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| Sujet: Re: (médée) le chant des abysses / tw violence Ven 18 Déc - 0:11 |
| le chant des abysses@médée marloweet les ténèbres teintés de rouge, le pourpre sur le front de la tyrannie, la violence en étendard pour toute conquête. entre les mains, l’envie d’achever la fresque, de ressentir la vie que l’on arrache rejoindre la collection mortifère. les hurlements tout contre les tempes, il ressent un pouvoir qui devient entêtant. il sait, oui il sait, à chaque fois que cela se produit, que l’onde néfaste se propage, pourquoi il a choisi cette vie. celle qui vous hisse au bord du gouffre, pour mieux vous y précipiter, ressentir l’élan de la chute, l’appuyer sur les autres pour toujours surnager. car ce sera lui et elle, elle et lui, et personne d’autre. des cadavres, rien que des cadavres. de la chair inanimée, qui meurt, qui dépérit, qui laisse le passage aux autres envies, à celles que l’on exalte dans ce grand fracas. tout contre les tempes, un deux trois, un deux trois. la pulsation du sang que l’on asphyxie, avec prégnance, l’existence médiocre de paul, et lui pour la détruire. atome par atome. un univers à plonger dans l’oubli. crève, crève, et désespère de ne pouvoir empêcher le trépas. il est là, il est là, juste sous mes doigts.il ressent jusque dans ces émotions qui le parcourent le poids de son regard. son admiration le pousse à plus de magnificence, dans cette douleur apposée. il y a dans ses plaisirs et dans ses brutalités une façon sinueuse de venir chercher, plus que l’on ne peut donner. bien plus. ça n’est jamais assez. et puis il se fond dans son rôle, se l’approprie avec la facilité de ceux qui savent tant maquiller leurs véritables ressentis. l’acte ne s’achève pas encore mais il en connaît les tournures et les travers. il a un sourire mauvais pour cette vérité trompeuse, cette image qu’ils ont d’eux ne le surprend même plus, il est persuadé qu’isaac avait bien l’imaginaire aussi tordu quand aux relations de son fils avec sa fille. c’est peut-être lui qui a répandu les premières rumeurs, rien que pour les repousser dans des retranchements infâmes, c’était là ses petits jeux pleins de perversité. auxquels il valait mieux se soumettre tant chercher à y échapper pouvait vous amener ensuite à faire face à bien pire situation. l’absurdité des confessions du traître le force à se mirer dans un souvenir qu’il avait très longtemps repoussé. d’autres âges, d’autres enfers, ceux qu’il n’avait pas tissés. qu’est-ce qu’on fait aux menteurs, médée ? dis-le… dis-le à ton frère. la voix d’isaac dans ma tête, je parviens à peine à identifier quelle est cette main qui enserre le flingue. j’ai le goût du métal sur la langue, l’humiliation dans les veines, brûlante, effroyable corruption qui me donne envie de presser la détente. de regarder ce qu’il y a dans son crâne, de l’écarteler pour fouiller ses songes les plus interdits, les plus secrets. j’ai l’envie de revenir à cet autre temps, et de sourire à mon père juste après, de le défier du regard, de saisir mon arme et de le buter, bien avant que je n’ai osé réellement le faire. nous débarrasser du monstre pour que tu ne sois pas de nouveau confrontée à cette question. encore une fois. encore une fois. cette question-là.mais médée distingue ce qu’il hérite du père et ce qu’il en abat. il n’est pas isaac, non, jamais il ne se laissera dériver dans sa médiocrité à lui, dans la petitesse de ses manipulations, dans la violence qu’il a abandonnée sous leurs peaux tremblantes. il s’en nourrira, la violence deviendra firmament de rage, d’autres coloris éclatants pour vaincre les spectres de leurs nuits. ils seront les ténèbres pour les avoir portés dans leur sein, et les avoir vaincus quand isaac s’est éteint. les mots qu’elle oppose aujourd’hui sont bien différents. parce qu’elle n’avait rien répondu, elle avait refusé, jusqu’au bout de jouer sur la corde sensible de l’humiliation. elle n’avait pas cédé. alors james la regarde, james la dévore, il cherche dans sa phrase moqueuse tout ce silence rentré qu’elle a eu le courage