TOBY&BONNIE ¶ guidez-moi

Toby avait été surpris et décontenancé par ce geste, qui avait l'air plus d'un geste de désespoir qu'autre chose. Il se tut un instant, gêné, avant de reprendre ses esprits et de prendre sur lui. Elle ne devait pas avoir fait cela par pure bêtise, il avait forcément ouvert la voie d'une façon ou d'une autre. Décidément, il ne lui parlait pas comme il aurait voulu. Peut-être la fatigue lui jouait des tours et qu'il remplaçait certains mots par d'autres? Ou alors, il n'était plus lui-même à force d'écouter et conseiller, que tout se mélangeait en une grande farandole dans son esprit. Non non. Il y avait juste quiproquo. Il sourit lorsqu'elle lui affirma qu'elle trouvait qu'il était un homme bien. Bonnie avait l'air si perdue, face à lui, qu'il ferait tout pour la rassurer. Après tout, un petit bisou, ce n'était rien de grave.

Le trentenaire sourit tendrement à son interlocutrice, qu'il avait prise sous son aile depuis leur rencontre. Elle était parfois étrange et avait une drôle de façon de penser. On aurait dit qu'elle ne savait vivre que dans les extrêmes, sans connaître un juste milieu. "C'est vraiment pas grave..." répéta-t-il de nouveau. "Et tu n'es pas bête, juste... euh... impulsive." sourit-il simplement, la regardant avec ses yeux azurs.

Il en releva pas sa remarque. Embrasser, il l'avait déjà fait, mais il était vrai qu'il n'avait jamais eu aucune petite-amie. Mais cela n'avait aucune importance, et n'en aurait jamais. Par contre, il n'avait pas suivi sa vocation uniquement par amour de Dieu, mais surtout par amour des autres. Chacun avait une vision différente de ce qu'il devait faire, pour Toby c'était limpide et il suivait son intuition. Elle s'était retournée, sans doute honteuse. Il posa de nouveau une main sur son épaule, pour lui faire signe de le regarder. Une fois que leurs yeux se croisèrent, il sourit de nouveau, avec sincérité, et beaucoup de calme. C'était la tranquilité même incarnée.
"T'en fais pas...C'était rien et ça restera entre nous. J'aurai même oublié d'ici demain." déclara-t-il, laissant échapper un clin d'oeil, amusé cette fois, vide de toute tension. "Et pourquoi ce vouvoiement? Après tant d'années, tu peux te permettre de me tutoyer... Il me semble d'ailleurs te l'avoir répété plusieurs fois." Voilà, il voulait la mettre à l'aise, lui faire comprendre qu'avec lui, elle ne serait pas jugée. Bien sûr, il était humain, et parfois il lui arrivait d'émettre des jugements, mais il les gardait pour lui. Ce n'était pas son rôle de porter un oeil critique. Lui, il était là pour écouter, et aider du mieux qu'il le pouvait, surtout en ce qui concernait la spiritualité.

Toby sourit simplement lorsque s'on interlocutrice lui annonça qu'elle se confesserait pour son geste. Il rit légèrement.
"Tu n'auras qu'à te confesser auprès de moi, comme je suis déjà au courant, ce sera plus facile..." lui indiqua-t-il. Il ne voulait pas qu'elle se sente trop coupable, trop fautive, pour un petit geste qui lui avait échappé. Ce n'était rien de plus qu'un frôlement de lèvres, un baiser surprenant, certes, mais qui n'avait pas dépassé les quelques secondes.
Il lui demanda ensuite de le tutoyer, de ne plus prendre cet air si solennel lorsqu'elle s'adressait à lui. Après tout, cela faisait des années qu'ils se connaissaient, à présent, elle pouvait bien se permettre quelques familiartié.
"Ne t'en fais pas pour ce que les autres vont en penser..." déclara-t-il simplement, faisant un geste vague de la main. Après tout, il n'y songeait guère pour le moment, ce n'était pas un problème, s'ils ne faisaient rien de mal. "Mais si toi, ça te gêne, alors continue à me vouvoyer, ce n'est pas un souci!" s'exclama-t-il. D'un côté, il aimerait qu'elle prenne plus confiance, et qu'elle le voit comme un ami plus qu'une autorité ou un guide dans sa vie, mais de l'autre, si elle se sentait plus à l'aise ainsi, il n'allait nullement la forcer à quoi que ce soit.

