differents thoughts on spot. (james)

differents thoughts on spot
@trejan ferreira


ça sent le cuir et la sueur, l’envie de réussir et la peur. james est en haut, à parlementer avec le responsable de cette salle de boxe insignifiante du queens. en pourparler, parce qu’il s’agit de trancher s’il faut investir ou raser. les marlowe visent ce secteur pour un autre complexe de divertissement : il leur faudra des mois, peut-être même deux années pour s’y implanter, mais irène et lui posent déjà leur ambition sur les droites lignes d’un nouveau projet. vers l’excellence ou l’échec, qu’importe, tant que l’argent est réinvesti. le quartier est historique, en partie protégé. y construire quelque chose de neuf s’avère être une entreprise risquée et complexe, rien qui ne puisse plus ravir james qui se doit alors d’aller visiter chaque propriétaire récalcitrant pour savoir s’il se laissera acheter, corrompre ou contraindre. il y va en personne, il préfère. évite de faire appel à son service juridique si tôt dans la négociation, histoire de s’imprégner de l’atmosphère. le vieux tient à sa salle, il argumente, il donne des noms prestigieux, de ceux qui ont débuté par ici, comme si cela pouvait attirer sa sympathie. la seule chose qui le retient encore , c’est l’autre idée qui surnage les pensées déjà bien cataloguées. peut-être qu’irène et lui se trompent, peut-être qu’au contraire, il faut investir dans ce qui demeure, dans l’adn du quartier, à bruisser d’une activité moins lucrative mais plus assurée. devenir acquéreur, peut-être même tout restaurer à l’identique plutôt que de détruire. il demande à maxwell les plans, et aussi les photos d’époque, tâtonne, imagine l’état exécrable des comptes. vu la cote du quartier, ça ne doit pas rapporter grand chose. s’il attire une autre catégorie de clientèle par contre, ça pourrait être différent. il faut qu’il y songe. qu’il y songe encore.

en redescendant l’escalier en colimaçon, son regard traîne sur les quelques silhouettes qui s’entraînent, et du coin de l’oeil, il le repère. immédiatement. un instinct qui le fait demeurer à l’arrêt, attentif aux gestes, aux mouvements maîtrisés. trejan. trejan s’entraîne avec assurance, avec précaution. il a toujours été comme ça, perdu entre deux mondes, plus mesuré que les autres. le plus posé de la fratrie, celui qui réfléchissait à l’avenir et qui ne pouvait s’empêcher de discuter celui qui s’avérait être le sien. un agneau au milieu des loups, avec un idéal qui n’avait rien à voir avec celui de son frère aîné. sans doute plus proche des envies d’alix à bien y réfléchir. sans même comprendre ce qu’il fait, james le rejoint. il ne s’assied pas à ses côtés, il reste planté là, à le regarder, le convoquer peut-être, pour qu’il le remarque à son tour. il n’a rien contre lui, c’est plus compliqué que cela avec trejan, il y a un passif, des échos désagréables qui reviennent cogner, contre d’autres idées. il lui sourit, james est surpris. il demeure sérieux, trop précautionneux pour apparaître détendu. je fais des affaires dans le coin. même pas un mensonge, quelque chose d’assez vague et innocent. parce qu’il se dit que le coup de dague ne viendra jamais de lui. peut-être que c’est là se tromper vraiment, mais ni gregor, ni alix ne lui ont offert un regard si sincère lors de leurs retrouvailles. tu sais, j’ai déjà suffisamment vu ton frère et ta soeur dernièrement. sourire en coin cette fois, il ne sait pas trop ce dont trejan est au courant. il met les mains dans les poches de son jean, tente de chasser les images pour ne pas retourner en arrière. à l’aube d’une toute autre violence, celle qu’il souhaite oublier. abjurer sans doute. particulièrement envers lui. james fronce des sourcils. il faut dire que les cheminements se font vite, il se demande ce qu'un ferreira fait ici, à l'écart de son territoire. de ce que j’ai vu, tu te débrouilles plutôt bien. mais y a pas genre une salle de boxe plus près de chez toi ?

t’es moins amoché que je ne croyais te retrouver, trejan. tu ressembles encore, à cette lueur perdue, que j’ai tant voulu étouffer dans les ombres. ta soeur qui dérivait, c’était si insupportable de t’entendre prôner les mêmes discours qu'elle. insupportable de trouver en toi ses airs angéliques, et cette foutue liberté, à laquelle l’un et l’autre vous aspiriez. moi je ne voulais qu’une chose, que vous restiez. là, à mes côtés. t’es resté en arrière trejan, je crois savoir qu’on t’a donné une mission, et que tu y oublies les rêves, et la candeur que tu conservais. t’es resté en arrière, et c’est moi finalement qui t’ai lâché.