-- but I need some sleep (mahe)

cela fait déjà trois fois que tu te baisses pour ramasser tes clés qui ne cessent de s'échapper d'entre tes doigts. et chaque remontée est plus difficile que la précédente. c'est sûr, si tu recommences, tu restes à terre. alors t'essaie de te concentrer, de serrer les doigts et d'enfin y arriver. t'aurais pas parié dessus, mais ouvrir la porte d'entrée se révèle être une épreuve. parce que tu as l'esprit embrouillé par tout l'alcool que tu as ingéré. t'es pas forcément à ton avantage à cet instant, mais t'es bien trop imprégnée pour t'en rendre compte. quand enfin tu réussis à ouvrir la porte, il y a un élan de joie qui t'étreint, si bien que tu n'peux pas contenir un cri de joie de s'échapper d'entre tes lèvres. celles-ci sont rapidement couvertes par une de tes mains quand tu t'rends compte que le volume sonore est trop haut. il est trois heures du matin, l'heure n'est pas aux cris. "sshhh... faut pas réveiller mahe." que tu murmures en refermant la porte. tu la regardes une seconde, avant de tourner les talons. t'abandonnes rapidement l'idée d'essayer de la verrouiller avec tes clés, qui elles finissent leur course au sol, car tu as loupé le meuble. et merde. t'essaies même pas de les ramasser. tant pis.
et comme si tu ne venais pas de perdre dix minutes de ton temps à te battre avec elles, tu oublies tes clés et les misères qu'elles t'ont faites. t'aime l'alcool, parce qu'il fait bien son travail. avec lui, tout te glisse dessus, t'faisant oublier la moindre contrariété en quelques minutes. c'est agréable. t'étais pas censé rentrer ce soir, t'en avais pas l'intention. mais quand tu as eu la possibilité de suivre cet homme aux mains baladeuses, t'as refusé. t'étais fatiguée, que tu lui as dit. la vérité? t'es pas vraiment sûre de savoir pourquoi tu as dit non après avoir dit oui si souvent. tu as regretté quelques secondes quand tu l'as vu s'éloigner en t'insultant. les insultes, elles t'ont convaincu que tu as eu raison. tu n'as peut-être pas de standard élevé avec les hommes ces derniers temps, mais lui était définitivement un crétin. tu aurais pu rester encore un peu, danser toujours plus et rajouter quelques verres aux nombreux avalés, mais t'étais plus d'humeur. alors t'es rentrée. c'est pour ça que t'es là, à ce moment précis en train de retirer tes chaussures, que tu abandonnes au milieu du salon. tu tangues un instant quand tu reposes ton pied à terre, tu as juste besoin de quelques secondes pour retrouver ton centre de gravité défaillant. t'es encore debout, un exploit.
tu crois faire tomber quelque chose sur ton chemin jusqu'à ta chambre, mais tu fais pas attention, trop occupée à atteindre la porte que t'ouvres sans ménagement. t'es fatiguée d'un coup, ce soir tu crois que tu as pas besoin de prendre tes cachets, parce que grâce à ce que tu as bu, tu vas pouvoir sombrer dans les ténèbres, sans être hantée par des images que tu n'veux plus voir. alors pour quelques heures encore, tu seras tranquille. tu l'espères. tu balances ta veste dans un coin de la pièce, tu la rangeras plus tard et quand t'es en train d'enlever ta robe, tu perds l'équilibre. parce que c'était qu'une question de temps. tu bas des bras dans le vide pour essayer de rester stable, mais c'est peine perdue. alors que tu voulais te raccrocher à ta commode, c'est sur ton lit que tu atterris. c'était pas prévu. tu rigoles, parce que tu te trouves ridicule, parce que malgré la brume, tu sais que t'aurais pu plus mal tomber. et pis d'un coup, ça bouge sous toi. "pourquoi tu bouges toi.." que tu t'questionnes. alors y'a tes mains qui partent à l'aventure et elles ne tardent pas à rencontrer une surface chaude. est-ce que tu as ramené quelqu'un? tu t'poses la question sérieusement, les sourcils froncés à essayer de te rappeler. mais tu n'bouges toujours pas, tu restes allongée, te moquant du corps qui bouge sous l'tien. "pourquoi t'es là?" que tu demandes innocemment. t'es trop ivre pour t'rendre compte que c'est pas ta chambre, c'est pas ton lit. et que si ça bouge sous toi, c'est parce que c'est mahe qui a amorti ta chute.

