welcome to my darkness. (trejan)

L’éclat de la lune comme seule lumière, comme seul rempart contre les ténèbres. Ils sont partout, nulle part à la fois, les ténèbres. Les monstres cachés, tapis, en chaque être humain. Les âmes, noires, sombres, qui animent chaque carcasse. Celles qui font mine d’être en vie, de s’animer au gré des jours et des saisons, quand elles ne sont que victimes prêtes à rejoindre la damnation. Les vilains, croisés tous les jours, ceux à qui elle vend, revend, la plus belle des marchandises. Ceux qui n’ont plus qu’à presser la détente, et boom. D’un mal à l’autre, tu ne sais pas qui est le pire, Sofia. Celui qui achète, celui qui fournit. Celui qui désire, celui qui procure. Loin d’être une sainte, loin de l’aura angélique, Perséphone sur le chemin de l’enfer, t’acceptes ton sort. L’heure viendra, le purgatoire t’engloutiras. Martyre de la vie, coupable de tes choix. Dernière vente achevée, succès d’une main de maître, de cette gorgone qui n’a de cesse de faire ses preuves. Ne jamais faiblir, ne jamais rien lâché. Vingt-quatre ans, force de la nature, dans l’engrenage Ferreira, pour préserver sa famille. Seule famille. Dernière famille. T’as pas le droit à l’erreur, Sofia, tu le sais. T’as pas le droit de te tromper, pour la protéger, elle. Dernière vente achevée, un retour au cabaret, l’heure est tardive et il ne reste certainement plus personne pour y trainer, mais ses affaires y sont, et elle n’est pas couche-tôt, Sofia. Oiseau de nuit, louve errante, en quête d’adrénaline toujours un peu plus forte. Moto laissée à l’entrée du lieu, elle s’y aventure, connaît le terrain par cœur, depuis deux ans. Terrain de jeu qui est le tient, qui était celui de ta tante, avant. L’initiation du sang, l’initiation du cœur. La brune prend ses aises, rejoint l’arrière-boutique, enfile un sweet pour affronter à nouveau la nocturne, jusqu’à ce que son visage ne vienne perturber son regard, dans le coin de la pièce. Trejan, le petit dernier, celui qu’elle croise depuis des années, plus encore durant les deux dernières, sans jamais l’approcher. Trejan, tout seul, un brin pensif, un peu trop pensif. Oh, bonsoir. La main passée dans la crinière, peut-être la première fois qu’elle se retrouve seule avec lui. Peut-être la première fois qu’elle se retrouve si près de lui. Tu restes assez tard. Assez tard et seul, ce qui t’interpelles, Sofia. Lui qui reste, quand tu ne faisais que passer. Lui, qui reste quand tu comptais rejoindre l’obscurité. Pourquoi, après tout. Peut-être que t’as tout ce qu’il te faut, ici. Tout ce qu’il te faut, juste là, sous tes yeux.

(c) shining.

la pénombre s'est instaurée dans nos rues, là où le vieux béton deviens qu'un peu trop lugubre, les lampadaires qui espèrent pouvoir rendre cette atmosphère un peu moins pesante, mais la vérité c'est que la nuit c'est tout un tableau qui fait hérisser les poils à certains, que ce soit un frisson de plaisir ou un coup de peur en plein dans l'âme. satan s'est inséré au coin des batiments, tu sors d'un vieux batiment, cette fois, c'était pas pour le plaisir des camés mais seulement pour le tien. un passage par la case d'une fille aléatoire pour un plaisir charnel qui n'aura duré qu'un instant. le gout d'une mélancolie mortelle au creux de l'âme, le volant de la voiture est toujours le même, a l'air bien trop hors d'usage, les pédales qui sont trop abimées par le labeur et les chaussures erraflées contre leurs grés sur le sol new-yorkais.
Black bird, black moon.
Black sky, black light.
Black, everything black.
Black heart.
Black Keys, black diamonds.
Black out.

