hello from the other side. (irwin)

il s'agissait d'un raté. dans un premier temps, daisy s'était convaincue que c'était déjà bien qu'elle s'accorde un peu de temps pour elle. elle avait confié sa fille à une baby-sitter bien contente de se faire deux dollars dans l'après-midi pour aller s'acheter ses clopes après. elle devait rejoindre un collègue qui lui avait proposé d'aller boire un café, bousculant le petit cœur romantique de la jeune femme. elle restait convaincue que ce rencard n'était du qu'au fait qu'il n'était pas au courant de son rôle de jeune maman quand elle rentrait le soir. elle était jeune daisy, trop jeune. et elle devait bien admettre qu'il était compliqué pour elle d'aller plus loin que le troisième rendez-vous. dès qu'elle expliquait avoir eu une grossesse un peu prématurée, les garçons de son âge se dérobaient, sans doute inquiets de devoir assumer une quelconque responsabilité. elle s'était un peu maquillée, elle s'était bien habillée, et elle s'était aspergée de parfum. elle avait d'abord attendu, la tête dans les étoiles. il était infirmier, sûrement plus vieux qu'elle et elle se disait que c'était là sa chance. quelqu'un d'un peu plus mature. le premier quart d'heure, elle était donc trop occupée à s'imaginer une vie idéale. au bout d'une demi-heure, ses regards parcouraient nerveusement la salle à sa recherche et puis elle finit par sortir son téléphone. elle décida de commander un iced tea. puis au bout de trois-quart d'heures, son téléphone vibra pour venir briser son petit cœur qui s'était déjà trop vite emballé. il ne viendrait pas et daisy se leva et courut presque jusqu'au bar pour régler son verre et pouvoir enfin aller s'étouffer sous sa couette. elle sortit un billet de sa poche et interpella le serveur qui lui faisait dos. excusez-moi, je vous règle mon verre, je dois partir, finalement j'ai quelque chose à faire. enfin, gardez la monnaie. exposa-t-elle à outrance, attirant néanmoins l'attention de l'homme. bouche bée, elle eut un mouvement comme de protection, pour cacher un mini-elle qui n'était pourtant pas dans ses pattes pour une fois. ah tiens! dit-elle sur un ton étrangement enthousiaste, comme si ... comme si de rien était. du coup, tu sais tout. tu dois te dire que d'habitude c'est moi qui pose des lapins. elle pouffa, masquant sa gêne dans une espèce de décontraction qu'elle n'arrivait pas tellement à mimer. elle penchait la tête, elle l'observait. sans doute un peu troublée par ses réflexions sur la maternité précédentes et la présence d'irwin. si elle n'était qu'un petit peu plus mystique elle pourrait douter de la réalité de sa présence. d'ailleurs, elle cligna des yeux, pour vérifier. et dans tout ce qu'elle aurait voulu lui dire en cinq ans, tout ce qu'elle trouva à lui demander c'est si ... mais tu étais là depuis le début? parce que je ne t'ai pas vu. comme si, finalement, elle n'avait rien d'autre à lui demander.

