Him and I. Kemen.

les premiers rayons du soleil cherchant à percer l'enveloppe t'avait réveillé avec douceur. si tôt pour l'commun des mortels, si tard pour un sportif comme toi. ton horloge interne était définitivement réglée sur un tempo différent des autres new yorkais. toi, tu préférais les matins. la fraîcheur te cueillait et te promettait d'belles heures de défoulement intensif. tu étais d'ceux qui n'se sentaient jamais mieux que quand ils avaient couru. là seulement, ta vraie journée pouvait débuter. par chance, aujourd'hui, tu n'devais honorer que quelques rendez-vous avec d'éventuels fournisseurs. ceux-ci n'auraient pas lieu avant la fin de l'après-midi, tu aurais donc le reste pour toi. le temps à prendre pour profiter simplement d'ce bel été. un rapide coup d'oeil dans la chambre de alma suffit à t'conforter dans tes inquiétudes, elle n'avait encore pas passé la nuit ici. et tu t'intoxiques le cerveau à t'poser mille-et-unes questions, à échafauder mille-et-un plans plus dramatiques les uns qu'les autres. dur de t'rendre compte qu'elle n'avait aucune pitié pour toi alma. qu'elle te laissait planer dans l'flou, sans juger utile de t'informer d'ses virées nocturnes, pas plus que d'ses escapades diurnes, ni même de l'heure de son retour. alors tu t'décides à occulter, à repousser les questions intrusives pour l'moment.
tu préfères aller t'vider l'esprit en foulant l'bitume abîmé de la belle new york. cette ville, ta ville, où tout allait si vite. pourtant toi, tu t'étais plutôt bien acclimaté à son rythme. elle te correspondait dans l'fond. elle s'était modelée à toi, comme tu t'étais modelé à elle. serviette sur les épaules, tu frôles le décor de tes yeux toujours aussi curieux. tes jambes, à la cadence régulière, te portent vers les recoins ombragés. et en approchant du parc, tu t'y engages. il n'y avait pas meilleur endroit pour s'défouler. pas meilleur endroit pour poursuivre ta course. l'air oxygéné dans tes poumons te fait un bien fou et t'emmène encore plus loin devant. jusqu'à c'que tu crois discerner la silhouette de bonnie, à même le sol. dans l'fond, ça ne t'étonne qu'à peine. elle traînait souvent dans cette partie de la carte. son refuge, là où elle se reculait quand elle se sentait dépassée ou simplement par envie. à sa vue, tu sens que c'est l'moment d'ta pause. la parenthèse doucereuse dans ton périple vers là-bas. tu t'stoppes dans ton itinéraire pour t'approcher discrètement. c'est pas qu'tu cherches à lui faire peur, simplement qu'il y a une manière de faire. et malgré toutes les précautions qu'tu prends, tu parviens à faire sursauter ton amie. et t'as pas l'temps de t'avancer davantage qu'elle se redresse déjà de toute sa hauteur. salut mon beau.. j'pensais pas t'faire cet effet-là. tu glisses le sourire en coin. cela dit, méfie-toi, tu pourrais tomber sur bien pire que moi. les bois étaient réputés pour être le repaire de prédateurs prêts à fondre sur une proie qui n'en demandait pas tant. tu déposes un baiser sur sa tempe avant d'reprendre. j'vois que t'as pas perdu tes bonnes habitudes. à croire qu'son itinéraire de route était ancré jusque dans tes propres pas. tu la retrouvais toujours bonnie, où qu'elle soit.