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 (médée) le chant des abysses / tw violence

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Message Sujet: (médée) le chant des abysses / tw violence   (médée) le chant des abysses / tw violence Empty Jeu 10 Déc - 18:52


le chant des abysses
@médée marlowe


des sirènes dans la tête, et les flammes de l’incendie. il n’a fallu que quelques mots, rien que quelques mots pour que tout se déchaîne. son coeur tambourine contre ses côtés, et son souffle est plus saccadé, alors que ses yeux tombent sur l’écran de son smartphone. il ouvre toujours ses messages, toujours, qu’importe la réunion dans laquelle il se trouve. médée… une vignette rouge pour trahir l’attachement, la pulsion. le sang de la famille dans les veines, qui sourde comme une malédiction. il lit mais il ne comprend pas. il lit, en réalité il ne comprend que trop. tout son monde s’arrête, il suspend d’un geste la phrase de gladia, sa secrétaire personnelle, qui expose sur le projecteur des colonnes de chiffres, des graphiques de couleur. mais il n’y a plus rien. plus rien qui puisse l’atteindre. si ce n’est les mots de médée, et la vignette rouge. rouge. voile plein de sang qui nargue sa vision périphérique avant d’envahir tout son monde. il sort, il ne dit rien de plus, il sort sans même se retourner, s’excuser, ou parler. les mots se retiennent pour ne pas devenir des cris. louis le suit, le poursuit, comme il en a pris l’habitude ces derniers temps, une ombre parmi toutes les autres. il connaît suffisamment james pour comprendre que l’heure est grave, et que s’il y a une précipitation notable dans sa démarche, et aucune attention à ses allures alors qu’il traverse les bureaux, croise des gens qui lui parlent mais qu’il n’entend pas, c’est qu’il s’agit d’elle. louis respire, louis conserve son sang froid, mais il ne lui faut qu’un seul regard de la part de son employeur, dans la cage trop petite de l’ascenseur pour ressentir, le mélange de peine et de fureur, d’impuissance et d’horreur.

je te l’avais promis. de te protéger, de te garder de tout le mal qui pourrait t’arriver. d’être toujours présent pour soigner tes blessures, et surtout te les éviter. prendre pour toi l’affliction endurée, pour que tu puisses toujours apparaître, inchangée. inaltérable beauté à la froideur équivoque, que personne ne peut frôler, ou atteindre. à part moi.

la tête lui tourne, ses doigts pianotent trop vite, il demande des indices, des détails, n’importe quoi qui puisse déchirer le voile rouge qui continue de pulser sur sa réalité. elle est en vie. elle est en vie, c’est ce qu’il ne cesse de se dire, de se rappeler. un mantra devenu religion, lui qui ne croit en rien si ce n’est en eux. eux prêts à pourfendre toute l’humanité si cela s’avérait nécessaire. mais aujourd’hui. oui aujourd’hui, on aurait pu la lui arracher. sa soeur, sa lueur, son double. il se sent estropié, rien que d’y songer, rien que de se confronter au drame qui ne peut plus se déguiser. il appelle leur enquêteur le plus doué : ted est une machine de guerre, toujours prompt à violer les lois des hommes et même celles des dieux, pourvu qu'il puisse leur apporter la délivrance dans leurs aspirations sanglantes. james résume, des mots cliniques, froids, acérés, qui tombent tels des couperets : paul prescott était à 12h43 dans le parking au coin de york et de la 79th. envoyez vos hommes immédiatement là-bas. et traquez-le comme un chien. vous me le retrouvez. vous le confiez à louis, uniquement à louis, qui vous attendra à l’entrepôt. je vous donne trente minutes. trente. vous récupérerez aussi le cadavre d’oscar là-bas. ah et ted : il a trahi la famille, on se comprend bien, j’espère ?

ted a parfaitement compris. il lui a assuré qu’il aurait des nouvelles de prescott d’ici moins de trente minutes et james a pu respirer. louis a un peu maugréé, il n’a pas reçu l’ordre de le quitter, plutôt de le coller comme un désespéré. mais l’état de james et la colère qui transpire par tous les pores de sa peau ont dû fléchir quelque peu sa détermination. puis avec ce qui se passe, james ne fait confiance qu’à louis, et à ted. à personne d’autre dans leur cercle plus large… si paul a trahi les marlowe, ils peuvent être plusieurs, déguisés dans les ombres, à attendre de les frapper. qu’ils viennent, qu’ils viennent alors, et qu’ils rencontrent tous leur destin. funeste, funèbre. sur le front de james les soucis tracent une dureté qui le ceint telle une couronne d’acier, tandis qu’il conduit la maserati. il ne voit strictement rien, uniquement le trajet qu’il lui faut emprunter, qu’il calcule avec un automatisme que seule l’adrénaline peut instaurer dans des moments comme celui qu’il expérimente. on l’a blessée. on l’a touchée. et dansent dans ses prunelles, à l’orée de la couronne du roi, tous les enfers prompts à se déchaîner, sur les ennemis qu’il n’identifie pas. est-ce un cadeau de leur part ? est-ce une juste vengeance des ferreira ? il peine à déglutir ou à songer avec clarté. quelque chose ne cadre pas.

pour atteindre le millenium, il lui faut un quart d’heure. la circulation peint des lueurs criardes sur le voile rouge qui continue de tout engloutir. la vie devient monochrome, un linceul pour pervertir tous les idéaux trompés par l’infamie de la trahison. le hall. l’ascenseur. l’étage du penthouse. la carte magnétique de la suite. celle qu’ils ont l’un et l’autre, car la suite est le repli stratégique qu’ils ont trouvé. ne pas rentrer au manoir si jamais l’un ou l’autre se retrouve en position de faiblesse. jamais, car c’est là qu’ils viendront les chercher. le sinners ne sera pas assailli, impossible vu la sécurité. mais la maison familiale par contre… james a la présence d’esprit, au moment où il introduit le pass dans la porte, d’envoyer le message codé à irène et à moira. celui qui signifie qu’il ne faut pas rentrer chez soi avant de savoir qui attente à leur existence. les dieux vacillent, le sang versé rappelle la couleur de leurs pieds d’argile. la porte le dévoile, il balance sa veste sur le canapé, comme si tout devenait désormais une entrave et il fonce vers la chambre où il perçoit deux timbres, celui de sa soeur, clairement excédé, et celui de newton, leur médecin qui lui demande de rester tranquille. tu devrais l’écouter. c’est tout ce qu’il dit. des mots, des mots absents pour ravaler ceux qu’il ne peut prononcer, qu’il ne peut pas hurler non plus. il est blême, et dans ses yeux la folie se love pour donner d’autres nuances au regard qui cherche à embrasser l’offense. celle qu’on a faite à médée, et donc à lui. il compulse, il voit, il laisse la violence des blessures envahir tout son être, le répugner, le révolter. tout cela ensemble, alors qu’il oublie de respirer. le visage de sa soeur est tuméfié, et l’épaule qu’elle porte en écharpe montre que le bon docteur l’a remise en place. l'état de son chemisier lui arrache un juron qui filtre entre ses dents serrées. il approche, la précipitation donne à sa posture des accents virulents, comme s’il se retenait de broyer quelque chose qu’il ne peut ni saisir, ni retenir vraiment. les émotions sont légions, et toujours son coeur bat, combat, l’instinct guerrier bouillonne dans ses veines.

james fronce des sourcils, ses traits demeurent statufiés, illisibles. seuls ses yeux continuent de laisser filtrer tout ce qu’il ressent, qui l’inonde et le noie. newton s’efface, au moment où il s’assied auprès d’elle, sur le lit, et qu’il lui tourne le dos un instant, pour passer une main tremblante sur son visage. elle est en vie. elle est en vie. il la regarde soudain par dessus son épaule, moins pour l’inspecter désormais plutôt que pour vérifier qu’elle est bel et bien là, auprès de lui, et pas là-bas, poupée éventrée sur le béton armé du parking. son timbre est plus rauque : qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? je veux savoir ce qu’ils ont osé te faire. chaque détail, chaque blessure, chaque injure. il n’est pas encore capable de la rassurer, la douceur crève sous les sursauts brûlants de ses idéaux de massacre.

