hear it roar / betsi

quand tu rentres à la maison, t'es complètement dans le dur. la tête prête à exploser, comme si un troupeau d'éléphants s'amusait à danser la zumba dans ton crâne. une journée de merde au starbucks, les clients affluant sans arrêt depuis le matin. mais le pire, c'est que t'as commencé ton service avec une gueule de bois, la faute à une soirée avec tes potes. le genre de plans foireux, où une simple bière se transforme en torrents d'alcool, de joints, de musique trop forte. t'as pas dormi beaucoup d'heures en vrai. alors quand tu passes la porte de l'appartement, t'es presque soulagé de n'y entendre aucun bruit. seul. pour un samedi, c'est normal finalement. binky sûrement de sortie. morgan et marcus ... aucune idée. alors une fois dans ta chambre, tu balances tes affaires dans un coin avant de filer à la douche. l'impression que l'odeur du café s'est incrustée dans ta peau, dans tes locks. finalement, tu traînes ta carcasse jusqu'à ton lit, encore défait du matin. indigne. t'y écroulant, tu regardes ton téléphone. 19h39. t'as rendez-vous avec betsi à 20h30, dans un petit restaurant à deux rues d'ici. elle doit t'attendre devant. un peu ta manière de te rattraper de la veille, où tu ne lui as porté que peu d'attention. t'as le temps, t'es déjà douché, t'auras juste à enfiler des habits propres et à descendre. sauf que t'es un crétin hakim. et que la fatigue, elle est bien décidée à t'achever, à pourrir encore plus ta journée. comme tel une massue, le sommeil te tombe dessus. vêtu seulement d'un caleçon, les cheveux encore humides, étalé dans ton lit comme échoué sur une plage. et le temps file, sans emprise sur toi, le te rapprochant chaque seconde de la crise de nerfs que betsi ne manquera pas de lâcher sur toi. pauvre hakim. tu l'auras bien cherché.

@betsi braxton

hear it roar

le talon impatient martèle le sol glacé de la solitude qui t'accompagne, le coeur dur d'avoir déjà conscience que les pas d'hakim ne le fouleront pas. parce qu'il est tard.
très tard.
trop tard.
tu détestes ça betsi, qu'on ne respecte pas tes règles. son absence, c'est le coup de trop dans le trône de la princesse, forcée de dégringoler de toute la hauteur de son ego et de retrouver la terre trop basse pour une si haute estime.
l’effervescence du queens enveloppe ta solitude de si près qu'elle en fait ressortir toute l'essence jusqu'à la rendre si oppressante que tu te décides finalement à quitter ce trottoir qui venait de voir naître la honte sous le rosé de tes joues - rouge colère.
le mouvement saccadé des pas rageurs ne t'empêche pas de sortir ton téléphone dans l'intention d'incendier celui qui venait de raviver la femme-brasier.
h a k i m -
amant de pacotille.
quand la môme ne veut pourtant que ce qui brille, lui ne brille que par sa médiocrité. ce soir encore la preuve est donnée.
ce soir encore bb, tu lui en voudras à outrance.
mais ce soir encore, tu iras le chercher.
le cliquetis des ongles manucurés sur l'écran annonce la mélodie que nul aurait la naïveté de penser jolie.

from : betsi
to : hakim
- t'es qu'un putain de connard (9:23 pm)
- ouvre-moi dans 5 minutes (9:25 pm)
- ouvre-moi j'te dis. je suis à la porte de chez toi (9:29 pm)

t'as filé plus rapide que jamais, portée par la colère fiévreuse qui n'avait eu de cesse de faire bouillir la moindre de tes cellules. et, quand t'arrives enfin devant chez lui, le volcan est prêt à érupter.
pas le temps de prendre ton inspiration.
pas le temps de réfléchir au discours à servir.
lorsque les points s'abattent contre la porte, tu scandes son nom une dizaine de fois sans même penser un seul instant aux voisins - ton égocentrisme ne te le permet pas. et fort heureusement, pour eux comme pour toi, le jeune homme finit par t'ouvrir - enfin.
mais les salutations sont désormais à oublier.
« t'as intérêt à avoir une bonne excuse, hakim. »

[ @hakim dembélé ]

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-- well-behaved women rarely make history.
don't be scared to be a b i t c h.

