Never run when you're scared. Rule 7.

01/ Ca surprend toujours pas mal quand je dis l'âge de mes parents, ou quand quelqu'un que je connais les rencontre. C'est que mon père à 78 ans, et ma mère 75. Ca peut paraître hyper vieux, ouais, et en sachant que moi, j'ai 27 ans, maintenant, vous vous demandez sûrement comment ma mère a fait pour réussir à tomber enceinte à 47 ans, et que j'sois en pleine forme sans aucun problème de santé ? Bah, c'est simple. Y'a pas de miracle, pas de mystère : elle est pas tombée enceinte. En fait, j'suis adopté. J'suis un orphelin. J'ai vécu jusqu'à mes 6 ans en foyer, avant que mon père et ma mère ne m'adoptent. D'après ce qu'ils m'ont raconté, - parce que j'ai plus beaucoup de souvenir, j'vous avouerais- cette rencontre, c’était vraiment du hasard total. Ils n'avaient pas d'enfants, n'en voulaient pas spécialement, et ils s'étaient un jour contenté de filer un coup de main à la kermesse du foyer dans lequel j'étais. Ils faisaient ça par simple bénévolat, sans arrière-pensée. Mais apparemment, ils ont eu le coup de foudre pour la p'tite crotte que j'étais. J'avais 4 ans, à ce moment-là, quand ils ont décidé que je serais coûte que coûte leur enfant. Et après deux ans de longues procédures... j'ai finalement pu avoir une vraie famille. 02/ On a vécu à Londres jusqu'à mes 15 ans, soit jusqu'au début de retraite de mon père. Ma mère, ça faisait déjà quelques années qu'elle bossait plus, vu que la retraite est plus tôt pour les femmes, aux UK. En fait, on attendait plus que lui pour réaliser leur plus grand rêve : vivre à New-York ! Ils ont tous les deux toujours été hyper fans de cette ville, et crevaient d'envie d'y aller. Au début, ils voulaient pas pour pas m'arracher si tôt à cette vie que je connaissais. Mais j'ai pas tardé à leur faire comprendre que pour moi, il n'y avait rien de plus existant qu'une aventure comme celle-ci ! Alors c'est sûr ; quitter ses amis, c'est toujours un peu dur et un peu triste. Mais bon. J'me doutais bien que j'allais m'en faire d'autres, des amis. A 15 ans déjà, j'avais déjà les pieds suffisamment encrés sur terre pour savoir que les potes que tu te fais quand t'es jeune seront pas nécessairement les plus importants pour la suite. Ca peut sembler cruel de se dire ça, mais pour moi, à l'époque, c'était juste réaliste. Et puis... New-York ! Pour ce gamin téméraire et aventureux que j'ai toujours été, il pouvait pas avoir meilleur plan que celui de tout quitter pour vivre dans une ville comme celle-ci ! 03/ Avant sa retraite, mon père était flic. Un des plus hauts placés de Scotland Yard, et vous dire que je lui ai toujours voué une admiration sans limite serait de l'ordre de l'euphémisme. C'est pour ça, que j'suis flic, aujourd'hui. Ca pourra peut-être vous paraître niai, peut-être pas, mais... bah, j'aimerais être un policier aussi fort et admirable que ce qu'il a pu être. Je sais pas si je pourrais un jour être un homme aussi respecté et respectable que lui, mais... en tout cas, j'y travaille. J'fais toujours en sorte de rester toujours juste. Même quand les lois ne nous le permettent pas, et qu'il faille que je les piétine un peu. J'ai pas mal d'ennemis, à cause de ça, j'm'en rend bien compte. Mais, d'un autre côté, je pense que ça doit quand même bien plaire à mes supérieurs, cette façon que j'ai d'être. J'aurais pas été promu jusqu'au grade que j'ai aujourd'hui, sinon. Ah- euh, bien sûr; y'a pas que mon père, que j'admire. Ma mère aussi, bien sûr. C'est que... elle a vraiment pas eu une vie facile, et pourtant, elle arrive à toujours être cette maman si douce, aimante et compréhensive... ça aussi, c'est putain d'admirable. En fait, d'ordre général, je les admire beaucoup tout les deux, et je leur serais jamais assez reconnaissant de me permettre de connaître une vraie vie de famille, un vrai amour, de m'avoir sorti des foyers et de ces conneries et de me considérer comme leur vrai fils. c'est que... J'étais pas grand chose, avant eux, et j'ose même pas imaginer ce que je serais devenu, coincé dans ce foyer pourri et insalubre. 