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 Confession d'une enfant du siècle

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Céleste Gainsborough;

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Céleste Gainsborough



Nastya Kusakina
WALDOSIA (avatar)
Grisha, Virgil, Orphée, Messaline, Eleusis
303
966
33
Elle n’a d’yeux que pour son mari.
Dans la chaleur du temps et des notes, dans l’ardeur du violon et du piano, de la harpe et de la flûte. Nous pouvons la voir sur quelques scènes qu’elle choisit avec méfiance, toujours son air légèrement inquiet.

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Message Sujet: Confession d'une enfant du siècle   Confession d'une enfant du siècle Empty Sam 19 Déc - 11:06

Confession d'une enfant du siècle


    Il est des jours où la femme ne semble pas heureuse, toujours abordait-elle sur son visage une mélancolie propre à ses desseins, à ses pensées ; Céleste avait abandonné sa carrière. Pour son hyperémotivité, cette sensation dans le coeur qui ravageait la raison, cette grande intensité de malheur, de douleur, quand elle poursuivait, enquêtait, analysait. Elle avait suivi les règles de Quantico, les procédures, avait appris à travailler en équipe quand son esprit lui demandait de s’enterrer dans la solitude. Ce bien-être de l’introvertie. Elle marche sur les pavées des ruelles de ce quartier riche du Queens, songeuse, la tête baissée, le regard rivé sur les stries et la saleté des millions de chaussures que foulent le macadam. Elle se sent bien, protégée, sur ce boulevard où se soulèvent déjà quelques cafés, quelques passants venus pour profiter des derniers rayons d’un soleil fatigué des lourdeurs de l’été. L’automne a traversé les périples d’un nouveau climat, les feuilles ont chuté sans que les hommes les aperçoivent, les températures se sont haussées, sans distinction. Vous souffrez de ce nouveau trouble, cette éco-anxitété.
Dans le bureau de ce nouveau psy, elle aurait voulu répondre qu’elle souffrait surtout d’une culpabilité d’être née. Elle s’était tu, se trouvant encore une fois ridicule, pathétique. Ne peux-tu pas être joyeuse un peu, avec ta gueule de déterrée, on dirait que j’ai enfanté Cosette ! Les paroles d’une mère hantaient son sommeil, l’empêchait de dormir. Même les échos de Césaire ne furent pas puissant contre le flot de haine que lui avait réservé sa mère. Mais pourquoi suis-je si attachée à mon père ? La question avait flirté sur ses lèvres, dans un murmure l’avait libéré. Puis, discrètement, avait observé le compagnon de son aventure introspective ; on lui avait conseillé ce psy spécialiste dans les traumatismes. Je n’en ai pas, première réaction, le rejet. Les sourcils de Claire s’étaient froncé, la moue suspicieuse. Elle avait insisté, connaissant bien le silence de son amie ; Céleste ne parlait pas pour ne rien dire, elle favorisait son psychisme, se bâtissait un monde protecteur mais vampirique. Tu te coupes de tout ! Cela était vrai, en parti. Depuis son mariage, depuis sa rencontre avec son mari, Céleste s’était ouverte, pour lui, par amour. Mais sitôt qu’il partait loin d’elle, ses mauvaises habitudes de repli forgeaient leur nid dans l’angoisse perpétuelle. Elle avait avoué dans un mouvement de crainte, de pleur et de vulnérabilité qu’elle était soulagée de ne plus avoir sur les épaules une trop grande responsabilité. Maintenant femme au foyer, elle s’occupait de Rose, cela lui convenait.
Le serveur lui a indiqué une table à l’ombre des oreilles indiscrètes, Monsieur Orlov lui avait proposé un autre lieu dans lequel se voir, loin d’un bureau impersonnel sentant fort l’effluve masculine, il avait insinué qu’un lieu publique lui serait plus confortable. Elle avait approuvé, soulagée. Céleste, quand il s’agissait de l’intimité, avait des réactions de peur grandiloquente et des questionnements étouffant. Encore Césaire avait effacé son effroi, par ses grands yeux océan et sa voix rassurante, par ses gestes d’amour et de protection, elle avait oublié tous les doutes qui embrayaient sa confiance. Penchée sur son carnet dont elle encre les pages blanches, rapide, elle entend le pas familier de son médecin.

@Grisha Orlov


(c) élissan.
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