drapeau blanc (jill)

drapeau blanc

les papiers, échappés d'dossiers éventrés plus nombreux les uns qu'les autres, jonchent ton bureau. tu reviens tout juste d'une pause bien méritée mais ta tête n'semble plus répondre. un rien t'irrite, la montagne d'boulot qui t'attend encore t'pousse vers la sortie irrémédiablement. tu devrais prendre tes jambes à ton cou et fuir avant d'déverser sur un innocent, ta hargne nouvellement acquise. envers quelqu'un, envers le monde, envers les responsabilités qui t'incombent... tu n'sais plus ni pour qui, ni pour quoi. tu sens qu'ta journée s'verrait avortée plus tôt qu'prévu, pour le bien d'ceux qui t'entourent, comme pour le tien. la peine que tu n'prends même pas d'rassembler les feuilles éparses, tu attrapes ton manteau au vol et repousses ton fauteuil machinalement. t’apostrophes ton assistante pour lui demander d'envoyer quelques mails à ta place avant demain et tu lui souhaites une bonne soirée. t'as les traits tirés, elle voit combien la fatigue t'étreint plus que d'raison alors elle n'insiste pas. la vérité, c'est qu'il n'y a pas qu'ça. ton esprit est déjà à mille lieux d'ici. ton esprit à qui tu n'laisses aucun répit, pas même la nuit. les questions t'assaillent, doublées des doutes et des incompréhensions persistantes. parce qu'il est des relations en forme de point d'interrogation. perpétuellement en mouvement, à double-tranchant. des jours qui vont, d'autres qui s'en vont. des allers-retours à répétition. et toi tu t'fais pion au milieu d'un échiquier géant. celui qu'le joueur poussera jusqu'au coup final.
au volant d'ta bagnole, tu sais qu'tu devrais rentrer chez toi. retrouver tes draps et ta solitude salutaire. tu devrais prendre le temps d'vivre, de veiller sur ta grand-mère, d'écouter et conseiller ta soeur. d'être là pour elles, mais aussi pour toi. sauf que tu vas encore faire les choses à l'envers kemen. et tu l'comprends à l'instant où tu donnes un coup d'volant pour faire demi-tour. t'es assez lucide pour savoir qu'tu dormiras mal si t'es pas rassuré sur son sort.
bille en tête, tu sors d'ton véhicule pour rejoindre son perron. tu toques et tu t'ancres, épaule contre l'embrasure d'son entrée. t'attends aussi patiemment qu'ton impatience te l'permet, qu'elle t'ouvre. t'en arriverais presque à douter qu'elle soit encore de c'monde jill. elle va et vient tel un courant d'air dans l'queens, autant qu'dans ta vie. elle s'fait fantôme et s'en fait désirer encore davantage. bien souvent, tu n'la suis pas mais pourtant, tu continues d'courir après elle. l'inquiétude te tenaillant sans cesse la concernant. encore plus désormais qu'elle n'était plus responsable d'sa seule humanité. quand l'battant cède enfin, t'es à deux doigts d'soupirer d'soulagement. t'as perdu ton téléphone ? tu glisses dans un sourire malice. tu n'sais pas si c'était volontaire cette capacité qu'elle s'était découverte à ignorer tes messages ou à filtrer tes appels. face à ta stature ainsi imposée, elle n'pourra plus s'défiler. elle devra affronter ses propres craintes aimantées aux tiennes.

— @jill warner

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je veux que ton corps,
m'envoie dans le décor.

tu berçais doucement lila contre toi, te mordillant les lèvres tout en préparant son biberon. tu étais fatiguée, les nuits étaient courtes, elle te demandait énormément d’énergie. mais sa naissance avait été une révélation. tu étais maman, et tu étais pleinement prête à exercer ce métier tout le reste de ta vie. tu allais l’élever, seule, puisque son père était parti, et même pas au courant ni de son jour de naissance, ni de son prénom. tu soupirais en essayant de la calmer et tu t’asseyais finalement dans le canapé pour lui donner son biberon. tu l’observais de longues secondes, caressant sa joue de ton pouce en esquissant un petit sourire. vous restiez là pendant de longues minutes, la laissant boire, appréciant ce petit moment avec ton bébé. tu passais énormément de temps avec elle, mais à chaque fois que tu étais loin d’elle, elle te manquait terriblement.