04/ J'ai toujours été un téméraire. Vraiment, ça date pas d'hier. Vous voyez, dans les groupes de gosses, il y en a toujours un qui veut un peu sortir du lot, un qui va ouvrir les marches des explorations en forêt, un qui va oser s'aventurer sur la pelouse de la vieille folle dans laquelle le ballon a atterri, ou encore, un qui va toujours relever tous les défis les plus cons et débiles que les autres vont lancer. Eh bah, dans mon p'tit groupes d'amis, ce gosse... ça a toujours été moi. J'ai jamais vraiment été paralysé par la peur face au danger, en fait. J'ai toujours su les dépassés, parce que j'ai toujours eu des sentiments bien plus forts qui venaient m'écraser, cette peur. La curiosité. L’excitation. La colère. Ou bien même, juste, l'envie ou le besoin de protéger quelque chose ou quelqu'un. Le truc, c'est que j'suis du genre passionné. Sur absolument tout. A chaque fois que quelque chose suscite mon intérêt, j'en fait des caisses alors que -promis- j'le fait pas exprès ! Tenez, quand un sujet commence à m'intéresser, par exemple. Mettons, la mythologie nordique. Je viens de voir un reportage sur la mythologie nordique -bon en vrai, c'est pas vrai, mais c'est un exemple- et ça m'a super intéressé. Et bah vous pouvez être sûr que dès le lendemain, je serais déjà passé par la librairie du coin pour leur acheter absolument TOUT leurs bouquins y faisant mention ! Parce que ce sujet aura commencé à m'intéresser, PAF, automatiquement, je vais vouloir en savoir le pluuuuuuuus possible sur le dit sujet, être incollable à ce sujet. 05/ Automatiquement, avec un trait de caractère pareil, vous pourriez vous dire que j'étais du coup forcément dans les premiers de la classe à l'école. Et j'aurais bien aimé que vous ayez raison. Mais malheureusement... c'est pas tellement le cas. En fait, j'ai toujours été dans la case gamin à problèmes. Autant dans les notes, parce que bien qu'érudit et passionné, les sujets à l'école et les méthodes d'apprentissages imposées par l'école n'étaient pas tellement celles qui pouvaient me parler... Que par mon comportement. Surtout par mon comportement, en fait. Parce que d'être aussi passionné, quand t'es encore qu'un gamin qui connaît rien à la vie, c'est pas forcément une bonne chose. J'arrivais jamais à prendre du recul sur les choses et je prenais beaucoup trop à coeur le moindre truc qui pouvait m'arriver. En fait, comme disaient les profs, j'étais un gentil garçon qui arrivait pas à gérer ses émotions. Ah ça, je compte plus les fois où j'me suis battu pour défendre ma propre cause, parce que j'arrivais pas à gérer ce qu'il se tramait dans ma tête. J'étais super violent en fait, mais parce que j'savais pas comment faire autrement pour me défendre. Comme cette fois où un de mes camarades de classe a pas voulu m'écouter quand je lui disais d'arrêter de faire du mal à ce pauvre oiseau qui venait de se prendre une vitre. Il m'avait traité de fiotte et de fillette, il voulait pas arrêter de torturer cette pauvre bête, et ça m'a beaucoup trop énervé. Alors je lui ai littéralement foncé dessus, et ça a finis en bagarre qu'il a perdu et de laquelle il s'est plaint auprès de tout le monde, me faisant passer pour le bourreau. Ça, c'était clairement un schéma classique qui m'a très vite fait rentrer dans la case des garçons peu fréquentable à l'époque, alors que tout ce que je voulais, c'était d'être gentil... Heureusement, mes parents ont fini par suivre les conseils des professeurs, ils m'ont fait voir un psy, et... même si à l'époque, je les ai pas mal détestés pour ça, aujourd'hui, j'me rends compte d'à quel point ça m'a aidé à gérer toute cette passion qui bouillonne en moi dans tous les sens. 06/ J'ai jamais vraiment eu de chance, dans mes relations amoureuses... j'sais pas trop pourquoi. Je dis pas que j'en ai pas eu, non, non - en même temps vu mon âge le contraire serait un peu inquiétant -. En plus j'peux vous dire que depuis qu'on est à New-York, l'accent british, ça en a attiré, des nanas, à venir me parler, et à vouloir plus que de simplement parler. Mais... j'sais pas. J'dois avoir la poisse. Parce qu'à chaque fois, il se passe un truc. Jusqu'à récemment, c'était juste que je tombais sur des nanas avec qui le feeling ne matchait absolument pas, des nanas qui n'aimaient pas mon métier et voulaient à tout prix m'en faire changer sans vouloir comprendre à quel point il est important pour moi, ou bien alors juste des nanas tarées, quand je me faisait pas tout simplement friendzonner, voire même, une fois, gayzonner. J'ai toujours pensé à cause de ça que même si c'était un comble pour le passionné que je