qu’est-ce qu’ils ont fait de toi, de ton corps, de ta brutalité. qu’est-ce qu’ils voulaient arracher à ta bouche qu’ils ont fendue sous leurs coups assassins ? qu’est-ce qu’ils voulaient te faire avouer, te faire dire ? trahir à ton tour, quand ils ne comprennent pas, que tu ne peux, que tu ne veux pas. me tromper moi, ou même ta famille, voilà une fable bien impossible. si oscar n’avait pas été là, auraient-ils achevé le mensonge, à coup de talons, avant de tirer une balle sur ton front ? si paul n’avait pas été lâche, t’aurais-je retrouvée, noyée dans l’onde, force entravée par l’indigne destinée dont j'ai toujours voulu te protéger ? tu es en vie, tu es en vie. mais ça n’est pas assez. ça ne suffit pas à m’apaiser. car ton sang a été versé et que je ne cesserai d’entendre les cris de la bête, réclamer son tribu malsain, que lorsqu’ils auront versé le leur, juste au creux de mes mains.
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Message Sujet: Re: (médée) le chant des abysses / tw violence   (médée) le chant des abysses / tw violence Empty Jeu 10 Déc - 22:00


Les yeux dans le vague, les sourcils froncés, elle s’agace Médée quand le médecin l’examine sous toutes les coutures. Ses mains glacées agrippent sa peau ici et là, ses gestes ne sont pas doux, seulement méthodiques et il l’observe par-dessus ses lunettes rondes. « l’épaule est déboitée, il faudra passer quelques radios, peut-être un scanner… » elle ne répond rien la blonde, n’a même pas un hurlement de douleur quand Newton lui remet l’ossature en place. C’est qu’elle ne ressent rien. Le cerveau et les nerfs anesthésiés par les dernières heures. Son père aurait été fier. Elle a abandonné son téléphone sur la table de chevet, ne s’occupe plus des vibrations incessantes parce qu’elle sait qu’il est en chemin. A l’heure actuelle, il est le seul qui compte.

Elle n’a que faire de sa lèvre fendue, des ecchymoses qui se dessinent aléatoirement sur son épiderme. De sa joue à son bras en passant par son ventre qui devrait la faire souffrir si elle n’était pas si éteinte. La Marlowe accepte mal ses moments de faiblesses, ceux qu’elle n’a plus connu depuis l’enfance. Elle ne s’est jamais sentie cible, toujours sur le qui-vive, toujours cinq coups d’avance sur chacun de ses adversaires. Toujours. Sauf aujourd’hui. Le karma s’est joué d’elle, lui attirant toutes les foudres qu’elle avait jusqu’alors fait tomber. Sur l’écran de ses paupières, elle voit encore le corps d’Oscar se noyer dans une mare de sang. Le médecin s’empare du tissus qui la couvre et tente de le relever, elle gigote, siffle une insulte excédée par ce trop-plein d’attention. « je n’ai rien, vous pouvez me laisser à présent. » il insiste, comme à son habitude. C’est que cet homme connait la famille depuis des lustres, son salaire, il le mérite. « tu devrais l’écouter. » elle maudit la voix de son frère, la raison qui prend le dessus sur ses envies de meurtres. Alors elle cède, se laisse examiner pour la dernière fois. L’homme frôlent les côtes, « vous avez de la chance qu’elles ne soient pas broyées. » elle soupire Médée, « bien, bien, maintenant, partez. » l’ordre sonne, mais Newton avise James, l’homme de la famille le seul dont les ordres prédominent. « putain, dégage Newton. » ce seul cris l’essouffle. Elle n’a toujours pas regarder son frère. Elle en est incapable. Pas comme ça, pas dans cet état. Pas maintenant qu’elle ne transpire rien d’autre que la faiblesse nauséabonde.

Rien de tout ça n’aurait dû arriver.
Elle aurait dû être plus prudente, se méfier de cet homme, se méfier de tout les hommes comme elle l’a toujours fait. Son seul soulagement et que si ça n’avait pas été elle, ç’aurait pu être James ou Moïra. Elle ne se le serrait jamais pardonnée. Préfère se savoir réduit en miettes que de risquer leurs vies à eux, même celle d’Irène. C’est pour dire. Elle n’a pas besoin de lever ses iris vers lui pour se laisser envahir part toute son angoisse, toute sa rage, de sa place sur le matelas elle est même certaine d’entendre le cœur de son frère battre la chamade.
Elle s’en veut.
Sa mâchoire se crispe quand il approche. Ne me regarde pas, s’il te plait, ne me regarde pas. Mais elle sent son regard vissé sur elle, elle connait la mal qui le ronge pour l’avoir mille fois ressentis. S’attaquer à un Marlowe, c’est plus dangereux que s’enfermer dans une cage avec cinq fauves. « qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? je veux savoir ce qu’ils ont osé te faire. » Médée passe sa main valide dans ses cheveux court, cherche une façon de contourner cette question, rien ne lui vient assez rapidement : « ça n’aurait jamais dû arriver. » son ton est las, épuisé, désabusé. La cadette s’enferme dans les méandres de ses actes manqués. Ses sourcils sont froissés par le soucis qu’elle lui cause. Elle se tourne légèrement, sent l’impatience de son double. « ils ont voulu joué le gros bras.. c’était une embuscade, je pense, c’est certain.. mon rendez-vous était un prétexte, je devais revoir quelques points avec les Osborne, un de leurs gars était venu s’amuser à une de nos table de poker et avait fait pas mal de dégâts suite à sa défaite -bien évidemment, il était reparti avec la moitié de sa mise.. elle s’égare Médée, tourne autour du pot parce qu’elle ne veut pas revivre l’instant, enfin, ils étaient quatre ou cinq, peut-être six, je n’ai pas compté james. elle se sent stupide, secoue la tête regardant toujours dans le vide, j’avais laissé mon arme dans la voiture, ils m’ont attrapé, m’ont ligoté à une chaise comme dans une de ses séries à la con. putain. ils voulaient des informations sur… Irène. » savoir d’où elle venait, ce qu’elle manigançait, « et sur nos affaires en cours. ils voulaient des noms, des chiffres, des comptes en banques. Je t’avoue que je ne sais même pas leur véritables motivations. » ça a duré des heures, « ils ne m’ont rien fait de très .. grave. Ils n’ont pas réussi. Oscar s’est interposé, c’est pour ça qu’il est… » Médée se tait, n’accepte pas le sort réservé à celui qui faisait partie -à son sens- de la famille. « Ils ont tué Oscar bordel. » que vont devenir sa femme et ses enfants, eux aussi, fortement liés aux Marlowe depuis des années. « Je veux savoir qui ils étaient James et je veux le savoir, tout de suite, tu m’entends. » elle s’époumone à présent, la rage revient comme un raz de marée dévastateur. Elle s’est redressée, s’est débarassée de l’écharpe encombrante en la jetant au sol. « Merde, merde, merde ! »


@James Marlowe
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Message Sujet: Re: (médée) le chant des abysses / tw violence   (médée) le chant des abysses / tw violence Empty Sam 12 Déc - 17:19


le chant des abysses
@médée marlowe

mélopée ténébreuse qu'il ne peut plus pousser, il y a dans l'impuissance qui contracte son corps et envahit sa tête autant de dégoût que de douleur. il ressent la peine et l'outrage jusque dans les replis de son coeur, y pressent les vertiges de la chute sans savoir qui de lui ou d'elle a su la dessiner. les blessures de sa sœur n'ont rien à voir avec celles qu'il portait presque fièrement la semaine passée, il y a dans chaque ecchymose une condamnation larvée. vénéneux poison qui rend forme humaine à une divinité, il n'y a pas plus grand blasphème que cela. james enrage d'être le témoin de cette déchéance qu'il sait être un tourment bien pire pour médée que les blessures que l'oeil peut saisir. simples stigmates qui bientôt disparaîtront, le temps les effacera. les autres par contre, ceux qui sont venus arracher une parcelle de son âme, il ne sait pas. alors il ressent cette colère maligne, envahir chaque veine, cavaler sur les os pour les rendre aussi douloureux que ceux de sa soeur. impossible calvaire que cette sensation dont il hérite, lui qui a si soigneusement renfermé ses humeurs depuis des années, pour ne plus les laisser venir troubler la réalité de leurs avenirs.

mais il n’y a plus d’avenirs, plus aucun si nous sommes condamnés. que quelqu’un ait seulement osé nous atteindre est une disharmonie dans ce que nous avons tenu depuis longtemps pour acquis. personne pour nous freiner, personne pour nous pourfendre. si cela se savait, nous serions attaqués de toute part. l’aveu de faiblesse n’est qu’une condamnation à mort.

