Et si ... (Warston - Rp Alternatif)

♛ Where do I belong forever ?

C’est l’un des moments les plus embarrassants, les plus déroutants aussi, de sa vie. Elle se sent perdre pied alors que, face à elle, se trouve Nikolaï qui ne comprend pas du tout ce qui lui arrive. Il ne comprend pas, elle le voit bien, c’est comme cela qu’elle devine que… Non, il ne voulait pas coucher avec elle. Non, il n’essayait pas de l’inciter à le faire. Elle se sent au plus mal. Mais, plus que la honte ou le malaise d’avoir instauré une telle situation, elle sent surtout cette souffrance. La souffrance qu’elle s’était tant efforcée d’enfouir au plus profond d’elle, la souffrance qui remonte malgré elle à la surface. Elle est loin d’être guérie de son père. Elle s’était persuadée que, loin d’elle, il ne pourrait plus lui faire de mal. Mais il lui en fait encore. Il lui en fera toujours. C’est tellement douloureux qu’elle peine à garder contact avec la réalité. Elle peine à trouver les mots pour effacer le malaise qui s’installe entre elle et le pauvre lycéen qui n’a rien demandé. Il se confond en explications, explications dont elle n’a pas besoin parce qu’elle sait que c’est elle, la coupable. Elle se sent un peu plus mal encore alors qu’il fait tout pour la rassurer. – Je te crois… Je le sais Nikolaï. Elle sait qu’il est tout ce qu’il y a de plus innocent cette fois. Elle sait que c’est elle qui a tout mal interprété, elle qui laisse ses blessures loin d’être fermées garder cette emprise sur elle. Et peut-être que c’est cette manière dont elle l’innocente si vite, celle dont elle lui fait comprendre que, s’il n’est pas le problème, c’est que le problème vient d’elle. Mais le jeune homme devine qu’il y a quelque chose qu’elle ne dit pas. Quelque chose qui va au-delà de ce simple malentendu entre eux. Et elle, surtout, elle se rend compte qu’elle n’a rien à lui offrir. Qu’elle n’est rien. Rien de plus qu’une fille à la vie déjà trop compliquée qui ne fera que rendre la sienne plus laborieuse. Elle essaie seulement de lui faire prendre conscience qu’avec elle, il ne s’engage pas à quelque chose de simple. Ni même d’agréable. Il n’en retirerait rien de bon, assurément, elle en est convaincue. Elle essaie surtout de le faire fuir, Isabella, mais à la place elle le voit s’approcher d’elle. Il attrape même sa main dans la sienne. Un contact qui lui fait un bien fou alors que, paradoxalement, elle essaie encore de le pousser à s’échapper. Parce qu’elle ne pense pas à tout le bien qu’il pourrait lui faire, Nikolaï. Elle pense uniquement au mal qu’elle, elle lui ferait. Mais ses mots la touchent, plus que de raison. Parce que si elle avait compris qu’il se passait quelque chose entre eux, jamais elle ne se serait attendue à une telle déclaration de sa part. Peut-être que c’est toi que je veux. Cela ne la laisse pas indifférente. Elle le contemple, plusieurs secondes durant, avant de secouer la tête, comme pour se reprendre. – Tu ne me connais pas… Tu ne sais pas du tout ce que tu dis… Il n’aurait aucune envie de s’engager dans une histoire avec une fille comme elle, s’il savait. Il ne sait rien. Mais il essaie encore de la convaincre qu’elle se trompe. Aussi déterminé qu’elle, le garçon parvient à toucher son cœur sans qu’elle ne puisse l’en empêcher. – Tu aimes ce que tu vois pour le moment, mais… Mais tu ne vois pas tout. Tu n’aimeras pas tout. Elle essaie de le faire fuir, indéniablement, et pourtant. Pourtant, sa main n’a pas lâché la sienne.

♛ Where do I belong forever ?

