Never turn your back on me, again - Cassey

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{ never turn your
back on me again }
crédit/ tumblr ☆ w/@Luis Santiago  

Il y a quelque chose qui ne va pas chez elle. Quelque chose qui est là, ancré en elle, depuis toujours, ou presque. Elle le sait, Cassey, au fond d’elle, la princesse en a conscience. Si ses histoires d’amour finissent toujours mal, c’est bien qu’elle n’y est pas étrangère. Que le dénominateur commun, dans chacune de ses relations, c’est elle. Elle qui se tourne vers les hommes dangereux, ceux qui refusent l’engagement, ceux qui sont empêtrés dans leurs propres problèmes, ceux qui sont hantés par des démons qu’elle n’effacera pas, elle, même avec la meilleure des volontés. Cassey, elle a si souvent été engloutie par les affres sentimentales qu’elle a fini par avoir peur elle-même d’une véritable histoire. Avec Luis, elle ne voulait rien de plus que cette liaison ; rien de plus que l’avoir comme amant. Elle ne voulait pas tomber amoureuse de lui. Comme elle n’attendait pas qu’il tombe amoureux d’elle. Tout ce qu’elle voulait, c’était son respect. Son honnêteté. Toutes ces choses dont il semble dépourvu, Luis. Loin de se laisser atteindre par les rejets de la belle, le don Juan retourne la situation en affirmant que c’est elle, qui est attiré par les hommes tordus. Silencieusement, elle l’écoute, la gorge nouée alors qu’il laisse échapper de bien trop douloureuses vérités. Tu te sens piquée, Cassey, tu te sens attaquée. Sûrement parce qu’il dit vrai. Une vie tranquille ne t’a jamais attirée. Et ça fait longtemps que tu ne crois plus aux contes de fées. Non, en vérité, t’as toujours été captivée par le danger. Les mots du séducteur la perturbent, la mettent à nu, ils la prennent au dépourvu. Il la connaît, Luis, mieux qu’elle ne le voudrait.
Et ça l’agace un peu plus encore,
ça l’atteint toujours plus fort.
Elle a du mal à accepter qu’il puisse effleurer une réalité qu’elle n’a pas envie d’entendre. Moins encore de la part de l’homme qui l’a trahie alors qu’elle lui avait offert sa confiance. Cassey, elle a peut-être le goût du risque, mais certainement pas celui d’être trahie. Elle est bien trop loyale, bien trop vraie, bien trop entière pour le mériter. Ses mots lui font du mal car il s’attaque à ses lacunes, à ses névroses, à tout son océan de contradictions. Ils lui font du mal, aussi, car ils lui font penser à celui qu’elle commence à peine à laisser revenir dans sa vie. À Owen avec lequel elle aspire seulement, enfin, à une nouvelle chance. « Tu parles de choses que tu ignores. Tu n’as aucune idée de ce dont je peux avoir envie, tu ne me connais pas aussi bien que tu le crois, Luis. » Peut-être qu’elle voudrait, enfin une fois, commencer une vraie histoire. Peut-être qu’elle voudrait enfin y croire, la poupée si paradoxale. Elle est loin d’être uniquement ce qu’il a vu d’elle. Comme elle est loin d’être seulement la compagne idéale et tranquille dont Owen a besoin. Cassey, elle est emplie de bien plus de nuances que son ancien amant paraît l’imaginer. Et elle n’a pas la moindre envie de l’entendre parler d’elle comme s’il la connaissait depuis une éternité. Encore moins de le voir la mettre dans la case qui lui plaît alors qu’elle ne rentrerait jamais dans aucune.
Mais il n’a pas dit son dernier mot, Luis.
Il choisit une toute autre approche, une approche bien plus dangereuse pour son cœur. Incapable de le fuir, prise au piège de cette cage en fer, le papillon est condamnée à l’écouter. À le laisser immiscer son venin dans ses veines. Dans son cœur. Les azurs rivés sur lui le fixent, l’air interdit, alors qu’il avance un peu plus encore jusqu’à elle. Toujours plus proche d’elle. « Je ne veux pas le savoir... » elle tente, elle essaie, juste de l’arrêter. Avant qu’il ne puisse définitivement la renverser. Mais c’est trop tard, il vient de confier, il s’est attaché. « Ce n’est pas vrai… » elle laisse échapper dans un souffle, bien moins incendiaire, trop déboussolée pour l’être. « Tu ne t’es jamais attaché à personne, tu me l’as dit suffisamment de fois pour que je l’intègre. » Alors pourquoi, pourquoi se serait-il attaché à elle ? Cassey, elle n’a rien d’une exception. Elle est juste plus idiote que les autres.

