C'est pas fini nous deux, c'est que le début nous deux - Warston

♛ Cause love is what we make of it.

Un petit sourire apparaît sur le visage de la Latina aux paroles de son petit-ami, loin de s’y fier, encore moins de s’en inquiéter. Toutes les soirées seraient meilleures avec lui, plutôt que sans lui. Elle le sait, car elle a vécu son absence avec beaucoup trop de souffrance ces dernières semaines, pour pouvoir se plaindre de sa présence. Mais il n’est pas vraiment le moment de lui prouver à quel point il a tort. Il y a quelque chose de bien plus important qui préoccupe Nikolaï qui, pourtant, n’est pas de ceux qui, comme elle, s’angoissent d’un rien. Elle comprend vite en écoutant ses explications que c’est le retour de l’ancien petit-ami de sa sœur qui le met dans cet état. Et quel état. Il l’envoie même balader, elle, alors qu’il n’agit jamais de cette façon. À moins que ce soit à cause de leur relation qui a changé, à cause d’elle qui a perdu de son estime. Elle ne sait pas trop, Isa, mais elle n’a pas le temps d’y réfléchir parce qu’il lui présente ses excuses. Et, surtout, parce qu’elle se focalise sur le mal-être qu’il doit ressentir pour réagir de cette manière. Elle essaie, comme elle peut, d’apaiser sa colère mais elle a l’impression que, plus il parle, plus elle s’intensifie. Il a surtout peur que cet homme fasse du mal à sa nièce, ce qui est plus que compréhensible. – Je comprends, Nikolaï, vraiment. Seulement il n’y peut rien. Ce n’est pas de son ressort. Ni même celui de la mère d’Arya. C’est quelque chose qui concerne uniquement la jeune fille. Elle, ce dont elle a envie, elle, ce dont elle a besoin. Elle ne la connaît pas extrêmement, Isa. Mais elle perçoit sans mal qu’elle souffre, cette gamine. Peut-être que c’est parce qu’elle ne sait que trop bien ce que c’est d’avoir mal. Elle non plus, elle n’a aucune envie qu’elle soit blessée par celui qui est son père. Mais c’est Arya qui a le pouvoir entre les mains, mains tremblantes de petite fille effrayée. La Latina laisse échapper un petit soupir presque imperceptible. – Tout ce que tu peux faire, c’est veiller sur elle, lui montrer que tu es là, avec ou sans son… Père. Mais il y a quelque chose dans les paroles de son petit-ami qui lui donnent une drôle d’impression. Une mauvaise impression. Elle le connaît, Nikolaï. Elle le connaît par cœur. Elle sait qu’il est incapable de rester sans rien faire lorsqu’il est question de l’un de ses proches. Elle sait aussi, surtout, qu’il est incapable de contenir sa colère. Et quand elle entend ses dernières paroles, elle le contemple avec des yeux soudain plus préoccupés. – Nikolaï, tu ne vas rien faire, n’est-ce pas ? Pourquoi sent-elle déjà que si, il a bien quelque chose en tête ? Pourquoi commence-t-elle déjà à sentir l’inquiétude l’envahir à son tour ? C’est son instinct qui parle, mais c’est son cœur qui a peur, tout à coup.

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Elle ne le comprend que trop bien, Nikolaï. Elle ne comprend que trop bien ce besoin irrépressible de veiller sur les siens et, ainsi, celui de s’inquiéter pour eux déraisonnablement. À vouloir protéger sa famille, elle a toujours eu tendance à s’angoisser à la moindre contrariété, le moindre détail qui peut faire du mal à l’un d’eux. C’est une habitude qu’elle a pris dès l’enfance, une qui perdure aujourd’hui encore pour la famille qui lui reste. C’est certainement la même chose pour son petit-ami. Alors, naturellement, elle devine sans mal ce qu’il est en train de traverser. Les sentiments qui l’habitent. Elle sait combien ce doit être difficile pour lui de savoir que celui qui a abandonné sa nièce, celui qui a brisé le cœur de sa sœur, est en train de revenir dans leurs vies après toutes ces années. Elle n’ose pas même imaginer l’état dans lequel il se trouve. Malheureusement, toute cette inquiétude ne changera rien à la situation. Il peut uniquement être présent pour sa famille. S’assurer qu’elles assurent le contrecoup, peut-être, mais rien de plus. C’est ce qu’elle croit, tout du moins, Isabella. Ce qu’elle lui déclare en quelques mots alors que, soudain, elle sent une mauvaise intuition l’envahir. Elle se trompe peut-être complètement, à force d’angoisser pour un rien, mais la colère de Nikolaï n’est pas à prendre à la légère. Elle en sait quelque chose. Elle ne le quitte pas des yeux alors que, le cœur battant, elle tente de savoir ce qu’il a en tête. Mais la réponse du jeune homme ne tarde pas à arriver. Il affiche ce sourire innocent, ce sourire qui n’est pas crédible une seule seconde, alors qu’il finit par affirmer qu’il peut lui faire peur. Faire peur au père d’Arya. Nikolaï, bon sang… Elle prend une légère inspiration. – Parce que tu penses que le menacer va l’aider à avoir un comportement convenable envers ta nièce ? demande-t-elle simplement, le ton calme, malgré cette sensation plus désagréable encore qui la submerge. Peut-être ? Peut-être qu’ainsi, il pourra vraiment s’assurer qu’Owen n’est pas revenu sur un coup de tête, mais qu’il désire réellement de toutes ses forces retrouver sa fille. Seulement elle ne fonctionne pas comme ça, Isabella. Elle serait plutôt tentée d’encourager cet homme. Mais il est trop impliqué, trop touché, trop concerné pour réagir correctement. La jeune femme passe d’un geste distrait la main dans ses cheveux alors que ses prunelles s’accrochent toujours autant aux siennes. – Et que lui dirais-tu ?