tu terminais par la bercer un peu, toujours contre toi. elle s’endormait et tu fronçais les sourcils en entendant toquer. c’était rare, les visites. tu t’étais beaucoup repliée sur toi-même, ces derniers temps. tu soupirais en te levant, lila toujours dans les bras et tu venais finalement ouvrir la porte, pour découvrir kemen. tu te mordais les lèvres face à sa question et tu glissais doucement ta main dans tes cheveux. « qu’est-ce que tu fais là ? » tu demandais alors en penchant la tête sur le côté, ne répondant pas à sa question. tu l’ignorais simplement, comme beaucoup d’autres gens. au départ de vince, tu avais perdu pied, et tu avais voulu te réfugier vers une personne rassurante. kemen. vous aviez échangé un baiser, et tu avais fuis, comme tu avais eu l’habitude de toujours le faire. tu te mordillais les lèvres. « je suis désolée de ne pas avoir donné de nouvelles, mais… lila me prend beaucoup de temps et d’énergie. » tu soufflais simplement, comme si tu avais besoin de te justifier de quoi que ce soit. mais c’était le cas, non ? tu t’en voulais de fuir à chaque fois, mais c’était comme ça. tu n’y pouvais pas grand-chose. par contre, tu ne savais pas du tout pourquoi il s’accrochait comme ça.

@kemen herrera désolée pour le délai, je me suis laissée submerger, je ferai mieux la prochaine fois drapeau blanc (jill) 3227196488

drapeau blanc

les responsabilités, ça vous change un homme, une femme. alors quand la majorité s'efforçait d'les fuir, tu les enlaçais à bras-le-corps. tu les faisais tiennes parce qu'elle était là la meilleure manière d'prouver ta maturité. et puisqu'il était des situations dont on n'pouvait pas s'défaire, mieux valait s'les approprier. t'es d'ceux qui savent qu'en l'voulant très fort, on parvient à soulever des montagnes. ce pourquoi tu t'y emploies, en y entraînant tes proches. puis, il y a ceux, qui à défaut d'les nier, préfèrent les gérer seul. ceux qui s'éloignent pour ne pas éclabousser les autres d'leur nouveau mode de vie. jill était de ceux-là. s'isolant d'tous, même de toi. tu n'veux pas l'envahir kemen. et cet état d'fait te faisait peur autant qu'il lui faisait peur à elle. tu la sens s'envoler, sans trouver la solution pour l'éviter. d'abord, t'as laissé couler. lui permettant d'prendre ses marques, de réapprendre un quotidien qui s'était vu chambouler par une arrivée presque inopinée. sauf que t'as beau essayer d'vivre comme ça, force est d'constater que ça n'te convient pas. que ça t'obsède, que ça t'irrite. que t'en arrives à t'détester toi-même de n'rien faire pour l'aider, de n'même plus la regarder. et c'est sans doute dans les locaux d'ta société qu'son absence est la plus présente. parce qu'elle percutait les murs d'son aura, habillait ton espace d'sa voix, qui t'faisait rire autant qu'tonner. mouvement d'balancier toujours si présent d'votre relation à vos échanges.
t'as pris l'taureau par les cornes, faisant l'choix qu'elle n'faisait pas. peut-être qu'tu lui forceras la main, mais tu devais t'imposer. ne serait-ce que pour retrouver ta sainteté d'esprit. les pensées chevauchantes, tu t'pointes sur l'pas d'sa porte et t'attends ta sentence. tu n'peux pas longtemps empêcher ton sourire de s'dessiner sur tes lèvres. tu n'lui reproches rien, tu veux simplement entamer une conversation. faire ton entrée en toute délicatesse, sans mimer un éléphant dans un magasin d'porcelaine. et malgré toi, tu la sens sa gêne. tu sens qu'elle cherche ses mots pour n'pas trébucher face à toi. qu'est-ce que tu fais là ? puisque t'es pas là où j'suis, j'vais là où t'es. la traduction est simple. tant qu'elle n'viendrait pas à toi, c'est toi qui viendras. l'un d'vous deux s'devait d'faire un pas en l'honneur de c'que vous étiez. ou bientôt, il n'resterait plus d'vous que l'souvenir d'une relation qui aurait pu perdurer dans une dimension différente. je suis désolée de ne pas avoir donné de nouvelles, mais… lila me prend beaucoup de temps et d'énergie. tes yeux dérivent sur l'petit être qu'elle tient entre ses bras, alors même qu'elle prononce sa justification. t'as pas envie de l'accabler, ni d'la faire culpabiliser. alors tu restes muet à ses paroles, pour n'pas en rajouter. tu m'fous dehors où j'ai l'droit d'rentrer ? elle est chez elle jill. et si ta présence lui est désagréable, tu prendras l'large. t'as fait ta part kemen, les dés étaient maintenant dans son camp. t'examines chacun d'ses traits et il faudrait être aveugle ou complètement idiot pour n'pas remarquer sa fatigue. tu t'en veux, parce que t'aurais pu être là. la soulager quelques heures dans ses journées, lui servir d'appui. plutôt que d'te laisser éclipser si facilement, comme un gosse pris en faute.