elle fuit son regard, alors il le laisse appuyé sur sa peau, plus encore qu’il ne le voudrait. chaque détail, il le recueille, l’enfouit dans ses chairs comme pour porter à son tour l’écho de sa déchéance. jamais… jamais il ne lui a souhaité ce sort-là, infâmie quand on sait dans quel granit elle a été façonnée. chaque coup, chaque sursaut de mépris dévolu pour la renforcer, l’éloigner des sentiments menteurs pour qu’il n’y ait que sous son crâne cette assassine clarté. et soudain, soudain, tout se bouscule, tout se casse la gueule. un bruit effroyable retentit aux oreilles de james, à chaque pulsation de son sang. il a l’impression de manquer d’air, tout comme elle alors qu’elle congédie newton sans autre forme de procès. la proximité instaurée est pire encore, elle lui donne le vertige, celle que seule l’angoisse peut destiner aux marlowe, eux si peu coutumiers de la compter parmi la méticulosité de leurs humeurs. la question tombe, la question tonne, il le dit plus froidement qu’il ne le devrait. une affliction qu’il ne peut guère lui épargner. la fatigue qu’elle exhale lui donne envie de lui hurler de se ressaisir, comme si toute douceur était proscrite alors que résonne encore l’idée de l’irréversible. le temps n’y fera rien, ils ne pourront que se souvenir de cette errance-là. la vérité c’est que james ne parvient pas à penser clairement alors qu’il a lui-même insisté à lui assigner paul… traîtrise abominable.

sauf que c’est arrivé. siffle-t-il entre ses dents serrées, prêt à bondir sur des ennemis qu’il n’identifie pas. pas encore. pas encore. il sort son smartphone, balaye l’écran d’un geste agacé. renvoie rapidement un message à ted pour lui demander où son opération en est. il ne respirera normalement que lorsque le traître leur sera amené. il écoute ensuite, sans patience, finit par se tourner entièrement pour la voir, saisir dans les accents de ses mots la cause de leur humiliation. les détails lui font échapper un grondement, comme s’il la tançait, lui demandait de se hâter. il se fiche des dérives d’osborne à leur table de jeu. ses narines frémissent lorsqu’il entend ce qu’ils lui ont infligé et il ferme ses paupières, abandonnant brutalement des mots aiguisés comme des lames : je vais tous les crever. paul en priorité. le paroxysme de sa rage survient lorsqu’elle prononce le nom d’irène, comme si cibler les deux ensembles c’était bien trop pour lui, trop pour qu’il se rappelle ses calculs, sa maîtrise, ses élans pleins de mansuétude. il préfère toujours les tractations à la guerre, les rixes aux batailles rangées. mais là, c’est impossible pour lui de seulement se contenir.

tout au long de son discours il ne la touche pas, comme si elle était souillée. comme s’il craignait d’ajouter à sa peine les effleurements malsains dictés par sa haine. rien de très grave ? putain ! bien sûr que c’est grave. c’est même plus que ça pour lui, c’est fracasser l’image parfaite qu’il s’est forgée, défigurer leurs silhouettes pour chercher à les traîner dans l’oubli. oscar pour l’instant n’est qu’un dommage collatéral, il est bien incapable d’excaver de sa fureur une quelconque empathie pour quelqu’un. hormis pour elle sans doute, pour sa soeur seulement. le visage de james est différent, se trace sur sa peau des accents de folie que jamais il ne délivre. en présence de personne. pas même de médée. et c’est comme si cette folie se conjuguait brutalement à sa colère, les cris qu’il retient, ce sont ceux qu’elle pousse pour lui.

avec une minutie qui tient de celle du prédateur, il ramasse l’écharpe qu’elle vient de jeter, et lorsqu’il revient auprès d’elle, sa présence est presque animale. il pose pour la toute première fois ce soir sa main tout contre son épaule blessée. d’abord sans appuyer, puis progressivement il appose un mouvement très léger, puis il serre, les yeux rivés dans les siens, la mâchoire contractée alors qu’il lui dit très lentement, sachant très bien qu’il lui fait mal. c’est une démonstration : je vais te remettre ta putain d’entrave et tu vas la garder. c’est bien clair ça au moins ? ses yeux se plissent, son frère disparaît dans un déchaînement qu’il retient, conservant un ton calme, où la bestialité feule. et après, je vais demander à louis s’il a bien reçu notre très cher prescott. il va le foutre dans son coffre de voiture et il va nous l’amener. il ne cesse de lui infliger cette douleur pour qu’elle ressente, qu’elle ressente, la faiblesse et la colère, la douleur et leurs enfers. qu'elle ressente, oui, et qu'elle lui revienne. son visage est très proche du sien et les mots vipérins sont froids, si froids : médée, j’ai besoin de toi. de toi.

de toi, ma soeur, mon immuable guerrier. j’ai besoin de ces flammes que tu sauras déchaîner, de tes instincts mécaniques pour mieux frapper l’ennemi. de toi, de ta confiance, qu’ils ont voulu t’arracher. de toi, pour ne pas tout brûler, tout balancer aux abîmes sanglants au risque de tout abandonner à leur néant.
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Message Sujet: Re: (médée) le chant des abysses / tw violence   (médée) le chant des abysses / tw violence Empty Dim 13 Déc - 20:00


sauf que c’est arrivé. les mots de james resonnent entre ses tempes comme une musique entêtante et dérangeante. La vérité c’est qu’elle s’en veut Médée, que la faiblesse qui découle de toute cette situation l’étouffe de l’intérieur. La ramenant à son statut de simple mortel. Elle n’est pas surhumaine, ne sera jamais cette déesse que l’on pourrait vénérer. Toutes les instructions de son père n’ont donc servi à rien, tout ce travail, se renforcement mental jusqu’à en oublier chacune des émotions la composant. Tout ça, n’a servi à rien. Elle se perd dans son récit, élude les parties les plus importantes pour ne pas avoir à les revivre. Mais son cerveau lui joue des tours et les insultes reviennent en boucle, les menaces et les coups. La douleur physique, les marques sur sa peau ne sont rien en comparaison à son ego qu’ils ont broyé.

La colère s’est dissipée pour laisser place à la honte, celle-là même qui l’empêche de relever les yeux vers son double. Elle l’a déçu, elle en est persuadée. Médée s’embourbe dans ses paroles, se renfrogne. Ses traits sont durs mais le son de sa voix semble effacer, elle se sent prise au piège dans cette écharpe, se redresse pour s’en débarrasser à la hâte. Son épaule libérée la fait souffrir sans qu’aucune grimace ne transparaisse néanmoins. James se rapproche et elle sursaute presque quand il la touche. Ses doigts se serre contre sa peau, ses iris se plantent dans les siennes. La blonde pince les lèvres quand il appuie avec vigueur contre cette blessure ridicule. Il ordonne, elle ne bouge pas. Paul, cet enfoiré, sa seule pensée lui file la nausée. Louis pourrait s’en charger lui-même, lui arracher les ongles, lui couper la langue, lester ses pieds de pierres trop lourdes puis le jeter au fond d’un fleuve. Louis pourrait s’en charger lui-même. Lui évitant ainsi un combat qu’elle n’est pas certaine de pouvoir mener la tête haute. Ses iris claires sont perdues dans le vague pendant des secondes qui lui paraissent une éternité. James la sort de son trouble quand il rapproche son visage du siens, quand il siffle, quand son étreinte ne se relâche pas. La douleur lui tiraille jusque dans son poing qu’elle parvient tout de même à serrer. C’est sa main valide qui agit la première, ses doigts fins venant enserrer le poignet de son frère -celui qui la torture. Ses ongles s’y accrochent, s’enfoncent dans la peau, ses jointures blanchissent tant elle y met de la force. Médée maintient le regard de son aîné, ses sourcils se froncent quand son pouls s’accélère.

En une fraction de seconde, par son seul contact il lui a retransmit sa haine tout entière. Il la refait exister à travers cette colère sourde qui les anime. Il a besoin d’elle, au même titre qu’elle, de lui, son filet de sécurité pour que jamais elle n’oublie d’où elle vient. « tu ne vas rien me remettre du tout. » qu’elle siffle, sa mâchoire crispée. De sa paume elle le repousse avec force, ne supportant plus le contact de peur de se laisser aller contre son gré. Les larmes pourraient se mettre à couler sans qu’elle ne le veuille, elle les sent à l’orée de ses paupières prêtent à se déverser. « j’vais bien, d’accord ?! j’vais bien. » Médée juge d’un coup d’œil son chemisier déformé et déchiré. Un grognement lui échappe lorsque le téléphone de James se met à vibrer, elle s’en empare, fourrant sa main dans la poche de son pantalon avant de décrocher. Louis est arrivé, « qu’est-ce tu fous encore en bas alors ?! » qu’elle crache, elle coupe la communication rendant le smartphone à son propriétaire. « j’veux que tu me l’attaches, là, sur cette chaise. » un coup de menton en avant pour indiquer l’une des chaises trônant près d’une fenêtre. Son sang afflux avec force dans tout son être, elle se sent fébrile, sur le point d’exploser à la moindre contrariété. « est-ce que tu sais si Moira et Irène sont à l’abris ? » elle a besoin de savoir avant de prendre les prochaines décisions qui auront, à coup sûr, un impact sur le reste de leurs vies.


