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 L'ataraxie et la neurasthénie | Binky

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Message Sujet: L'ataraxie et la neurasthénie | Binky   L'ataraxie et la neurasthénie | Binky Empty Jeu 5 Nov - 1:03


☾ ☾ ☾
{ L'ataraxie et la neurasthénie }
crédit/ fashionably male ☾ w/@Binky Mancini
Sillonner Brooklyn. Nippé d’un short de tennisman des années quatre-vingt scandaleusement court, et d’un maillot de Basketball aux emmanchures démesurément échancrées. Un bandana imbibé ceint autour du front, et un sac de sport des Lakers passé en bandoulière. Le tout sans s’être fait lyncher et rosser, par les mauvaises graines encapuchonnées campant sur les perrons de barres d’immeubles aux façades décrépites. Encore une chose que tu n’aurais jamais cru sans le voir ou – dans le cas présent – le vivre. De là à dire que ce quartier, traînant une tenace réputation de coupe-gorge taillée dans la glaise de la criminalité et l’insécurité, est un endroit où il fait bon vivre … il n’y a qu’un pas que tu ne te risquerais point à franchir. Néanmoins, le fait est que la triste renommée imputée à l’emblématique arrondissement, s’avère aujourd’hui sérieusement éculée. La zone de non-droit de naguère s’est passablement embourgeoisée. Les coffee shops branchés foisonnent voracement et ont conquis les monts-de-piété malfamés. Offrant à ces colons nommés hipsters - en passe de déloger les caïds patibulaires - des repères où les rafraîchissements chargés en thorine sont affublés d’un nom ubuesque, et les grotesques pâtisseries expérimentales vendues à un prix indécemment exorbitant.

Et si contre toute attente, le changement n’était pas qu’un vulgaire vœu pieux ? Supposition effleurant ton esprit irrigué d’endorphines, tandis que tu gravis la volée d’escaliers menant au miteux Palais d'Hiver de ton impétueux tsarévitch des bas-fonds. Une hypothèse qui vole en éclats, sitôt la porte de la piaule dépouillée franchie. L’absinthe soviétique dont tu ne saurais te passer, n’a pas bougé d’un iota. Tu retrouves le coursier sibérien exactement là où tu l’as laissé. Devant la télévision, sous les balles et les déflagrations des bombes de Call of Duty – ou de Dieu sait quel autre abêtissant shoot’em up dont il raffole. Avachi tel un sultan des mille-et-une nuits sur un clic-clac délatté, et gardant bien des choses en mémoire. Accoutré d’un survêtement aux couleurs du Spartak Moscou. Le cheveu hirsute et l’ovale de son anguleux visage laiteux envahi par une urticante barbe de sept jours. Un micro casque sans fil greffé sur les oreilles et une manette – passant un sale quart d’heure – entre les mains. Bien trop absorbé par son virtuel raid en réseau, pour daigner t’accorder ne serait-ce qu’une once d’attention. Pour cela, encore faudrait-il qu’il ait au préalable remarqué ta présence. Ce qui de toute évidence n’est pas le cas. "Encore à triturer ces fichus joysticks, hein.". Maugrées-tu horripilé, en te délestant de ton paquetage et libérant tes pieds du joug d’une paire d’Air Max.

Constat oralement dressé, auquel seuls les rafales de AK-47 et un rocailleux "Hmm" te répondent. "O...kay … .". Songes-tu en rongeant ton frein – et le bout de la langue – et opinant du chef. La dextre retirant le bandeau et s’aventurant dans la blondeur des épis humide. Une glaciale et souveraine indifférence - qui il y a encore quelques années de cela, t’aurait fait sortir de tes gonds et mener au carton – avec laquelle tu sais désormais conjuguer. Les petits garçons s’amusent tout leur soul, jusqu’à ce qu’un bien meilleur jouet surgisse, et les transforme en obsessionnels paquets de convoitise et d’avidité. Eh bien avec les hommes … c’est rigoureusement la même chose ! Tu le sais pertinemment. Que tu as de quoi supplanter tout les system software et les gigabits de mémoire du monde. Zénitude mise à mal mais conservée, tu ôtes dans une nonchalance vertigineuse le débardeur couvrant ton buste découplé. Ratatiné en boule, l’étoffe court et éponge le parterre de sueur constellant ton torse. Petites bifurcations sous les aisselles. Et un insistant toilettage, qui s’appesantit sciemment, sous le nombril. Là où trône l’encre d’un tatouage, s’étalant en direction des hanches. Une fugitive œillade à la dérobée vient se heurter contre tes pectoraux. Bien, ça commence à mordre. Un dernier petit coup de collier, afin que l’idée parachève son chemin et que la lumière jaillisse.