sur ta table de chevet, ton téléphone qui vibre, annonciateur d'un cataclysme auquel tu n'es pas prêt. une fois. deux fois. trois fois. parce que betsi elle a un caractère de feu, et un ego qui n'accepte pas qu'on l'ignore. et ce que tu fais hakim, c'est te lancer les deux pieds attachés dans un brasier. elle est trop fière betsi, pour laisser cet affront impuni. alors quand t'as un son de marteau qui explose un mur qui t'arrive aux oreilles, tu comprends. tu comprends que t'es foutu. que cette nuit, pourtant promesse d'un bon repas, de quelques verres qui ne manqueraient pas de vous chauffer, revêtira plutôt des airs d'enfer. — merde. le juron en swahili qui quitte naturellement tes lèvres, ton cerveau qui tente de connecter tes neurones en vitesse. urgence, danger. toutes les alarmes qui résonnent dans ton crâne, qui t'empressent de trouver une solution. de t'échapper par la fenêtre par exemple, pour échapper à l'incendie, juste derrière la porte de l'appartement. tu sais que c'est betsi. à-travers les coups portés à la porte, tu peux sentir toute sa rage. et tu reconnais sa voix, hargneuse. pleine de colère, son ego sans doute un peu (beaucoup) froissé par ton absence remarquée à votre rendez-vous. mais au fond, peux-tu lui en vouloir ? alors que c'est elle, qui a attendu comme une malpropre tandis que tu te prélassais dans le sommeil du juste ? ou du pouilleux ? pas tellement. sans prendre la peine de t'habiller, ta nudité uniquement cachée par ton caleçon, tu traînes ta carcasse jusqu'à la porte. l'impression que ton esprit est encore nuageux, lent à la réaction. et finalement tu te retrouves devant la bête, ton adversaire du jour. la voix tranchante, rasoirs qui filent à-travers ses lèvres pourtant sucrées. — pas tellement. je me suis endormi après le boulot. tu recules pour lui faire de la place, pour la laisser entrer. tu sens qu'au fond de toi, tu vas t'énerver. parce que t'es comme ça hakim, malgré ton entière culpabilité, t'as ce caractère de con, ce bagarreur en toi qui se chauffe vite aussi. mais pas encore. pour l'instant tu te contentes de l'observer en haussant les épaules, tel un gamin. — désolé bb. tu ne sais pas tellement quoi dire d'autre. parce que t'es plus doué avec tes poings qu'avec les mots, et que les grandes discussions, c'est par pour toi. tu tentes une approche que tu sais pourtant vouée à l'échec, comme pour la tirer par la main, pour l'attirer à toi, dans tes bras. t'es con hakim. tu te jettes dans la gueule du loup.

@betsi braxton

hear it roar

chaque fois la même rengaine, semblable peine infligée à ces hommes qui ne nourriraient bientôt plus que le regret de s'être laissés emporter dans ton sillage -
tempête blonde, immonde esthète.
tu te plais à jouer de la beauté qui aveugle et les rend juste assez cons. rien que pour tes beaux yeux. et tu te délectes, betsi, de ce feu qui brûle à l'orée de leurs iris, se répand jusqu'au bout de leurs doigts pour marquer ta peau du plus ardent désir quand, de ta prétendue grandeur d'âme, tu t'offres enfin.
mais le plaisir n'est pas que leur, tu le partages et le cultives tant que la lassitude ne remplace pas la fièvre. tant que l'amant se plie à ta propre satisfaction. elle est là, la condition (et elle n'avait jamais été négociable).
alors, quand tu n'es plus le centre du monde gamine, qu'on t'oublie et t'abandonne, laisse la honte accabler l'orgueil jusqu'à le blesser trop profond, rien ne va plus.
« je me suis endormi après le boulot. »
« endormi ? alors qu'on avait rendez-vous ? »
mauvaise réponse. mais y en avait-il seulement une bonne ?
« je vais te couper les couilles, hakim. »
la tête réhaussée comme pour t'apporter un peu plus de crédit, tu t'infiltres dans l'appartement sans prendre la peine de refermer la porte derrière toi.
« j'suis pas une femme qui attend. »
l'attendre lui n'était pas une option plus probable. parce que betsi, c'est toi qu'on attend, l'impatience à vif quand s'égrainent les minutes et que princesse se montre toujours trop tard, simplement par plaisir de te faire désirer.
« désolé bb. »
tu hoquettes.
un rire nerveux se laisse entendre alors que le regard assassin poignarde le jeune homme, bienheureux sûrement que tes yeux soient alors ta seule arme.
« c'est tout ? »
le reproche est évident, l'attente encore davantage ; celle de quelque chose de plus, d'une supplique éhontée de laquelle tu puisses te satisfaire.
« j'ai attendu quarante-cinq minutes dehors, plantée sur le trottoir comme un piquet. les gens ont dû croire qu'on m'avait posé un lapin ! oh mais d'ailleurs, c'est bien ce qui s'est passé, non ? tant de temps à inspirer la pitié à des inconnus faussement compatissants, c'est plus que je ne peux en supporter. alors j'te préviens, va falloir trouver autre chose que ton putain de "désolé". »
mais hakim ne s'écrasera pas devant toi, bb. hakim se contentera d'être désolé, vite fait, te proposera une baise en échange de ton sacro-saint pardon et recommencera la semaine suivante.
et toi, betsi, tu recommenceras avec lui.