« encore un autre café ? » qu’il demande avec douceur à madame jones, une vieille dame qui vient ici tous les jours. c’est une habituée qu’il a fini par bien connaitre. elle est pleine de sagesse et d’histoire à raconter. il l’apprécie énormément, elle et son audace. il faut dire qu’elle n’a pas sa langue dans sa poche lui disant toujours à quel point il est mal fagoté. irwin lui ça le fait rire. malgré les rides, cette dame est pleine de fraicheur.et puis contrairement aux autres vieilles biques qui aiment fait leur nie ici , elle ne lui pince jamais les fesses en disant à quel point l’ainé des burton ressemble à son ex-mari mort à la guerre. et oui à croire qu’irwin semble avoir une tête d’ancien combattant. le regard pétillant il lui ressert une nouvelle tasse. il en profite pour lui murmurer quelques mots doux « je vous ai rajouté votre petit ingrédient secret » il lui esquisse un sourire avant de lui faire un clin d’œil. du whisky voilà l’arrière-goût qu’aura son café. il n’y a que madame jones qui a le droit à ce petit traitement de faveur. comme elle lui dit bien souvent elle est à un âge où s’il faut mourir autant le faire avec classe, autrement dit avec de l’alcool dans sa boisson. c’est pas irwin qui irait la contredire. là maintenant, il ne dirait pas non à un petit remontant, mais il le sait bien il doit continuer à travailler. soupirant, il va nettoyer quelques tables pour les prochains clients. il y a foule ici, comme bien souvent. le gamin se dépêche courant dans tous les sens. il fait des aller-retour constants entre la caisse, la cuisine et la terrasse. ses pieds crient fatigue alors qu’irwin fini sa journée. il compte les minutes, les secondes, les heures qui le sépare de sa liberté. mais il a trop besoin d’argent pour se plaindre. le même faux sourire accroché au visage il se retourne en entendant une cliente l’appeler. et là le choc. le souffle coupé, il cligne plusieurs fois les paupières mais non, elle est toujours là bien devant lui. bordel elle n’a pas changé. toujours aussi belle. « daisy » un murmure au bout des lèvres. mais prononcer son prénom rendait ce rêve bien plus réel. lui qui ne pensait jamais la revoir. lui qui l’avait cherché des semaines durant. lui qui n’avait jamais eu de réponses. le pire c’est qu’il ne savait pas vraiment de quoi elle parlait. « hein ? de quoi tu parles ? » qu’il demanda désarçonné regardant à gauche puis à droite comme si la réponse allait apparaitre devant lui. « quelqu’un t’a posé un lapin ? » qu’il demanda avec douceur ne souhaitant pas froisser ses sentiments. qui était aussi stupide de la laisser ainsi en plan? et oui même si c’était elle qui l’avait fait souffrir en l’abandonnant du jour au lendemain, il ressentait tout de même une certaine empathie à son égard. dire qu’à une époque il avait juste envie de quitter son corps et de dormir avec elle, toutes les nuits près des étoiles. il s’était toujours demandé ce qu’il avait bien pu faire pour l’effrayer à ce point. lui, il n’avait jamais compris. « j’étais par là, mais je ne t’ai pas remarqué » qu’il avoua gêné en passant une main dans ses cheveux. « tu…tu…tu es toujours aussi belle » qu’il ajouta avec sincérité. bizaremment, la retrouvée ainsi lui faisait chaud au cœur un peu comme un signe du destin. « qu’est-ce que tu fais par ici ? » qu’il fini par demandé, commençant à se sentir mal à l’aise. après tout, ils s’étaient tous les deux connus en fac de médecin, et maintenant irwin n’était qu’un serveur. au fond il avait honte de lui, de ce qu’elle pourrait penser. néanmoins il assumait ses choix.

il n'y avait qu'une seule façon de ce sortir de ce pétrin. elle n'avait qu'à faire comme si rien dans cette rencontre fortuite ne la décontenançait. d'abord la simple présence d'irwin à moins de deux mètres d'elle. alors qu'elle avait sincèrement pensé de jamais le revoir après l'avoir cherché en vain pendant quelques mois. ensuite, le cadre de cette rencontre impromptue. quand elle imaginait irwin, elle le voyait toujours avec une blouse blanche, poursuivant ses études qui s'annonçait déjà brillantes à l'époque. alors, de le voir derrière ce bar. c'était étrange. rien ne se passait comme daisy avait imaginé que les choses se passeraient. le temps avait passé, et dans son souvenir, les traits du visage d'irwin s'étaient peu à peu lissés. elle avait fini par n'avoir plus qu'une idée de ce qu'avait été irwin. quand il la regardait comme ça, elle reconnaissait l'air ébahi de lilo quand elle la prenait sur le fait, en pleine bêtise. elle sentit son petit cœur toujours à fleur de peau prendre une envolée. elle se rappelait alors aussi comment elle avait pu être amoureuse de lui un jour. oh c'est pas grave, il n'était pas très intéressant. elle murmura, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. elle avait