@James Marlowe
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Message Sujet: Re: (médée) le chant des abysses / tw violence   (médée) le chant des abysses / tw violence Empty Lun 14 Déc - 12:20


le chant des abysses
@médée marlowe


l’humiliation s’échange, tel un parasite qui emprunte les chemins de ses muscles, de ses os et surtout de ses nerfs. depuis quand… depuis quand n’a-t-il pas ressenti autant que cela, la colère, le prisme de ses enfers, la délectable contracture qui court dans son dos, et qui lui donne l’impression de détenir la destruction la plus brutale entre ses doigts. c’est pour cette raison qu’il n’absout guère, non, il ne caresse pas, il distille le mal, la douleur, et cette haine triviale, tout contre sa peau. jamais il ne lui a fait mal. jamais. mais c’est le seul absolu qui soit quand dansent les images de son conte morbide, de tout ce qu’elle cache. tout ce qu’il lit entre les lignes, sur l'épiderme meurtrie, sur les déchirures que porte son chemisier qu'on a cherché à lui arracher. indignes images, comme des taches en dégradé de pourpre sur sa rétine. la mort qu’il frôle, qu’il goûte, à chaque inspiration plus saccadée. tout pour chasser la honte qui la ploie, qui transparaît, qui la défigure. qui le défigure aussi. c’est insupportable, c’est une émotion si indécente pour eux, toujours si sûrs de leurs choix, si maîtres de leurs humeurs. lui pour avoir appris à les brider dans une douleur plus prégnante chaque jour. elle pour n’en connaître ni les codes, ni les chemins complexes. langage obscur, qui se fait pulsation. dans le creux du ventre. il a envie de vomir, le haut le coeur vient faire trembler ses yeux et il se raccroche comme un désespéré à la sensation qu’elle lui inflige en retour. ses ongles fichés dans son poignet, il ne combat pas la réponse, la seule qu’elle puisse lui donner.

je te promets. l’indécence du mal que tu portes, et cet après qui te semblera si doux quand je te l’aurai ôté. je te promets. d’inverser le cours du temps, de graver dans l’opprobre la négation de ta honte. pour que tu l’oublies, pour que tu la conjures, pour que tu en triomphes. elle n’a jamais existé. elle ne peut exister sur notre nom, arboré fièrement, dans le monde que nous dirigeons, que nous plions à notre volonté. la honte est un péché qu’ils ont su commettre seuls. et que nous allons leur faire ravaler. je te promets, médée. tout ce que tu souhaites, tout ce dont tu rêves. de ressentir pour toi, de prendre le mal enduré pour que tu n’aies plus jamais à le supporter. je te promets…

ses yeux, plongés dans les siens. blessures enchaînées, elle lui fait mal mais ça n’est rien, ça n’est rien en comparaison de ce qu’il ressent à la voir ainsi. ce qu’il ressent, avec brutalité. l’envie de la modeler avec violence pour qu’elle réagisse, tout au creux de sa paume. pour qu’elle brûle médée, de haine, et non plus de honte. que les feux assassins soient les siens et non pas ceux que l’on a abandonnés dans sa chair tuméfiée. bien. mais cesse de me mentir. pas à moi. jamais. un grondement sourd, rauque. il se laisse repousser, mais pas suffisamment pour qu’elle ne se saisisse pas de l’objet de toutes leurs convoitises. c’est louis, louis et leur invité de la soirée. james se lève, prend une distance nécessaire pour respirer, et dans le reflet que lui renvoie l’obscurité ambiante de la ville, il ne se reconnaît plus. elle, lui. deux entités devenues monstrueuses en l’espace de quelques instants. il la regarde par le truchement de la baie vitrée de la suite. les mots sont toujours aussi hachés. oui. je les ai prévenues, irène est allée récupérer moira. elles vont aller à long island. une propriété à un autre nom, un héritage de la mère de james, un nom aujourd’hui oublié. la villa qu’il habite parfois tel un fantôme quand il lui faut échapper à tous. même aux siens.

alors qu’il entend la double porte s’ouvrir, dans le salon du penthouse, il arme son flingue, ses doigts sur la crosse, tout contre sa jambe. c’est ainsi qu’il reçoit louis. il ne regarde que lui, se fixe à son masque placide, en ignorant ostensiblement paul, déjà bien malmené, et fortement bâillonné. louis a dû passer par l’ascenseur de service ou justifier d’un jeu particulièrement prohibé auprès de l’accueil du hilton… la chaise. louis s’exécute, il comprend parfaitement, il ne dit rien, il a juste un regard pour le frère, puis pour la soeur. quand il voit médée, quelque chose change dans ses traits, de façon imperceptible. et il force prescott à s’asseoir avec plus de brutalité que nécessaire. tant mieux. james ne le regarde pas, il remonte soigneusement les manches de sa chemise blanche, avant d’assurer les liens plastifiés qui viennent ceindre les poignets de paul, qui tressaille et geint un peu. il a le tort de regarder droit devant lui, là où se trouve médée et quand marlowe le constate, il lui saisit le visage, résiste fortement à l’envie de lui briser la nuque d’emblée. ce serait trop simple, et puis il perdrait toute occasion de savoir pour qui ce traître s’est vendu. c’est par ici que ça se passe connard. parce que moi, tu vois, je vais t’expliquer les choses très gentiment. l’autre opine frénétiquement, il connaît suffisamment son patron pour savoir qu’il attend son assentiment, dans ce petit jeu pervers qui s’annonce. tu sais que la suite est insonorisée, n’est-ce pas ? alors on va te retirer ton joli bâillon et puis tu vas tout bien nous expliquer. hein paul ? gémissement veule, il ne sait pas encore qu’il ne pourra guère s’en sortir. il y a toujours cet espoir infime quand on se retrouve face à la folie qui sourde. celui de parvenir à la corrompre suffisamment pour y découvrir une once d’empathie. mais james ne le voit même plus comme un être humain à présent. juste une forme qu’il va falloir façonner jusqu’à en tirer tout ce qu’il veut apprendre. comprendre. paul regarde de nouveau dans la direction de sa soeur au moment où il desserre le tissu sanguinolent qui entrave sa bouche de menteur, et le sursaut de bile dans sa gorge est tel qu’il voit le geste qu'il porte au ralenti. celui qu’il trace, le revers de sa main qui tient le glock vient heurter sa mâchoire. ça fait un bruit sourd qui vient retentir, quelque part dans sa tête. et sa voix demeure, froide, mesurée. celle d’un prédateur. qu’est-ce que je t’ai dit, putain ? tu la regardes pas.
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Message Sujet: Re: (médée) le chant des abysses / tw violence   (médée) le chant des abysses / tw violence Empty Lun 14 Déc - 22:02


« je ne mens pas. » le sifflement est sévère, la seule idée de se savoir diminuée la rend malade. La seule idée que l’on puisse la voir ainsi n’a d’effet qu’accentuer son agacement constant. Elle veut se focaliser sur autre chose Médée, s’inquiète du sort de sa sœur et de sa mère. « très bien. qu’elles y restent jusqu’à ce qu’on en décide autrement. » lance-t-elle à James, massant de sa main son épaule douloureuse. Long Island, la planque parfaite qu’ils sont les seuls à connaitre. Une demeure mieux gardée que la Maison Blanche, un lieu tactique pour les replis inopinés. Médée se rassure lentement.

Assise sur le lit, c’est le dos de son frère qu’elle ne lâche pas des yeux. Il lui semble plus imposant qu’à l’accoutumé, la tête haute, elle perçoit chacun des tressautements sous son épiderme et enfin, c’est qui sursaute lorsque Louis fait son entrée. Trainant derrière lui le traitre qu’elle voudrait déjà voir mort. Elle ne bouge pas la blonde, ne les regarde pas, fixe inlassablement le vide que la baie vitrée lui offre. Du haut de leur penthouse, les Marlowe ont une vue imprenable sur new york, une vue qu’on leur a souvent enviée. Elle sent courir sur sa peau les yeux de Paul, l’homme se délecte sans doute des marques qui lui ont infligé tour à tour, ravis d’avoir pris au piège celle que tout le monde pensait intouchable. Médée se sent souillée, mais ne vacille pas. De sa vision périphérique elle voit qu’il est placé et ligoté sur cette chaise, qu’un bâillon lui entrave la bouche, qu’il a été malmené en bonne de dues formes.

