andromeda (ewa)

traits de caractère / comme un met trop sucré. quelque chose qui tient au coeur. ewa est d'une douceur infinie, et la tristesse qui bouche le bleu de ses yeux vient contrebalancer la tendresse qui dessine sa bouche. elle est fragile, ewa, quand elle laisse ses organes trembler, quand sa peau frissonne, quand elle se mordillera l'intérieur de la joue encore une fois trop fort. elle brille, sûrement un peu trop. peut-être mieux que les autres. mais c'est trop désordonné, ça jaillit dans tous les sens, et son battant est encore lacéré. ça devait pas se passer comme ça.

les yeux d’ewa l’ont toujours trahie. elle n’a jamais pu mentir; le bleu est trop honnête. elle n’est jamais restée impassible; les larmes coulaient trop facilement. alors, pour se sentir moins fragile, et s’était mise à torturer sa joue de ses dents, à mordre dedans dès qu’un inconvénient venait perturber ses yeux, et à laisser le goût métallique envahir sa bouche.

il y a toujours eu trop d’inconvénients. et ewa s’était rapidement lassée de la saveur du métal.

le bonbon à la violette logé à l’intérieur de sa joue, qu’elle laissait s’épuiser là jusqu’à ce que le goût étouffe complètement dans sa bouche. elle gardait ses yeux contre ceux de tad, et le bonbon s’était déjà dissout, et ça la faisait sourire, parce que ça faisait sourire tad. elle n’osait pas en demander un autre. elle gardait la saveur sur le bout des lèvres, sans ne rien dire. elle n’osait pas non plus demander ce que faisait maman. elle l’avait aperçue, sur le canapé et – ça ne comptait pas. elle ne voulait pas demander ni savoir. elle voulait continuer de regarder tad. c’était mieux comme ça.

le morbide insufflé dans le quotidien. maman égarée dans un désespoir qui fissure les organes d’ewa. elle peut rien y faire, elle peut juste regarder, frissonner, serrer la mâchoire, croquer dans un bonbon, et tenir la main de tad trop fort.

(ewa n’a que furtivement pensé à mourir, une ou deux fois. et puis, elle ne s’y est plus hasardée. le visage de tad était trop clair dans son cœur.)

c'était désaccordé,
désordonné,
déconstruit.

mais c'était comme ça. et ewa aimait tad de tout son être, alors ça suffisait. ça a duré, pendant un moment, ces danses misérables. les jambes d'ewa, fatiguée, mais c'était comme ça. tant pis.
et puis, ça a changé. dans une réalité sans couleurs, ou le terne est ce qu'il y a de plus tendre, ça s'est encore assombrit, à la seconde où tad a disparu.


et quand tad a disparu, ewa a jeté un petit morceau de son cœur à la poubelle.
quand tad a disparu, ewa s’est jetée en entière dans les tourments.


alors elle a fait de son mieux, ewa. pour ne pas s'effondrer, pour ne pas sombre, et surtout, surtout, pour ne pas se noyer comment maman. surtout, surtout, pour ne pas se brûler les poumons et l'estomac. il y avait l'acharnement, l'application, et la fatigue qui se mêlaient, qui dansaient, et qui l'accompagnaient sans relâche. les jobs qu'elle enchaîne, pour s'occuper de maman. (par culpabilité. l'amour, lui, ne fait pas long feu dans sa poitrine. tad est parti.) juste un peu d'argent, pour participer à l'illusion qu'elles se font à deux. l'illusion que, ça va, tout va bien, tout est stable.
et de l'autre côté, quand il faisait trop nuit pour qu'on la repère, ewa comptait ce qu'elle gardait pour elle. pas grand chose – jamais, jamais grand chose pour elle seule. mais juste un petit peu, tous les mois, qu'elle cachait dans le tiroir de sa table de nuit, avec les emballages de bonbons, et mots perdus, et ses espoirs. ça s'entasse tout doucement, parce qu'étrangement, la vie d'ewa est menée au ralenti, et les supplices plongent dans sa peau en image par image.

chaque soir, elle se promet une chose nouvelle, imagine de quoi sera constituée sa prochaine vie, bout par bout, et elle s'endort sous les yeux de la lune, les organes lourds.


et quand son coeur était enfin prêt à battre,

quand la rancoeur s'est tapie sous l'amertume,

ewa s'en est allée, aussi.