— @jill warner

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je veux que ton corps,
m'envoie dans le décor.

« puisque t'es pas là où j'suis, j'vais là où t'es. » tu glissais ta main dans tes cheveux en soupirant et en fermant les yeux quelques instants. tu te pinçais les lèvres, ne sachant pas tellement quoi répondre. tu prétextais simplement que lila te prenait beaucoup de temps, et que tu te consacrais beaucoup à elle.

ce n’était pas si faux, après tout ?

tu penchais la tête sur le côté en caressant lentement le dos de ta fille, qui dormait contre toi et tu acquiesçais quand kemen te demandait si tu le laissais entrer. tu t’écartais de la porte et tu te dirigeais vers le salon pour installer lila dans son lit parapluie. tu glissais son doudou tout contre elle et tu te tournais finalement vers le jeune homme. « est-ce que tu veux boire quelque chose ? » tu demandais alors poliment.

tu observais le jeune homme et tu rangeais un peu le bazar autour de toi, voulant à tout prix éviter de le regarder. tu ne savais pas comment agir. tu avais voulu disparaitre en espérant qu’il laisse tomber, qu’il comprenne que tu n’étais pas une femme pour lui. mais dans le fond, tu étais perdue. tu étais encore si profondément amoureuse de vince, même près d’un an après son départ. c’était vraiment compliqué à gérer, ces sentiments que tu avais pour une personne devenue… un fantôme.

mais kemen, il avait été là. quand vince était parti, il t’avait soutenu. il a été une des premières personnes à apprendre ta grossesse, et à te soutenir. vous vous êtes rapprochés. il y a eu ce baiser. et tu as fini par fuir, car c’était vraiment ce que tu savais faire de mieux, quand il s’agissait des hommes.

dans le fond.
t’étais peut-être pas mieux que vince barlow.

tu soupirais lourdement en chassant tes pensées de ta tête et tu l’observais, apportant deux boissons que tu posais sur la table du salon, et tu t’installais dans le fauteuil. « pourquoi tu es là, kemen ? » tu demandais alors plus sérieusement, te mordillant les lèvres. « si tu viens pour me convaincre de revenir travailler, on en a déjà discuté. » tu soufflais simplement en haussant les épaules.

travailler, ça te manquait. surtout le métier que tu adorais. mais avec lila, c’était compliqué. tu ne voulais pas la laisser. pas trop longtemps. mais ça pourrait aussi te permettre de gagner un peu mieux ta vie, de t’en sortir plus facilement et de lui offrir une meilleure vie.