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Sans aucun doute, elle comprend, Isabella. Elle comprend son inquiétude, elle comprend son angoisse, elle comprend même sa rancœur à l’égard de l’homme qui a fait tant de mal à sa famille. Mais si elle partage sans mal, avec toute son empathie, ses sentiments, il lui est bien plus difficile de donner raison aux réactions de Nikolaï. Elle ne peut pas l’appuyer alors qu’il semble avoir pour ambition de faire fuir le père d’Arya, non, c’est impossible. Peut-être qu’il fera du bien à la jeune fille, peut-être qu’il aidera à lui donner enfin un peu de stabilité. Elle a trop manqué de véritables parents, d’un véritable père, pour ne pas savoir à quel point c’est précieux, Isa. Elle refuse d’imaginer retirer une fois encore ce doit à la petite Arya. Seulement, son petit-ami n’est pas du tout dans la même optique qu’elle. Il a trop peur de voir ses proches souffrir, souffrir à nouveau, à cause de cet homme qu’il haït tant. Il paraît même avoir envie de dissuader Owen de rester, le dissuader de revenir dans la vie des siens. Mais il ne devrait pas avoir son mot à dire, vraiment pas. La jeune femme essaie de le raisonner comme elle peut. En vain. Il évoque même l’idée de s’en prendre physiquement à cet homme. – Tu n’es pas sérieux ? demande-t-elle, loin d’approuver ses idées impulsives. Elle est contre la violence, Isa, sous toutes ses formes, peu importe les circonstances. Elle ne peut pas le laisser faire une chose pareille, elle doit lui ouvrir les yeux car sa colère à l’égard d’Owen l’aveugle complètement. – Et je le comprends, crois-moi, mais la violence ne résoudra absolument pas la situation. La violence ne résout rien du tout. Mais, plus il parle, moins elle le comprend. – Mais le but est de t’assurer qu’il est là pour de bon auprès d’Arya ou de le faire fuir une nouvelle fois ? demande-t-elle dans un petit soupir à peine perceptible. Car la deuxième option lui fait bien plus peur, à elle, que la première. Elle ne comprend pas comment il peut envisager de retirer à Arya son père une seconde fois. Mais est sûrement bien trop naïve de croire qu’il va rester sans rien faire, au bout du compte. Elle est loin d’avoir tout entendu, Isabella. L’enquêteur de police, qui a visiblement utilisé son travail pour se renseigner sur Owen, lui parle de casier judiciaire, de procédure… Il l’inquiète véritablement cette fois. – Comment ça ? Quel moyen ? Bordel, Nikolaï, qu’est-ce que tu as en tête ?

