ton latte noisette était une nouvelle fois terminée, tu étais déjà à ton deuxième depuis que tu as passé le pas dans ce café populaire. certainement un peu trop occupé dans tes études, tu bossais sur un dossier à rendre pour le mois prochain – et comme toujours, tu t’y prenais en amont. tes yeux se retirèrent de ton écran, regardant autour de toi pour voir si un serveur était non loin de toi. « un autre latte noisette avec un sandwich chèvres tomates s’il vous plait » dis-tu avec un grand sourire sur tes lèvres colorés de bordeaux. finalement, tu retournas sur ton ordinateur, étant bien obligé de brancher ton chargeur puisque la batterie était quasiment morte. préférant faire une petite pause, tu te connectas rapidement sous le pseudo de piabella sur le forum où tu as pris l’habitude de beaucoup discuter. un forum sur les amoureux des animaux mais vous étiez devenu une petite famille maintenant. tu étais d’autant plus proche de peanuts qui était pour ton plus grand plaisir connecté. un large sourire se dessina alors que tu cliquas rapidement sur le tchat rapide, te redressant sur ta chaise.
message de piabella à peanut:
peanut ! tu es connectée ? je croyais que tu travaillais aujourd’hui
tu appuyas sur la touche envoyée avant de finalement laisser ton dos se reposer sur le dossier de la chaise. la serveuse t’apporta rapidement ta commande, tu la remercias de ton sourire habituel. tu coupas le sandwich en plusieurs part et commença à manger tranquillement celle-ci. ton attention se porta bien vite sur un jeune homme qui venait de s’installer à la table juste devant toi. tu le reconnaissais, c’était celui qui t’a abordé quelques jours plus tôt. a en croire ces vêtements, il travaillait ici … ça tu ne l’avais pas remarqué la dernière fois. un plop retentit dans tes airpods, cela te fit sursauter et détourner le regard. peanut venait de te répondre.
Les nuits sont courtes, ces derniers temps. Les bonjours et mercis se confondent dans les engrenages rouillés de l'esprit de Minho, les cernes resserrées par le manque de sommeil. Combiner son travail au restaurant et dans ce café du centre-ville n'entraine pas un quotidien reposant ; mais sa mémoire, un brin rancunière, sait lui rappeler ce qu'il fait ici. Viser le sommet n'a jamais été de tout repos, pour personne. Alors il se donnera les moyens. Ses propres moyens. Pas ceux de son père, de la pitié de sa mère. Les moyens arrachés de la force de sa volonté, de l'intensité de sa détermination.
Elle a commandé un deuxième latte. Sourire malicieux dissimulé lorsqu'il observe sa collègue s'approcher de la table de la jeune fille. Malgré l'échec de sa première tentative, il ne peut s'empêcher d'éprouver un soupçon de satisfaction à jouer les espions. Une autre opportunité se présentera certainement, plus propice aux présentations - pourtant elle est là, juste là. L'âme-enfant s'éveille en même temps que l'écran. Une notification. Piabella. C'est le moment. Prenant à peine le temps de lire le message, il s'approche de la brune et s'installe à la table d'à côté.
message de piabella à peanut:
Relève la tête et tu auras ta réponse. Indice : je ne parle pas des cacahuètes devant toi.
La tête coincée contre son poing, le coude vissé sur le bois de la table, il observe avec attention sa réaction. Certainement ne s'image-t-elle pas qu'il puisse être un garçon. A quoi s'attendait-il, lui, au juste ? Réflexion qui l'étonne un instant. Piabella. Ça lui va plutôt bien. - Yep, je travaille aujourd'hui. Comment est le sandwich ? Il se redresse, vient s'installer en face de Piabella (puisque c'est le seul nom qu'il lui connait). Il aurait pensé être timide ; mais les choses sont si naturelles que les mots s'engagent tous seuls. Enchanté, moi c'est Peanut. Mais tu peux m'appeler Minho. Léger sourire ; les relations humaines n'ont jamais été son fort. Il repense à tous les mots échangés avec celle qui se retrouve enfin en face de lui. Finalement, elle n'a rien du tout d'une étrangère.