C’est James qui ouvre le bal, le coup part et elle a la sensation de le sentir dans chaque molécule de son organisme. L’adrénaline monte en flèche, l’odeur du sang l’obsède. Paul est réprimandé pour avoir poser son regard sur elle, l’idée la galvanise. Médée ne retient pas le rictus qui se forme à l’orée de ses lèvres. Elle se redresse, toujours avec une lenteur calculée, ses pas ne la mène pas jusqu’au duo qu’ils forment, mais bien jusqu’au dressing gigantesque qui abrite des tenues de rechanges diverses et variées. Comme s’il s’agissait d’un parasite, elle se débarrasse du chemisier en soie pour en enfiler un quasiment identique : propre et parfaitement repassé. A l’image de son double elle en a remonté les manches jusqu’au coude quand elle réapparait. Tenant dans sa main le chiffon qu’elle portait jusqu’alors sur le dos.

« Ton salaire plus qu’indécent ne te convenait plus, Paul ? » elle demande, son regard est froid pourtant un sourire de circonstance habille ses lèvres rosées. Il ouvre la bouche, s’apprête à parler, Médée lui intime le silence en secouant la tête. « Non, non, ça ne m’intéresse pas à vrai dire. » elle sent ses fibres musculaires se contracter les unes après les autres, la tension la gagne à mesure qu’elle observe le facies de la trahison. Ne savent-ils pas, ces traîtres, qu’ils ne pourront pas en sortir indemnes ? Médée exècre la stupidité de la race humaine. C’est sa gorge qu’elle saisit d’une poigne de fer, après avoir abandonner le chemisier sur les genoux de l’homme, ses doigts appuient avec vigueur sur les points sensibles de son cou, elle le force à ce que leurs regards se confrontent sans forcément chercher à l’étouffer. Au fond de ses pupilles elle décèle une certaine satisfaction qui la répugne, comme si les souvenirs y dansaient, elle peut encore sentir la pulpe de leurs doigts sur sa peau glaciale et c’est assez pour qu’elle décide de lui fourrer le tissu de soie dans la bouche. Il gesticule, s’y refuse, mais elle enfonce les pans de chemisier jusqu’à ce qu’un haut le cœur le surprenne. La Marlowe n’a pas eu un regard pour James, pas un seul. Pourtant elle sent sa présence, partout autour d’elle, jusque dans ses veines qui n’ont de cesse de pulser. « Vous étiez combien, cinq, six ? » question rhétorique. Pas un seul sursaut ne la traverse quand elle s’empare du premier doigt et que l’os cède sous son geste. Il en est de même pour le deuxième jusqu’au sixième. « peut-être que tu mériterais que je te tranche la main. Ou la jugulaire. » elle se tourne vers James, pour la première fois, « qui étaient-ils ? qu’est-ce qu’ils voulaient ? » parce qu’elle ne sent pas la force, encore, de poser les questions elle-même.
 


@James Marlowe
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Message Sujet: Re: (médée) le chant des abysses / tw violence   (médée) le chant des abysses / tw violence Empty Mar 15 Déc - 14:58


le chant des abysses
@médée marlowe


il s'est débarrassé de tout. de sa montre hors de prix, de sa cravate, de son smartphone, de sa santé d'esprit. tout repose soigneusement disposé sur la console à côté du lit. une minutie presque maladive, qui cherche à contredire le flot d'émotions acharnées qui habitent son corps entier. irène et moira, deux entités à l'orée de la mémoire, qui se dissipent dans le tourbillon du néant de la nuit qui cherche à les emmener sur des terres déjà consacrées. par les sursauts de la guerre, cette guerre incessante qu'il faut mener, contre ces ombres indistinctes qui cherchent à les étreindre. les étouffer. danse charnelle pour trépas auguré. jamais il ne faut cesser, de se méfier de ceux qui les abreuvent de leur fausse fidélité, de leurs sourires, de leur constance usurpée. jamais de confiance à donner, il faut au contraire arracher la contrition, sous l'assaut de la véhémence ou de la froideur. c'est ce que son père lui a enseigné. et si en chemin il s'est égaré, s'il a cherché d'autres langages pour exprimer tout ce qu'il pouvait éprouver face à cette solitude, toujours plus prégnante à chaque jour où la déception le tenaillait, il se rappelle parfois combien cette vérité ne peut être bafouée. et une part de lui se navre un peu plus à chaque fois que le cours de l'existence se contrarie, assailli par l'amertume de la déconvenue. la trahison a un goût de fer sur la langue.

ils se quittent. médée repart en coulisses tandis que la pièce s'amorce avec une lenteur plus alarmante sans doute que l'implacable courroux que James souhaiterait déchaîner. sur paul, pour les avoir trahis, sur sa sœur pour s'être laissée berner, sur lui pour avoir cru bon de la confier à son chauffeur, sur isaac pour leur avoir inculqué la monstruosité, sur irène pour n'avoir rien contré. les visages défilent devant ses yeux où brûlent la flamme de la mort. dès que le pantin déjà presque désarticulé le regarde, il le sait. ils se connaissent bien mine de rien. paul a été l'une des recrues de leur père, minutieux, sérieux, grimpant les échelons avec assiduité. james l'a toujours trouvé éminemment banal dans sa volonté de réussir. une réussite de jeune premier, sans cette ambition nécessaire pour frôler la grandeur. un peu comme son complot avorté. pathétique non sens à première vue. il le regarde, l’hématome se forme déjà près de sa bouche, et la lèvre est fendue. paul crache par terre, puis tousse quelque peu, un son animal qui cadre parfaitement avec l’ambiance devenue pesante, angoissante. quand médée reparaît, james s’efface, sans même qu’ils aient eu besoin de s’accorder. il lui laisse la place tout en demeurant à ses côtés, pour voir, s’imprégner de ses humeurs, les faire siennes sans jamais totalement les apprivoiser. l’humiliation des femmes n’est pas celle que subissent les hommes. comment pourrait-il vraiment connaître ce qu’elle ressent, d’avoir été souillée par leurs regards, leurs gestes, leurs menaces, elle qui jamais ne se laisse dominer ? les mots fusent, james ne les écoute que peu, il est rivé sur le profil de sa soeur, il s’y mire, s’y reconnaît, il y admire leurs avenirs et aussi leur damnation, si furieusement entrelacés qu’il ne distingue guère ce qu’elle souhaite à cet instant-là. le triomphe ou la mort, deux saveurs qui se narguent, se distancent, se poursuivent. ballet incessant de ces destins rencontrés par les êtres qui ne savent renoncer à leur iniques instincts. dictés par la puissance. cette même puissance qu’elle enfonce dans la gorge de paul, qu’elle le force à avaler, à assimiler. indigne souvenir qu’on lui arrachera à la toute fin de la danse, pour ne l’avoir point mérité. leur puissance ne doit s’apposer que sur les ennemis déchus, et les indéfectibles alliés.

james tire sur son col, ouvre sa chemise d'un bouton, il a l'impression d'étouffer. prison de chair qui ne parvient plus à contenir la bête qui menace de se libérer. tout bascule et se brouille sous ses paupières qu’il clôt un instant. les échos d'un passé si lointain et pourtant qui ne le quitte jamais. l'appétence pour la mort, le parfum des gouffres où les destins putrides disparaissent, ensevelis par l'oubli. la demeure de son père… il repousse l’image, la superpose au visage de paul, ce bien piètre rival qui ose désormais le regarder. les hurlements qu’il a dû ravaler à cause du chemisier donnent à son teint quelque chose d’immonde et de violacé. ils se connaissent, ils se sont côtoyés, jour après jour, alors la seule lueur qui pourrait encore intercéder, c’est celle de ce frère, que l’on dit capable d’un peu plus d’empathie que la froide médée. leurs prunelles se rencontrent, et il revient, reparaît juste à côté d’elle, sortant des ombres de la suite où il s’était allumé une clope. il sent dans le timbre plus évasif de son double qu’elle a besoin qu’il prenne la main, toujours sans un mot, les pensées connectées, fichées profondément sous les années à se lire, sans avoir le besoin de se dire.