le rose aux joues, la tête qui bourdonnait. elle s'était toujours su jolie, à tel point qu'elle avait parfois l'impression qu'on osait plus lui dire. après quelques secondes où elle se délecta de son compliment bien arrivé, la jeune femme consentit à redescendre un peu sur terre. je travaille pas loin! dit-elle, insistant sur la ponctuation. parce que, automatiquement, elle se sentait obligée de poursuivre. d'expliquer pourquoi elle travaillait au coin de la rue. pourquoi elle n'était pas en train de bûcher ses cours. tu travailles là pour l'été? demanda-t-elle pour lui renvoyer la balle. une question dans le concret. maintenant, elle se souvenait aussi qu'elle ne pouvait pas se contenter de flirter avec lui dans le coin d'un bar. elle se sentait un peu trop adulte, elle avait au moins ça en tête. elle était tiraillée, à la fois contente d'être là, de le revoir après autant de temps. et en même temps, plus elle restait, plus les questions allaient s’enchaîner, plus elle serait confrontée à ce secret de quatre ans et demi qu'elle gardait que pour elle. parce que je ne te voyais plus sur le campus, enfin je t'ai cherché. tâchant d'en savoir un peu plus sur le devenir de celui qui comptait plus dans sa vie qu'elle ne voulait bien se l'avouer.

madame jones était de bien pâle compagnie maintenant qu’irwin se retrouvait à coté de son amour de jeunesse. une demoiselle qu’il avait un jour fréquentée, et dont il avait failli tomber amoureux. sa fraicheur, sa beauté, sa répartie c’est comme si elle l’avait envouté. son cœur s’était rapidement emballé mais à l’époque c’était un gamin. de vieux souvenirs refaisaient surface, mais tout lui semble si loin, si flou,  si vague. retrouvée daisy assise ici dans ce décor si familier était presque bizarre pour l’ainé des burton. la revoir tout court d’ailleurs. décontenancé irwin tentait de couvrir son manque d’assurance par un sourire chaleureux. parce que prétendre que tout allait bien était ce qu’il savait faire de mieux. « suffisamment pas intéressant pour que tu acceptes tout de même de le rencontrer dans un café ? » qu’irwin demande les yeux malicieux pour la taquiner, alors qu’un petit picotement se fraye dans son cœur. il ne souhaitait pas l’enfoncer, au contraire il souhaitait rigoler de la situation. son prétendant était qu’un naze qui n’avait même pas les couilles de se pointer. et puis il fallait aussi voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.   « à ce qu’il parait un de perdu dix de retrouvés, et regarde en deux secondes tu es déjà tombée sur moi » qu’il rigole à nouveau, offrant un petit clin d’œil à la demoiselle,  ayant peur de l’avoir offusqué la première fois. d’ailleurs, son cerveau ne pouvait s’empêcher de retenir l’information. si elle était là, c’est qu’elle était célibataire à la recherche de frissons. c’était pas très chrétien de sa part, mais irwin s’en réjouissait presque. ce n’est pas comme s’il pouvait prétendre à mieux de son coté.  apparemment elle travaillait pas loin et irwin ne pouvait s’empêcher de se demander si elle avait réussi. si elle cotoyait tous les jours des médecins et aidaient des personnes en difficultés. son rêve à lui. son ancien rêve. « je vois…c’est drôle comme le monde est petit, se revoir est plutôt improbable . »  il jetait un rapide coup d’œil autour de lui, mais aucuns clients ni employés semblaient avoir besoin de son aide. c’était pas plus mal ainsi, il pourrait trouver une piètre excuse pour continuer à lui parler. il voulait en savoir plus, avide de ce qu’il avait pu manquer, mais à la fois effrayé car il s'agissait de discuter d’une ombre de son passé. et puis elle lui demanda la question taboue. la question qu’il aurait préféré ne pas voir franchir ses lèvres. soupirant, les épaules d’irwin s’affaissèrent légèrement. c’était le moment de passer pour le raté de service, de se ridiculiser. « on peut dire ça comme ça… » qu’il n’éluda pas tout de suite. il aurait pu se la jouer mystérieux mais non sa mère lui avait toujours appris à dire la vérité, du moins la plus part du temps. « c’est plus à plein temps » qu’il avoua ensuite passant une main dans ses cheveux. c’était mentir de dire qu’il n’était pas gêné. « comme tu vois je ne suis pas devenu docteur. » autant mettre ça au claire, en rouge, en gras, en surligné. il ne baissa néanmoins pas les yeux comme il aurait pu le faire à une époque. il était bien trop fier du chemin parcouru. « tu m’as cherché ? » qu’il demanda avec un grand sourire benêt. et oui c’est tout ce qu’il avait retenu des mots de daisy . « parce que je t’ai aussi cherché…alors c’est drôle qu’on ne se soit pas trouvé ( ?) . »   qu’il articula d’une voix empli de doutes, en fronçant légèrement les sourcils. du jour au lendemain elle avait disparu sans laisser de nouvelles. rien. pas un mot. le néant.

