de mes cendres (cielo)

Les muscles ankylosés sous le poids du tissu de peau, tentent de se mouvoir parmi les draps de coton. L’éphèbe émerge sous les cruautés d’un bain d’éthanol, venu saboter l’armistice entre Elio et des songes furieux et bourreaux.
Les auspices de la veille qu’il n’a point le souhait de ressasser sont retenus dans les filets de la rancune.
Le marmot se lève, frotte son crâne et ses traits ensommeillés pour dissoudre la torpeur. Le réveil indique quatorze heures, l’incapable n’a toujours pas ouvert boutique, de quoi rendre son défunt père franchement fier de son fiston. Et l’italien sent le jugement peser sur sa caboche migraineuse.
À tatillon, dans la cuisine, il cherche pour une boîte vide de café sur laquelle il jure pour ne pas être foutue de le fournir en répit. Ce jour suit la traînée dégueulasse du précédent, en en portant les écueils tardifs qui ne font qu’attiser son aigreur.
Bientôt, il quitte son taudis, envoyant balader la menuiserie et les injonctions du spectre tout au-dessus de lui, à la recherche d’un café pour lui permettre de décuver. De sa carcasse endolorie, Elio se risque au jour et pourfend son éclat agressif. Au bout de l’avenue, le gamin pénètre une enseigne, tête baissée pour s’extraire aux forces sociales.
“ Un café, bien noir ”, la politesse trimballée aux contrées oubliettes, il exige en balançant sa monnaie sur le comptoir sans lever ses azurs. La gueule de bois plastronne son respect d’angelot, et fort incommodant est celui qui choisit de lui faire remarquer la lésion, d’l’enfant pourri loin d’être gâté.
On choisit de lui dire, dans un dialecte qu’il n’a guère entendu depuis les derniers mots de son père sur le chevet de la mort, d’une voix inconnue qui soulève pourtant quelques réminiscences. Le culot qui n’en n’est pas élève ses opales irascibles, et se changent subitement, illisibles.
Elio les détourne finalement sur l’employé: “ Excusez-moi. Un café bien noir, s’il vous plaît”.
Il laisse le temps au café pour se réchauffer entre les parois du gobelet, puis pour l’enrober de ses doigts habiles et écorchés par le bois. Le gamin prend soin d’ignorer la rencontre.
“Je n’savais pas que j’étais en enfer, mais puisque tu t’y trouves, ce doit être le cas ”, des yeux il s’accroche à l’ombre gesticulante de Cielo, profère sa déception dans ce jargon qui les rapproche.

@cielo moise