Elle a peur, Isabella. Elle a peur de laisser entrer, pour la première fois depuis toujours, quelqu’un qui ne fait pas partie de sa famille dans son cœur. Dans son quotidien. Dans sa vie. Elle a peur de la place qu’il pourrait prendre pour elle alors que, assurément, elle n’est pas prête. Pas prête à lui offrir tout ce qu’il serait en droit d’avoir. Pas prête à lui offrir tout l’amour qu’il mérite. Elle le sait, elle. Elle se connaît. Elle n’est pas seulement la fille mystérieuse, la fille beaucoup trop souvent absente en cours. Elle a une vie tellement compliquée, tellement loin de celle d’une adolescente comme les autres. Et elle a cette blessure, aussi, celle dont elle n’est pas du tout guérie. Celle qu’il ne peut pas comprendre, celle dont elle ne peut pas lui parler. C’est se retrouver face à cette réalité qui lui fait prendre conscience que, tous les deux, ils n’ont absolument aucun avenir ensemble. C’est ce qu’elle essaie absolument de lui faire comprendre. Mais le jeune homme est bien plus obstiné encore qu’il en a l’air. Au lieur de s’enfuir, au lieu de partir comme elle lui donne l’occasion de le faire, il ne se rapproche que davantage d’elle. Il ne semble accorder aucune valeur à ses mises en garde. Au contraire, il fait tout pour la convaincre qu’elle se trompe. C’est comme si, plus elle tentait de l’éloigner, plus il était déterminé à rester. Il le dit lui-même. Je sais que quoi qu’il arrive je ne partirai pas. Elle essaie encore de lui ouvrir les yeux. Lui faire réaliser qu’il ne voit pas encore tout d’elle. Mais lui fait tout pour avoir sa confiance. Il ne le sait pas, mais il l’a déjà. Il ne l’a peut-être pas entièrement mais bien plus que n’importe qui avant lui. – Je sais, ce n’est pas toi le problème, c’est… C’est moi. C’est elle, uniquement elle. Elle n’est pas prête. Peut-être qu’elle ne le sera jamais. Laisse-moi te prouver que tu as tort. Son regard, jusque-là baissé vers le sol, se relève pour croiser le sien. Cette intensité, cette étincelle qu’elle retrouve tout de suite en lui, alors qu’elle perd un peu trop ses esprits. – Nikolaï, je… Je ne sais pas… Elle n’a pas le temps de terminer sa phrase. C’est le son de son téléphone portable qui les interrompt. – Excuse-moi, je dois répondre… Elle se détache de lui, récupérant son téléphone pour décrocher, quelques pas plus loin. – Allo ? (…) Il y a un problème ? (…) D’accord, je rentre. Je fais au plus vite. Elle raccroche, le cœur en alerte. Sa petite sœur ne se sent pas bien et la réclame, elle. Elle est déjà prête à repartir, sans se poser de question, quand elle se souvient subitement de Nikolaï. – Je suis désolée, je dois partir… Elle s’en veut. Il va penser qu’elle cherche à le fuir au beau milieu de leur conversation par peur. Peut-être un peu. Mais elle pense surtout à Peyton à cet instant. Elle l’avait prévenu qu’elle n’avait pas une vie simple.

♛ Where do I belong forever ?

Quoi qu’elle dise, il ne semble pas le comprendre. Mais, aussi, quoi qu’il dise, elle ne semble pas l’entendre. Elle l’écoute, pourtant, elle l’écoute lui expliquer qu’il se fiche bien des autres, parce que c’est elle, celle qu’il veut. Elle n’aurait jamais cru qu’il puisse lui faire une déclaration pareille un jour. Et cela la touche, Isabella, mais pas seulement. Il fait battre son cœur plus vite, plus fort. Et, ce n’est pas uniquement la peur. Pour la première fois de sa vie, c’est parce qu’il est en train de lui redonner vie sans le savoir. Mais elle ne peut pas se laisser atteindre par ses jolis mots, elle ne peut pas se fier simplement à de belles paroles alors qu’il est si loin de savoir tout ce à quoi il s’engagerait avec elle. Il ne le sait pas, elle le voit bien, alors qu’il cherche à comprendre en quoi elle peut être un problème. – Je… Je ne peux pas t’en parler. C’est trop douloureux. Trop horrible. Bien plus qu’il ne semble le penser. Elle détourne les yeux face à ses dernières paroles. Elle n’a pas la force de lutter, pas contre lui. Parce que, au fond d’elle, elle n’a aucune envie de lutter. Elle n’a aucune envie de le voir fuir. Mais c’est elle qui fait tout pour qu’il s’en aille. Sauf que, plus elle essaie de lui ouvrir les yeux sur elle, plus il s’obstine dans ses retranchements. – Mais tu étais très bien, sans moi, tu menais parfaitement ta vie… Pourquoi est-ce que tu cherches autant à te la compliquer ? Pourquoi veut-il à ce point s’engager sur une voie qui ne lui apportera que des problèmes ? Que peut-il bien lui trouver, à elle ? Elle ne sait pas, Isabella. Elle ne saura peut-être jamais. Parce que, dès l’instant où elle prend cet appel, elle s’éloigne de lui sans attendre. C’est elle, finalement, qui s’en va. Elle fait presque abstraction de lui jusqu’à ce qu’il lui rappelle, lui donnant un semblant d’explication, pour s’éloigner un peu plus vite encore. Mais il veut la raccompagner. – Quoi ? Mais… Il ne la laisse pas terminer. Il ne lui laisse pas non plus l’occasion de refuser. Il lui rappelle qu’elle ira bien plus vite en voiture qu’à pied. Et… C’est vrai. Elle réfléchit un instant. Elle pense à Peyton. Elle veut être auprès d’elle le plus rapidement possible. Elle passe bien avant elle, sa sœur, bien avant ses états d’âme. – D’accord… Il est déjà parti de toute manière. Ils se dirigent vers la sortie, circulant comme ils le peuvent parmi les autres lycéens jusqu’à la voiture de Nikolaï. – Attends… C’est ta fête… Ta maison… Tu ne peux pas tout laisser en plan pour moi. Parce qu’elle culpabilise de le faire quitter sa propre soirée, elle essaie de le faire changer d’avis. Elle se débrouillera très bien toute seule. C’est ce qu’elle a toujours fait.