retour au cabaret pour passer la fin de soirée, surement seul, affalé dans un siège et des écouteurs aux oreilles parce-que t'es encore ce gamin (un poil trop) adolescent dans sa tête. une moto croisée aux abords du cabaret auront eu raison de ton arrêt si soudain et de cette portière claquée. qui oserait se pointer à une heure telle ici? la porte qui se claquera aussitôt et le regard qui va se poser sur Sofia, de ce que t'as compris, sa famille a bossé pour vous avant, 'fin elle a été pistonnée.. mais toi aussi donc bon.. tu te permettras d'arquer un sourcil un instant, avant de souffler un air sympathique donc "Salut!". et tu sembles rapidement remettre ta veste alors que tu prends soin de te poser contre un pilier, pour regarder la fille qui semble avoir commencé la conversation, mimant d'être à l'aise dans ce monde, à s'y croire presque trop parfois. "J'ai du faire deux trois trucs ce soir." où simplement: j'ai du me taper une nana dont j'oublierais surement le prénom demain matin.

tu sembles détourner ton regard vers le bar un instant donc, avant de dire si simplement "tu veux boire quoi?". tu perds jamais vraiment ton temps, faut l'avouer, cette fille est plutôt belle, 'fin elle te plait pas mal. t'as souvent fait en sorte de la croiser en journée, mais jamais vraiment t'as fait un premier pas. jusqu'à ce soir.

comme quoi.. les bonnes résolutions commencent lorsqu'on s'y attends le moins. profites donc sofia.

Des fantômes, des damnés, comme bloqués dans ce cabaret. Tanière de la noirceur, éclat des démons, fragments de vices parsemés ici et là. Il y a ces filles, qui dansent, qui se noient parfois avec des bougres mal intentionnés. Il y a les armes, stockées, prêtes à être revendues pour semer la guerre et le chaos. Il y a la poudre, la blanche, qui passe de sachets en nez, qui bousille l’organisme des êtres les plus fragiles. puis il y a toi, là-dedans, sofia. Dans ce monde qui est devenu le tiens. Avec ces personnes qui contrôlent ta vie. Une vie offerte dans le seul but de soulager la seule personne qui compte, ta seule famille. puis il y a trejan, là-dedans, lui aussi. Le petit dernier de la famille, position délicate lorsqu’on observe les plus grands. Ceux qui n’ont plus rien à prouver quand, trejan, lui, a peut-être encore le monde à consumer. Certainement ce qu’ils attendent de lui, qu’un jour, successivement, il devienne roi de l’empire.
Quant à savoir s’il aura la carrure, la question est toute autre. Peut-être que c’est ce qu’ils ont en commun, tous les deux. Le destin autoritaire qui oblige à se renforcer, à prendre des responsabilités qui n’auraient jamais dû exister. t’as jamais eu une vie normal, toi, sofia. T’as jamais eu ce cocon familial, cette mère aimant prête à prendre soin de toi. T’étais plutôt la chef de famille, t’étais plutôt celle qui devait constamment surveiller ta mère et non le contraire. un souffle repris, l’espace de quelques années, quand sa tante était encore valide, encore capable de gérer la vie de famille. Et des responsabilités, de nouveau. Prendre soin de quelqu’un plus que sa propre vie, de nouveau.
Un instant de presque calme, pour profiter, pour se libérer, vraisemblablement accompagnée. Trejan qui lui propose un verre, pour la première fois. Qui initie un moment avec elle, pour la première fois. un gin tonic. Merci. elle déplace sa carcasse jusqu’au comptoir, s’installe aux côtés du beau brun comme deux êtres qui s’apprivoiseraient enfin. si tant est que ce soit possible, pour toi, sofia. Que pour une fois, tu ne finisses pas la soirée en te mettant en danger, que ce soit à travers tes activités ou de par ta brutalité. et toi ? qu’est-ce que tu bois ? l’esprit intrigué par cet homme qu’elle croise depuis des années, qu’elle intègre dans son paysage, le visage familier qu’elle ne connait pas vraiment. Qu’elle s’apprête peut-être à découvrir, ce soir.

(c) shining.

il y'a ce monde abrupte, noir et sombre qui s'entrechoque avec les lumières et les jolies filles en tenues légères qui se dandinent contre les billets des pères de famille qui ont besoin d'avoir cette flamme sexuelle ravivée parce-que la vieille mère d'famille s'dénude plus aussi souvent que lorsqu'ils avaient vingt-ans. le monde est rempli d'paradoxe, de débilités et de trucs plus incompréhensibles, mais soit, c'est comme ça. on peut rien y faire. dire que sous les pieds se planque les stocks des business des plus illégaux, un rapide soupire émané.
puis un regard sur sofia,
et un sourire rapide,
loin d'être voulu.
pas insensible au charme de la demoiselle.
ça se voit, ça se sent.