Ton sourire ne quittait jamais tes lèvres quand tu voyais peanut se connecté sur votre forum de discussion. Elle tombait pile au bon moment, toi qui avais décidé de faire une petite pause pour manger ton déjeuner (en retard mais peu importait). Le message fut rapidement envoyé, dégustant un bout de ton sandwich en attendant sa réponse. Ton attention se tourna bien vite sur une tête connue, tu l’avais déjà croisé le jeune asiatique face à toi… comme la dernière fois, où il tentait de te draguer. Tu secouas doucement la tête, ne souhaitant pas porter plus d’attention à ce jeune homme. Non, peanut a répondu et on peut dire que tu étais surprise de sa réponse.
Tes sourcils se froncèrent alors que tu relevas les yeux pour en effet voir un pot de cacahuète que tu n’as pas touché. Comment pouvait-elle être au courant ? Etait-elle ici avec toi ? Tu n’eus pas le temps de faire ton analyse de la pièce qu’une voix retenit face à toi. Le fameux asiatique te faisait face et sortait des mots plutôt incompréhensibles. Était-il fou ? était-il un stalker pour connaître le pseudo de ton amie et le tiens ? « tu es qui ? est-ce que tu es un stalker ? » demandas-tu en fronçant les sourcils. Tu n’étais clairement pas prête à faire face à ce genre d’individu. Est-ce qu’il fallait appeler la police ? « tu me veux quoi ? » demandas-tu en te reculant un peu pour ne pas être à sa mercie s’il décidait de t’attraper. Ne sait-on jamais. Tu ne le quittais pas des yeux. « tu n’es pas peanut n’est-ce pas ? peanut est une fille » mais au fond, tu n’en savais rien. Peut-être qu’elle n’était pas une fille mais un garçon. Peut-être était-ce réellement lui ? tu peinais à le croire, ça te blessait même intérieurement… tu étais perdue.
Elle fronce les sourcils, marque son hésitation et sa méfiance sur son visage porcelaine. Un stalkeur ? A son tour, Minho se pince les lèvres. D'où lui vient une telle idée ? Sa réaction l'étonne, le déconcerte même, un brin blessé par les soupçons de celle qu'il arrive aujourd'hui à considérer comme une amie, bien que cette rencontre inattendue relève dans leur relation des ondes humaines bien moins confortables que celles des écrans. Mais en entendant sa dernière phrase, son visage s'illumine de surprise. Une fille ? Tout semble plus clair dans son esprit. Bien qu'intrinsèquement lié à la nature virtuelle de leur relation, il semblerait que depuis le début, Piabella se fourvoie sur l'identité de son ami(e). Ne pouvant retenir un léger rire, entre amusement et soulagement, Minho attrape son téléphone, ouvre leur dernière conversation et tend le smartphone sous le nez de la jeune femme. - Une fille ?! Regarde, je suis bien Peanut. D'un signe de tête, il l'invite à prendre son téléphone pour prouver ses dires. Et à ma connaissance, je suis un garçon. Qu'il plaisante naturellement. Il attrape une cacahuète, la mâche rapidement avant de redresser le regard vers Piabella. S'il a appris à connaître l'histoire de la jeune femme et sa sensibilité à travers ses confidences, Minho se rend compte avec ses questions que lui ne s'est jamais vraiment dévoilé, du moins pas énormément au delà de son caractère. - Je fais si peur que ça ? Demande-t-il en penchant la tête, à moitié inquiet. La dernière fois, c'est pour ça que j'ai essayé de venir te parler. Ajoute-t-il avec un léger regard amusé, presque moqueur, se souvenant de la manière dont elle l'a congédié. Donc ton prénom c'est Piabella ?