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crédit/ tumblr ☆ w/@Luis Santiago  

Fragments volés,
des bouts de son âme libérée,
des analectes de sa personnalité,
des vérités qu’elle refuse de s’avouer.
Peut-être qu’il la connaît, Luis, plus qu’il n’y paraît. Plus qu’elle ne le voudrait. Plus, même, qu’elle n’oserait se dévoiler. Elle croyait qu’il n’avait accès qu’à une infime partie de son existence. À tout ce qu’elle voulait bien révéler en sa présence. Des morceaux choisis, des bribes de sa vie. Mais doucement, sans qu’elle ne s’en apercevoir, comme un archéologue en plein travail, il est allé chercher chaque faille. Il a exploré de ses mains curieuses et avides les fissures de son âme. Pour mieux s’immiscer à l’intérieur ; pour mieux s’engouffrer dans son cœur. Luis, peut-être, il la connaît plus qu’elle ne veut bien l’avouer. Plus, même, qu’elle ne se connaît. Attirée par l’ombre depuis longtemps, trop longtemps, l’astre solaire pourtant captivée par la lumière. Comme si, se jouait en elle, cette dualité entre les aspirations qu’elle a tant espérés, tous ces contes de fées qui l’ont bercée, tout ce qu’elle s’est racontée durant toutes ces années et…
elle,
cette autre parcelle,
cette autre partie d’elle,
celle qui se laisse consumer par les ténèbres.
Elle commence, à peine, à réaliser. Pourquoi elle s’est toujours tournée vers les mauvais garçons ; pourquoi elle s’est si souvent détournée de princes charmants. Comme si, en quête d’un amour impossible, c’est sa propre identité et ses limites qu’elle avait trouvées ; toutes ses contradictions mal assumées. Elle essaie de pallier ces manquements, ces creux béants qu’elle a elle-même creusé dans son cœur, bien entier, mais trop vacillant. Mais qu’il débarque, qu’il tente de l’envelopper dans l’obscurité de sa propre aura, c’en est trop pour l’étoile. Il continue, pourtant, il persiste, persuadé de ses dires. Si proche de la vérité, mais si loin aussi. « Mais bordel, qu’est-ce que tu en sais ? Si c’est ça que je voulais au fond de moi, si je rêvais de ça depuis toujours, tu y as pensé ? Tu crois que je ne veux pas de tout ça, parce que je n’ai jamais formulé une envie pareille avec toi ! Mais il ne t’est pas juste venu à l’idée que c’est parce que ce n’est pas d’un homme comme toi que je veux ?! » non, assurément que non ; elle ne veut pas de Luis. Il la détruirait, il l’anéantirait. Et puis, elle se souvient, Carmin. Carmin qui a gravé sur ce vieux meuble l’empreinte de sa main. Carmin qui l’a guidée, à se tourner vers un homme qui saurait s’engager ; un homme qui saurait l’aimer ; un homme qui saurait la graver pour l’éternité.
Et ce n’est pas Luis Santiago.
Il arrive pourtant là où elle faisait tout pour qu’il échoue. Il arrive à semer en elle tout ce trouble. Il arrive à la faire craquer, sous la colère et les nerfs, mais surtout sous l’émotion qui la submerge. Déstabilisée d’être ainsi mise à nue, Cassey, elle se sent un peu plus perdue. Plus chamboulée qu’elle ne le devrait, face à un homme qu’elle affirme détester. Un homme qui continue d’insister, d’exprimer, combien il lui est attaché. Son cœur noué paraît s’agiter, prêt à exploser dans sa poitrine. Comme, au bord d’un précipice. Il avance et la pousse à reculer, loin, le plus loin possible de lui et de son chant qui essaie de l’envoûter. « Arrête de dire ça. » elle demande, elle exige. Seulement il continue de se rapprocher sans se préoccuper de son ordre qui sonne, presque, comme une supplique. Elle se retrouve bientôt adossée contre le métal froid de sa cage, plus protégée que par son maudit carton de pizza. Les deux océans qui se détournent, elle se met à fixer le sol pour éviter de se noyer dans ses azurs. Mais elle sent toujours sa chaleur tout près d’elle ; elle entend toujours ses mots qui la touchent malgré elle. Il n’y a qu’à ses dernières paroles qu’elle relève enfin la couronne. Les deux billes s’accrochent aux siennes, alors qu’elle tente de le fusiller avec haine. En vain. « Je n’en sais rien, ce que serait ton intérêt. T’es complètement tordu, comment tu veux que je trouve une logique dans ce que tu fais ? » ses mots sont assassins, mais sa voix s’est involontairement adoucie. Elle n’est plus qu’un souffle. Elle laisse apparaître une brèche alors qu’elle devrait le repousser. Le rejeter comme jamais il ne l’a été.