♛ Where do I belong forever ?

Ses yeux noirs plongés dans ceux de Nikolaï, elle le contemple, de longues secondes sans savoir ce qu’elle peut lui dire. Car il a raison, quelque part, elle est beaucoup trop difficile à suivre. Elle lui affirme qu’il y a des raisons pour lesquelles il ne doit pas s’approcher de trop près d’elle. Mais elle ne veut pas lui confier ces raisons. Elle voudrait qu’il accepte, simplement, de s’éloigner en écoutant ce qu’elle lui demande. Mais c’est mal le connaître. Il n’abandonnera pas. Il refuse de se laisser repousser, il lui fait même une magnifique déclaration. C’est la première fois qu’un garçon lui avoue des choses aussi fortes, des sentiments aussi intenses, pour elle. Son cœur se met à flancher, tout doucement, sans qu’elle ne sache plus comment elle peut bien le repousser. Mais c’est sans compter sur son téléphone qui les interrompt brusquement. Elle ne réfléchit pas avant de prendre l’appel, c’est un automatisme. Elle redoute trop d’avoir une urgence familiale. C’est justement le cas. Elle n’explique rien à Nikolaï, elle l’informe simplement qu’elle doit partir. Mais il ne lui laisse guère le choix de l’accompagner. Il l’entraîne jusqu’à sa voiture. Il lui ordonne même de monter dedans, laissant la jeune fille surprise un instant, déroutée par une telle assurance. Elle n’a pas l’habitude qu’on lui dise quoi faire. C’est elle qui a toujours tout géré. Elle a toujours dû s’occuper de tout, elle, toute seule. C’est la première fois qu’elle a quelqu’un à ses côtés pour le faire. Alors qu’elle hésite toujours, il insiste, déjà dans sa voiture de son côté. Elle prend une profonde inspiration et monte à l’intérieur, à ses côtés. Elle a tout juste le temps d’attacher sa ceinture qu’il est déjà parti. Elle lui donne son adresse distraitement alors que, dans son esprit, l’inquiétude prend de plus en plus d’ampleur. Elle se rend compte au bout de quelques minutes qu’elle n’a pas dit un mot. Elle se tourne envers lui. – Merci… Merci de me raccompagner. C’est vraiment gentil. Surtout après tout ce qu’ils se sont dit. Après la manière dont elle a tenté de le repousser, si fort, il est encore là, auprès d’elle. Cela la touche beaucoup, Isa. Mais ils arrivent enfin dans son quartier. Elle indique le bâtiment où se trouve son appartement, bien moins impressionnant que l’immense maison de Nikolaï. Mais elle n’y songe pas trop à cet instant, la Latina. Pas plus qu’elle ne se rend compte qu’elle lui donne un aperçu de sa vie. C’est, comme, naturel. Et son angoisse, aussi, parle pour elle. C’est ensemble qu’ils quittent la voiture pour rejoindre l’immeuble. Elle passe devant l’ascenseur sans s’arrêter. – Il est toujours en panne. précise-t-elle rapidement avant de commencer à monter les escaliers. Elle s’arrête au troisième étage et ouvre enfin la porte. Tout de suite, auprès de la baby-sitter déjà plus âgée que les deux lycéens, Isabella retrouve sa petite sœur au visage beaucoup trop pale. – Peyton… Mon cœur, qu’est-ce qui se passe ? – Isaaa. Elle s’accroupit devant elle, prenant son visage entre ses mains. Elle glisse la main sur son front alors que la baby-sitter reprend. – Elle n’a rien voulu manger le soir… Et quand je t’ai appelée, elle venait de vomir. Elle la regarde un instant, puis repose les yeux sur Peyton. Juste trois secondes lui sont nécessaires avant de reprendre. – Peyton. Est-ce que tu as mangé du chocolat ? – Non, je t’assure que j’y ai fait attention. – Peyton ? Dis-moi. La petite fille affiche une mine coupable, adorable. Mais coupable quand même. – Un tout p’tit peu… Isa laisse échapper un léger soupir. Elle ne prête plus vraiment attention au pauvre Nikolaï qui assiste à la scène. – C’est toujours la même chose. Tu en manges trop, et après tu es malade… Elle caresse délicatement sa joue avant de se tourner vers la baby-sitter. – T’en fais pas Léna, ça va aller. Tu peux rentrer, je vais rester. La jeune femme s’excuse avant de les saluer. Elle fait un petit signe de tête à Nikolaï, puis s’en va, les laissant tous les trois. Si la Latina est focalisée sur sa petite sœur, celle-ci porte déjà son attention sur le jeune homme qu’elle ne connaît pas. – T’es qui toi ? – Peyton ! C’est malpoli. – T’es Nikolaï c’est ça ? Dos à lui, la belle brune ferme douloureusement les yeux. - Isa, elle parle tout le temps de toi !