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Que Nikolaï veuille protéger sa nièce est une chose. Une chose qu’elle comprend tout à fait. Mais qu’il désire s’en prendre au père de la jeune fille, c’en est une tout autre. Elle ne peut pas concevoir qu’il utilise la violence, les menaces ou pire encore pour faire fuir Owen. Cet homme a fait beaucoup de mal autour de lui, elle le conçoit parfaitement. Mais en faire davantage, à lui et, surtout, à Arya, est loin d’être une solution. Puis, elle prône tant la non-violence, Isabella, qu’elle ne peut pas lui donner raison alors qu’il affirme vouloir l’utiliser contre celui qu’il déteste. Elle ne devrait pourtant pas être surprise, au fond, elle l’a déjà vu faire en faire preuve… Et pour elle, en plus. Mais elle ne le concevait pas à l’époque, elle ne le conçoit toujours pas maintenant. C’est pire encore alors que cette violence n’est plus impulsive, mais bel et bien préméditée. Non, elle ne peut pas le tolérer. Elle ne peut pas le laisser faire. Et elle voit bien, pourtant, que ses réactions agacent son petit-ami, mais elle ne peut pas faire autrement qu’être honnête avec lui. – Je ne peux pas te laisser dire une chose pareille. dit-elle en secouant la tête, réellement inquiète cette fois. Elle n’est pas d’accord avec lui, vraiment pas. Elle n’a certainement pas son mot à dire mais, en réalité, lui non plus ne devrait pas s’en mêler. Cette histoire concerne seulement Arya, peut-être sa mère aussi, mais personne d’autre. D’autant plus que, plus il parle, plus elle a l’impression que le but de Nikolaï n’est aucunement de s’assurer qu’Owen veuille réellement assumer son rôle de père. C’est même tout l’inverse. La seule chose qu’il a en tête est de le faire fuir, tout bonnement, qu’il fuie une nouvelle fois. De nouveau, le policier s’emporte, laissant sa haine envers cet homme reprendre le dessus. – Mais tu n’en sais rien ! Tu ne l’as pas vu depuis vingt ans, peut-être qu’il a changé, peut-être qu’il a vraiment envie de créer un lien avec Arya ! Comment peux-tu vouloir la priver de son propre père ? Elle ne comprend pas, Isabella. Elle ne comprend vraiment pas. Et, pour le coup, il n’a réellement pas son appui avec lui. Même si, au fond, il ne doit sûrement pas en avoir besoin pour suivre son instinct. Il a déjà des idées en tête, idées dont la Latina craint véritablement les répercussions. Prenant une profonde inspiration, comme pour garder son calme, elle essaie d’en savoir plus, redoutant déjà ses réponses. – Que veux-tu faire, bon sang ? Qu’il parle franchement plutôt que tourner autour du pot comme il le fait. Ou peut-être qu’il n’ose rien dire parce qu’il le sait lui-même. Il sait d’ores et déjà que ce qu’il veut faire est mal.

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Elle n’est pas contre lui, Isabella. Elle n’a choisi aucun camp, cela n’a rien à voir avec une histoire de camps. Elle essaie uniquement de penser à ce qui serait le mieux pour la petite Arya. Et faire fuir son père, le pousser à l’abandonner une nouvelle fois, elle doute que ce soit réellement ce qui soit le mieux pour la jeune fille. Alors, non, elle ne soutient pas Nikolaï sur ce coup. Elle ne le comprend pas, elle ne tolère même pas l’idée qu’il s’attaque à Owen. Elle ne peut pas garder son opinion pour elle, Isa. Qu’elle soit d’accord avec lui, ou non, c’est son rôle de lui dire ce qu’elle pense. Plus encore quand elle croit qu’il est en train de faire une erreur. Mais son petit-ami ne voit pas les choses de la même manière. Il ne cesse d’affirmer qu’elle ne connaît pas cet homme... Et c’est vrai. Mais elle est de ceux qui croient aux secondes chances, Isa. - Toi non plus, tu ne le connais pas. Tu ne sais pas ce qu’il a pu devenir en vingt ans. Il était un gamin, bon sang. Cela n’excuse certes pas son abandon, mais il a pu changer. Il a pu devenir l’homme qu’il aurait dû être pour Arya. Seulement l’enquêteur de police ne veut rien entendre de tel. Il ne supporte pas l’idée qu’elle joue l’avocate de cet homme qu’elle ne connaît pas. Il commence à s’emporter en lui ordonnant d’arrêter de prendre sa défense. Il lui fait même comprendre qu’elle n’a absolument pas son mot à dire, elle n’est qu’étrangère à cette histoire familiale. - Et toi tu devrais vraiment arrêter de me dire ce que je dois faire. Elle ne supporte vraiment pas ce genre d’attitude, Isa. Qu’ils ne soient pas d’accord est une chose, mais qu’il lui reproche d’être en désaccord avec lui en est une autre. Il ne veut pas qu’elle parle de ce qu’elle ne connaît pas seulement parce qu’elle n’appuie pas ses ressentis. Encore moins ses intentions. Elle est bien plus calme que lui, la Latina, mais elle sent malgré tout l’agacement l’envahir elle aussi. C’est chaque fois la même chose. Il suffit qu’elle émette quelques réserves à ses réactions pour qu’il le prenne mal. C’était la même chose au sujet de Luke, elle s’en souvient parfaitement. Sauf qu’elle ne va pas supporter cela longtemps, Isabella. Lui, il ne supporte déjà plus la situation puisqu’il ne lui laisse même pas le temps de réagir à ses révélations sur ses projets qu’il se lève de son siège. Les yeux de la belle se lèvent, surpris, outrés, choqués qu’il puisse fuir la conversation sous prétexte qu’elle lui dise ce qu’elle pense. - Parce que tu comptes t’en aller maintenant ? C’est même déjà ce qu’il fait. Bien. Très bien. Elle attrape son sac à main sans se démonter, elle aussi, pour l’imiter et s’en aller, mais dans la direction opposée. C’est impossible de parler avec lui, il préfère prendre la fuite visiblement. Mais qu’il ne revienne surtout pas, parce que cette fois, elle n’aura aucune envie de l’accueillir à bras ouverts.