i'll give you war / hakim

01. t'es le gosse pas désiré, celui dont personne n'attendait la venue. ta mère était juste à l'époque, la majorité à peine atteinte. les jambes trop souvent écartées, les protections rarement respectées. et te voilà qui débarque en gueulant neuf mois plus tard. juste pour foutre le bordel dans la vie de tes parents, une femme de ménage dans un hôpital et un livreur de journaux. un couple sans le sous, pas tellement stable. mais la vie est ainsi, et plutôt que de te lâcher dans le premier orphelinat venu, ils t'ont quand même gardé. les braves. 02. t'es l'aîné d'une fratrie de trois frères. alors autant vous imaginer que la vie à la maison, c'était plus champ de bataille qu'autre chose. les courses effrénées à la salle de bain pour être le premier sous la douche, où finalement vous vous relayez pour gagner du temps. la chambre beaucoup trop petite pour vous trois, où vous cohabitez pourtant tant bien que mal. avec les hauts et les bas. c'est sûrement là que t'as perdu tout sens de la pudeur, à force de vivre avec deux autres gars. mais tes frères, tu les adores. tu les aimes plus que tout, et tu pourrais tout donner pour eux. 03. l'école et toi, vous n'avez jamais vraiment été potes. attiré par la rue, par ses merveilles et ses vices, t'as très vite commencé à traîner dans le bronx. avec les grands. mouillant peu à peu dans leurs affaires, dans leurs plans foireux. très vite tu t'es montré comme quelqu'un de débrouillard, sur qui on pouvait compter. pour avertir quand les flics débarquaient. pour aller livrer un message. des petits travaux qui te rapportaient parfois un dollar ou deux, ou mieux, la reconnaissance de tes amis. 04. t'es un gars qui n'exprime pas facilement tes sentiments. peut-être un moyen de te protéger, t'en sais rien. quoiqu'il en soit t'es plus doué avec tes poings qu'avec les mots, et il n'est pas rare que tu te retrouves dans tes bagarres. tu ne comptes plus le nombre d'éclatement de tes lèvres, d'écorchures sur tes phalanges. c'est comme si les affrontements te faisaient te sentir en vie, que la douleur te rappelle que tu existes bel et bien. que tu n'es pas invincible malgré l'image que tu tentes de renvoyer. un peu vulgaire et sans filtres, n'allez pas croire que t'es qu'un con qui ne veut que se battre. c'est juste ta manière de relever les affronts, et parfois, de défendre les tiens. surtout tes amis. car si t'es pas le plus fidèle en amour, t'es d'une loyauté sans faille envers tes potes. t'es quelqu'un sur qui on peut compter (mais attention, t'es jamais à l'heure, faut faire gaffe pour donner les rendez-vous). 05. t'es pas voué à de grandes études hakim, tu le sais. tout le monde le sais. alors t'as toujours enchaîné les petits jobs souvent mal-payés. souvent serveur dans les restaurants, t'as enchaîné les établissements merdiques, mal-famés, parfois pas très propres. mais c'est le prix de ta liberté, puisqu'à tes dix-huit ans, t'es parti de chez tes parents. impossible pour toi de continuer à vivre dans ta petite chambre avec tes deux frères cadets. libre, t'as vogué de studios en colocations, au gré des rencontres, des envies. 06. depuis un moment maintenant, tu loues une chambre dans l'appartement à @binky mancini. rencontrée depuis gosse, amie d'enfance, votre amitié est aussi forte qu'improbable. gosse de riche, fréquentant les meilleures écoles, toi le pouilleux du bronx, celui qui ne pose pas souvent ses fesses sur les bancs scolaires. et pourtant vous êtes maintenant comme deux doigts d'une main, inséparables, soudés. malade, tu sais qu'elle ne vivra plus longtemps, penser à ça te brise le coeur. mais t'es bien décidé à vivre votre amitié à fond. meilleure amie, confidente, t'es prêt à tout pour elle. 07. t'as toujours été du genre à te réveiller aux côtés d'inconnues. que ce soit chez toi ou chez elles. un peu tapin dans l'âme, accro aux plaisirs charnels, tu passes pour un bon coup, réputation solidement bâtie au fil des années, au fur et à mesure de tes coups de rein. tu ne t'en caches pas, tu n'as pas honte. mais depuis quelques temps, tu t'es posé. enfin façon de parler. avec @betsi braxton. amie devenue plan-cul, relation instable entrecoupée de cris, de hurlements, de baisers et de réconciliations sous la couette. vous vous savez peu exclusifs. que parfois, voire souvent, vous allez voir ailleurs. mais vous n'êtes que deux putains d'aimants, attirés l'un par l'autre par une force incontrôlable. tu ne sais pas combien de temps cela va durer. c'est toxique, vous le savez tous les deux. pourtant vous êtes incapables d'y mettre fin, vos caractères entretenant le feu qui crame entre vous. brasier d'amour, ou brasier destructeur, l'avenir vous le dira. 08. fêtard, tu bois souvent plus que de raison, habitué des hangovers matinaux. mais pire, tu fumes souvent de l'herbe achetée en douce au coin de la rue. au fil des ans, tu t'es fait un petit réseau, fiable, invisible. il t'arrive même, depuis que tu bosses au starbucks comme serveur, d'en vendre un peu. ça rapporte pas mal de billets, et t'es assez intelligent pour ne pas te faire repérer. discrétion absolue.