suis, eh bien, que l'amour ne devait tout simplement pas être fait pour moi. Jusqu'à ce que je rencontre Peyton. Alors oui, pour vous, je le sais déjà, ce que je vais vous raconter, ça va sembler à vos oreilles n'être qu'une grosse blague digne d'un ado un peu trop rêveur qui se fait un peu trop de films. Mais, bah... j'vous emmerde, écoutez. Enfin bon. C'était y'a six mois, alors que je devais aller en vacances à Vegas avec mes potes. Ces dit-potes m'avaient foutu un lapin à cause d'une merde qui leur était arrivée, et j'me suis retrouvé tout seul là-bas. Mais bon, j'm'en foutais en vrai, même si ça faisait chier, j'suis pas non plus resté toute la semaine coincée dans la piaule de l'hôtel, j'comptais bien m'amuser tout seul. Et c'est là-bas, par hasard, que je l'ai rencontrée. Alors bon, déjà, elle est méga belle, ça m'a frappé direct. Mais en plus, le courant est tellement bien passé tout de suite... ah ça j'ai eu un vrai coup de foudre pour elle, j'en suis certain. Aucune autre personne n'a réussi à me faire autant rire, à me faire autant tout oublier autour de moi, en l'espace d'une soirée. Y'avait plus qu'elle. Mais, malheureusement, arriva le moment ou mes potes ont rappliqué. Pourtant, ils avaient bien vu que j'étais avec Peyton, mais ils en ont rien eu à foutre, et ils m'ont limite kidnappé sans sommation. Et, j'veux bien, qu'ils étaient juste contents d'avoir enfin réussi à venir, content de me retrouver et content à la perspective des vacances qu'on allait avoir... mais quand même. Ils venaient de gâcher un gros truc, parce que du coup, j'ai même pas eu le temps de prendre ses coordonnées, à Peyton. Même pas eu le temps de lui adresser un au revoir. Elle a juste été laissée là, en plan, toute seule, et ça m'a foutu en rogne. Mes potes, ils ont pas compris, parce que pour eux, c'était juste une nana dans le gros flot de vegas, et que dixit le bro code, les potes passent avant. Sauf que cette fois c'était pas juste une nana. Et ils ont pas arrêté de se foutre de ma gueule quand je leur disais. Quelle bande de crétins. Mais bon, toujours est-il qu'on a fini par se recroiser, avec Peyton. Et ça m'a tellement rendu heureux, autant vous dire que l'hypothèse du coup de foudre, elle a tout de suite été confirmée ! Et ce qui m'a encore plus rendu heureux, c'est qu'elle aussi, elle avait l'air contente de me revoir. Dès qu'on s'est vu, on s'est plus lâchés de la soirée. On s'est aussi pas mal rapprochés, et j'avais osé espéré que ce coup de foudre ait été mutuel, tellement qu'on semblait être pris dans les mêmes élans passionnels. Et à la fin de la soirée... on a même été pris d'un dernier coup de folie, celui de nous marier ! Ca pourra vous sembler complètement con, mais... c'est juste que c'est pas quelque chose que tout le monde est à la hauteur de comprendre. Mais, bon. Finalement, j'pense que ma passion m'avait peut-être aveuglé, que j'me suis emballé trop vite. Parce que le lendemain, elle avait complètement disparu. J'ai tout fait pour la retrouver -et c'est un lieutenant de police qui vous parle- mais sans résultat. J'étais vraiment triste et déçu, en rentrant à New-York. Mais aussi quand même pas mal inquiet, parce que disparaître comme ça... c'était peut-être une déformation professionnelle, mais pour moi, ça présageait rien de bon. Alors j'ai un peu profité de mon badge pour la retrouver, et... et c'est là que j'me suis rendu compte qu'il ne lui était rien arrivé. Qu'elle était simplement rentrée à New York pour vivre sa vie. C'est là que j'ai compris que ce que j'avais ressenti n'était certainement pas aussi réciproque que j'me plaisais à penser. Que je l'avais sans aucun doute gênée avec mes élans déplacés, alors qu'elle était partie. J'me suis senti vraiment très bête, et pour tout vous avouer, j'm'en veux encore beaucoup d'avoir encore une fois tout gâché à cause de cette foutue passion... faut croire que le gamin qui arrivait pas à gérer ses émotions a peut-être pas complètement disparu, et maintenant, j'ai plus qu'à tenter d'oublier celle que je voyais déjà comme étant la bonne, j'ai plus qu'à tenter d'arrêter d'aller regarder ses photos sur les réseaux sociaux, histoire de ne pas rajouter stalker psychopathe à la p'tite liste d'adjectifs bizarres qu'elle a du se faire de moi. Quand je disais, que j'étais certainement pas fait pour l'amour...