le corps s'est foutu derrière le bar de manière non-chalante, y'a plus personne, ni même le barman, alors il s'improvise en tant que tel. trejan y mets du sien, peut-être trop appliqué pour un simple gin tonic, peut-être trop appliqué pour sofia? il trouve pas vraiment, puis en vérité il a toujours regardé la fille du coin de l'œil depuis des années, alors quitte a tenter son coup, autant abattre toutes ses cartes, c'est ce qui pourra ouvrir les portes d'une réussite sentimentale? 'fin bref on est loin d'y être, et même pas sur que tu pourras juste la foutre dans ton lit un jour. ( ce serait déjà une victoire non? ) il posera ensuite son regard dans celui de sofia, offrant le verre en même temps, un poil bouche-bée, pas totalement sous son charme ( ou peut-être que tu te dis ça pour te rassurer? ) et la question se répète: pourquoi j'y ai pas prêté attention avant ce soir ? il semble sourire un poil bêtement avant d'être ramené sur terre par la demoiselle, alors il répondra du tac au tac "euh. un whisky. je crois."
et merde trejan.

L’effluve qui se dégage de l’atmosphère est différente, ce soir. Un brin plus magique, ce soir. Peut-être parce que la solitude est maître-mot, parce que le calme règne quand les âmes les plus tourmentées s’en sont déjà allées. Les âmes les plus tourmentées, parmi la clientèle salace, parmi les foireux qui bavent devant les corps vides de cœurs. Les âmes les plus tourmentées des maîtres du jeu, elles sont peut-être encore ici. trejan, dernier fils ferreira, toujours à prouver sans jamais se dévoiler. Trejan, perdu dans un monde imposé, peut-être plus sensible que ce qu’on pourrait imaginer. Et toi, sofia. L’explosion dans chaque coin de ton cœur. Le souffle coupé, qui ne cherche que le danger, la seule façon de sentir que t’es pas en train de crever.
Elle l’oublierait presque, une seconde, peut-être deux, cette apocalypse permanente. Elle l’oublierait presque, un peu trop concentrée sur le visage de trejan, sur cette mine pensive, sur la manière dont il lui sourit, pour la première fois. premier sourire, que tu rends, sofia. Premier regard, que tu rends, bien plus intensément. tu crois ? faible sourire, de nouveau, alors qu’elle s’y perd, elle aussi. Pas habituée à ce genre de moments, à quelque chose d’au fond si simple, mais si extraordinaire pour elle. Hors de son quotidien.
Un remerciement naturel pour son verre, qu’elle commence à déguster quand trejan se sert le sien également, puis une hésitation. Une légère hésitation qu’elle balaye d’un revers de la main, dans une belle élancée. t’avais l’air pensif, quand je suis arrivée. t’avais l’air dans ton monde, dans un autre monde, et peut-être qu’il m’intéresse, ce monde. Peut-être que j’ai envie de plonger dedans, rien qu’une soirée, rien pour oublier le miens, rien que parce que tu m’intrigues plus que jamais. lui, qu’elle croise depuis des années. Lui, qu’elle découvre pour la première fois.  

(c) shining.

