faux. t’en as eu la confirmation quand t’as goûté à autre chose, avec anya. Quand la belle, la gardienne de ton cœur, avait choisi d’être avec toi. Toi, la plus chanceuse de l’univers. Toi, la plus heureuse du monde, d’être avec elle. Avec quelqu’un qui t’aime.
Mais dans la vie tout s’effondre, dans la vie rien n’est éternel, sauf les malheurs. Sauf les souffrances. Elles le sont toujours, toujours présentes dans un coin de sa tête. Toujours ancré dans son sang noir, noir de douleur. La douleur qu’elle ne sent même plus, alors qu’elle s’occupe de la relever, de la traîner hors de cet endroit pour finalement l’installer dans sa voiture. t’es presque mutique, silencieuse, opale, ne pouvant rien faire d’autre que bredouiller… merci… merci… quelques mots avant de fermer les yeux. Avant de se laisser tomber dans les songes, dans la déchéance, dans l’oubli. De se laisser tomber, parce qu’elle a confiance en ella. Confiance en elle, toujours.
Ce n’est qu’une fois la voiture de nouveau à l’arrêt, garée devant chez la ténébreuse, que le regard de la folle s’éveille à nouveau. Un regard toujours vide, épuisé, mais reconnaissant d’être arrivée jusqu’ici. on…est arrivées… ? elle est en sécurité. Grâce à elle.

(c) calaveras.

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{ see you in the fireflies}
crédit/ tumblr ☾ w/@Opale Millstone

Y’a quelque chose en toi qui se déchire,
devant la détresse de ta meilleure amie,
une part de toi qui se brise,
de la voir au bord du précipice.
Elle n’a pas l’habitude, Ella. Pas l’habitude d’être celle que l’on appelle, quand on a besoin d’aide ; pas l’habitude d’être la sauveuse, non, elle est plutôt celle que l’on contacte pour mieux se déchirer la gueule. Celle qui accompagne une âme à la dérive ; celle qui accepte de se détruire, à deux, parce que c’est un peu moins triste que seule.
Même avec Opale, elle ne compte pas, toutes les fois où elles ont essayé de nouvelles cames, toutes les fois où elles se sont mises dans les pires états.
Elle ne compte pas, Ella,
toutes les fois,
où elles se sont fait du mal.

Pourtant, Opale,
chaque fois que t’avais mal,
c’est elle qui était là,
alors cette fois,
c’est à toi, Ella.

La boule au ventre et le creux à l’estomac, l’écorchée vive laisse agir son instinct plutôt que toute forme de conscience. Elle aurait eu envie de retrouver le connard qui a laissé sa siamoise prendre autant de cachets, mais elle veut plus que tout la mettre en sécurité. Loin des démons de cet appartement, à défaut de pouvoir la délivrer de ses propres tourments. Durant le trajet, la ténébreuse paraît légèrement apaisée, plus sereine que la môme terrorisée. Il y a si longtemps qu’elle n’a pas pris soin de quelqu’un, si longtemps qu’elle n’a pas fait attention à la vie qu’elle avait entre ses mains. Pourtant, face à sa meilleure amie qui paraît si faible, tout lui vient comme un second instinct. Le véhicule à peine arrêté, elle se tourne vers Opale, les prunelles rivées sur elle pour s’assurer qu’elle va bien. « Oui, ça y est. Dans quelques secondes, on sera au chaud chez moi. » elle lui confie, ses doigts empreints de tendresse contre sa joue dans une douce caresse. Elle finit par se détacher pour quitter la voiture, elle en fait le tour, et lui ouvre. Son bras retrouve sa place autour de la silhouette bien trop frêle pour l’entraîner avec elle. Quelques minutes suffisent, heureusement, pour qu’elles gagnent son appartement. Elle n’attend pas plus longtemps, Ella, elle l’entraîne directement dans sa chambre. « J’te préviens, il ne peut plus rien se passer entre nous maintenant. » elle dit avec un faible sourire, surtout pour tenter d’obtenir celui d’Opale sur ses lippes. Voir se raviver une lueur dans ses iris si assombris. Elle l’aide à s’installer et, délicatement, retire ses talons, puis suit aussitôt son pantalon. « Je pense que ça te ferait du bien de prendre une douche… mais si tu crois qu’il vaut mieux que tu te reposes d’abord, c’est ok, d’accord ? » elle lui laisse le choix, à Opale, parce qu’elle l’a toujours vue décidée de ce qu’elle veut. Et elle est toujours là, plus frêle, plus fragile que jamais auparavant, peut-être.
Mais c’est toujours sa meilleure amie qui est là tout contre elle.