Puis, Toby écarquilla les yeux devant les nouvelles paroles de Bonnie.
"Comment?" demanda-t-il, pas certain d'avoir bien entendu. "Je n'ai jamais dit que je n'avais pas aimé... C'est pas ça. Ni l'haleine, ni tes lèvres, ni rien... C'est juste que... je... Enfin, je t'apprécie beaucoup, Bonnie, mais ce baiser, c'était inattendu..." Décidément, il ne parvenait pas à communiquer avec elle. Elle prenait tout contre elle-même, alors que ce qu'il voulait lui expliquer, c'était simplement qu'elle n'avait pas à s'en faire, que personne ne serait mis au courant de ce 'dérapage' et que l'histoire était close...

"Et bien, pourquoi pas?" demanda-t-il simplement, en haussant les sourcils. Il restait prêtre et l'acte n'était pas si terrible. Mais la façon dont elle en parlait, on aurait dit qu'elle voyait cela comme le pire des crimes. Il hocha simplement la tête lorsqu'elle lui indiquait qu'elle ne le vouvoyait que par réflexe. C'était normal, il avait une certaine autorité sur elle. Il était le prêtre et c'était parfois extrêmement difficile de le voir autrement. Il se contenta donc de sourire sans ajouter un mot, alors qu'elle expliquait par la suite qu'il était son tout premier baiser. Il haussa les sourcils. C'était dommage qu'elle ne l'ait pas gardé pour quelqu'un qu'elle aimerait réellement. Mais après tout, ce n'était qu'une effleurement de lèvres, dans certains pays c'était la façon officielle de se saluer. Et cela n'irait jamais plus loin, elle n'avait rien à craindre. A moins que ce soit cela qu'elle avait voulu...
Il la suivit alors qu'elle prenait la direction d'un banc, au bout de l'allée. "Arrête de dire ça... Tu te juges trop difficilement." déclara-t-il simplement. "Viens plutôt profiter du repas..." indiqua-t-il les tables, au loin, avec un immense sourire sur les lèvres. Tout le monde appréciait Bonnie, alors... Cela lui remontrait sans doute le moral que d'avoir une joyeuse compagnie, de voir qu'elle avait fait du bien, qu'elle avait aidé des gens à profiter d'un moment de convivialité. Des gens parfois si seuls, et certains qui n'avaient que rarement de quoi manger un vrai et bon repas. "Aller viens..." souffla-t-il simplement. Alors que derrière lui, des paires de yeux les regardaient étrangement.

"Oh ne sois pas si pessimiste! Tu n'as pas gâché ma journée! Le ciel est toujours si bleu, et le monde si beau!" s'exclama-t-il en riant. Un petit baiser, même si d'autres l'avaient vu et le jugeaient inopportun n'était nullement un sujet pour se faire un véritable sans d'encre, surtout à ce point. Bonnie avait l'air de dire qu'elle lui avait fait du mal, qu'elle l'avait frappé ou  qu'elle lui avait fait du mal d'une quelconque autre façon. Il poussa ensuite un soupire, et plissa les yeux, la rejoignant sur le banc, alors qu'elle lui posait un tas de questions étonnantes. Un instant, il se demanda tout de même si elle n'était pas en train de lui faire une blague car son ignorance, bien que touchante, était étonnante pour quelqu'un se rendant si souvent à l'église. Il hocha la tête.
"J'ai fait une promesse de célibat, dans la chasteté et je me dois de suivre cette règle, bien qu'elle soit parfois un sujet soumis à contestations..." expliqua-t-il finalement. "Et non, il n'y a pas de femmes parmi les prêtres de l'église catholique. Mais chez les protestants, il y en a. " indiqua-t-il ensuite simplement, d'une voix et d'un ton calme et serein, sans jugement ni réflexion. "Aller, maintenant, on va manger avec les autres, et profiter d'un bon moment de convivialité, tout simplement..." ajouta-t-il ensuite en se levant et en lui tendant la main afin qu'elle se décide à en faire de même, malgré sa figure effrayée.