♛ Where do I belong forever ?

Il a pris un tournant sans le savoir ce soir. En décidant de la raccompagner chez elle, après tout ce qu’elle lui a dit, c’est comme s’il lui faisait comprendre sans un mot qu’il a pris sa décision. Peu importe qu’elle ait une vie difficile, peu importe qu’elle soit une fille compliquée, il veut être là. Il veut être avec elle. Et, elle aussi, sans s’en rendre compte, elle a pris une décision avec beaucoup de répercussions aussi. Pour la première fois depuis toujours, elle montre une partie de sa vie qu’elle a tant pris soin de préserver. Elle lui ouvre les portes de son monde. Celui qu’elle cherche tant à cacher aux yeux de tous. Elle le laisse entrer dans son appartement. Elle le laisse entrer dans sa famille. C’est toute sa vie, sa vraie vie, loin du lycée, qu’il est en train de découvrir peu à peu sans qu’elle n’en prenne tout de suite conscience. Au début, son attention est beaucoup trop portée sur sa petite sœur. Lorsque l’un des siens a un problème, qu’il s’agisse de Peyton ou bien de l’un des garçons, plus rien d’autre ne compte. Plus rien n’existe. Elle se focalise tellement sur la petite fille qu’elle en oublie la présence de Nikolaï. Une présence loin d’être anodine, pourtant. Une présence, aussi, qui a le don d’intriguer la petite Peyton aussi curieuse que son aînée. Sans aucune once de timidité, elle s’adresse à lui avec un large sourire sur sa bouille d’ange. Même malade, elle est pleine de vie, Peyton, pétillante, heureuse. Bien plus que sa grande sœur qui fait toujours tout pour la préserver. Mais elle, par contre, elle ne l’épargne pas en expliquant au jeune sportif qu’Isabella ne cesse de parler de lui. La principale intéressée se sent tellement embarrassée à cet instant. Elle n’ose pas même jeter un regard dans sa direction alors qu’elle devine, sans le voir, le sourire amusé sur les lèvres de Nikolaï alors qu’il affirme combien c’est intéressant. Bon sang… – Elle a dit que t’étais pas comme les autres ! Cette fois, c’est trop. Elle ne va plus jamais pouvoir le regarder dans les yeux. – Dis-moi, tu n’as pas l’air si mal pour une petite fille malade toi ! Peyton laisse échapper un petit rire craquant avant qu’il ne prenne finalement la parole à son attention. Isa, elle, assiste sans un mot à ses explications. C’est instinctivement, finalement, qu’elle repose les yeux sur lui. Surprise, agréablement surprise qu’il sache si bien parler aux enfants. – Isa, elle dit que je fais que des bêtises avec le chocolat ! Alors toi aussi, tu fais des bêtises ! La Latina ne peut retenir un sourire amusé. Elle glisse sa main dans les cheveux de sa princesse puis reprend enfin. – Bon, on va te mettre au lit. – On non, s’te-plait Isa ! Jim, il dort, je m’ennuie moi ! – C’est normal qu’il dorme, il est tard. explique-t-elle patiemment mais sûre d’elle malgré tout. – Allez, viens là. La petite fille, obéissante, se lève et attrape sa main sans protester. Relevant la tête vers Nikolaï, l’aînée des deux sœurs lui adresse un timide sourire. – Je reviens. Elle amène sa petite sœur jusqu’à sa chambre. Elle discute quelques instants avec elle avant de la voir enfin fermer les yeux, prête à dormir. Elle lui laisse la porte légèrement entrouverte pour retourner auprès de Nikolaï. – Excuse-moi… Pour tout cela. Et elle se rend compte, subitement, qu’il est bien là, dans son salon. Nikolaï Warren dans son salon, c’est… Elle ne l’aurait jamais cru. – Est-ce que tu veux boire quelque chose ?