Le regard posé sur le jeune homme en face de toi. tu te demandais réellement s’il s’agissait d’une caméra caché. Comment il a pu savoir qu’il s’agissait de toi ? tu n’as jamais donné un seul indice sur ton toi physiquement. Tu restais septique attendant des réponses de sa part. Pour toi, Peanut était une fille, cela a toujours été ainsi… mais maintenant, tu pensais honnêtement qu’iel ne t’a jamais dit son sexe. « d’accord… tu es peanut et j’avoue me sentir bête de m’être autant ouvert à toi » tu n’as jamais réellement pensé à lui faire face un jour. Il était ton ami imaginaire, en quelque sorte. Ton regard se posa un peu plus sur son physique. Il était bel homme. Quand tu as imaginé Peanut, tu la voyais plutôt simple avec des lunettes… une demoiselle un peu nerd mais agréable à souhait… brune et occidentale. Il était totalement l’inverse.
Tu grimaças légèrement, passant une main dans tes cheveux bruns pour les remettre en arrière. « J’ai cru que tu étais venu me draguer alors… j’ai répondu froidement. Désolé, c’est plutôt bête » dis-tu en rougissant tout de même un peu. Tu passais clairement pour une folle. Pourquoi serait-il venu te draguer ? tu es une fille plutôt banale quand on regarde bien. Certes, on est déjà venu te demander ton numéro mais tu n’as jamais été capable de le donner… trop timide, trop suspicieuse. « Je m’appelle Paloma mais on m’appelle Pia et toi ? » parce que finalement, il ne s’est jamais ouvert à toi. tu ne sais rien de lui, tu ne savais même pas son sexe… au fond, ça te vexait tout de même. « Comment tu as su que c’était moi piabella ? le monde est petit mais c’est un sacré hasard tout de même » dis-tu en attrapant ton bout de sandwich pour recommencer à le manger tranquillement.
Bête. C'est le mot qu'elle emploie. Elle se sent bête, de s'être livrée, de lui avoir fait confiance. Au début, ça le surprend, et ça se voit sur son visage. Et puis, finalement, ça le blesse - mais ça, il ne le montre pas. On ne parle plus de taper sur un clavier, maintenant ; les mots n'ont plus la patience et le temps de réflexion des pixels. Les émotions, elles, sont réelles. Minho détourne le regard. Alors...
Il n'a pas le temps de réagir, ni même d'y penser davantage. Elle s'excuse pour la dernière fois. Il lui fait un signe de main, tentant de reprendre un peu de contenance dans un sourire alors qu'elle se présente. Paloma, bien qu'on la surnomme Pia. Encore attaché au surnom, il est compliqué pour Minho de lui assimiler cette nouvelle identité - aussi agréable soit-elle. Qu'il s'agisse du patronyme ou du physique, d'ailleurs. - Minho. Je ne mentais pas tout à l'heure. Et c'est pas grave pour la dernière fois, au moins tu n'es pas du genre trop naïve... Plaisante-t-il dans un léger rire. Après tout, comment aurait-elle pu le reconnaître, si elle ne pouvait l'imaginer comme un homme jusqu'à présent ?
Un sacré hasard. Sa poitrine se soulève dans un soufflement amusé. Comme un fil de destin qui les a menés à se retrouver ici, face à face, dans ce café. Quelle était la probabilité ? Minho ne sait pas s'il croit à sa chance ou sa bonne étoile ; peut-être y a-t-il simplement certaines choses qui ne s'expliquent pas, qui ne s'expliquent jamais. - Tu m'avais envoyé une photo de ton smootie, si je me souviens bien... Et comme tu t'imagines, je connais la carte de cet endroit par cœur, j'ai tout de suite compris que c'était toi. Il hausse les épaules, jetant un coup d'oeil à sa montre. Il a encore le temps avant la fin de sa pause. Se grattant nerveusement le haut du crâne, Minho reprend après un léger silence. Alors comme ça, tu n'aurais pas... Enfin, ça t'aurait déranger de discuter avec moi si tu avais su que je suis un garçon ? Trahissant une légère amertume, il plonge son regard dans celui de Pia, entièrement, pour la première fois. Et dans ces pupilles, il peut voir le reflet de tout ce qu'elle lui a déjà confié.