Le short dévale tes interminables compas et s’échoue sur le plancher crissant. Dévoilant ainsi un jockstrap vermillon. L’atout charme par excellence dans la catégorie lingerie pour homme. Le pendant masculin des dessous en dentelles affriolantes, électrisant la libido de ces messieurs. Simplement irrésistible. En plus d’offrir un confort, un maintien et une liberté de mouvement sans égal lors de la pratique sportive. Un fabuleux deux en un. "J’vais prendre une douche.". Informes-tu, l’intonation alliant désinvolture et espièglerie, tout en assénant un coup de pied au vêtement gisant à tes chevilles. Le projectile s’élève, atteint sa cible et met en plein dans le mille. Ou en l’occurrence dans la tête. Déstabilisé, le transporteur de Novgorod concède un Kill Shot et se met à vociférer dans la langue de sa mère patrie. Pas intimidé pour un sou, tu passes dans une lenteur savamment calibrée devant la télévision. Pose sur le seuil de la salle de bain, histoire de le laisser assembler comme un grand les dernières pièces du puzzle. Volt-face opéré et minois impassible. A l’exception d’un hoquet des sourcils, embaumant la provocation et l’effronterie. Tu refermes la porte sur ses globes oculaires exorbités et sa bouche bée, n’ayant rien à envier au loup de Tex Avry. Quittant le sous-vêtement couvrant chichement ta nudité ainsi que les chaussettes encore à tes pieds, tu roules des yeux en direction du plafond écaillé et amorces le comptage.

"Un, deux, trois … ." … la formule magique à l’intention des geeks connectés, et synonyme de victoire, résonne depuis le salon – qui n’en a à vrai dire que le nom. "J’déco’.". Et top ! Cinq secondes : record battu sans conteste. Pas mal. Si tu lui avais encore davantage prémâcher le travail, en revêtant la tenue d’Adam, tu es convaincu qu’il serait descendu en dessous de trois. Et voilà Messieurs Dames, comment on obtient l’attention pleine et entière d’un homme. Pas peu fier, tu pénètres dans la cabine de douche en jubilant et te congratulant d’une tape sur l’épaule. Le pommeau libère une pluie ardente, flagellant le faciès donné en offrande. Ruisselant sur le corps et délassant les muscles harassés. Les paupières se rouvrent doucement. Dans le plus simple appareil, ta plus belle erreur s’approche. Traversant les volutes de vapeur, les nébuleuses de buée et les nappes de condensation. Ses phalanges martèlent la paroi en verre dégoulinante. Ebaubi, tes soucoupes noisettes s’écarquillent. La triade de coups se réitère, sans qu’aucun geste ne l’accompagne.

Un sursaut. L’obscurité. La vaste immensité d’un lit désespérément vide. Le gisant encore assoupi, et noyé sous les vagues plissées des draps. Ce n’était qu’un rêve … . Hélas. Ceci dit, il y avait plusieurs signes avant-coureurs qui auraient dû te mettre la puce à l’oreille illico presto. Avec une telle tenue, on peut espérer se faire draguer dans Chelsea, mais on se fait à coup sûr tabasser dans Brooklyn. Tout être humain sensé et au fait de la vie new-yorkaise le sait. Niveau incongruité, ce n’est cependant rien à côté de la vieille dame qui promenait en laisse un grille-pain. Va savoir pourquoi cela ne t’a pas interpellé outre mesure en plein sommeil paradoxal … . Enfin, il y avait la plus cruelle et irréfutable des preuves. Il n’y a bien qu’entre les bras Morphée, que l’on peut se réjouir de côtoyer des âmes ayant rejoint le royaume d’Hadès. "Noooon … !". Gémis-tu d’une voix caverneuse en grimaçant et roulant sur le flanc, afin de tourner le dos à la porte de la chambre. Qui que soit cet importun visiteur t’arrachant sans vergogne aux plumes du sommeil, tu maudis son lamentable sens de l’à-propos. Pile poil au moment où les choses étaient sur le point de prendre une si douce tournure. Ce qui aurait de loin été l’expérience la plus torride qui t’ait été donnée de vivre depuis de très longs mois. Les mains baladeuses dans les transports en commun, n’entrant bien évidemment pas en ligne de compte.

Si c’est encore la casse-couilles du 303 venant pester et déverser son fiel : tu jures de lui faire bouffer son stérilet, Dieu t’en soit témoin ! Les à-coups reviennent tambouriner contre le bois défraîchi de la porte d’entrée. Grommelant tel un loup des steppes irascible, tu agrippes fermement la taie d’oreiller de part et d’autre et enfouis ta tête dessous. Désireux de naïvement reprendre le cours de ta voluptueuse chimère. Les heurts donnent un rappel et gagnent en intensité sonore. La rogne pétaradant au fond de la gorge, tu cherches à tâtons le polochon vacant reposant à bâbord. "Va te faire !". Beugles-tu la voix étouffée par le matelas – jadis à mémoire de forme – en jetant rageusement l’oreiller par dessus ton épaule. Convaincu qu’il ne peut s’agir que de ta voisine, avec qui – on l’aura compris – tu es quelque peu en indélicatesse et entretiens des rapports pour le moins houleux. Sommation sous forme d’atrabilaire injonction restant lettres, puisque l’insupportable vacarme persiste et s’accroit. Passablement agacé, tu quittes la chaleur de ta couche en envoyant vertement valser les draps. Dans une alternance de jérémiades et de feulements exaspérés, la carcasse parvient à grand-peine à se redresser.