tu t'sentirais presque bien là, sur l'corps qui bougent sous l'tien, sans que tu ne t'inquiètes d'en connaître l'identité. t'peux presque pas retenir les rires s'échapper d'entre tes lèvres, t'as bien fait d'boire ce soir. mais alors que t'étais pas décidé à bouger, on t'laisse pas le choix et tu t'retrouves à rouler sur toi-même, lâchant un cri d'surprise, priant silencieusement d'pas te retrouver au sol. tu pourrais bien y rester, et t'y endormir. t'as même pas l'temps de jurer quand il allume la lumière, tu t'contentes d'insultes silencieuses parce que c'est inconfortable et tu t'caches quelques secondes le visage avec ton bras. « Shaye, putain ! » tu as beau avoir l'esprit peu clair, cette voix, tu la reconnais. mahe. tu voulais pas l'réveiller, mais bordel, qu'est-ce qu'il fait dans ton lit à cette heure-là d'la nuit? t'as pas l'temps d'le questionner qu'il reprend, alors que toi t'essaies d'te redresser, t'asseyant, restant allongé étant dangereux parce que tu pourrais succomber au sommeil. « t’es dans mon lit, t’es ivre ? » t'habilles ton visage de ta plus belle moue innocente. "moi ivre???" que tu le questionnes alors que tu finis par t'laisser distraire par une mèche de cheveux, que tu fais rapidement dégager en arrière, te grattant l'nez par la suite, persuadée de sentir encore les pointes te l'chatouiller. "ok j'ai peut-être un tout petit peu bu, mais ça va hein" t'es presque pathétique, mais t'appuies tes propos en indiquant d'tes doigts un espace d'environ deux centimètres, pour montrer l'peu que tu as bu. pour la réalité, t'aurais probablement besoin d'tes deux mains, mais tu l'diras pas. pis comme t'es incapable d'te concentrer, t'as le regard qui s'balade sur la pièce. "elle est vraiment sympa cette chambre, pourquoi c'est toi qui l'a?" que tu annonces naturellement, alors que tu l'sais, ta chambre n'a rien à lui envier. mais t'arrives pas à filtrer c'qui peut sortir de ta bouche. « ça y est tu essayes de me sauter dessus dans mon sommeil, en faisant semblant de t’être perdu ? » qu'il dit alors qu'il s'lève, enfilant un caleçon. tu penches la tête, ne te donnant aucune peine à détourner l'regard. tu ris malgré tout à cette remarque. parce qu'avec lui y'a jamais rien eu, pourtant t'peux pas le nier, c'est un bel homme et il fait partie des seuls qu'on ta confiance et ton respect. "mon charme n'a pas l'air de marcher, tu t'rhabilles." tu soupires, feignant la déception. "il va falloir fermer ta porte à clé velazquez, c'est peut-être mon but" que tu dis avec un sourire aguicheur, riant d'ta propre plaisanterie. « sérieux … la prochaine fois réveille moi avec le petit dej ou le café , car là t’es un désastre … » t'avais l'esprit qui commençait déjà à vagabonder, mais ça t'remet sur l'droit chemin. alors que tu t'affalais doucement, tu t'redresses, soudainement intéressée. "petit dej. j'ai faim !" que t'annonces en t'redressant hors du lit, aussi bien que tu l'peux. tu as abandonné l'idée de le faire avec grâce, parce que là, t'en aies pas capable. une fois debout, t'accours, en tanguant parfois, jusqu'à mahe, t'arrêtant à sa hauteur, tes mains qui s'posent sur ses bras, proche de lui, parce qu'à cet instant t'as aucune limite, t'moquant bien de dépasser son espace personnel. "t'es un génie, à table.", tu l'dépasses bientôt, mais tu t'arrêtes à l'encolure de la porte. tu t'retournes sur lui, les sourcils soudain froncés. "est-ce que tu as dit que j'étais un désastre?" tu as les mains sur les hanches, et tu l'fixes, l'air faussement méchant. tu n'tiens pas droite très longtemps, si bien que l'encolure d'la porte finit par t'aider à rester debout. il a peut-être pas tort. t'es un désastre, parce que t'enchaînes les soirées arrosées, t'mettant parfois dans des situations dangereuses. mais tu t'en moque. parce que toi, tout c'que tu veux, c'est t'sentir vivante. ressentir quelque chose, n'importe quoi, autre qu'ce vide et cette tristesse. mais sans l'alcool, tu t'fais assaillir par des images d'métal qui s'broie, t'entends des cris, dont les tiens. pis y'a ce sang, y'en avait bien trop pour qu'ça se termine bien. pourtant c'est toi qui t'es réveillé. pas lui. satanée injustice. tu secoues la tête, chassant tes pensées négatives qui pourraient faire s'évaporer l'effet euphorisant de la boisson dans tes veines. t'hausses les épaules en jetant un coup d'oeil vers la cuisine, avant d'remettre ton intérêt sur mahe. "qu'est-ce que tu as envie d'faire à manger?"