I GIVE U LIFE

traits de caractère / RICHE ; sarcastique ; froid ; vaniteux ; narcissique ; malin ; gentil s'il le veut ; fêtard ; séducteur ; manipulateur ; haïssable ; élégant

et sauvagement, le fracas de la porte claquée de son spacieux appartement vint à faire résonner chaque enjolivure garnissant les meubles dont le chic en serait presque dérisoire. une de plus qui est repartie en cavalant, il les compte même plus. elles fuient au petit matin quand il se décide à leur dire qu'au final, elles sont pas top au lit, que leur cul est pas aussi gros que ces jolies robes penchent à faire croire, que peut-être  la grosse du bar aurait été un meilleur coup. "elles se vexent si facilement", ricane-t-il avec son sourire, la cigarette en bouche, prête à se faire à son tour avoir. puis il contemple le sol ciré de sa suite où l’œil viendrait à se perdre, admire avec une certaine fierté toute cette richesse dont il est propriétaire en foutant rien. ça brille, il brille, tout brille autour de lui. oui, c'est fou comme ça brille. et son joli corps se noie dans l'immensité du lit quand sa bouche recrache d'impressionnantes bouffées grises aussitôt avalées dans le dernier système coûteux de filtrage d'air. alors il se met à penser, comme tous matins où il est libéré de sa proie de la veille, il se rappelle de cette jeunesse embrassant la précellence, où tous désirs devenaient d'emblée siens, où chacun de ses caprices lui rapportait ce dont il avait envie. satisfait de cette supériorité face à ses parents désarçonnés qui remplaçaient amour et passion par matérialisme et argent, il a toujours su s'imposer au-delà de tout, déjà en primaire à malmener chaque élève pour des choses toutes stupides, en raturant leurs copies ou en les griffant jusqu'à la première trace de sang. puis, comme une ascension vers la rudesse, s'en est suivi au collège puis au lycée où chaque confrontation opposant ses parents et les enseignants ne se résumait qu'à ces mots : teigne, méchant, hargneux, insolent. un bien fade tableau qui avait le don d'agacer ses paternels qui plaidaient que leur fils était parfaitement bien éduqué. mais il y avait angelina, sa voisine, sa camarade, sa complice, ils ont été la souffrance de tous ceux qui tentaient de se dresser entre leurs plans. puis ils ont grandi, et n'ont jamais perdu leur caractère d'insensibles gamins. après tout rien ne l'alarme tant qu'il a son cercle restreint d'amis aussi riches et mauvais que lui, des vêtements aux prix exorbitants qu'ils arborent chaque jour sans se poser de questions, tant qu'il peut jouir de sa jeunesse dorée à sortir où ça lui chante même dans les endroits dit-il "banals" à s'user à l'alcool et à la cigarette, oublier tous les impairs de la veille et recommencer. le sale gosse de riche que la jalousie crie, mais lui il aime, car on lui rappelle encore et encore qu'il est fortuné, plein aux as. sa pensée a encore dérivé vers des souvenirs bien familiers qui lui hissent toujours ce sourire en coin, l'atout de son charme et de sa malveillance. il finira par aplatir son mégot dans un cendrier trop plein et se décider à quitter ces fastueux draps presque aussi blancs que lui. le soleil se glisse trop rapidement à travers sa titanesque baie vitrée, heurtant ses yeux clairs. l'énervement classique d'un début de journée, tout part de là ; le fauve est lâché.