daisy s'adonnait à une véritable gymnastique oculaire. un coup le regard en haut, fixant les luminaires du café, puis en bas, devinant la marque des baskets d'irwin. tout passe toujours par les yeux. un regard un peu trop appuyé, et elle fondait. alors soutenir le regard du jeune homme ravi par leurs retrouvailles, c'était un peu trop à gérer pour daisy. quand elle y jetait un œil un peu curieux, pour retrouver les iris qu'elle voyait chaque jour sur le visage de sa fille, elle se sentait prête à tout déballer. elle avait toujours la tête dans les nuages daisy, trop émotive, elle n'était pas fiable. on lui demandait d'être adulte là, de tenir sa langue, de peser le pour et le contre de chaque mot qui sortait de sa bouche. elle était gênée par cette histoire de rencard. la vérité, c'est qu'elle se sentait un peu désespérée. et elle avait un peu honte de se l'avouer. elle n'avait personne à aimer, elle aimait tomber amoureuse, elle aimait s'endormir le soir sur un visage. elle haussa les épaules, esquissant une moue. oh tu sais je ne pense pas que ça aurait été plus loin qu'un café. en réalité, la présence d'irwin jouait beaucoup dans cette façon de voir les choses. peut-être qu'elle aurait poussé suffisamment l'histoire jusqu'à se briser le cœur toute seule pour un homme qu'elle n'avait regardé que parce qu'il l'avait fait en premier. et pourtant, elle en passait du temps à mater les gens. elle sourit plus franchement. si seulement c'était vrai. mais ils n'en étaient plus à ce genre de considérations, de toute façon il la détesterait sûrement de savoir ce qu'elle avait finalement décidé de lui cacher avant de choisir de lui dire avant de décider de se taire pour de bon. c'est quand même incroyable que ce soit toi qui sois là pour me ramasser à la petite cuillère. elle se permettait de flirter encore un peu, tandis que sa daisy intérieure lui assénait une violente gifle psychologique. qu'est-ce qu'elle croyait faire là? parler de choses sérieuses de grandes personnes, voilà de quoi casser le glamour de toute conversation. elle ne cacha pas son étonnement en apprenant qu'irwin avait arrêté ses études. c'était un étudiant tellement brillant. elle s'en voulut aussi d'avoir abordé le sujet. décidément, elle ne savait plus de quoi parler avec lui. ce n'était pourtant pas l'envie qui manquait. comment ça se fait? demanda-t-elle, n'étouffant pas sa curiosité. elle aurait du se taire, mais ça lui brûlait les lèvres de lui dire qu'elle n'était pas partie comme une voleuse. bien sûr qu'elle l'avait cherché. elle avait envie de lui dire qu'il était idiot de pouvoir penser le contraire. mais engager le sujet, c'était se lancer sur une pente glissante. à quel moment elle pouvait arrêter son histoire sans trop lui en dire? j'ai du partir ... me cacher, comprendre trois mois après que j'aurais pu éventuellement t'en parler. et je suis revenue mais tu étais introuvable. et elle avait arrêté de chercher, considérant que c'était peut-être le signe qu'il ne fallait pas chercher plus loin. qu'elle n'avait pas le droit de bousculer sa vie comme ça. et aujourd'hui, comment pourrait-elle lui dire? il avait sans doute d'autres soucis que ça. mais je t'ai cherché. elle répéta, planta cette fois-ci son regard dans le sien. pour que ça résonne.