chut, paul. chut. là, ça va aller, tu sais. les questions, elles sont pas piégeuses, tu vois. elles sont si simples. si simples. il inspire, la cigarette rougeoie, fait danser des lueurs plus écarlates dans les iris de james. il contourne la chaise, pose une main presque rassurante sur l’épaule de son ancien chauffeur, qui tressaille sous ce contact qui vient dénoter face à la torture qu’il vient d’endurer. il sait comment leur parler, toujours… comment destiner des espoirs qu’il se fera ensuite un devoir d’écarteler. un à un. on se connaît toi et moi, pas vrai ? il parle tout près de son oreille, tout en regardant médée. puise dans ce masque de folie qui la gagne toute son application à la tâche. je comprends que c’est dur, parfois, de bosser pour nous. ils t’ont promis quoi pour la donner, ma soeur, hein ? raconte. une place plus digne de toi ? il ôte le chemisier de sa bouche, avec une lenteur compassée. paul tente de le regarder mais james le force à garder cette fois-ci les yeux rivés sur sa soeur. contradiction qui feule toute la perversité de ces moments-là. il devient leur marionnette, il chantera ou dansera lorsqu’ils le souhaiteront. il exhale la fumée tout contre sa joue, toujours penché sur lui, sa poigne apaisante sur son épaule, qui demeure. présence qui le rend définitivement captif de leur volonté. puis il est rapide james. après la douceur d’un bref instant, pour que paul reprenne ses esprits, et qu’il s’accroche à l’idée de s’en sortir, de lui faire entendre raison par des mots balbutiants, qui ne ressemblent pas encore à grand chose, il revient face à lui, et puis sa paume vient presser ses doigts déjà brisés. les gémissements s’éraillent dans le silence où seuls leurs souffles s’élèvent. puis il crie, les doigts s’enchâssent, s’enlacent pour convoquer la rupture des nerfs. c’est trop prégnant et ça ne le sera pourtant jamais assez. il interrompt la pression, pour le laisser sur la brèche, en suspens. sa voix est toujours revêtue de velours. raconte, on est tout ouïe.

il reprend possession de sa respiration sifflante, il cherche à échapper à cette main qui pourrait continuer de le maudire dans des sensations qu’il n’a jamais frôlées. douleur, douleur. dans les nerfs, dans tout le corps, dans l’avenir, dans le passé. j’ai rien fait, j’ai rien fait james… j’leur ai juste dit où elle serait, je te jure. je savais pas que… un autre cri, parce qu’il ment, et que s’il ment, son bourreau le sait. là tu me dis juste de la merde. je veux pas des excuses, prescott, je veux des infos.  le ricanement est détestable, parce que paul comprend. oui il comprend. fallait bien six gars pour la monter, ta putain de soeur… c’est tout ce que je sais. t’es content marlowe ?

il y a une pulsation dans sa tempe. une pulsation qui renvoie james dans une distance terrible, il a l’impression de ne plus être dans ses chairs, mais bien en train de se regarder, se redresser sans précipitation aucune, pour essuyer sa paume sur son pantalon, comme si elle était souillée. il tire sur la clope presque terminée, et il le regarde, et les mots s’impriment, s’incrustent, remontent ses entrailles pour le modeler dans un accès de rage qui précipite cette fois-ci son mouvement. il lui choppe le visage, son faciès plein de sueur, dégueulasse, et lui écrase sa morley sur la joue. la chair grésille, une odeur détestable. le juron de prescott est étranglé par sa haine et son désarroi. j’crois que t’as pas trop compris ta position, ducon. si tu joues, on va jouer aussi. et on sait tous les deux qui gagne à la fin. alors parle ! c’est la toute première fois qu’il hausse le ton lors de cet échange qui s’immisce dans des souvenirs que james revit, réapprend, pourchasse aussi. et qui ensevelissent tous les autres.
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Message Sujet: Re: (médée) le chant des abysses / tw violence   (médée) le chant des abysses / tw violence Empty Mar 15 Déc - 16:41

La patience lui manque cruellement, elle n’en a jamais été doté. Il lui fallait tout, tout de suite, plus vite, trop vite. Comme son diplôme de secondaire, sa première arme, son diplôme de fin d’étude et son premier cadavre. Médée est née pour régner avant l’heure, dotée d’une intelligence qui aujourd’hui lui a fait défaut. C’est pour cette raison qu’elle se maudit silencieusement, ses neurones chamboulés se connectent rapidement à la recherche de réponse à des questions qu’elle refuse de poser. Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ? La savaient-ils soucieuse ? Pourquoi lui ? Cet homme qu’elle connaît depuis des lustres, qui s’est immiscé aux côtés de son père pendant de nombreuses années. Cet homme qu’elle a connu adolescent. Espérait-il, comme tant d’autre avant lui, plus de considération de la part de la reine des glaces ? Aurait-il trahi James de la même façon ? Les questionnements l’étouffent, sous sa paume les os craquent mais le son n’est en rien satisfaisant, il ne calme pas ses nerfs à vif ni son cœur qui s’emballe d’avantage. Médée sent la folie se distiller dans ses veines, la froideur pourrait lui manquer alors elle s’écarte pour laisser place à son frère qui deviendra rempart.

Parce que James parle davantage. Sait se faire confident par quelques regards compatissants. Tout son contraire. Ils sont les deux faces d’une même pièce, diamétralement opposés mais à jamais soudés l’un à l’autre. Elle leur tourne le dos quelques secondes pour reprendre sa respiration, elle inspire grandement apprécie même l’odeur du tabac qui parvient à ses narines. Mimétisme parfait, il lui faut moins de trente seconde pour mettre la main sur une cigarette qu’elle s’empresse d’allumer pour qu’on ne puisse déceler les tremblements qui l’accablent. Ses iris claires refont face à son double, Médée est comme hypnotisée par la scène qu’elle n’est pas surprise de trouver splendide. Son frère incarne à merveille toute la puissance animale de leur famille, il est parfait dans ce rôle qui lui colle à la peau. La blonde le détaille, de sa mâchoire à sa poigne sévère. Paul devient secondaire, presque invisible. Il se retrouve forcé à poser ses yeux sur elle mais elle ne regarde que James, laissant en suspend sa cigarette, attendant impatiemment la suite.

Médée  est la main et James le marteau qui enfoncera les clous, ou les arrachera selon son bon vouloir.

La Marlowe se concentre sur Prescott seulement lorsqu’il se met à hurler de douleurs. Les traits de son visage se déforment aussi rapidement que ses doigts déjà broyés. Son cœur s’accélère comme celui d’une enfant devant le meilleur dessin animé de sa vie. Le ricanement qui lui échappe est malsain. L’homme ment ouvertement, balbutie des conneries comme s’il pouvait trouver une autre échappatoire. Le rat se sent pris au piège et son instinct de survie le rend plus idiot que d’ordinaire. À ses dernières paroles, elle détourne le regard par pur dégoût. Tous des porcs, c’est ce qu’elle voudrait cracher, elle reste silencieuse tirant lentement sur sa cigarette. Il y a un nouveau couinement, l’odeur du sang se mêle à celui de la chaire brûlée. Médée observe son frère, toujours, puis s’approche d’un pas lent. Sa main douloureuse vient se poser tout contre l’épaule de son frère,  massant vigoureusement les muscles tendus sous sa chemise. Elle ne cherche pas à l’apaiser, bien au contraire, elle veut se délecter de toute la rage qui émane de lui. La sentir grappiller les quelques millimètres qui les séparent, s’en imprégner totalement pour ne pas perdre le nord. Paul les observe tout à tour, comme s’ils étaient des animaux de foire. Des erreurs de la nature. Peut-être est-ce le cas, des enfants nourris au poison d’un père dépourvu de sentiments.
« c’est tout ? » elle penche la tête, termine sa clope et la balance d’une pichenette à la gueule de l’accusé, « toute cette mise en scène, tout ce travail, juste pour me « monter ».. » qu’elle raille, imitant la voix rauque de l’homme, « pathétique. » ses dents se serrent au même titre que ses doigts sur l’épaule de son frère, « on s’était tous dit que ça te rendrait moins frigide et que ça ferait passer un message. » il bombe le torse, joue les mâles alpha en lorgnant sur son buste, Médée dégoupille. Elle ne se sent pas donner le coup de pied faisant basculer la chaise, se voit encore moins lui flanquer des coups de poings en plein visage maintenant qu’elle se retrouve à califourchon sur lui. Son poing valide vise à chaque fois juste, la tempe, le sternum, le nez jusqu’à ce qu’il cède puis le foie. Une fois, deux fois, jusqu’à ce que Paul se mette à cracher du sang. Elle aimerait qu’il s’étouffe dans sa propre hémoglobine. Ce n’est qu’à cet instant qu’elle se redresse, les traits déformés par la haine, ses cheveux court en désordre dans lesquels elle passe sa main sanglante venant y colorer quelques mèches. « qu’est-ce qu’ils voulaient ces fils de putes ?! pour combien tu nous as vendu ?! » c’est à son tour de hausser le ton, elle jette un coup d’œil à James, puis à Paul qui ne parvient plus à récupérer une respiration décente. « relève le. » elle ordonne, se rapproche de son frère, proche, trop proche pour murmurer à son oreille, « s’il te plaît, James. »