La confort de la chambre délaissé, tu déambules tel un zombie anémié dans le salon en traînant les pieds. Faisant l’économie d’un allumage des spotlights, qui te carboniseraient la rétine. Un éléphantesque bâillement donne la réplique aux incessants bombardements. Tu réajustes convenablement le boxer groseille autour de ton bassin en pinçant l’élastique estampillé Calvin Klein, et réalises deux tours de clefs sitôt ta destination laborieusement atteinte. Petite vérification vestimentaire réflexe et d’usage. Rapide et vite vu en l’espèce. A l’instar de bon nombre de tes congénères masculins, tu constates in extremis que ton corps montre - indépendamment de ta volonté – son contentement au jour naissant. Un phénomène physiologique et naturel, auquel la teneur de ton songe n’est sans doute pas totalement étrangère. "Evidemment, il faut que ça soit un jour avec … .". Penses-tu en laissant tes cils se tresser, et décochant un soupir affligé. Le vit plaqué contre la phase gauche de l’aine, tu actionnes la poignée et entrouvres la porte, en prenant grand soin de laisser dissimuler dans l’ombre tout ce qui se trouve en dessous de la taille. L’éclairage cru du couloir t’agresse la cornée. Les écrins cutanés à moitié clos sur les opales. Les contours d’une silhouette floue immergent progressivement du brouillard.

Un harmonieux visage se dessine doucement mais sûrement avec netteté. Un visage d’ange fourbu et aux ailes efflanquées. Les yeux cernés de noir et les joues creuses. Le teint cacochyme habilement rehaussé par une copieuse strate de poudre de soleil. La clavicule saillant sous le maillage d’un pull en mohair, et les soyeux cheveux caramel tombant sur de petites épaules osseuses. Une délicate frimousse, qui parvient en un tournemain à souffler au loin l’animosité sinuant sous ta peau. Un regard, un geste, une voix, une présence qui t’apportent foutrement plus de force et d’espoir, que tout les toxiques censés retarder la tombée de la nuit éternelle. Le supplément d’âme qui te fait défaut. Qui te donne encore la force d’y croire. De te battre. De te raccrocher à une vie dévastée, où les cadavres s’amoncellent. "Sérieux là … . Bordel, on est samedi et il est … sept heures du matin.". Marmonnes-tu la voix couverte, en te frottant la nuque et approchant le cadran de la Swatch autour de ton poignet amaigri, à quelques centimètres de tes orbes de myope.

Pourtant ça va. Tu le lui as encore assuré pas plus tard qu’hier à l’hôpital. Lors de votre session d’interleukine dans le pavillon des cancéreux – pour reprendre le titre d’une célèbre œuvre de Soljenitsyne. Juste après avoir accusé réception de tes dernières analyses auprès de l’oncologue, n’ayant eu d’autre choix que d’augmenter le dosage de ses prescriptions, au vu des résultats guère probants. Un véritable coup de massue, que tu n’es visiblement pas parvenu à grimer aussi bien que tu l’aurais voulu. "A moins que t’apportes les croissants, moi j’retourne me pieuter.". Ajoutes-tu sur un ton amorphe, en regagnant l’obscurité de ton humble demeure. Implicite et singulière invitation à entrer. Faute d’avoir la force, et surtout le cœur, à congédier la rayonnante Binky. Elle qui, plus que quiconque au monde, ne mérite pas d’être traitée de la sorte. Elle qui armée de son inoxydable bonhomie, va une fois encore déployer des trésors d’énergie pour t’extirper des tréfonds de la sinistrose. Elle qui va adorablement te tanner. Affectueusement te travailler au corps. Délicieusement t’avoir à l’usure. Et l’emporter triomphalement. Comme toujours. Tibias buttant contre l’accoudoir du clic-clac, tu laisses ton mètre quatre-vingt onze s’échouer lourdement à plat ventre. Les ressorts vétustes du convertible expriment leur mécontentement dans un couinement strident. Paupières affaissées, tu te décroches à nouveau la mâchoire dans un bâillement de titan. Les cuticules de la dextre grattent brièvement le sacrum à demi-dévêtu. Quand dans le même temps, la langue produit d’inélégants bruissements pour éradiquer la désagréable sensation pâteuse régnant en bouche. Hmm. Cette fois, la gageure semble colossale. La pétulance et l’allégresse au seuil de ta porte, vont avoir du pain sur la planche. Le bras de fer les opposant à l’apathie et l’atonie s’annonce pour le moins rude. Serait-on sur le point de sonner le glas d’une incroyable série d’invincibilité ? Se pourrait-il que pour une fois dans ta vie, tu puisses être en mesure de l’emporter ? De goûter l’insipide saveur d’une victoire. Non … . Une victoire sur ce terrain : tu n’en veux pas. Tu préfères laisser, comme à l'accoutumé, les lauriers de la victoire à ta belle compagne d’infortune. Et demeurer cet heureux perdant, se régalant de ces sublimes défaites.
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