Power of love. (Warston)

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{ Love is the light
Scaring darkness away}
crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

Il n’y a pas de plus belle nuit que celles qu’ils passent tous les deux. Blottie dans ses bras, Isabella, elle est comme enveloppée dans un nuage doux et vaporeux. Plongée dans un sommeil profond et sans rêve, loin des tourments qui l’envahissent depuis des semaines chaque fois qu’elle ferme les yeux. Toutes ces nuits passées, elle s’agitait constamment, se réveillait en sursaut après des rêves tumultueux. Des rêves qui ressemblaient à des cauchemars, des instants flous et nébuleux dont elle se réveillait aussi désorientée qu’elle se couchait. Mais ce n’est pas du tout le cas, cette fois. Elle dort d’un sommeil apaisé et tranquille, emmitouflée entre ses bras puissants. Il a ce don pour la rassurer, Nikolaï, même inconsciemment. Il suffit qu’elle soit auprès de lui, enivrée de son odeur, envoûtée de sa présence, pour que tout en elle se calme. Toutes les angoisses évacuées, le temps d’une nuit, après une soirée qui ne l’a pas laissée intacte. Les confidences échangées, lui ont donné la sensation de se rapprocher à nouveau de l’homme qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. Elle ne s’est pas entièrement livrée, comme ils n’ont pas tout réglé. Peut-être même, en réalité, qu’ils n’ont rien réglé. Mais c’est comme si tout avait disparu, les doutes et les incompréhensions, les disputes à répétition. Tout a disparu l’espace d’une soirée pour mieux les rapprocher.

C’est, un peu comme si tout te ramenait à lui,
comme si, peu importe à quel point tu peux le fuir,
il y a toujours cet instant où tu reviens à lui.

C’est ce qu’elle a fait, Isa, cette nuit. Elle est revenue auprès de lui. Elle n’a aucune idée de ce que cela peut signifier. S’ils se sont réconciliés, remis ensemble peut-être. Ou bien, il ne s’agit qu’une d’une petite trêve. Une pause désirée dans une séparation qui ne cesse de les malmener. Elle ne sait pas ce dont il s’agit, non, mais elle sait qu’elle ne peut pas le sortir si facilement de sa vie.  Qu’il y a toujours ce quelque chose qui la relie à lui. Qu’il soit ou non son petit-ami, il est l’homme de sa vie. C’est au-delà de l’amour, ce qui les unit. L’amour ne l’a pas empêchée de s’éloigner d’autres hommes, ou bien de les voir partir sans tenter suffisamment de les retenir. L’amour, il n’a jamais empêché que tout se termine. Mais ce qui la lie à Nikolaï est bien plus fort que tous les amours qu’elle a pu connaître. Il a décelé en elle ce mal-être. Plus que n’importe qui avant lui, il en a été le témoin malheureux. Il en a subi les conséquences plus d’une fois, mais il est encore là. Et peut-être que, au fond, il n’y a que lui qui sait réellement ce qu’elle traverse. Toute cette noirceur avec laquelle elle cohabite sans cesse. Il a vu au-delà de ce qu’elle veut bien montrer, toute la souffrance qu’elle ne sait plus lui cacher. C’est peut-être pour cette raison qu’il veut tant la sauver.

Et toi tu t’accroches encore à lui,
comme s’il te maintenait en vie.

Loin de tous ces songes, la belle endormie est toujours blottie contre lui. Cette nuit, elle ne s’est pas enfuie. Cette nuit, elle est restée auprès de lui. Sa tête posée sur son torse, elle bouge un peu, les paupières toujours fermées, quand il commence à se mouvoir dans le lit. Elle ne bronche pas, elle se contente de se raccrocher encore davantage à lui. De son bras, elle enlace son torse pour mieux s’y raccrocher, alors qu’il allume la télévision, brisant le silence environnant. Il ne faut pas plus de quelques secondes pour que la latina, au sommeil toutefois toujours un peu trop léger, commence lentement à s’agiter. Elle ouvre délicatement les yeux, un peu perdue, un peu déstabilisée. Elle ne sait pas, tout de suite, où elle est. C’est quand la douce torturée reconnaît le corps contre lequel elle est collée, qu’elle comprend. Sa tête se relève sans qu’elle ne bouge pour autant. Juste assez pour que son regard ébène ne vienne se confondre dans ses deux océans. – La télévision est dans la chambre, maintenant… ? demande-t-elle en guise de salut, la voix encore ensommeillée, pourtant déjà bien réveillée. Elle ne savait pas, la veille, elle ne l’avait pas remarqué. C’est quelque chose que, avec elle dans la même maison, elle n’aurait sûrement pas accepté. Mais elle n’a plus son mot à dire, Isa, plus depuis qu’elle est partie.