Totalement bête de penser qu’il puisse venir te draguer. Enfin, tu étais loin d’avoir imaginé Peanut ainsi… au fond, c’est peut-être de ta faute, tu ne t’es pas réellement intéressé à la personne derrière son écran. Il faut dire que Peanut n’était pas des plus bavards quand il s’agissait de parler d’elle… enfin de lui. « On peut dire que je ne le suis pas autant que je le pensais » mais ton frère t’a assez répété qu’il fallait que tu fasses attention à qui tu parlais et à qui tu donnais ton numéro. Il y a tellement de situation étrange à NY, mais tu étudiais la criminelle donc ça t’aiderait récemment. Tu lui souris doucement quand même, ayant besoin d’un peu de temps pour digérer que tu t’étais ouvert à un homme.
La situation était gênante, mais tu savais que les choses allaient changer dans peu de temps. Tu finis par lui demander comment il a su que c’était toi. tu rougis quand il te l’expliqua, comprenant alors que tu t’étais beaucoup ouvert à Peanut comme une confidente, une meilleure amie. « Ah oui, je me souviens. Je t’envoyais beaucoup de photos sur ma vie. J’espère que ça ne t’a pas trop dérangé » dis-tu en grimaçant. Parfois, tu étais sûrement un peu trop déclaratif. Tu ouvris la bouche surprise, la refermant par la suite pour prendre quelques secondes pour réfléchir. « Je pense que je ne t’aurais pas dit autant de chose si j’avais su que tu étais un garçon comme… quand je fais pipi au lit parfois à cause de mes terreurs nocturnes » ça c’est clairement la honte. Minho doit le voir d’un autre œil maintenant, ça aurait été différent si ça avait été une fille. « Après, je ne peux pas savoir réellement comment j’agirais puisque tu étais une fille à mes yeux. On aurait pu avoir une relation totalement différente » tu veux dire par là qu’il aurait pu être un meilleur ami, un crush ou même une simple personne lambda avec qui tu discutes sur le forum.
Loin de se détendre, Pia semble s'enfoncer dans un malaise visible à mesure que les secondes défilent. D'une certaine manière, le pourpre de ses joues attendrit Minho et lui inspire une certaine tendresse, masquée derrière un brin d'amusement. Elle a cette innocence qu'elle semble cacher aux yeux du monde entier ; mais lui sait ce qui se cache en elle, ce qu'on peut lire entre la couverture et le résumé. Il sait que derrière ces airs de poupée, il y a une battante. Une jeune fille qui, du haut de sa vingtaine d'années, semble déjà avoir vécu plusieurs vies, plusieurs éternités. Parfois, la souffrance se partage : elle peut avoir honte, lui s'estime chanceux de soulager un peu le poids qui pèse sur son cœur. - Non, ça ne m'a pas dérangé. Avoue-t-il sans aucune gêne dans sa voie, le visage neutre, presque en décalage avec le ressentiment certain de la jeune fille. En réalité, il a beaucoup apprécié discuter avec elle. L'écouter, la rassurer, la conseiller. Il a rarement parlé de lui, ne laissant transparaître dans ses messages que des bribes de sa personnalité, parfois quelques banalités, mais n'est jamais rentré dans des torsions personnelles et arrachements de pensées. Minho n'a jamais été vraiment du genre à se mettre en avant, à polir son ego et sa fierté. Surtout, il sait reconnaître quand quelqu'un en a besoin.