son cœur nostalgique tambourine dans sa poitrine. il ne sait pas à quoi s’attendre avec la demoiselle. elle est toujours aussi belle, ses lèvres charnues ne demandant qu’à être embrassé. mais irwin sait que les années peuvent influencer une personne, que daisy n’est plus là jeune femme qu’il a rencontré. qu’elle a surement dû changer, évoluer. lui aussi d’ailleurs, il a acquis une certaine maturité. alors il plonge ses yeux dans son regard à la recherche de secrets à dévoiler. de cette petite étincelle de vie qui le fit tomber à genoux. il a cette étrange impression de ne jamais l’avoir quitté. cette fausse illusion de toujours vouloir la protéger.« ça t’aurait toujours fait un café gratuit. » qu’il la taquine en lui offrant un petit clin d’œil rassurant. il décide d’ailleurs de continuer à noyer le poisson, à rendre la chose plus légère. « d’ailleurs je t’offre ce dernier. » qu’il lui propose un grand sourire accroché aux lèvres. il est bien décidé à lui faire oublier ce malencontreux évènement. même si pour ça il doit faire des pataques. c’est le pouvoir qu’elle a sur lui malgré les années écoulées. pas grave si on lui retire quelques dollars de sa paie, il se débrouillera pour survivre. qu’est ce qu’il ne ferait pas pour redonner le sourire à la jeune henstridge. « le destin a bien souvent un drôle sens de l’humour tu sais » qu’il expliqua avec sagesse tout en haussant les épaules. lui non plus ne pensait pas la ramasser à la petite cuillère aujourd’hui. « puis-je ? » qu’il demande poliment en montrant la chaise en face d’elle. il ne souhaiterait pas s’imposer. surtout qu’après cette forme d’humiliation la demoiselle voulait peut-être se retrouver un moment seule à ne pas tenir la jambe à un de ses exs. il espérait néanmoins qu’elle est tout aussi envie que lui de discuter. c’était un besoin presque vital. il avait l’impression qu’ils s’étaient quitté avec des non-dits et qu’ils leur restaient un certain nombre de choses à découvrir et comprendre. soupirant il passa une main dans sa chevelure. une mauvaise habitude lorsque le gamin se sentait mal à l’aise. surtout qu’il n’aimait pas particulièrement s’étendre sur son passer et se larmoyer sur l’histoire tragique de la famille. « disons que je n’ai pas eu trop le choix… » il ne souhaitait surtout pas la culpabiliser. mais il souhaitait aussi être honnête avec elle, car c’était aussi important qu’elle comprenne. que ce n’était pas juste des belles paroles, une fausse excuse pour l’évincer de sa vie. alors le moins qu’on puisse dire c’est que c’était chaud cacao, le gamin étant tiraillé dans tous les sens. « mes parents sont morts donc voilà. » où comment après installé un silence bien gênant. mais irwin gardait ce grand sourire aux lèvres même si ce dernier n’atteignait pas vraiment ses prunelles. « j’ai dû mettre mes études de coté pour retrouver mes frères et mes sœurs. je m’excuse si tu pensais que je jouais à l’homme invisible. » qu’il expliqua avec une pointe d’humour dans sa voix, un semblant de vie pour montrer qu’il n’était pas complètement éteint à l’intérieur. « mais je te crois quand tu dis que tu m’as cherché » qu’il souligna.