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un saut dans l’obscurité, elle se sent comme une putain de camée, mais il n’en est rien. elle n’a jamais eu besoin de ces substances édulcorées pour se sentir en dehors de toute réalité, opale. c’est ainsi qu’elle est née, différente. et en vieillissant, le diagnostique est tombée, maladie la frappant de plein fouet. toute sa vie défoncée, partagée entre les hauts et les bas, les up and down. ce soir, c’est le down. le down si profond qu’elle n’imagine même pas pouvoir se relever. comme si sa vie, elle la confiait à ella. comme si elle laissait cette dernière la porter à bout de bras. un suicide, peut-être, d’un point de vue extérieur. parce qu’elle ne semble pas plus pure qu’elle, ella. elle ne semble pas plus forte qu’elle. mais la confiance que tu lui portes, elle est inébranlable, opale. la confiance que tu lui portes, elle est d’une force que tu ne comprends peut-être même pas encore.
ella assure, ella assume pour elles deux. elle conduit la voiture jusqu’à chez elle et s’occupe de la monter dans l’appartement. un véritable ange gardien. un ange qui est le sien. tu découvres ce que c’est, d’avoir quelqu’un sur qui compter. quelqu’un qui n’est pas obligé, quelqu’un qui n’est pas forcé. quelqu’un qui ne sort pas des foyers, avec qui tu n’as pas traversé des galères vous forçant à vous serrer les coudes. non, ella est là pour toi, simplement parce qu’elle le veut. ella est là pour toi, simplement parce qu’elle tient à toi. j’suis pas en état mais… tu sais bien que sinon, je ne ferais qu’une bouchée de toi… faible sourire taquin, flirtant sans mal sur sa pansexualité, séductrice invétérée. merci… qu’elle répète encore, consciente qu’elle ne pourra jamais assez la remercier pour ce qu’elle fait.
la gymnaste se sent envahie d’amour, de tendresse, de douceur, de quoi reboucher le trou béant qui semble se former à la place de son cœur. sa ténébreuse s’occupe de tout, d’enlever ses chaussures et de retirer son pantalon. oui, je vais me doucher… je pense que tu as raison… pas certaine, mais elle veut juste se débarrasser de cette noirceur qui semble trop présente autour d’elle. sans voir que la noirceur, elle est en toi, opale. que le démon, il est en toit. elle se relève, se laisse guider jusqu’à la salle de bain. fébrile, mais en meilleur état qu’elle ne l’était à la soirée.

(c) calaveras.

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{ see you in the fireflies}
crédit/ tumblr ☾ w/@Opale Millstone

Opale, elle l’a vue dans bien des états,
elle l’a vue débordante de joie,
ou folle de rage,
elle l’a vue défoncée par la came,
ou rire aux éclats,
elle a vu tout d’elle,
tout, sauf sa part de ténèbres.

C’est la première fois. La première fois qu’Opale lui paraît si vulnérable. Ce n’est pas juste à cause de la dope qu’elle a pu prendre. Ce n’est pas la drogue qui sème ainsi en elle un tel désordre. Il y a autre chose. Ella, elle le sait, elle le sent. Quelque chose qu’elle ignore encore mais qui se vérifie à chaque pas que la gymnaste réalise, à chaque mot qu’elle peut dire. Même le timbre de sa voix semble, comme, cassé, reflet d’une âme que l’on aurait brisée. Et toi, tu ne comprends pas. Tu n’as jamais vu ta meilleure amie comme ça. Tu as vu le meilleur, le pire aussi, mais… pas ça. Pas cette âme aussi vide. Pas cette carcasse qui peine à supporter de vivre. Ça lui fait peur, à Ella, effrayée de ne pas être à la hauteur. Effrayée, aussi, qu’il soit arrivée quelque chose dont elle ne sait rien à cette âme sœur à la sienne. Mais elle accepte la responsabilité offerte par Opale, celle de sa vie, pour toutes ces autres fois, où c’est elle qui a sauvé Ella. En essayant de la faire sourire, la junkie parvient à obtenir une réaction qui lui rappelle, qu’elle est là, Opale, pas si loin. Elle étire ses propres lèvres, le sourire soulagé autant qu’il est sincère. « Ça, c’est certain. » car elle est la plus belle, Opale. Autant de l’intérieur que de l’extérieur. Plus jeune qu’elle, pourtant, la gymnaste a des allures de modèle. Plus sublime, plus forte, plus courageuse que l’âme en perdition ne le sera jamais. « Arrête de me remercier… t’as vu le nombre de fois où toi, t’as été là pour moi ? » plus que personne avant elle. Plus que personne après elle.

Opale, meilleure amie.
Opale, sœur d’une vie.
Opale, siamoise dans l’abîme.

C’est avec une douceur qui ne lui ressemble pas que la ténébreuse commence à déshabiller l’âme meurtrie. Elle la regarde ensuite partir en direction de la salle de bains, le corps frêle qui titube, alors qu’elle l’a vue tant de fois capable des plus splendides exploits. Le cœur qui se serre, Ella ne résiste guère. « Attends, je viens avec toi. » elle arrive à sa hauteur, la main contre l’épaule l’entraîne dans l’autre pièce. « Tu vas prendre un bain plutôt, ok ? Tu vas voir, ça va te réchauffer. Et moi, je reste avec toi. » prise d’un drôle d’instinct, l’ange gardien qui n’en est pas un se refuse à laisser toute seule. Pourtant, Opale, elle n’a jamais formulé d’envies morbides. Mais Ella, elle a besoin de veiller sur sa meilleure amie. L’eau monte dans la baignoire tandis que la belle abîmée se déshabille.

Ella, elle ne bouge pas.
Elle reste auprès d’Opale.
Autant qu’il le faudra.