@James Marlowe
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Message Sujet: Re: (médée) le chant des abysses / tw violence   (médée) le chant des abysses / tw violence Empty Mar 15 Déc - 20:56


le chant des abysses
@médée marlowe

ils sont l’un et l’autre, tout et son contraire, divinité janus qui apprivoise leurs traits, les transfigure, appose son baiser trompeur sur leurs lèvres glacées. deux visages, deux volontés, qui lorsqu’elles se donnent la main, deviennent indicible éternité. ils sont l’un et l’autre, l’équilibre et le défilé permanent d’aspirations contraires, sur un fil toujours plus acéré. james devient ce dont elle a besoin, il sera le calme quand elle s’éprendra de l’impatience, il se fera brutalité quand ses muscles seront fatigués de combattre. la douceur lorsqu’elle en manquera, la chaleur quand elle sera étreinte par le froid. l’envie qui demeure quand elle ne peut la délivrer sans se perdre à jamais. l’ancrage pour se retrouver, toujours dans ce miroir imparfait. ils auraient dû naître ensemble, ils le ressentent et chacun le voit à les fréquenter. enchaînés depuis l’aube d’un monde qui doit leur ressembler, abrupt et sauvage. indomptable cruauté arrachée du fond des âges. caressée par la honte de s’être laissé flouer par quelqu’un qui leur était proche, qui même en était venu à les seconder. la jalousie envers paul reparaît, elle se teinte de quelque chose de plus trivial toutefois, quelque chose qui fait que james ne parvient plus à l’identifier. par sa trahison, il devient cet objet qu’il se doit de détruire, de supprimer de sa sphère pour ne plus avoir à le regarder. et il a fallu tant de fois ravaler l’orgueil quand dans les années de jeunesse, paul gagnait parfois la faveur de son père, alors que lui ne recevait que ses remontrances. il sait aujourd’hui que ça n’avait rien à voir avec de l’admiration : isaac façonnait ses héritiers dans la haine, dans la rivalité, dans la peine. il attendait à ce que james se relève de l’humiliation pour n’avoir plus rien en commun avec quelqu’un qui ne devrait pas compter. et qui aujourd’hui, ne compte en effet nullement. un morceau de viande à faire causer. rien de plus. il a déjà disparu, son identité dérobée par le goût du sang. prégnant, qui envahit chaque parcelle de son corps.

tu me regardes médée, tu me vois tel que tu l’attendais, ton double parfait. celui que tu as choisi pour égal dès que tu m’as connu. car personne ne te valait… par ton intelligence précoce, chacun te trouvait monstrueuse. tu ne ressentais rien, ni l’amour de ta mère, ni la dureté de ton père, tu évoluais presque mutique à travers les années, pour mieux apprendre, sans jamais totalement comprendre ce qui menait ces êtres de chair autour de toi, dans le prisme du plaisir, ou dans les dérives avides qui cherchent à posséder. toi tu ne veux rien médée, si ce n’est ta digne place, celle que tu as toujours méritée. tout à côté de moi. car je suis là, sous ton masque, sous l’épaisseur de ta carapace, sous les quelques envies que tu ne sais pas comment appréhender. tu me regardes médée, et je ne peux que t’admirer, vaisseau parfait à ma froideur. non pas un monstre, mais bien une part de mon identité. indélébile serment, qui nous relie et qui vibre. qui vibre à cet instant.

bientôt, c’est son contact qui lui rend son altérité. les mains de médée qui glissent sur la chemise de james, qui viennent rencontrer les tensions, les modeler dans des instincts plus fourbes et plus assassins. ils sont deux, mais au moment où elle le touche, leurs rages fusionnent dans une délectable sensation qui courent tout le long de son échine. la nuque de james suit l’impulsion, le plaisir malsain corrèle avec les aveux factices de paul, les injures qu’il leur fait. en l’attaquant elle, c’est aussi lui qu’il cherche à blesser. parce qu’il les regarde et que le dégoût qui déforme ses traits est plus éloquent encore que les mots qu’il crache. les doigts de médée s’enfoncent dans son épaule, suivent la contracture qui s’inscrit dans ses muscles au moment où il feule tel un animal. le préambule à cette virulence qu’elle se met à abattre sur l’objet de leur détestation, le prolongement de l’idée qui l’aveugle un bref instant. james est pétrifié par la scène, incapable de détourner le regard devant les blessures qu’elle constelle sur le corps entravé de paul, délectable spectacle dont il se repaît. sans honte, avec une fascination certaine, parce que c’est ce qu’elle est. l’instrument parfait à tous ces déchaînements qu’il tait, qu’il interdit, qu’il retient. la puissance brutale, l’expression même du pouvoir qu’il détient. l’hémoglobine perle sur la peau, dévale le visage méconnaissable de prescott pour tomber sur la moquette hors de prix. tache pourpre sur la douceur virginale. péché originel qui vient creuser ses joues comme s’il y trouvait un contentement inavouable. sa main se love dans le creux des reins de sa soeur lorsqu’elle lui revient, et il embrasse sa tempe, dessine un geste presque tendre, le premier de la soirée pour remettre une mèche derrière son oreille. bien sûr, tout ce que tu voudras. confidence qui glisse tout contre sa peau. il s’exécute sans précipitation, redresse paul, tapote son costume déchiré comme pour lui donner contenance. tu ressembles vraiment à rien. boutade moqueuse, cruauté gratuite qui apprivoise sa bouche en un sourire charmant, en décalage avec les événements. il jette un coup d’oeil à sa soeur, ses prunelles brûlent, ses gestes sont calculés et froids. je sais ce que tu attends de moi. la corruption, la vérité, avant de l’achever. ces serments qu’il conserve pour d’autres, cet avilissement qu’il a osé te transmettre par ses envies de nous tromper. il revient à paul et dit doucement. tu as entendu, combien ? c’est important de savoir ce que l’on vaut dans la vie… même si toi, tu vaux plus grand chose mon vieux. mais il n’y a plus chez paul que cette volonté dictée par son instinct de survie, cette volonté de consumer ce qui reste avant de s’éteindre quand l’on se sait condamné. quelque part, james lui trouve un certain courage. beaucoup se seraient déjà pissé dessus en chialant. pour presque que dalle, tocard, t’entends ? parce que toi non plus tu vaux rien. c’est bien ce que ton père pensait non ? et elle là-bas, elle vaut même pas ce qu’on allait lui faire. faut être timbré pour baiser ça. paraît que c’est c’que tu fais d’ailleurs.

james penche la tête sur le côté, et il ricane sourdement, avant de tourner la tête vers sa soeur de nouveau, et de répéter, pris entre sa haine et son besoin de faire saigner la proie sans ne rien gâcher du spectacle. il paraît que c’est ce que je fais. ses yeux se braquent de nouveau sur paul et il ajoute, l’air de rien, traçant un geste théâtral qui lui donne de la prestance. et on dit quoi d’autre, vas-y, ça m’intéresse. la moue est mauvaise, même s’il parvient difficilement à former les syllabes à présent. que vous êtes des monstres. et que de toute façon vous méritez ce qui vous arrive. la moitié de vos hommes vous craint putain… l’autre moitié… elle… elle vous hait. le sourcil de james, celui qui cicatrise enfin, se hausse. il sait que le tableau est brossé à grands traits, mais cela leur indique que paul n’a sans doute pas agi seul et que d’autres traîtres se glissent dans leurs rangs. il se rapproche et tapote la joue de la marionnette, loin de se déchaîner comme il le souhaiterait, pour qu’on abrège ses souffrances avant qu’il ne puisse parler. et qu’est-ce qui nous arrive, au juste ? ses doigts glissent, puis viennent comprimer sa jugulaire, dans une poigne d’acier. l’autre se débat comme un immonde ver, mais james ne lâche pas, il sait que l’asphyxie commence à chanter aux oreilles de prescott, et que la panique la chevauche. il stoppe sa torture, et répète sa question. encore, et encore. les mots deviennent harassants, autant que ce geste qu’il réitère, abandonnant toujours à l’orée du malaise, comme pour ne pas le laisser dériver dans les bras de l’évanouissement. la folie reparaît, à l’aube de cette douleur, qui accable son coeur, les yeux de paul se révulsent, avant qu’il ne finisse par geindre, dans un cri éraillé : la vendetta de la famille ferreira, voilà ce qui vous arrive, voilà c’que vous méritez. de crever. comme des chiens. ton humiliation, espèce de pute, c’était rien. ils vont revenir pour toi, pour vous deux. pour la gamine que vous avez butée.