elle n'a jamais vraiment eu le temps de terminer sa crise d'adolescence. au contact d'irwin, elle retrouvait de vieilles sensations. elle se souvenait de ce même sourire, de cette même voix suave qu'il y a quelques années. elle savourait ces minutes volées, chassant sa bonne conscience comme on chasse une mouche. c'était instinctif, elle s'était accoudée à la table, le regard plongé dans le regard la vue qui s'offrait à elle. ce n'était pas qu'irwin. c'était le tout qui l'englobait. tout ce qu'ils avaient pu représenter comme promesse l'un pour l'autre. ça l'intriguait de s'imaginer là, maintenant dans ce café ce qui aurait pu advenir de leur relation s'il n'y avait pas eu ce petit ... imprévu. elle s'était souvent imaginé ce qui pourrait se passer si elle tentait de le chercher pour lui présenter leur fille. tout ce qui avait pu traverser son esprit et qui se référait à irwin jusque-là se rapportait à leur progéniture inattendue. mais son imagination n'avait jamais voulu aller plus loin. oh non je pourrais payer ... tenta-t-elle de résister avant de trouver que finalement c'était beaucoup trop charmant pour refuser. non je t'en prie assis-toi, enfin si le patron le permet. elle dit en souriant, n'hésitant pas une seule seconde. même si la conversation s'annonçait inévitablement plus longue que prévue. elle était surprise, de savoir son talent avoir été gâché par un événement impromptu. et jamais elle n'aurait pu imaginer ça. elle se mordit l'intérieur de la lèvre, se sentant soudain toute rouge jusqu'à la pointe des cheveux. daisy était coupable, comment pouvait-il recevoir l'annonce de sa paternité comme ça. oh je suis désolée irwin. elle soupira en tendant, un peu trop fougueusement, sa main vers celle du jeune homme pour lui serrer doucement par compassion. daisy retira sa main assez vite, électrisée par le contact un peu trop rapide et un peu trop appuyé que l'émotion avait provoqué. elle ne savait pas en quoi ça aurait pu changer les choses, mais elle avait l'impression qu'elle avait sa part de responsabilité. non, je comprends enfin que tu veuilles te retrouver en famille, je suis tellement désolée d'avoir disparue dans ces circonstances. elle aurait pu forcer le destin, partager ce moment avec irwin. elle n'était que la petite amie de quelques semaines à l'époque, mais dans son for intérieur, elle se considérait comme sa famille. il n'était pas au courant, mais le ressenti était là. j'ai pas été très réglo avec toi, je sais pas si je mérite que tu me paies un café. elle riait un peu nerveusement, se doutant qu'il ne risquait pas de lui en payer un autre s'il était au courant de tout.

le complexe du héros, irwin l’avait toujours eu. peut-être que c’était pour cette raison qu’il souhaitait absolument voler à son secours. et peut-être aussi parce qu’il était pitoyable et ne pouvait la quitter des yeux. il voulait la voir sourire. retrouver cette bonne humeur qui la caractérisait tant. et s’il pouvait ensoleiller sa journée il le ferait. même si ce n’est que pour quelques secondes. « t’occupes je gère » qu’il souligna, refusant de prendre non comme réponse. il avait l’impression d’au moins lui devoir un café si ce n’est plus. comme pour se faire pardonner d’un crime qu’il n’a pas commis.  il lui souriait bien trop heureux de se sentir utile. et ses lèvres ne firent que s’agrandir lorsqu’elle accepta qu’il prenne possession de la chaise qui se trouvait devant elle. à cet instant précis il se fichait pas mal d’être sur le lieu de son travail, ou justement devoir être en train de travailler. il savait que l’un de ses collègues le protégerait et lui rendrait ce petit service. ils s’entraidaient toujours dans ce genre de situation. il prit néanmoins son temps, refusant d’avoir l’air désespéré. s’étirant calmement, il rapprocha la chaise de la table, comme pour raccourcir l’écart qui les séparait. il ressentait le besoin d’être à nouveau proche d’elle et pas que sur le plan physique. son cœur se serrait lorsqu’il pensait à ce qu’ils avaient eu et ce qu’ils avaient perdu à cause des aléas de la vie. « il dira rien surtout que c’est pas lui qui se fait draguer par des vieilles dames à longueur de journée. » qu’il rigola encore