@kemen herrera

drapeau blanc

un seul être vous manque et tout est dépeuplé. dépeuplé comme ton bureau plus jamais envahi d'son arrivée tempétueuse et impromptue. comme la machine à café dépossédée d'une d'ses plus ferventes amatrices. comme le siège, devenu orphelin, moulu d'sa silhouette lors d'tes réunions intempestives, qu'il pleuve ou qu'il vente. t'es un boss trop attentionné pour t'habituer à la disparition d'un tes tiens kemen. tu t'fabriques des routines avec eux et tu perds le nord quand l'un manque à l'appel. il paraît pourtant qu'le temps fait son oeuvre, qu'il efface les maux et comble les trous béants. t'en avais compté les jours sans jamais qu'son ombre ne s'évapore totalement. son opacité s'atténuant par instant. t'es d'ces hommes qui n'boudent pas les émotions qui les traversent. t'assumes c'qui fait d'toi celui qu'tu es et tu t'en accommodes même sous les yeux des autres. tu n'auras pas l'audace d'lui mentir en pleine face. pas à jill, pas à celle avec qui tu n'avais jamais triché. par principe ou pour lui montrer la voie. elle qui s'cachait derrière des responsabilités qui la dépassaient, t'espérais la voir plier, s'faisant miroir d'toi-même.
t'entreprends d'forcer l'passage, gentiment. de t'inviter dans son décor pour lui souffler l'idée de t'y inviter plus officiellement. peut-être que t'aspires à lui faire réaliser c'qui a changé entre hier et aujourd'hui, à lui faire récupérer les automatismes qu'elle avait laissé filer. parce que tu détestes cette gêne qu'tu sens poindre entre vous. celle qui la tient à des kilomètres d'toi alors que tu étais à seulement quelques centimètres d'elle. celle qui t'fait douter de c'que vous possédiez auparavant et d'la véracité de c'que vous aviez partagé. elle est proche mais à la fois si loin jill. perdue dans les confins d'un univers où lila était la seule à exister. tu l'observes s'raccrocher à elle, s'créer une contenance faite de gestes s'rapportant à elle. est-ce que tu veux boire quelque chose ? elle s'adresse à toi mais elle n'cesse de s'agiter. son regard butant sur des tâches qu'elle s'entêtait à vouloir achever dans la minute. tu t'moques de c'qui peut trainer sur la table basse, autant qu'de l'exposition d'godasses dans l'entrée. tu viens pas faire un rapport sur sa capacité à prendre soin d'un enfant. tu viens retrouver ton amie, celle que t'as plus revu quand elle a donné naissance. tu hausses vaguement les épaules à son interrogation. n'importe quoi, ça ira très bien. tu sais que l'important n'est pas là. abandonnant finalement des activités qui n'avaient pas leur place à c'moment précis, elle s'éclipse pour t'revenir avec deux verres. c'est l'fauteuil non loin qui l'accueille d'ses bras confortables. pourquoi tu es là, kemen ? encore cette question, j'vais finir par mal le prendre. tu plaisantes quand elle insiste. et tu t'rapproches à sa suite pour t'poser à ses côtés. si tu viens pour me convaincre de revenir travailler, on en a déjà discuté. tu fais mine de t'creuser les méninges pour retrouver les souvenirs d'une discussion qui t'échappait. de quoi on avait parlé déjà ? du fait que tu n'voulais plus travailler ou du fait que tu n'pouvais plus ? tu veux la pousser à exprimer ce qu'elle ressent vraiment, tant les deux directions sont dissemblables. tu n'la laisseras pas s'enliser dans un rôle qu'elle pouvait partager. t'avais promis d'être là kemen. et cette fois, tu failliras pas.

— @jill warner

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je veux que ton corps,
m'envoie dans le décor.

tu soupirais, t’agitant alors qu’il n’y avait pas forcément lieu de t’agiter de cette façon. c’était ta façon de t’occuper l’esprit, ta façon à toi de ne pas réellement faire face à tout ça. faire face à cette solitude que tu avais fini par choisir, préférant te concentrer sur ta fille et toi, parce que tu avais l’impression que tu devais désormais vouer ta vie à ce petit être. que tu n’avais plus le droit de travailler, ou juste un peu par ci par là pour survivre. que tu n’avais plus le droit à aucune vie sociale. elle était tout ce que tu avais, alors tu n’avais pas le droit de la laisser.

kemen, il était venu tout bouleverser. et tu ne savais pas comment faire avec cette situation. tu lui proposais à boire et tu attendais sa réponse avant de revenir avec deux verres de jus de fruits. tu n’avais pas grand chose d’autre à lui proposer. tu t’asseyais sur le fauteuil face à lui et tu glissais ta main dans tes cheveux. il venait finalement s’asseoir près de toi et tu soupirais doucement. tu esquissais un sourire en penchant la tête sur le côté. « désolée c’est pas ce que je voulais dire. » tu soulignais simplement en haussant les épaules et tu te mordais les lèvres.

tu l’écoutais et tu soupirais longuement en secouant la tête. tu savais pas. « les deux, kemen. je ne veux plus et je ne peux plus. c’est pas plus compliqué que ça. » tu soufflais simplement en l’observant finalement, tes yeux rencontrant franchement les siens pour la première fois. tu n’en savais rien, dans le fond. tu adorais ton boulot. un an auparavant encore, tu t’épanouissais dans ce travail que tu aimais par dessus tout. mais vince était parti, il t’avait laissé seule. seule avec ce bébé et tout était parti en vrille depuis.

