(daphne) we were meant to connect

traits de caractère / égoïste, naïve, aime plaire, têtue, curieuse, rêveuse, créative, ambitieuse, positive, amoureuse de la vie, très attachée à sa famille, peur d’être abandonnée.

daphne c’est une poupée. un teint pâle, des cheveux longs qui ont changé de couleurs au fil des envies, de grands yeux, elle est jolie. et elle sait, elle est consciente de plaire aux hommes dans la rue et les couloirs de l’université, eux avec qui elle passe parfois des nuits, parfois des semaines sans que leur relation l’intéresse. une jolie poupée, qu’on est content d’avoir dans son lit, de montrer à ses amis, sans y accorder d’importance. daphne c’est la fille populaire, celle qui traine avec les plus jolies filles et les plus beaux mecs du bahut, depuis le lycée, une peste de plus. celle que l’on pense sans cerveau, juste jolie et bonne à décorer. daphne c’est la fille que tout le monde pense connaître sans même savoir quel est sa couleur préférée.

daphne, la fille du cabinet d’avocats pearson, la fille d’un avocat, d’une famille aisée. une enfance facile, des années collège et lycée auprès des plus populaires. la petite brune dont les yeux brillent d’ambition, pour être la meilleure de sa classe, chaque année. elle travaille, sans relâche, mais sait prendre du temps pour elle, et cumule un petit boulot de barmaid à côté, pour ne pas penser qu’elle vit avec l’argent de ses parents. daphne c’est la fille qui sourit tout le temps, dont le rire résonne et entraîne les autres dans son euphorie. la positive attitude qui dirige sa vie, comme si le mal et la douleur ne pouvaient pas l’atteindre, comme si tout le monde vivait bien. et au fond, c’est ce qu’elle avait voulu croire pendant toutes ces années.

« danielle » le renouveau. la mauvaise blague, le coup foireux organisé par ses amies, pour se moquer encore de lui. rainer et elle l’avait fait, naïve petite daphne. elle ne lui avait pas donné son nom, le premier qui lui était venu : danielle, le nom de l’héroïne des histoires qu’elle a écrit et qu’elle stocke dans un coin de son ordi. des fausses photos, un faux prénom mais c’était un sentiment bien réel qui s’était installé, en dehors de cette sordide blague. et quand ses amies lui demandent, elle n’ose pas leur dire qu’elle aime lui parler, lui à qui elle confie tout. lui, dont elle apprend la douleur de leur passé commun et les remords qui viennent avec. et ces mots qu’elle voudrait lui dire « je suis désolée ». mais danielle n’est pas celle qui l’a fait souffrir, danielle c’est une fille bien. et danielle n’existe pas.

il avait suffit d'un billet d'avion pour retrouver nevaeh. neva, une de ses plus proches - si ce n'est la plus proche - de ses amies. celle à qui elle confiait tout, celle qu'elle avait rencontré dans un camp de vacances de luxe, où elles séjournaient avec leurs parents. un petit billet d'avion et déjà, le taxi la conduisait à la résidence des parents de son amie, eux qui considéraient presque daphne de la famille tant elle était souvent chez eux, tout comme neva était comme une fille pour les pearson. d'habitude, elle prenait l'avion avec tout le groupe pour aller la retrouver pour les vacances. mais cette fois, elle était venue seule. comme un besoin de se retrouver juste avec elle. il se passait tant de choses dans leurs vies respectives, et même éloignées, elles ne pouvaient que penser l'une à l'autre. un petit duo de choc, des meilleures amies, elle lui avait parlé de tant de choses. il y avait aussi eu cette histoire avec rainer, un élève de l'école. il ne venait plus, il avait quitté l'école, et daphne ne savait quoi en penser. elle ne voulait plus se prendre la tête, elle voulait juste profiter de ses vacances. entre son père qui n'arrêtait pas de la pousser dans les études, sa mère et la mode, ses amies et leurs histoires. le taxi s'arrête devant la résidence des mcgrath et daphne a du mal à réprimer un sourire : ils font toujours tout en grand. à peine le temps de sortir du taxi, de le payer en lui laissant un pourboire que son amie l'attend déjà devant la porte. « tu es en retard, pearson. » « va dire ça au pilote de l'avion. toute façon, tu peux pas m'en vouloir, ou jamais longtemps. tu m'aimes de trop. » elle roule des yeux et serre son amie dans ses bras. « on va passer des vacances de rêves et j'ai plein de trucs à te raconter. » et ce ne serait pas de tout repos.