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crédit/ tumblr ☆ w/@Luis Santiago  

Cassey Warren n’a jamais eu une vie posée. Car le premier homme qu’elle a aimé l’a brisée. Tous ceux qui ont suivi n’ont fait que poursuivre la même lancée. Peut-être qu’elle est responsable, peut-être qu’elle est la seule coupable. Le cœur morcelé des blessures infligées par son premier amour, elle n’a pas été capable de se tourner vers une véritable histoire, une de celles qui durent. Elle leur a préféré les unions impossibles, les liaisons destructrices, les désirs interdits. Comme une manière inconsciente de saboter toutes ses relations qu’elle aurait pu créer dans la durer ; une manière, assurément, de se protéger. C’est un fragment d’elle qu’elle n’a jamais voulu voir, Cassey. Il lui est plus facile d’assumer chercher l’homme de sa vie, que celui qui satisfait les plus folles de ses envies, cette soif infinie de vivre. Mais il pervertit tout ce qu’elle a pu lui dévoiler, il s’en sert pour le retourner contre elle. Il cherche, seulement, à mieux l’atteindre. Les billes ancrées dans les siennes, elle le contemple avec un agacement qu’elle n’arrive pas à dissimuler. Le voir décortiquer la moindre de ses actions, la moindre de ses réactions, en abuser pour mieux provoquer en elle une émotion. C’est la colère qu’il fait naître en elle, Luis, car c’est encore le meilleur moins qu’elle a trouvé pour se préserver de ses manipulations. Elle secoue la tête devant les paroles énoncées, poupée fébrile, poupée désappointée. « Tu ne sais rien de ma vie, tu ne sais rien de ce que j’ai vécu ou non, tu n’as pas le droit de juger ma vie comme si tu savais tout de moi ! »  Il parle comme si elle avait volontairement choisi d’exclure toute histoire d’amour de sa vie. C’est peut-être ce qu’elle a fait, inconsciemment, cela ne signifie pas que c’est ce qu’elle attend pour le restant de son existence. « Sous prétexte que j’ai eu envie d’une relation légère avec toi, je ne voudrais jamais rien d’autre, c’est ce que tu crois ? Je regrette, j’ai un peu plus de nuances que tu le penses. » elle conclue, piquée au vif. Blessée par tout ce qu’il peut dire. Sans doute car il approche de la vérité, celle qui lui fait si peur, celle qui l’effraie, celle qu’elle ne veut pas s’avouer. Elle redoute, Cassey, de ne pas être heureuse dans la vie qui lui tend les bras… mais elle le sera toujours mieux que dans les siens.
Seulement il n’abandonne pas.
Il n’abandonne jamais, il disait,
sûrement la seule chose qui était vraie.
Elle se recule pour éviter cette proximité, celle qu’il tente à tout prix de conserver. Plus déstabilisée qu’elle ne le devrait par ses confessions, elle se sent prise au dépourvu, incapable de réagir véritablement. Elle ne bouge pas, elle reste plantée face à lui. Presque, contre lui. « Sauf que je ne suis pas assez idiote pour croire encore ce qui sortira de ta bouche Luis. » Elle voudrait, sûrement qu’une partie d’elle voudrait. Se dire qu’il n’a sans doute pas été honnête sur ses affaires, mais qu’il était sincère avec elle. Sincère chaque moment qu’ils ont passés, chaque seconde qu’elle a… aimées. La princesse ravale difficilement sa salive alors qu’il insiste, une fois de plus, elle laisse échapper un faible soupir. « Non, tu n’as pas été quelqu’un de bien avec moi. On n’est pas ‘‘quelqu’un de bien’’ quand on ment tous les jours à quelqu’un, qu’on lui fait prendre des risques qui pourraient lui faire tout perdre juste pour son propre profit, sans rien lui dire. On n’est pas ‘‘quelqu’un de bien’’ quand on ne s’en veut même pas de lui avoir fait du mal, qu’on lui dit que c’est sa faute, parce qu’elle l’a bien cherché. On n’est pas ‘‘quelqu’un de bien’’ quand on ne pense qu’à ce dont on a envie sans se soucier une seule seconde de blesser les autres. » à cet instant, sa voix est plus calme qu’auparavant. Elle laisse apercevoir, pour la première fois, la déception derrière la colère. La blessure derrière la rancœur. L’attachement derrière la haine. Elle se dérobe finalement en utilisant le carton de pizza pour le repousser et reculer, le plus loin possible de lui.

