the other side.

@jez mckinney

« — Moi j’vais vous attendre ici les mecs, j’veux pas de problème avec mon vieux si ça tourne mal.
— Tout ça parce que le p’tit cul d’Moe est pas là pour te servir d’appât.
— Jules putain, c’est d’Moe dont tu parles là.
— Va t’faire foutre mec, mon père connait le type qu’habite là.
— On va juste voir c’que ces gens cachent pour avoir recours à une sécurité.
— J’ai dit non, m’casse pas les couilles, j’ferais le guet d’en bas.
— Fermez-la, on va se faire cramer avant d’avoir pu foutre un pied à l’intérieur avec vos conneries. »

À l’angle du mur, le môme balaye d’un oeil avisé les mouvements au devant de la baraque plongée dans l’obscurité, quelques rayons lunaires seulement pour venir lécher sa façade. Son nez pointe sur une fenêtre ouverte à quelques mètres de hauteur, le tissus d’un rideau virevoltant vers l’extérieur traversés par l’éminent désir de fuite. D’un coup de coude enfoncé dans la côte de Jules, il lui avise l’entrée qu’ils emprunteront pour ne pas se faire prendre. « Doit y avoir quelqu’un, ils laisseraient pas les fenêtres ouvertes », Oscar s’adresse aux tentures fuyardes vers lesquelles il a rehaussé ses soucoupes brunes, Jules réplique en le toisant. « Fais-moi la courte échelle, j’y vais en éclaireur », et Jules se plie, entrelace ses doigts pour fabriquer les fondations de leur dangereuse escapade. Pantin de souplesse et d’agilité, Lù se remonte par le bord de la fenêtre à laquelle il s’est accrochée, ses semelles assènent le carrelage immobilisant le gamin à l’affut du moindres bruits. Dans le silence manifeste des lieux, Paxton s’articule enfin, découvre la salle de bain marbrée autour de lui, la chambre attenante, vide, presque inhabitée. Il remarque comme l’argent a été investi dans la pierre, le bois et le lin, pour prêter aux propriétaires leurs parfums et leurs allures. Senteurs boisées sur conscience de pierre emballés dans les apparences soignées et délicates du tissus.

« C’est bon, quartier libre de ce côté », sourire mutin des poltrons qui manigancent, Lù tend son bras par la fenêtre et tire Jules vers son versant dans un soupir libérateur. « Vas-y maintenant chacun d’son côté, t’fais pas repérer sinon on est morts », et les contestations qu’il tenait contre ce plan bancal retombent sitôt que Jules s’est enfoncé dans l’ombre où il a disparu.

Les yeux se tiennent perchés sur les moulures et les tableaux accrochés dans le couloir qu’il sillonne aux aguets. Sur une commode, ses doigts trouvent quelques bibelots qu’il tâte avec l’incompréhension de ceux qui n’en comprennent pas l’utilité. En proie aux contemplations, la statuette de résine lui échappe et fait résonner sa chute à travers la demeure. À l’agitation qui pourrait affleurer, les muscles de son visage se tendent, le présage force le gamin à se précipiter derrière une des portes qu’il n’a pas encore exploré. Main sur la poignée et oreille appuyée contre la parois, Lù sonde les bruits divers de l'extérieur, puis fait volte-face dans la stupeur atténuée dans un murmure à la silhouette qu'il rencontre. « Merde, merde... Pardon... Merde tu m'as fait flipper », une faible lumière révèle des traits féminins qu'il s'empresse de conforter avec maladresse « ok, chut, pardon, j'voulais pas te faire peur ».