Beautiful disaster. (Liz)

01/ Remplie d'amour, habituée de l'ambiance chaleureuse et conviviale de votre foyer, tu ne vois pas le naufrage arriver. Bonheur souillé par ces petits billets verts, aspirateurs de vie. L'amour s'étiole, les disputes éclatent et l'orage s'intensifie. Les mots, aussi acérés que des couteaux, volent dans l'air et tu dois te mettre à l'abri, te cacher de cette réalité que tu ne veux pas accepter. Tu ne comprends pas, c'est trop soudain. Tout vire au gris, la morosité pollue l'air. Ton père est devenu ce monstre sous ton lit, douce ironie lorsque c'était lui qui t'en protégeait. Et puis, un jour, les coups tombent et s'enchaînent aussi vite que les bleus qui se forment sur la peau pâle de ta mère. La violence étant devenue monnaie courante, c'est son absence qui te fait sortir de ta torpeur. Parti. Envolé. Disparu. Ton père vous a abandonné sans un regard en arrière, emportant votre bonheur et le cœur de ta mère dans ses bagages. Et la petite lueur d'espoir brille plus fort en toi. Vous allez vous en sortir, que tu oses penser. Tout va bien aller maintenant qu'il vous a libéré de ses poings destructeurs. Trop naïve, petite âme novice dans ce monde de requins. Les factures et les dettes se sont bien trop vite accumulées, et votre père vous les a, gentiment, laissé. À mesure que les mois passent, ta mère devient un poids plume. Si bien qu'un après-midi, elle s'est envolée pour ne plus jamais revenir. En peu de temps, tout t'es violemment arraché, te forçant à devenir une adulte beaucoup trop tôt. 02/ Nouvelle famille imposée, nouvel amour à offrir que tu ne possèdes plus, évaporé avec la violence destructrice de ton père et l'agonie de ta mère. Dissolu par le goût amer de l'abandon et la confiance perdue. Pourtant, ils t'accueillent comme si tu étais leur chair, t'enveloppe d'un bonheur qui t'étouffe. Tu n'as pas encore fait le deuil de celui que tu as, brutalement, perdu. Les études t'éloignent de ce foyer qui t'oppresse. Ils sont compréhensifs, bienveillants, t'offrent monts et merveilles. Même cet appartement hors de prix dans le Queens uppé. Culpabilité que tu traînes comme un boulet lorsque tu leur rends visite, tu les évites petit à petit. Ils te laissent de l'espace, un peu trop. Tu sombres, les soirées s'enchaînent ainsi que les conquêtes. Puis, plus par convention sociale que par réelle envie, tu entres dans la case « en couple ». Tu ignores si un véritable amour vous unit mais peu importe, tu as quelqu'un à tes côtés. Quelqu'un qui te tient compagnie quand les nuits se font trop mouvementées. Il t'empêche de penser au fait que ton cœur se meurt, que cette relation -finalement- t'apporte plus de contraintes qu'elle ne t'offre d'échappatoires. 03/ Et puis soudain, l'ouragan Roxas débarque dans ta vie, dévastant tout sur son passage. Ton cœur semble renaître de ses cendres, à ses côtés tu revis. Ce sentiment, que tu ne connais pas, t'envahit. Sentiment que tu n'as jamais ressenti avec son frère. Tu te laisses charmer par ces beaux airs, envoûtée par ses yeux cajoleurs, bercée par ses bras protecteurs, apaisée et aimée par ses mots emprunt de douceur. Tu cèdes à la tentation, une fois, deux fois, trois fois. Puis  tu prends peur. Peur que ce ne soit pas la réalité, que tu te l'es imaginée. Peur de le perdre aussitôt que tu l'as découvert. Et surtout, il y a son frère. Frère qui devient ton excuse. Vous ne pouvez pas parce que tu es avec lui. Tu choisis la facilité, tu repousses le bonheur. Tu ne veux pas te faire avoir, pas encore. Tu gardes tes distances pour te préserver, tu ne prends aucun risques. Et pourtant, il est trop tard, ton cœur, il te l'a déjà dérobé sans ta permission. 04/ T'as l'impression que ton monde s'écroule une seconde fois. Accident, huit lettres qui détruisent ton myocarde, déjà bien mutilé. Coma, quatre lettres qui te plonge dans l'agonie la plus complète. Oubli, cinq lettres qui t'achèvent et réduisent à néant la lueur d'espoir que son réveil a fait naître. Puis, les filles défilent sous tes yeux anéantis. La jalousie te broie les entrailles, la peine te noie toute entière, la douleur consume ta chaire. Au bout d'un an à tomber en morceau, tu décides de t'effacer de sa vie. Pour son bien, pour le tien. T'as perdu l'équilibre que tu venais de retrouver et ta bouffée d'oxygène s'est polluée de non-dits. Tu gardes précieusement les souvenirs de vous deux enfermés dans une réalité que tu visites dans tes rêves. Tu romps avec son frère et tu coupes les ponts, pour de bon (que tu crois), avec la famille Gallaway. Meurtrie, tu reprends ton chemin là où tu l'as laissé et ne fait -finalement- que reculer. 05/ Tes chimères reviennent te hanter encore plus violemment qu'avant. Les cauchemars te volent tes nuits quand la solitude te prend. Les hommes plus âgés n'en finissent pas de défiler entre tes draps. Plus âgés pour éviter de te rappeler Roxas. Et lorsque tu ne te perds pas entre les bras d'autres que lui, tu te saoules jusqu'à l'oubli, jusqu'à ce que son visage t'apparaisse. Ton poids fait du yo-yo, ne se stabilise jamais réellement tout comme ton état. Trou béant à la place de la poitrine, t'essaies de combler le vide par tous les moyens. Brisée par son absence, tu cherches une échappatoire dans les soirées, les aventures sans lendemain. Shootée par son amour, adictt à sa présence, en manque par son absence, tu te meurs un peu plus chaque jour passé loin de lui. Le problème c'est que même, si miraculeusement, il revenait vers toi, tu le repousserais encore une fois. Tu t'étais jurée qu'on t'y reprendrait pas et t'as succombé à son charme. Ton cœur lui appartient, probablement, à jamais surtout si tu continues dans cette voie... Petite poupée brisée vogue sur des eaux troubles et agitées, les rochers ne sont pas loin, son naufrage est proche.