we notice light when darkness crashes against it. (w/ysra)

Ils ont frôlé les étoiles, et la roue redescend, doucement. Elle redescend puis s’arrête, les laissant flotter juste au-dessus du sol. Pourtant, ils sont toujours si haut. Toujours sur leur nuage, à quelques mètres de la Lune. Et Ysra se confie. Elle lui parle de cette fille, celle qui a transpercé son coeur, transcendé son âme. « Je n'en sais rien. Je ne sais même pas comment peuvent réagir mes parents. Ils sont... distants. Comme mon frère. Depuis que Sadek est mort. Je suis si seule. Qu'elle... Elle est arrivée, les messages se sont échangés et... Merde. Je l'apprécie beaucoup. Beaucoup. » Kian l’écoute. Il comprend ses interrogations, la peur qu’elle ressent face à la réaction que pourrait avoir sa famille. Mais il comprend surtout l’évidence. Celle qu’il s’apprête à lui dévoiler. « Tu es en train de tomber amoureuse Ysra. Et je comprends, c’est terrifiant. C’est terrifiant de lâcher prise, de se laisser emporter. C’est d’autant plus terrifiant quand on ne sait pas ce que nos proches pourraient en penser. Mais comment pourraient-ils te reprocher d’aimer ? » Il l’interroge du regard. Au fond de lui, il est certain qu’Ysra saura leur parler. Qu’elle saura leur avouer les sentiments naissants qu’elle porte à celle qui est en train de s’emparer de son palpitant. Parce que les parents ne sont sensés vouloir qu’une seule chose pour leurs enfants : leur bonheur. Alors peut-être que parfois, ils ont des idées pré-conçues de ce bonheur. Des idées pré-fabriquées par la société. Un homme, une femme. Mais l’amour va au-delà des sexes, au-delà des religions, des croyances, des idées. Les parents d’Ysra devront peut-être revoir le schéma qu’ils avaient imaginé, parce que ce schéma va changer. Mais rien qu’un peu. Il changera seulement d’un pronom. « Elle » ou lieu de « il ». « Je crois que... Que si elle n'était pas autant dans mon coeur, j'aurai pu t'embrasser. » Kian laisse échapper un rire attendri. Ysra est transparente avec lui, toujours. Elle dit ce qu’elle ressent, ressent ce qu’elle dit. Il sait qu’elle ne cherche pas à le séduire, et sans trop savoir comment l’expliquer, il comprend exactement ce qu’elle a voulu dire. « Je verrai. Si je lui dis ; du moins, comment lui dire. » Kian acquiesce. « Tu trouveras les mots. Quand tu seras prête, ils le seront aussi. » Il sourit au baiser qu’elle dépose sur sa joue. Lui, il en dépose un sur son front. « Aminn me manque. Beaucoup. » Son coeur se serre. Parce qu’il sait combien il lui manque. Il sait le trou béant qu’il a laissé en elle. Le plus difficile pour lui, c’est qu’il ne peut rien y faire. Il voudrait partager sa douleur, mais il ne peut pas. Il ne peut qu’être là, auprès d’elle. Quoi qu’il se passe. Quoi qu’il arrive. Toujours. Alors sans un mot, il serre sa main un peu plus fort. Comme pour lui dire « je suis là Ysra ». « Je t’aime. » Il y a une vague d’émotions qui l’envahit. Ses yeux se mettent à briller, parce quYsra vient d’accrocher des milliers d’étoiles dans ses pupilles. Il sourit, doucement. Il sourit, tendrement. Avec Ysra, les choses sont évidentes. Elles sont arrivées vite, sans prévenir. Et aujourd’hui, elle est indispensable à sa vie. « Je t’aime aussi. » Et il tourne la tête pour plonger à nouveau son regard dans le sien. Pour lui dire avec les yeux tout ce que les mots sont incapables d’exprimer. Mais pour elle, il va essayer. « La plupart des gens ne disent ‘je t’aime’ que de manière amoureuse. Comme si on ne pouvait pas aimer autrement. Ils ont affreusement tort. » Il sourit un peu plus. « Parce que je t’aime vraiment Ysra. Et même quand je le dirai de manière amoureuse à une autre fille, je t’aimerai toujours aussi fort. Et tu seras toujours celle qui passe avant les autres. »