i'm a Piece Of Shit.

traits de caractère / électron libre, elle s’enivre du nectar de la vie. s’explose le cœur d'intenses éphémères. tout pour ne pas penser à son lit de mort. tout pour que jamais ne cesse l’envoûtante valse qui l'entraîne jusqu'aux aubes de l'univers. ou plutôt au petit matin d'une nuit d'excès. gamine éblouie par l’obscurité. quelqu'un de sociable en apparence, de ceux qu'on ne connaît jamais vraiment. un pétillement dans les gestes. un rire éraillé par le tabac, chaud comme du miel. elle a le diable au corps. des démons qui la rongent. qui la suivent tel du pétrole dans l’aura. repoussante à en vomir. belle à en pleurer.

c'est pas une histoire. ça pourrait être une vie. mais c'est rien d'autre que des bouffées d'oxygène périmé dans cette ville d'orgasmes hétéroclites.

tout commence par une fissure dans le miroir. au premier cri, les couleurs commencent déjà à s'estomper. au second, les ailes du corbeau couvrent le portrait. au troisième, atropos ronge le cordon à l'acide. et sa mère s'évanouit dans la brume du styx.

y a d'abord poppy. deux syllabes qui dégoulinent d'espoir creux et d'amour hypocrite. c'est l'élégance et la douceur des matins ensoleillés. un souffle aux tons du ciel et des tournesols. jeune fille en fleurs dévorée par la fatalité. virevoltante en tout temps. prunelles teintées d’amertume. morcelées de joie féroce. se défonce le crâne d’euphorie frelatée.

jour après nuit. nuit après jour. elle tente d'attraper cette silhouette qui s’efface derrière les palabres. en recherche de caresses impromptues. mais l’insolent géniteur toujours se dérobe. volatile parfum d'hiver. de sa présence, elle déchire que des débris impersonnels. sourire rouillé et œil douleur. ça plombe ses frêles épaules. son innocence aveugle. résonnent dans son crâne les grelots du silence.

vient un jour de désespoir. un jour de trahison. un jour à encrer au goudron. c'est nyc, et la nouvelle cocotte qui se dit comme sa mère. mais sa mère, elle est crevée. grignotée par les asticots. assassinée pour que poppy vive. les yeux noyés dans du charbon. c’est pas ce qu’elle lui souhaite. parce qu’elle, au moins, peint des sourires dans les pupilles de son père.

puis y a le piano. elle peut au moins reconnaître ça au paternel. sa béquille au monde. à sa nouvelle vie sédentaire. du baume au cœur. peut plus entièrement s’effriter. et ce fragment de mer. présence rassurante dans tout ce fourmillement urbain. elle est belle, sous le soleil froid. grise, bleutée, ardoise. de la couleur de sa voix. lente et calme, douce et grave. toute en sonorités et en mouvements.

et y a ce gamin aussi paumé qu'elle. c'est pos et mad. c'est eux vs le monde. mais mad, c'est le nom des regrets mis bout à bout. on a beau lui cracher à la gueule, c'est pire que vain. car impossible pour eux de s'oublier, de se quitter. âmes cousues, soudées par quelque chose d’encore plus solide que la chaire et le sang. peuvent pas se détacher. ou alors de manière violente, à coup de hache.

même les étoiles ne peuvent s'embraser qu'à l'ombre du monde. y a juste ces cauchemars éveillés. la vie belle dans sa fureur. rituel païen. putain de paradis artificiel. arrache, pervertit son âme. conneries qui tournent et tournent et restent et s'embrouillent et s'embrassent et se déchirent. pas de place pour la rationalité. un vent qui rugit d’insatisfaction croissante. apaisé le temps d’une danse. puis affamé de combler ce trou. ce vide d’un être jamais rassasié.

bonheur granuleux gifle son visage. mord ses rêves et les vomit. tissant les fragrances d’une jeunesses vaguement rebelle partie en décadence. goûter aux premières fièvres. amoureuse de cet éclat. prisonnière de son état. toucher du doigt le trop, la pulpe collante de jouissance. balancer son ossature bruissante dans le vacarme des corps. absorbée par une humanité débauchée jonchée de rires cassés. fusillée par une myriade de paillettes sans saveur.

les pieds nus sur le béton froid. les joues rouges et les yeux pétillants. pos est prise d'un fou rire à faire vaciller les lampadaires qui s'éteignent. seule face au soleil levant qui tarde à réchauffer les cœurs endormis. elle se sent libre. "reviens moi." ô délicate voix qui l'attrape par la main et la tire vers un lit brûlant de vie, vibrant d'envie. avant d'être avalée, elle emplit ses poumons de l'orbe doré.

et alors elle vous salue. vous qui creusez sa tombe. et alors elle vous emmerde.