dans le coin de la pièce les cadavres de cigarettes débordent du cendrier, les verres tout juste débarrassés auront la luxure d'offrir a ce lieu des étranges airs de film macabrement drôle. et dans le coin où vous, deux antagonistes de ce monde se dressent, tout semble un instant plus joli, plus doux, plus agréable, plus tout. bizarrement trop positif pour deux âmes comme les vôtres. croupier a jeté les cartes et vous laissera continuer votre partie de poker a deux, comme si c'était votre destinée, de devoir au final vous débrouiller a deux. bizarrement trop à l'aise avec sofia, cette demie-inconnue. sofia bloquée ici comme toi, même dessein sombre qui vous pousse dans les entrailles de la société, a soigner la douleur par le mal. à couper les soucis par de nouveaux, comme si le moyen d'soigner une blessure, ca serait de la laisser s'abimer au fil des journées. mais tu sais sofia, peut-être qu'on est tous au bord du gouffre, mais s'il fallait tomber, ça serait peut-être a tes côtés finalement.
il suffirait surement d'un instant pour se permettre de succomber, pour se blesser de nouveau. autodestruction bien plus agréable en vérité, puis chaque chose que tu as touché, que tu as pu approché un instant se sont retrouvées brisées, où s'éloignaient de toi, alors la vérité c'est que tu ne supportes pas ça, et que t'éloigner de ça, te permets d'être bien mieux en paix, avec toi, avec le monde, alors imaginez-le dans la crainte constante d'être une simple marionnette a la guise d'une autre personne. et pourtant perdu dans le regard de cette demoiselle tu te laisserais aller, et à ce sourire tu pourrais baisser les armes le temps d'un instant, mais la lucidité te rappelle et te laisse avoir les pieds sur terre. et tu sembles rapidement reprendre sofia d'une voix calme, digne d'une pièce de théâtre ou pas si loin de ça "j'en suis sûr même." un clin d'œil plus que basique, garçon tchatcheur, t'as toujours été comme ça trejan alors tu peux pas t'en empêcher.
verres servis, cartes sur tables. reste a voir qui a la meilleure main, et qui arrive le mieux a jouer. il haussera bêtement les épaules a la question, où  la remarque de sofia, pour répondre presque bêtement "oh ça m'arrive, assez souvent. la seule personne qui peut être totalement d'accord avec moi, c'est moi même." ajoutes-tu en riant presque. et tu sembles avaler la liqueur cul-sec. toi qui posera le regard sur sofia, un sourire ample, trop sincère, même pas commandé, qui se fixe sur ta gueule.

bordel trejan, il se passe quoi là?

D’apparence si différents, et pourtant peut-être bien plus semblables que ce qu’ils imaginent. Tous deux, emportés par ce destin trop grand pour eux. Un peu de danger, une vie dans l’illégalité, une vie condamnée, en sommes. parce que, qui que tu rencontres, sofia, quoi que tu fasses, comment expliquer tes activités. Comment te livrer à quelqu’un sur ce qui t’apportes le confort et la sécurité. un boulot qui n’a rien de normal, dans une vie qui ne l’est pas non plus. Une vie qui ne l’a jamais été, dans son cas à elle. t’as d’abord été la fille de la folle, la fille de la tarée du coin, sofia. Puis la sans-abri, l’abandonnée, le déchet juste bon à jeter et maintenant, t’es la trafiquante, t’es le bras droit des ferreira pour tout ce qui touche aux armes, tout ce qui touche à tes petits bijoux. pas normale. Et lui non plus, par définition. Lui non plus, par naissance.
et vous êtes peut-être les meilleures personnes pour vous comprendre, sofia. Pas de faux semblants, entre vous. Pas de mensonges. Juste une putain de sincérité, une honnêteté brutale et décomplexée. ce soir plus que jamais, alors qu’ils apprennent à discuter, à s’apprivoiser, pour la première fois. alors que le courant semble passé, étrangement, comme une électricité entre l’âme sauvage et l’âme volage. c’est ainsi que tu le perçois, sofia, le gamin des ferreira. Comme un le jeune charmeur, celui qui a tout à prouver, si bien qu’il n’ose s’attacher. Une idée peut-être faite un peu rapidement, basée sur ce qu’il dégage. un sourire un peu plus grand à son clin d’œil, elle apprécie le moment, simplement. Elle profite, se change les idées, se change les esprits, en se concentrant sur lui.
Chacun d’eux se laisse happée par le liquide brûlant contenu dans leurs verres, au fil des échanges, au fil des regards. Des rires, même, lorsqu’il affirme être le mieux placé pour se comprendre lui-même. oh, je vois. Tu m’intrigues. le regard dans le sien, une seconde, avant de le détourner sur son verre, en reprenant la parole. j’avoue que je suis curieuse de savoir à quoi tu pensais… curieuse de savoir si tu pourrais être d’accord avec lui, toi aussi. Si vous pouvez être sur la même longueur d’onde, sur le même quai, voguant vers le même horizon. .