« hé les filles, regardez ! » daphne se retourne vers son amie, la conversation se fait plus silencieuse tout d'un coup. les filles se sont retrouvées dans un café, fin de soirée, toutes encore alcoolisées. pas au point de tomber là, pas au point d'avoir une gueule de bois et pas de souvenirs, juste de quoi s'amuser. maëlis sautille sur sa chaise, manque de renverser tous les verres sur la table et agite son téléphone portable. et au sourire de la jeune femme, daphne sent bien qu'elle a une idée derrière la tête. elle pose son portable au milieu de la table et les filles découvrent un profil, un réseau social. un jeune homme, certainement leur âge. et c'est le pseudo qui fait son chemin dans l'esprit légèrement brumeux de la brune. rainer07. rainer, un prénom qui la renvoie à leurs années lycée, le garçon qui avait fini par disparaître de l'école, il était parti et n'avait jamais réintégré le lycée. elle se souvient des moqueries, elle se souvient d'une époque où il était. « c'est rainer, vous savez là, rainer... rainer, morny ? mornely ? » elle ne se souvient pas et l'alcool n'aide pas. « rainer mulroney. » daphné les observe, elle se souvient des noms. elle a toujours été douée pour ça. les noms, les prénoms, les visages, la mémoire. elle voit le regard de ses amies et elles rient, ensembles. elles observent le profil : il n'y est pas écrit grand chose, il y a encore tellement de choses à découvrir sur ce garçon. « j'ai envie de dire, pourquoi pas lui parler ? » et un autre rire qui retentit dans le café, les rires de ce groupe de filles, qui se renvoient à leurs années lycée. et daphne rit avec elle, sans savoir ce que représente encore bien l'idée des filles. « la plus douée avec les mots ici, c'est bien daphne. tu peux bien aller lui parler, non ? qu'on rigole un peu ? » la brune rigole, elle sait son amie sérieuse. maëlis est toujours sérieuse à ce sujet. elle n'est pas sûre que ce soit leur meilleure idée mais elle accepte, pour ses amies, juste pour rire un peu. rien de bien méchant, rien de grave. juste un peu de plaisir. « bien sûr que je peux, mais alors... il me faut un compte. » elle prend son propre téléphone, se crée un compte, doit se trouver un pseudo et ne met pas longtemps à le trouver. « ciaobella. » mais elle ne se doutait pas encore.

ça devait être une blague. elle avait commencé à lui parler, à dévoiler certaines de leurs conversations, de ses secrets aux filles. elles avaient bien ri, et puis les semaines avaient passé. et daphne parlait de moins en moins de rainer, leur disant qu'il ne lui racontait plus rien de vraiment intéressant. sans jamais leur dire qu'il y avait quelque chose de plus, quelque chose qu'elle ne pouvait pas ressentir. pas pour lui, pas comme ça. trop attachant, trop gentil avec elle. avec danielle, pas avec elle. il est tard, son service est fini, elle rentre chez elle. dans le petit loft qu'elle loue pour ne pas vivre au crochet de papa et maman, pour être tranquille. daphne observe les carnets qui traînent dans le loft, les feuilles volantes remplies de mots, d'idées, de débuts de chapitre, d'histoires en tout genre. d'histoires entre rain et dani, comme des personnages de romans, pas fait pour exister. et comme chaque soir, elle se connecte à son compte, ciaobella, elle n'est même plus étonnée de le voir connecté. au fond, elle l'espérait.

« n'es-tu pas sensé dormir ?
- j'pourrai te retourner la question.
- nope, tu sais bien que je bossais ce soir. je te l'ai dis hier. fais pas genre que t'avais oublié.  
- peut-être bien, tu ne le sauras pas. »

et derrière son écran, elle rit. parce que malgré la fatigue, elle a juste envie de continuer à lui parler. et qu'est-ce qu'elle se sent seule dans cet énorme appartement. elle a l'impression que la nuit et le silence le rendent dix fois plus grand qu'il ne l'est.

« t'sais de quoi j'ai besoin là ?
- nan. mais tu vas me le dire, tu le fais chaque fois.
- d'un câlin. comme ça, juste avant d'aller me poser dans les bras de morphée.
- t'en auras un. le jour où on pourra enfin se voir en vrai, quand ton patron arrêtera de te faire faire des heures supp. peut-être ?
- on est en plein rush, je te jure que c'est pas facile. moi, j'voudrais juste un câlin, de toi. juste ça, pour plus penser au reste.
- tracasse, c'est promis.
- allez je go dodo. j'dors presque déjà. bonne nuit, rain.  
- bonne nuit dani.   »  

elle se déconnecte, éteint son ordi. et le sourire ne la quitte pas jusqu'à ce qu'elle tombe dans son lit. et la réalité la heurte de plein fouet, comme quasiment tous les soirs. pour ça qu'elle ne veut pas le voir, qu'elle fait de plus en plus de service, qu'elle lui sert des excuses. dani. danielle n'existe pas. et quand il la verra, il la détestera. s'il se rappelle. et elle ne veut pas. elle ne veut pas et ça lui fait mal.