s’améliorer soi même, c’est de la masturbation.

01/ n’oublies pas d’où tu viens, n’oublies pas qui tu es. comment pourrais tu ne plus t’en rappeler ? une erreur. une idylle entre reine du bahut et sportif, une capote qui craque. quel joyeux bordel. c’était pas vraiment l’avenir que s’imaginait ta mère. pourtant, pour toi, elle a tout arrêté, renoncer à ses rêves, elle a même renoncé à lui. incapable d’assumer. lâche. et comme il fallait survivre, elle a affronté la terreur du lycée enceinte jusqu’au cou. elle a gardé la tête haute face à toutes les rumeurs qui l’entouraient. pourtant le soir, quand elle était seule, elle pleurait à chaudes larmes... 02/ t’es née à Boston, c’était pas facile mais t’as eu une enfance agréable. c’était le bon vieux temps. juste elle et toi. aucune ombre au tableau. ah oui bien sûr, les fins de mois étaient compliquées, ça se jouait au moindre cents. mais ce n’était pas le plus important. ce fut six années de bonheur. et puis d’un coup, tout à basculé. tu allais connaître le côté obscur de la force. 03/ kyle, c’est comme ça qu’il s’appelle. bordel, si tu pouvais lui tomber dessus aujourd’hui... si seulement tu pouvais serrer sa gorge très très fort. tu finirais en prison, évidemment, mais la vengeance serait si jouissive... néanmoins, sa mort ne serait pas une vraie récompense face à toutes ces galères. ta mère a toujours eu le chic pour tomber sur des lâches. avant kyle, c’était todd, alcoolique notoire. il y a eu aussi miles, l’amoureux infidèle... et la liste est longue. simplement avec kyle, tu avais retrouvé l’espoir pour ta mère. elle était heureuse. elle te délaissait mais tu ne pouvais pas lui en vouloir. elle est tombée folle amoureuse de lui. et on pouvait croire aisément qu’il l’était aussi. il affirmait être cadre commercial et tous les jours il partait en soi-disant rendez vous... mais la sentence est tombée. une nouvelle grossesse et un kyle qui s’est barré en laissant toutes ses dettes derrière lui. 04/ la vie est dure après tout ça. tu t’es efforcée de faire de ton mieux. il fallait bien que quelqu’un garde la tête hors de l’eau. alors tu faisais tout ce qu’elle ne pouvait plus faire. les courses, la vaisselle, la cuisine, le repassage, le ménage. c’était fini la vie de gosse. lyla a vu le jour huit ans après toi. au début, tu lui en voulais d’être là. tu as remis la faute sur ses petites épaules de bébé. mais quand tu voyais ta mère pleurer à chaque fois qu’elle la regardait, tu te disais que lyla ne pouvait pas vivre comme ça.  05/ New-York, c’est arrivé ensuite. l’adolescence. tu suffoquais. et c’était si facile de se braquer contre le monde entier. t’as jamais été apprécié par tes professeurs. t’étais pourtant pas le cancre de la classe. mais tu n’avais pas ta langue dans ta poche. merde, c'était ton mot de prédilection. il t'a valu de nombreux allers retours chez le directeur.  06/ joanne, t'es tellement pas bavarde. la moindre question t'hérisse le poil. toi, tu préfères l'instant présent, alors pourquoi ressasser le passé, encore et encore ? 07/ c'est pour ça que tu le détestes autant. putain mais pour qui il s'est pris au juste ? lui, c'est gabriel, gab pour le reste de la bande. avec toi, c'est souvent connard ou trou du cul. la toute première fois que tu l'as vu, t'as su que ce serait tendu. son regard, ses questions. il t'a déstabilisé et bordel, tu détestes ça toi. perdre le contrôle. alors l'auto défense est simple. le repousser. encore et toujours. c'était pas le bon moment, trop de choses à faire, trop de tout à gérer. mais t'es pas conne, tu savais ce que cette haine cachait, ce qu'elle a toujours dissimulé d'ailleurs. à l'époque, t'as fini par baisser ta garde un instant. celui de trop. celui qui vous a fait croire que vous aviez un avenir. foutaises. un an, c'était bien assez long avant que vos caractères reprennent le dessus. douze ans plus tard, c'est pareil. et pourtant beaucoup de choses ont changé. t'es juste un putain de paradoxe joanne. 08/ la mécanique, c'est un truc qui te rassure. seule dans ton coin, musique dans les oreilles, tu ne calcules plus rien. et puis, t'as le gout de l'adrénaline. un reste de ta crise d'adolescence faut croire. la vitesse, les sensations fortes t'ont toujours attiré. dès que t'as eu l'âge et les moyens, tu t'es procuré une vielle bécane, une vielle Triumph que t'as entièrement retapé. c'est ton bijou et quiconque pose son cul dessus sans y être convié s'attire ta fureur. maintenant, ça fait cinq ans que tu bosses dans le même garage. t'es compétente mais tellement feignante. 09/ t'aimes pas les histoires sérieuses, en faite, ça t'emmerde. t'as essayé, une ou deux fois. bah oui, t'es pas une collectionneuse et on ne se retrouve pas dans ton plumard en claquant des doigts. t'écartes pas les cuisses au premier connard qui se présente. c'est juste que ça finit toujours de la même manière. tu finis par les foutre dehors dès que ça devient trop sérieux, trop sentimental.  10/ tu partages ton petit appartement avec ta petite sœur. c'est ton moyen pour garder le contrôle sur elle mais depuis quelques mois, elle est de plus en plus absente et tu sais que tu ne vas pas tarder à venir mettre ton grain de sel dans toute cette histoire.