(c) shining.

le profond intérieur concorde, deux âmes éméchées enfermées en cage, deux oiseaux bloqués dans la même cage qui n'ont trouvé que bon pendant des années de s'esquiver. ce monde qui n'est pas le sien, qui ne le sera surement pas, surement jamais. et ce n'est pas ce qu'il veux. il veut s'en évader, lui qui ne veux que s'envoler aura peut-être besoin d'aide. roi des petites pilules  et pharmacien hors-pair, tu t'amuses aussi a gérer la plaque tournante, une sorte de trader des temps modernes, ou un trader de la mort. mais pas parce-que tu vends bien, enfin si, mais c'est surtout par rapport à ce que tu vends. du genre les deux aimants qui se tiennent a distance, jusqu'à ce que les polarités jouent avec eux. du genre les deux démons de l'enfer, ceux qui se posent sur les épaules pour faire pencher les bonnes personnes vers les abysses, et peut-être que t'y as pris goût sans l'avouer, peut-être que t'y prends autant de plaisir qu'elle. peut-être que vous êtes les mêmes, des sortes d'âmes sœurs? tant bien tout ça te dégoûtes au plus haut point depuis des années. why? because nice guys always finish last. but fuck you are not that nice.

il ne fera que de se perdre dans la transparence de son verre, l'alcool qui brule doucement la gorge encore, la bouteille que tu videras ce soir dans ton salon sur le chemin de ton lit, a moitié mort ravivera les mauvais souvenirs quand la gueule de bois du matin fera sonner les sons les plus doux en une cacophonie insupportable. alors que tu t'amuses a jouer de la situation, a essayer de la charmer, de la déchiffrer, parce que t'aimes faire ça, c'est presque un passe-temps, de voir les entrailles des gens, d'imaginer ce qu'ils peuvent penser, d'imaginer leurs craintes, de jouer avec eux. comme on joue avec toi, de toi.

il finira par retomber dans les iris de sofia un instant, l'écoutant parler a son aveu ou presque. alors qu'il sourira un instant, a pleines dents ou presque. alors qu'il soufflera donc, ne sachant quoi répondre alors que sa nouvelle phrase fera mouche dans son cerveau. alors qu'il se penchera sur le bar ou presque il répondra aussitôt "y'a plusieurs options." démontre t-il avant de reprendre directement "la première serait par rapport au fait qu'on ne s'est jamais parlé malgré que tu sois plus qu'intrigante." lache t-il sans aucune crainte, roi des phrases a moitié bancales et clichées qui font totalement rire le garçon. "puis en second, c'est pourquoi parfois j'agis comme un con." ajoute t-il, repensant au caprice fait dans la baraque d'alix, et l'envie d'étriper ezio, où quelque chose dans le genre, chose sûre: tu peux totalement pas le voir.

Les pensées accablantes, ce sentiment qu’elle ne connait que trop bien, celui d’être assommée par le poids du monde, celui d’être ravagée par les tortures de l’existence. Un sentiment qu’elle connait, qu’elle n’oublie pas, qui résulte de son expérience de sans-abri, du traumatisme de la gamine dont la mère s’est évadée. Dont la mère s’est évaporée dans la nature, atteinte d’une maladie mentale bien trop dangereuse pour elle-même. La charge mentale, la culpabilité, les responsabilités étouffantes, elle connait. Mais depuis qu’elle est chez les ferreira, sa vie s’est transformée, hors d’atteinte, sans limite, sans peur. une seule mission fixée dans son esprit, garder sa tante en sécurité. Pour ce qui est du reste, elle donne son corps, elle donne son âme, à milo et au reste de sa famille. parfois, trejan, tu le sens comme toi. Tu le sens pris au piège par ce même poids. Peut-être avec un peu plus de candeur, peut-être avec la protection de ses frères et soeurs. c’est naturellement qu’elle se place de l’autre côté, verre à la main. de l’autre côté, l’écoute facile, l’oreille attentive. Pas qu’elle soit particulièrement douce, sofia, loin de là. mais aux côtés de sa mère, elle a appris à écouter. Elle a appris à se taire pour aller jusqu’à entendre l’inaudible.
Ce qu’elle entend, présentement, lui plait. Trejan la surprend, la pousse à sourire, à laisser fendre la carapace de la louve endiablée. Trejan la surprend de ses paroles à peine maitrisées comme s’il cherchait à s’en approcher. peut-être bien qu’il est là, le réel enjeu, sofia. Découvrir ce qui ce cache derrière l’un, derrière l’autre. comme un jeu, comme une course à la recherche de l’étincelle. je vois. Pour ta première pensée, je dirai que nous étions peut-être un peu trops pris dans nos boulots respectifs. Peut-être ? trop pris par le trafic de l’un, par le trafic de l’autre, pour prendre le temps de vivre un peu normalement. D’apprécier un semblant de réalité, de se focaliser sur l’essentiel. pour ta seconde pensée, je te demanderai de développer. petit sourire un peu plus tendre. mais je pense que l’être humain est fait pour agir comme un con, parfois. toi la première, sofia. Parfois trop dure, parfois trop violente, parfois trop brutale, t’oublies parfois que t’as un cœur, que les autres en ont un aussi. trejan en possède un, de cœur. Elle n’a pas de doute. Parce que ses préoccupations sont bien trop humaines pour qu’il en manque. Un brin de bonté qu’elle n’avait jamais pris le temps d’apercevoir.