insouciant de ce que daisy allait bien pouvoir lui annoncer. peut-être qu’à ce moment là son sourire s’effacerait. en tout cas la conversation commençait à prendre une tournure bien trop sérieuse au goût de l’ainé des burton. il ne souhaitait pas entaché la vision que daisy avait de lui. et il savait intérieurement que l’annonce du décès de ses parents n’entrainerait que compassion et empathie. il ne voulait pas voir cette pointe de pitié dans les prunelles de la demoiselle. il avait horreur de cela. il se sentait étrangement vulnérable. encore plus, lorsque la jeune henstridge déposa presque trop rapidement sa main sur la sienne. le contact avait été doux. chaud. brulant. electrisant. seulement quelques secondes et pourtant irwin avait l’impression d’avoir reçu une décharge dans tout le corps. ressentait-elle la même chose ? surement pas. surtout après ce genre de révélation. mais une part de lui souhaitait retrouver à nouveau ce contact. trouver une misérable excuse pour l'effleurer. quand était-il devenu aussi misérable? le gamin soupira.  « tu n’y peux rien , moi non plus. la vie c’est quelque chose de mystérieux…peut-être que ça devait se jouer ainsi » qu’il expliqua songeur. irwin croyait au destin et aux fils entremêlés des parques. ils devaient peut-être se retrouver que maintenant. mais le ton que commençait à prendre sa vieille amie commença à le dissuader. il pouvait presque sentir l’orage au loin. « qu’est-ce que tu racontes daisy ? »  qu’il questionna, la voix presque tremblante incertain de la suite. ses yeux étaient devenus aussi froid que la glace, près à encaisser et à se protéger du choc.

elle avait fini par poser son coude sur la table et laissé son menton reposer au creux de sa main. la présence d'irwin l'enveloppait d'un voile chaleureux dans lequel elle ne cessait de se débattre intérieurement. tantôt, elle ne souhaitait que s'enrouler dedans, profiter de cette complicité qu'elle sentait si simple à retrouver. rattraper les quelques bouts de souvenirs, peut-être le revoir. elle pourrait faire ça. elle n'était pas obligée de s'étaler sur sa vie, elle pourrait aisément cacher la présence d'un être commun. puis son regard avait le temps de se détacher du jeune homme le temps qu'il s'assoit et daisy se rendait compte de son inconscience. je suis plus aussi jeune qu'avant. précisa-t-elle avec un sourire en coin, sachant pertinemment que son visage enfantin ne laissait pas le temps passer. les révélations d'irwin sur les raisons de son étrange disparition de fac remuèrent daisy. il est là, le retour à la réalité. il ne s'agissait pas d'une comédie romantique un peu trop facile. elle ne s'en sortirait pas aussi facilement. brûlée par un contact un brin trop audacieux, les mots du jeune homme firent doucement chemin jusqu'à son esprit un peu trop agité. il l'encourageait sans le savoir à lui révéler ce qu'elle avait gardé pour elle beaucoup trop longtemps. et en même temps, comment pouvait-elle alourdir la charge d'irwin? elle n'était rien, un amour de jeunesse, quelques semaines, avaient-ils eu seulement le temps de vraiment se connaître? ses lèvres en tremblaient, et elle passa ses mains sur son visage pour cacher la panique qui la gagnait. les regards avaient changé, leurs corps se tenaient soudainement en arrière, comme prêts pour la fuite. je peux pas faire ça comme ça. murmura-t-elle pour elle-même. cette fois-ci c'est avec conviction qu'elle attrapa la main du brun pour la serrer doucement. elle réclamait sa confiance. dans le sens où elle allait lâcher la bombe. je peux pas faire ça ici, tu crois qu'on peut sortir? marcher? avec le moins de témoins possibles. elle ne lui demandait pas tellement son avis. elle s'accrochait à sa main, réclamant une faveur qu'elle ne méritait clairement pas. mais elle profitait de ces dernières secondes. elle s'imaginait déjà la déception, la tristesse et sûrement la colère qu'elle allait lire sur son visage. à quoi s'attendait-elle? elle avait suffisamment profité de ces quelques minutes de douceur. elle ne pouvait plus attendre. si elle ne le voyait plus jamais? elle aurait au moins eu le courage d'aller jusqu'au bout, cette fois-ci elle allait lui dire. cinq ans trop tard.