[ @hakim dembélé ]

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-- well-behaved women rarely make history.
don't be scared to be a b i t c h.

ses traits tirés, lionne en colère. l'incompréhension totale sur tes agissements, sur ta capacité à t'endormir à quelques minutes d'un rendez-vous avec elle. avec la reine, la princesse. depuis son trône, elle n'aime pas attendre. c'est plutôt elle, qui se fait désirer. d'habitude. routine bien rodée que t'as cabossée, inversant la roue. pénétrant dans l'appartement comme une furie, menaçant ton intimité d'une taillage en règle. tu résistes de toutes tes forces à lui répondre à ce sujet. qu'elle n'arriverait pas à s'en passer, de tes couilles. mais tu fermes ta gueule. pour une fois. pour l'instant. jeter de l'huile sur le feu déjà menaçant, mauvaise idée. refermant la porte, tu veux pas que les voisins entendent. même s'ils doivent se douter que tu vas crever ce soir, après l'avoir entendue dans les couloirs. tes excuses qui lui arrachent un hoquet de surprise. ses yeux qui te lancent tes éclairs, des projectiles que tu tentes d'esquiver. trop tard. pan. pan. tu sens l'impact de chacun de ses mots, la déception, la colère. t'as pas d'excuses. pas aujourd'hui. reculant un peu jusqu'à l’îlot où tu prends d'habitude ton petit-déjeuner, tu croises les bras, comme pour te protéger. et tu l'écoutes. se lamenter d'avoir attendu quarante-cinq minutes. mais le pire, c'est le regard des autres, voyant cette pauvre demoiselle en détresse, attendre encore et encore que son prince charmant n'arrive. sauf que le prince charmant, c'est toi. hakim. et que t'as rien d'un sauveur. mercenaire au coeur volage, à l'esprit léger, et à la paresse improbable. au fur et à mesure de ses paroles, tu sens ton côté dominant s'élever. c'est une lionne betsi. protectrice, jalouse, violente. mais toi t'es un putain de lion. mâle alpha, qui n'accepte que peu l'adversité. — tu veux que j'te dise quoi d'autre putain ? j'étais crevé, j'ai merdé, voilà. désolé, t'es contente ? oui, t'as attendu, oui, ça t'a cassé les couilles. et j'suis vraiment désolé. ta voix qui s'élève, qui gronde. tu peux rien faire de plus, tu peux pas remonter le temps. le mal est fait, et betsi devra bien s'en accommoder. à elle de décider maintenant si elle reste sur ça, poursuivant votre affrontement stérile, ou si elle veut tout de même profiter de la soirée. de toi. tes paroles sincères qui retombent, tu hésites sur le chemin à prendre. t'énerver encore plus, ou tenter de te calmer. — je nous commande un truc à bouffer. ton téléphone qui traîne pas loin, ubereats sur l'écran d'accueil. son restaurant préféré pour vos soirées devant la tv, vos menus les plus commandés qui finissent dans ton panier. clic, c'est payé. passant à côté d'elle, direction le frigo, tu effleures sa joue d'un doigt tremblotant. preuve de tes nerfs à vif. soit elle te rejette, soit elle cède. — on fait la paix ? tu supplies pas hakim. tu demandes. la voix plus sûre, un peu trop grave peut-être. le sommeil pas totalement écarté. t'as envie de la serrer dans tes bras, de sentir son odeur, sa chaleur. et faudra que tu t'habilles aussi. pas question d'accueillir le serveur dans cet état. mais ça, c'est betsi qui le décidera. parce qu'au passage, tu la trouves un peu trop ... vêtue ?

@betsi braxton