théâtre de la cruauté

anonyme/ malgré les ronronnements révulsés, le silence de la nuit échaudée par une fin de spectacle, aucun cri dans l'berceau ; un gazouillement solitaire, le sourire amusé par les étoiles, c'est la joie des débuts malheureux, l'évidence criarde de n'être fait que pour l'inconnu. des parents noirs, des cousins estropiés, d'autres un peu cinglés, une généalogie foutue en l'air, l'gamin laissé sur une berge se rend incapable de rejoindre l'autre rive. artiste hébété/ garçon miracle pour le troupeau est érigé en roi, on l'trimballe de numéro en numéro, applaudit quand il interfère à quatre pattes. l'imagination qui déborde et dévale sur la mine de son crayon de papier, sur les chimères qu'il dessine ou les histoires loufoques qu'il se raconte. le cirque/ dans l'empire rouge et blanc aux costumes excentriques, le gamin se jette au milieu des monstres et des marginaux; il s'y mêle en acrobaties, discipline jusqu'aux rugissements, les mirettes insolentes savourant les éloges du public. double chute/ elle avait la tête blonde et la pensée fataliste, elle se savait faite pour tomber et ça lui plaisait pas à lù ; parce que si elle venait à tomber, ce serait toujours de sa main à lui. acolyte sur le trapèze, amoureuse et à mourir, parce qu'il n'a pas su la retenir. le coeur s'est brisé en même temps que son crâne à elle, sur le sol sablé. âpre/ en côtoyant la mort et l’abandon, le garçon s’est façonné auprès du pire, s’en est cru maudit et le venin a alors irrigué ses tuyaux. depuis lù a les mots âpres, indélicats, rejette avec désinvolture ceux qui comme elle voudrait mourir de sa main. ruée vers l’or/ il baigne pas dans un tas d’billet vert, plutôt dans la merde des éléphants qu’il enfourche. de temps en temps, il s’traine dans le sillage de ses compagnons d’infortunes pour appâter la gloire dans les recoins d’une villa. les riches n’sont rien d’autres que des raclures.