retomber dans de vieilles habitudes étaient si facile. lui sourire. lui parler. irwin avait l’impression de retrouver une part de lui-même beaucoup trop oubliée. un soupçon de jeunesse presque rafraichissant. daisy représentait tellement de choses à ses yeux qu’il en devenait nostalgique. la fac de médecine. ses rêves. ses parents. c’était aussi prendre un coup en pleine figure et réaliser à quel point les années avaient passés. qu’ils avaient évolués. qu’ils n’étaient plus les jeunes adolescents qu’ils avaient pu être. « mais t’es toujours aussi jolie » qu’il la taquine, lui décochant un clin d’œil. il flirtait un peu. presque inconsciemment. parce qu’avec la jeune henstridge ça avait toujours été facile. que ça avait toujours été un jeu de séduction. que les mots doux lui revenaient presque trop facilement. si l’attirance physique des débuts était toujours là, les soupçons d’amour avaient disparu. c’était des souvenirs, car irwin avait été amoureux de la fille de son passé. la daisy qui se tenait devant lui était différente. il la connaissait sans vraiment la connaitre. c’était une sensation douce et amère mais à la fois excitante. point conscient de ce qui allait suivre. de ce qui allait lui tomber dessus. l’ainé des burton lança un coup d’œil autour de lui, vérifiant que son patron n’était pas dans les parages. sa pause s’éternisait, il en était bien conscient, il jouait avec le feu. mais en voyant le visage de la jolie demoiselle se crisper, il sut qu’elle avait encore des choses à lui dire. des choses qui ne semblaient pas pouvoir attendre. des choses importantes. sa main douce serra la sienne. ce contact était agréable. [color=#0099cc]« d’accord »[ /color] qu’il opina d’un air grave. pinçant les lèvres, il fit signe à un de ses collègues. il ne savait pas encore combien de minutes il pouvait s’accorder, lui offrir. « attends je vais voir. » qu’il conclut, lui lâchant avec tristesse la main tout en lançant un regard curieux à daisy. les sourcils quelque peu froncés, il se demandait bien ce qu’elle souhaitait bien lui dire. qu’après toutes ses années, elle semblait vouloir communiquer maintenant. soupirant, il échangea quelques paroles rapides avec miguel. le patron était apparemment parti en réunion. irwin pouvait encore prendre une trentaine de minutes, mais qu’après il ferait mieux « de se bouger le cul, parce que baiser les clientes ça se faisaient pas, mais que si tu pouvais me donner son 06 après je dis pas non.» mot pour mot ce que l’hispanique avait dit. lui décochant son plus beau sourire, irwin l’avait affublé de « gros connard qui devrait se faire castrer » qu’il ne lui donnerait pas son numéro (qu’il n’avait pas d’ailleurs) et qu’il ferait mieux de rester en la compagnie de sa main droite. que de la poésie quoi. « j’ai trente minutes, tu penses que cela sera suffisant ? » qu’il lui demande gentiment. il lui attrapa sa veste, la laissant l’enfiler tel le gentleman qu’il était. bêtement il lui offrit à nouveau sa main avant de sortir de l’établissement. une fois dans la rue, irwin frissonna. l’air était bien plus froid que ce qu’il attendait. les minutes de silence s’étirèrent, mais irwin ne dit rien. il voulait lui accorder du temps pour qu’elle puisse rassembler ses idées, trouver les mots justes. il observait ce qui l’entourait. lui serrant cette fois-ci là main, comme pour lui demander de lui donner à son tour sa confiance il s’éclaircit la voix. « donc….tu voulais me parler de quoi au juste ? » une pointe de curiosité teintait sa voix. ses épaules se tendirent, attendant la suite.