Elle lui avoue qu'elle ne se serait certainement pas autant confiée, si elle avait su qu'il était un garçon. Compréhensible. Il hoche la tête légèrement. Elle aborde ce fameux message, dont Minho se souvient de chaque ligne, de chaque phrase - comment l'oublier. Les fameux accidents nocturnes ne font cependant pas partis des mots qui l'ont marqué ; la mort de ses parents, sa relation avec son frère et sa grand-mère, les difficultés qu'elle rencontrait à dormir, sourire, distinguer le faux du vrai, et la nuance qu'elle devrait porter. Voilà ce dont il se souvient. - Oh, ça... Tu sais, chacun a ses petits soucis à gérer. Perso, j'ai toujours eu peur du noir. Il croise son regard. Si, c'est vrai. Je dors même avec une veilleuse, parfois. Peut-être qu'il exagère un peu. En réalité, la dernière fois remonte à quelques années. Loin de lui l'idée de prendre la situation de Pia à la légère ; il aimerait simplement dissiper un peu son embarras. Essayer du moins.
Une relation différente. - Ah bon ? Comme quoi ? Ça lui échappe, sans réfléchir. Alors, il lui vient à l'esprit, quel genre de relation différente ils auraient pu avoir. Les grands yeux marrons profonds de Piabella lui semblent soudain plus intimidants. Il tente de changer de sujet. Est-ce que tu dors mieux, maintenant ? Tu as l'air plutôt en forme. Il faut dire que je n'ai pas beaucoup de point de comparaison, aussi. Ajoute-t-il, un brin maladroit.
Certainement que tu passais pour une folle face à ce garçon que tu croyais fille au début. Mon dieu, savoir qu’il était au courant de tout ce qui se passait dans ta vie, ça te mettait plus que malaise. Surtout maintenant que tu pouvais l’observer sans pour autant paraître pour une fille folle. Il était plutôt beau garçon, bien que mystérieux. Qui était-il ? tu n’en avais aucune idée… Peut-être que tu regrettais de t’être ouverte aussi facilement. Après tout, il semblait être un garçon gentil mais il valait mieux toujours se méfier dans ce genre de situation. « Ca me rassure alors » bien que cela t’a dérangé tout de même de ton côté. Heureusement, c’était des photos plutôt banales de ton repas, de tes nouveaux achats, de la vue de ta chambre. En bref, rien de dangereux à exposer… ça revient à tout mettre sur instagram.
C’était certain que tu n’aurais pas dévoilé tes hontes, surtout quand tu vois à quoi il ressemble. Loin d’être un garçon boutonneux, nerd. Nan, il est vraiment beau garçon et tu te doutais déjà qu’il devait avoir quelqu’un dans sa vie. Bien sûr, tu espérais surtout ne pas avoir de problème. Tu connaissais assez les filles pour savoir que c’était plutôt difficile de discuter avec un homme maqué. Les filles et leurs jalousies, enfin certainement que tu le seras un jour mais pas autant tu l’espérais. « Tu as peur du noir ? réellement ? » toi, tu mates beaucoup de film d’horreur, certainement pour éviter de t’endormir. Tu as si peur de faire des cauchemars et tu n’as aucunement envie d’embêter ton frère à chaque fois. Tu souris doucement, reposant ton regard sur ton sandwich que tu grignotais tranquillement. « C’est pas une situation facile, mais tu peux au moins dormir » dis-tu en soupirant doucement. Heureusement que tu étais doué pour cacher tes cernes avec un maquillage naturel. Bien que maintenant, tu n’as plus autant de sommeil qu’à l’époque.
Tu haussas les épaules à sa question. « Différente, baser sur d’autres choses que la confidence » dis-tu sans trop oser le regarder. Ta crinière bougea négativement en rythme avec ton visage. « Nan, je galère toujours autant à dormir. Je dors avec mon frère parfois, il n’y a que quand il y a quelqu’un avec moi que j’arrive à fermer l’œil et ne pas faire de cauchemar » et tu te demandes si tout ne se passe pas dans ta tête au final. « Mon maquillage aide beaucoup, en vrai j’ai des cernes bleutés » dis-tu honnêtement. Tu finis par manger la première partie du sandwich. « Tu as ta pause jusqu’à quelle heure ? tu en veux ? » parce que tu ne voyais rien devant lui. Allait-il manger ?