« je sais pas quoi faire. je… j’ai pas les moyens de payer une nourrice. je suis seule, lila me demande énormément d’énergie, et j’ai peur de ne pas pouvoir tout… encaisser. le travail, lila, les nuits, les biberons, les couches. je suis toute seule. et j’ai l’impression que je m’en sortirais pas. » tu soufflais alors honnêtement en haussant les épaules, te triturant un peu les doigts en observant ta fille dormir dans son petit lit parapluie. « je peux pas la négliger. » tu soulignais alors simplement en tournant de nouveau la tête vers le jeune homme, te mordillant les lèvres lentement.

@kemen herrera

drapeau blanc

des contours d'sa présence, tu t'étais finalement acclimaté à l'absence. puisqu'il avait suffit d'un évènement marquant, de l'éclosion d'un petit être en son sein pour qu'tu la regardes s'envoler. loin d'toi et des autres, elle avait fuit jill. s'fabriquant une nouvelle réalité à mille lieux d'vos rituels. poids plume docile face aux coups d'vent, elle avait quitté ton champ d'vision emportée par les courants. touché par la distance, t'avais tut tes émois. pour la première fois, les avais gardé égoïstement pour toi. enfermé dans cette inédite solitude, t'avais pas bronché. tu lui avais octroyé son espace salvateur, attendant patiemment qu'elle revienne d'son propre gré. elle n'en avait rien fait jill, grignotant ton sang-froid, d'toute pièce, façonné. les connexions s'sont échauffées, avant d'court-circuiter. t'forçant à prendre une décision qui aurait dû t'paraître évidente plus tôt. et dans tes beaux discours, t'as mis un coup d'pied quand t'as passé sa porte d'entrée. dans son périmètre, t'as pénétré et tu l'as bousculé. plus qu'tu ne l'aurais voulu kemen, mais t'avais besoin d'savoir. d'la voir pour y croire. son interrogation est insistante, tant qu'tu pourrais mal l'interpréter, si seulement tu n'la connaissais pas si bien. tu préfères en plaisanter, détendre une atmosphère trop lourde à porter, pour vous deux. désolée c’est pas ce que je voulais dire. tu n'lui en tiendras pas rigueur kemen. t'étais venu à elle pour t'rassurer sur son état, pas pour l'enfoncer davantage là où elle se terrait. alors tu l'observes reprendre ses marques sur un territoire envahi, avant d'la rejoindre sur l'canapé. et elle dérive sur les projets qu'tu nourrissais à son égard. des opportunités d'vie qu'elle étouffait avant même d'les avoir envisagé. les deux, kemen. je ne veux plus et je ne peux plus. c’est pas plus compliqué que ça. tu n'saisis plus ce dont elle a envie jill. celles-ci s'mélangeant trop bien à ce à quoi elle estimait n'plus avoir droit. et t'as l'intention d'vivre comment si t'arrêtes de bosser ? tes pupilles interrogent autant qu'tes mots. je sais pas quoi faire. je… j’ai pas les moyens de payer une nourrice. je suis seule, lila me demande énormément d’énergie, et j’ai peur de ne pas pouvoir tout… encaisser. le travail, lila, les nuits, les biberons, les couches. je suis toute seule. et j’ai l’impression que je m’en sortirais pas. tu l'écoutes et t'as la sensation d'avoir passé un cap. qu'enfin elle couchait ses craintes et c'qui la tenait éveillée la nuit. les mots étaient posés sur sa peur de n'pas y arriver et c'était un grand pas en avant. pourquoi est-ce que tu crois que j'suis là ? pour te montrer que j'veux être là pour toi, que j'demande rien d'autre que d'te tendre la main. et qu'les solutions, on les trouvera si c'est c'que tu veux toi. je peux pas la négliger. elle termine, te permettant d'assimiler et d'analyser chacun d'ses propos. tu lui diras quoi à ta fille plus tard ? tu commences en n'lâchant jamais son regard. tu lui diras que t'as tiré un trait sur ta vie quand elle est née ? et tu crois qu'elle le vivra bien ? tu veux la pousser à réaliser qu'elle fait fausse route. qu'en voulant à tout prix s'consacrer corps et âme à lila, elle négligera son propre bonheur qui finira par entacher l'sien à sa suite. elle sera jamais bien tant que tu l'seras pas jill. ta voix est calme, posée, ne souffrant aucun jugement. tu t'dois d'y mettre les formes si tu veux qu'elle accepte tes conseils.

— @jill warner

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je veux que ton corps,
m'envoie dans le décor.