(c) shining.

peut-être que trejan aurait voulu se retrouver seul ce soir, à se bourrer la gueule, quitte a finir mort allongé sur le bar, des pilules au bord des lèvres, et un vieux joint éteint dans sa main, peut-être qu'il va le faire maintenant, dans le cabaret de son frère, là où il sort un joint déjà roulé, comme si le rituel avait été prévu à l'avance, là où il l'allumera aussitôt, laissant ses pupilles bientôt dilatées se perdre dans celles de sofia. petit trejan qui avait juré de ne jamais toucher à ce qu'il vendait a bien changé, il ne sait pas vraiment si alix, gregor et milo le savent, 'fin gregor serait le plus à même de le savoir, lui qui s'occupe de te ramasser chaque matin. il laisserait presque sa tête tomber, pour s'écraser contre le bar, où irait dans un ring de boxe face à un malade mental et se laisserait défoncer, peut-être que ça pourrait tout remettre en place dans ta tête. il a envie d'imploser trejan, il ne supporte plus rien, l'envie actuelle serait soit de tout foutre en l'air, soit d'se foutre soi-même en l'air, y'a plus de réel but à se bloquer dans ce monde où il hait la personne qu'il est devenu, où il hait les gens qui sont autour de lui, où personne ne semble venir lui offrir l'attention qu'il n'a jamais reçu. et peut-être que c'est ce qui a merdé avec isaure. t'en demandais surement trop, même si elle a fait la connasse avec toi.
tu pourrais même croire un instant qu'avec sofia ce serait différent, parce qu'elle a l'air différente. et t'as l'air d'aimer ça, peut-être pour la première fois depuis des années, tes mots charmeurs sont pensés. et y'a les bouffées de nicotine mélangée a l'herbe, que tu souffles dans les airs, juste pour pas tout renvoyer a la gueule de la brune par respect, pour se faire bonne conscience ou vraiment par principe? plutôt les deux. il la laisserait presque gagner aussitôt, a ce petit jeu qui s'entreprends sans même qu'ils ne le veulent. mais il adore ça dans le fond, alors il boit la moindre parole de sofia, hochant simplement la tête a sa réponse avant d'ajouter bêtement. "possible, je serais presque sur le point de regretter." trop enfermé dans un monde sans âme qu'il ne fallait même pas la regarder, sauf que ce soir, ça a changé, et la vérité? t'es déjà entrain de craquer sur elle, bordel tu penses déjà a quel point tu s'ras gêné en la croisant les prochains jours. goddamn. il posera le regard sur sofia, avant de bêtement arquer un sourcil a sa remarque donc "j'ai fait de la merde. avec alix." souffle t-il la voix amer, les yeux larmoyants a cause des multiples taffes sur son joint, alors qu'il le pose dans un cendrier posé sur le bar, a la disposition de la femme si elle le souhaite alors qu'il s'abreuve presque des mots de celle-ci. "eh beh ici on a pris le mot parfois pour quelque chose de plus fréquent alors sofia." souffle t-il avant de rigoler donc, se relevant aussitôt avant de retourner dans le bar pour regarder les différentes bouteilles présentes. première trouvée, un vieux whiskey, pas des plus gouteux, et pourtant la bouteille sera vite ouverte et portée au bec de l'homme qui semble boire au goulot donc, avant de dire en se retournant "comme ça on a réservé notre bouteille pour ce soir. t'en fais pas, personne dira rien." parce que je le fais déjà tout les soirs ou presque. ah et pour la bouteille? est-elle a moitié pleine? où a moitié vide? a voir comment on la regarde, mais aux yeux de trejan, elle est encore bien trop pleine. et l'alcool qui lui brule la gorge ne sers pas de moyen de dissuasion.