Minho essaye de décrypter, à travers les iris de Pia, le flux de ses pensées. Le nouvel avis qu'elle se fait de lui. L'évolution de ses ressentis à son égard. Parviendraient-ils à garder leur complicité, leur simplicité, après cette rencontre ? Quelque chose l'en fait douter. Son regard qui s'égare sur les traits fins, parfaitement dessinés et harmonieux de Paloma, peut-être. Il veut essayer de la rassurer. En réalité, trainer sur des forums a d'abord été un passe-temps facile, intuitif. Il adore les animaux, et discuter avec des personnes qui partagent cette passion lui a permis de combler ses rares moments d'ennuis. Et puis il a rencontré Piabella ; et les véritables raisons de ses connexions ont totalement changé. Touchante par sa sensibilité et son histoire, elle s'est approchée petit à petit plus d'une amie que d'une distraction, et il a vite compris qu'il devenait un pilier quotidien. Minho aimait ce rôle. Et aujourd'hui, il souhaite l'honorer en personne, et lui prouver qu'il n'y a rien de tordu ou étrange dans sa démarche.
Il hoche la tête à sa question, n'osant pas lui avouer que s'il a longtemps eu peur du noir, il ne s'agit certainement pas des mêmes difficultés que les siennes. Et la peine qu'il lit par la suite dans son regard le touche en plein cœur ; Minho voit la fissure, la fêlure, dans l'âme de Pia, et il n'y a rien de plus dévastateur. Il écoute la suite, ignorant volontairement la remarque sur l'autre type de relation qu'ils auraient pu entretenir, retrouvant les yeux ébènes de la jeune fille une fois le court moment d'embarras passé. Difficile d'échapper au charme naturel qu'elle dégage, à son charisme presque envoûtant lorsqu'elle conte ses récits. - Tu n'as pas à avoir honte de tes cernes. Déclare-t-il dans un sourire en calant son menton dans sa main. J'aime bien le bleu moi. Dans son humour décalé et propre à lui-même, Minho tente de lui arracher un soupçon de bien-être, et peut-être un peu de réconfort. Je suppose que tu y as déjà songé mais... Tu as déjà essayé de consulter quelqu'un ? Je veux dire, pas forcément un psy ou quoi, mais je sais pas, un hypnothérapeute, un sophrologue ? Parfois, aussi fort qu'on puisse être, on a juste besoin d'un peu d'aide... Souffle-t-il, pas particulièrement convaincu de lui-même et sachant le sujet délicat. Il n'est pas sûr de se rappeler avoir abordé ce sujet avec Pia, mais il pourrait s'agir d'une piste de solution.
Elle lui demande s'il a déjà mangé, et Minho reprend un peu de contenance face à la question. Qu'il prend d'ailleurs comme une sorte d'invitation, et au delà de le rassurer, l'idée lui plaît. - Non non, t'inquiète pas, on mange tôt avant le service du midi pour ne pas être en manque d'effectif à ces horaires. Coup d'oeil à sa montre. Je vais bientôt devoir reprendre. Et tu as l'air d'être occupée... Mais si tu veux, on peut se rejoindre une fois que j'ai fini, et que toi aussi... ? Il bafouille un peu. Face à Pia, il lui semble soudain bien plus compliqué de la considérer seulement comme Piabella. Tu pourrais m'expliquer sur quoi tu travailles, ça a l'air intéressant. Ajoute-t-il rapidement, se grattant nerveusement l'arrière du crâne. Il ne voudrait pas qu'elle prenne sa proposition comme des avances - une mauvaise expérience suffit. Bien que quelque chose au fond de lui semble s'animer à l'idée de pouvoir la retrouver.
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Sujet: our first meet, got me crazy (minho) 
Mer 10 Mar - 22:14