d’opposer à son père. car elle savait, elle savait qu’il ne descendrait jamais son propre fils. alors plutôt crever que de lui donner cette satisfaction-là. james s’était senti plus vivant que jamais après cela. il n’avait jamais pardonné à isaac mais elle, elle il l’avait adulée pour n’avoir pas couronné son front perlé de sueur d’une peur entremêlée. elle ne l’avait pas abandonné. elle ne le fera jamais. elle se rapproche, ils redeviennent deux, deux êtres monstrueux. ils n’ont pas eu besoin de répéter ce petit entracte vipérin. il sourit, il sourit méchamment et ajoute, avec un sérieux vibrant : j’crois qu’en plus elle m’aime bien linda. alors je pense que j’aurai aucun mal à pénétrer chez lui, et à repeindre le lino avec l’esprit trop fantasque de sa gentille épouse. peut-être même qu’il regardera. après tout, on ne voit pas ça tous les jours, la fin du mariage sans aucune procédure, hein ? c’est l’argument de poids, médée sait que de peindre les foudres sur le joli minois de linda le fera céder. il appuie encore un peu le glock jusqu’à lui donner un énième haut le coeur et puis il se retire, tandis que les révélations pleuvent. marlowe savoure cette découverte, il y trouve autant d’amertume que de délectation. peut-être que paul se trompe et que les park ont agi seuls, ça leur ressemblerait. ça écarterait les ferreira. il a une jubilation irrépressible en montant la fable qui l’arrange le plus dans sa tête. il crache : ce sont des coréens, espèce de connard inculte.l’atmosphère glisse, le masque tremble. james laisse déjà ses considérations et ses projets de revanche quand il pressent le changement chez médée. c’est comme un coup violent dans l’estomac et alors que le temps semble s’engluer, il baisse les yeux pour la trouver, animale, dans un déchaînement qui déforme ses traits. il a l’impression de saisir quelque chose qu’il a jusqu’alors toujours effleuré. le prédateur révélé, pressenti depuis l’origine, dissimulé sous la froideur assassine. elle est somptueuse, défigurée ainsi par la haine, l’envie de tuer, d'annihiler jusqu’à l’existence qui se tient recroquevillée, alors que ses pieds la frappe, encore et encore. il abandonne tous ses instincts sur le seuil de cette image qu’il grave, qu’il adore un instant, comme ces combats que peuvent se livrer d’anciennes et vicieuses divinités sur des fresques que l’on ne peut embrasser d’un seul coup d’oeil. il faut s’y plonger, demeurer poussière face à la splendeur de nouvelles abysses. impossible de les survoler, il faut plonger. plonger jusqu’à elle. plonger jusqu’à toi. le prolongement de la haine, le garde-fou de tes errances, pour te sortir des eaux noirâtres où tu te baignes. où tu te noies. car tu te noies médée. de ces profondeurs là, on ne revient jamais. jamais. et je t’ai toujours promis de t’en tirer.le temps s’accélère de nouveau, james la saisit, d’abord le bras, risque de se prendre un revers qui ne l’effraie pas. il la retient, l’attire à lui, la love contre lui. monstre duel, monstre éternel. ses doigts s’enfoncent dans les muscles saillants de son ventre, parce que la virulence de son geste est encore là, à sourder sous la peau. le masque tremble oui. le masque se fêle. paul relève difficilement sa tête, qui ballote dans un drôle d’angle, dans sa direction, avec cet ignoble soulagement qui envahit ses traits balafrés par son propre sang. il est hideux. james ne sourit plus, il ne joue plus. et paul le voit au moment où les mots s’abattent sur lui. ou peut-être que c’est elle qui te rejoindra. il serre médée contre lui et il tend son bras, le glock ne tressaille pas, la main est sûre. quand il s’agit de tuer c’est toujours le cas. deux déflagrations s’enchaînent, deux coups de tonnerre au milieu de la tourmente. une balle en pleine tête, une dans le coeur. c’est toujours ainsi, c’est la signature de james. comme pour arracher et la vie et l’âme qui pourrait les trahir dans cet après qui n’existe pas. il serre médée, le sang se répand à leurs pieds. de ces profondeurs-là, on ne revient jamais. jamais. |
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