les mots portent, frappent james et déclenchent chez lui une hargne qui tombe comme une pierre dans son estomac. il ment. il ment forcément. putain de menteur.  il y a quelque chose qui le dérange dans cet aveu-là et il est incapable de savoir s’il s’agit de cette vérité qu’il ne souhaite pas entendre ou de cette partition un peu trop parfaite qui se déjoue devant eux. leur servir leurs ennemis désignés, c’est à la fois trop juste et trop faux. alors il comprime son visage, le force à ouvrir la bouche, et vient de l'autre caresser la crosse de son revolver, comme pour y puiser du bout des doigts une réalité qui semble dériver vers le pire de ses cauchemars. il le lui fourre dans la bouche, les dents cognent contre le métal, les cris deviennent mugissements et le désespoir s'étouffe dans sa gorge. menteur. jamais. jamais ils n'auraient osé les humilier ainsi, certainement pas médée. les prendre en traître, bordel, ça ne leur ressemble pas. tu sais ce qu'on fait aux menteurs ? les mots du père, les mots d'isaac, sur sa langue, comme un poison qui lui donne envie de gerber. il regarde sa soeur, parce que la question est pour elle. pour cette scène qu'elle a endurée, il y a des années. quand isaac a glissé son arme dans la bouche de son fils, de la même manière, en caressant exactement les mêmes syllabes. parce qu'il avait menti pour la protéger, parce qu'il voulait leur montrer, que tant qu'il serait en vie, leur existence même lui appartenait. mais plus maintenant. plus jamais. dis-moi, médée, ce qu'on fait aux menteurs.
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Message Sujet: Re: (médée) le chant des abysses / tw violence   (médée) le chant des abysses / tw violence Empty Mer 16 Déc - 12:55

La rage fait trembler ses membres de manière imperceptible, même la main de son frère contre ses reins, le baiser qu’il dépose contre sa tempe, ne parviennent pas à calmer l’émotion grandissante. Toutefois, elle respire plus convenablement quand ses iris croisent les siennes et que la tendresse s’impose entre eux, totalement opposée à la scène macabre qu’ils ont en train de construire. Médée se déleste sur James, lui passe la main, une habitude prise des années auparavant. Quand son frère était le seul -est le seul- à pouvoir la comprendre, à réussir à disséquer ses émotions les unes après les autres. Car enfant et encore maintenant, la cadette ne sait pas s’y prendre, ne parvient toujours pas à comprendre tout ce qui la parcoure et l’irrite.

à moins d’un mètre des deux, elle ne perd pas une miette de la pièce de théâtre. L’homme toujours ligoté est relevé avec une facilité déconcertante, elle observe son œuvre : le nez fracassé et le sang qui perle encore de son visage déformé par les hématomes. Elle espère qu’il frôle l’hémorragie interne. Combien de temps avant qu’il ne tourne de l’œil ? Paul ne les lâche pas des yeux, ne courbe même pas l’échine, l’adrénaline doit le propulser à des années lumières de ce qui l’attend, comme s’il venait de prendre un rail de cocaïne, Prescott se sent pousser des ailes. Les mots qui sortent de sa bouche sanguinolente sont acerbes, les insultes proférées à son égard ne la touchent pas, Médée reste souriante. Un ricanement lui échappe quand James se tourne vers elle. « S’il parait que c’est ce que tu fais, alors c’est forcément la vérité. » siffle-t-elle pour Paul qui dégouline d’un dégout profond. Ils doivent être nombreux à médire sur leur relation qu’ils sont incapables de comprendre, des dizaines, des centaines peut-être, la femme s’en moque. L’ignorance est un fardeau qu’ils seront seuls à porter. Comme s’il lisait dans ses pensées, James posent exactement les questions qui la tourmentent. Le souffle lui manque quand le traitre reprend la parole. Il n’est pas le seul, cela était pourtant évident, mais cet aveu remet en question chacune de ses décisions. Remet en question son jugement défaillant. Par combien d’entre-deux s’est-elle laissée berner ? Il lui faudra tout revoir, dès demain, dès ce soir.

Elle s’approche à nouveau, une main coincée contre sa nuque qui la fait souffrir à en oublier sa douleur à l’épaule. Ce qu’elle veut voir, ce sont les doigts de son frère qui comprime la trachée de Paul, l’étouffement n’est pas loin, son souffle devient une symphonie entêtante. La question est reposée à plusieurs reprises, l’emprise se fait plus sévère et répétée et la blonde voudrait le voir chialer. Ce n’est qu’un cri strident qu’il pousse, des aveux qui ne lui conviennent pas. Des aveux qui lui font tourner le dos et fermer les paupières. Les Feirreira : impossible. C’est trop facile, trop absurde. Ils ne se seraient jamais mouillés à ce point pour une incertitude. Son corps lui hurle pourtant l’inverse, tout ses nerfs se rappellent les sensations, son esprit se retrouve biaisé par les événements.

C’est le tintement du métal contre l’émail qui lui font faire volte-face. Prescott se retrouve avec un glock entre les lèvres, enfoncé si loin qu’il pourrait se mettre à gerber si la peur n’était pas en train de le tétaniser. tu sais ce qu’on fait aux menteurs ? soudainement la posture de James s’apparente à celle de leur père, elle se revoit plus d’une décennies en arrière, encore enfant et impuissante face à un homme animé par la folie. Cette même folie qui la traverse à présent puisque c’est son cœur qui s’emballe, une sensation trop agréable lui parcoure l’échine et la fait sourire en coin. Des picotements remontent jusqu’à ses doigts qui rêvent d’appuyer sur la gâchette pour répandre sa matière grise partout sur la baie vitrée. Ce n’est plus Isaac qui menace, ce n’est plus James qui subit. Il est devenu bien plus grand, bien plus puissant que cet homme qui ne méritait que la tombe. Les yeux de Médée sont embués d’un amour sans limite quand ils se posent sur son double qu’elle détaille millimètres par millimètres, malmenant sa lèvre inférieure entre ses incisives comme une adolescente sur le point de sauter le pas. Il lui avait promis la grandeur, le règne absolu et il lui a offert en signant un pacte avec le diable. Il lui a offert le jour où il lui a annoncé la mort de ce géniteur dépourvu du moindre amour. Elle se souvient avoir pleuré, c’était la première fois qu’elle versait une larme, c’était aussi la dernière. Elle se souvient l’avoir aimé davantage, son cœur battant comme un forcené dans sa poitrine, comme maintenant, prêt à bondir hors de sa cage thoracique. « qu’est-ce qu’on fait aux menteurs… » soupire-t-elle tout en s’approchant. Ses doigts viennent caresser le métal qu’elle aimerait brulant avant de s’attarder sur la puissance de la main de james jusqu’à son avant-bras. La scène est terrible pour un être humain doté de toutes ses émotions. « on les laisse se pisser dessus, comme maintenant. » un grognement quand ses iris dévalent sur le corps de Prescott qui n’a de cesse de geindre, il est répugnant. « tu accuses les feirrera, parce que tu as trop peur de ce que pourrait te faire tes nouveaux employeurs si tu parlais ? … tu les crains, plus que nous. quelle erreur Paul, quelle erreur. » La Marlowe ironise la situation sans perdre le nord. « peut-être qu’il serait plus enclin à piailler si on collait un flingue dans la gorge de sa femme, qu’est-ce que tu en penses James ? » Prescott se met à remuer, à battre des pieds et Médée force son frère à retirer l’arme de sa bouche, « on t’écoute. » son sourcil s’arque, « promettez moi de laisser Linda tranquille, tu sais très bien que les femmes de nos employés perçoivent une rente plus que décente à la mort de leur cher et tendre, un sifflement plus qu’une promesse, ce sont les ferreira, ils se sont alliés à une famille d’asie, le japon j’crois bien ou la corée, j’vous jure que j’sais pas » c’est au tour de la cadette de mettre sa main autour de la gorge de l’homme,  « park, c’est leur nom. » Médée soupire, s’agite plus que de raison, elle trouve un couteau dans un tiroir, détache les liens de l’homme avant de se mettre à hurler, « allez, dégage maintenant. dégage, va rejoindre ta femme ! » elle le pousse avec violence de sa chaise, quand il tombe au sol ce sont de violent coups de pieds qu’elle lui file en pleine côtes l’empêchant de ramper comme une larve. Elle le frappe avec une violence qui dépasse l’entendement, à en perdre son souffle jusqu’à sa beauté naturelle. Elle ne s’entend pas crier Médée au milieu de cette chambre devenue prison.


@James Marlowe
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