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crédit/ tumblr ☆ w/@Luis Santiago  

Elle les connaît, les hommes arrogants. Ceux qui semblent croire que tout leur est dû comme une évidence. Ceux qui, en toutes circonstances, viennent afficher leur assurance. Elle les connaît, Cassey, mais elle n’en a jamais vu d’aussi culottés que lui. Il ne semble douter de rien, comme s’il était certain qu’elle lui pardonnerait. Comme si ce qui leur arrive n’était qu’un chapitre de leur relation quand le livre est en réalité fermé. Elle ne veut plus rien avec Luis, plus rien du tout. Mais il pense encore avoir l’occasion de la découvrir entièrement. « C’est trop tard. » elle lâche, d’un ton sec, mettant fin à ses tentatives de séduction malhonnêtes. Elle n’a plus aucune confiance en lui, comment pourrait-elle avoir envie de s’ouvrir à lui ? Comment, même, pourrait-elle y songer une seule seconde ? Elle veut seulement l’oublier, faire comme s’il n’avait jamais existé. Mais, pas prêt à abandonner, le serpent continue sur sa lancée. Il se rapproche d’elle, de plus en plus, jusqu’à lui faire perdre ses moyens.
Et derrière la colère qu’il a éveillée,
apparaît la femme blessée.
Elle laisse entrevoir, pour la première fois, combien il lui a fait du mal. Combien, derrière la rage qu’il a fait naître en elle, il n’y a que cette douleur qu’il lui a infligé au cœur. La poupée devient beaucoup trop vulnérable, mais s’échappe avant qu’il ne s’en aperçoive. Elle refuse de se laisser amadouer par la sensibilité dont il semble soudain pourvu, lui qui n’a jamais voulu évoquer ce qu’il éprouve. Elle refuse de le croire, Cassey, car il l’a déjà trop manipulée. Il sait trop bien, aussi, manier les mots pour la détourner de la vérité. Seulement elle a appris, la jolie blonde, avec le temps. Elle a appris à se protéger des hommes comme lui. « Mais tu ne ressens rien, Luis, au mieux j’étais ton plan cul préféré. » et elle n’en démordra pas. Elle le répète, elle s’entête, pour bien garder la réalité en tête. Elle ne veut pas se laisser atteindre. Ses sentiments l’ont trop souvent portée mieux que le contraire pour qu’elle reproduise encore cette erreur. Surtout pas avec celui qui s’est consciemment servi d’elle pour parvenir à ses fins. « Toi, tu l’as dit. Et tu le prouves à chacune de tes réactions, t’es… complètement hermétique à ce que je peux ressentir. Il n’y en a que pour toi. » elle lâche, la voix glaciale. Refroidie maintenant qu’elle se retrouve à nouveau loin de lui, l’esprit qui retrouve sa clarté alors qu’il essaie encore de la manipuler. Un léger rire, un peu nerveux, s’échappe de ses lippes rosées. « Je n’ai jamais prétendu te connaître. Je ne sais plus qui tu es… je ne l’ai jamais su. » elle conclue, amère, juste avant le redémarrage de l’appareil. Elle n’attend pas une seconde pour approcher des portes quand elles commencent à s’ouvrir. Sans une réponse à la promesse qu’elle perçoit presque comme une menace, elle s’échappe loin, loin de lui. C’est fini.