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Scaring darkness away}
crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

Halo de mystère, inextricable, l’aura indéchiffrable. Ce sont ceux qui la connaissent le mieux qui savent, en réalité, le mieux combien elle est impénétrable. Douceur sans nom quand on la rencontre, elle apparaît vite comme un puits sans fond. Comme un sable mouvant que l’on pénètre sans se rendre compte. Plus on essaie de la découvrir, plus on s’enfonce dans les abysses de son âme d’écorchée vive. Nikolaï, il s’y est brûlé les ailes. À force de se rapprocher de plus en plus d’elle, il a entrevu toute la noirceur qu’elle cache au monde autour d’elle. Il a frôlé, du bout des doigts, les ténèbres dans lesquels elle est plongée. Et il ne s’y est pas arrêté. Il s’est jeté à son tour, à corps perdu, dans ce cercle infernal, pour approcher au plus près de son mal. Elle ne lui a pas tout dit, Isa, probablement pas prête à se livrer avec transparence sur des émotions qu’elle ne maîtrise pas. Un recul sur elle-même qu’elle n’a pas, elle n’a pas elle-même approfondi toutes les zones d’ombres dans lesquelles elle vit. Effort colossal dont elle n’est sûrement pas capable. Pas toute seule, pas comme ça, le cœur beaucoup trop vulnérable. Pour autant, il ne l’a pas abandonnée. Il est toujours auprès d’elle, malgré tout ce qu’elle lui fait endurer. Alors même qu’elle s’est efforcée de le rejeter, il est encore à ses côtés. La veille encore, c’est lui qui a fait ce pas vers elle, quand elle n’aurait jamais eu la force d’en faire de même. Une main tendue, qu’elle a pourtant réussi à attraper. Avant de le suivre jusqu’à ce lit qu’il n’y a pas si longtemps, ils partageaient.

Et tout doucement,
tu te laisses à nouveau apprivoiser,
tout doucement,
tu le laisses à nouveau t’aimer.

Il a dépassé sa souffrance, la nuit dernière. Il a su lui rappeler, que peu importe ce qu’il comprend ou non de ce qu’elle peut endurer, il est là pour elle. Qu’il sera toujours là pour elle. La douleur vive qu’elle éprouve ne devrait pas les séparer, elle devrait au contraire prendre appui sur lui pour s’en soigner. Elle devrait le laisser l’aimer. Mais c’est encore difficile, pour la petite fille qu’elle était, celle qui pensait ne pas le mériter. Elle s’est réfugiée dans ses bras sans réfléchir, mais elle ne pourra pas le faire éternellement. Il devra bien arriver, le moment où ils devront parler sincèrement. De leur amour, de leur relation à la dérive, d’elle qui est partie. Elle qui est revenue. Cycle vicieux qu’elle ne peut pas reproduire à chaque fois, elle ne peut pas faire une chose pareille à Nikolaï. Ni à elle-même mais, cela, elle n’y songe pas. Encore moins alors qu’elle se réveille, lentement, encore dans ses bras. Le minois ensommeillé, elle peine à garder les paupières ouvertes. Mais maintient ses deux noisettes dans les yeux d’azur de l’homme qu’elle aime. Ses mots sonneraient, presque, comme un reproche déguisé. Difficile de s’en rendre compte, quand on connaît la douceur de l’âme torturée.

Pourtant, y’a bien cette partie de toi,
qui se rend compte de ce que t’as laissé derrière toi.

Une télévision dans la chambre, comme un rappel de son absence. Elle, elle n’en voulait pas. Lui ne l’aurait jamais fait si elle était toujours là. Ni, peut-être même, s’il pensait la revoir à ses côtés. Et, pourtant, il n’a pas abandonné. – Je vois… Et il en a bien le droit. Elle ne devrait pas sentir son cœur se serrer, de se dire qu’il a tenté d’oublier le vide qu’elle a laissé. Il aurait pu, aussi, même déjà la remplacer. Elle pense, elle pense et se torture, Isabella, mais elle ne dit rien de plus. Elle ne dit jamais tout ce qu’elle devrait. Encore allongée confortablement dans le lit, la latina écoute ses paroles presque autant qu’elle se noie dans son océan. – J’ai très bien dormi… elle lui confie, sans savoir s’il peut deviner, que c’est grâce à lui. Elle se sent beaucoup trop bien quand elle est avec lui. Son bras enlace toujours le torse de l’homme qu’elle n’a pas cessé d’aimer, sans qu’elle ne pense à le retirer. Elle n’a pas bougé d’un millimètre, depuis son réveil. – Et toi, tu as passé une belle nuit ? elle lui demande, sincèrement intéressée par la question, jusqu’à ce qu’il glisse sa main contre sa joue, puis la fasse glisser contre sa chevelure. Un simple contact qui suffit à l’électriser alors que ses opales dérivent des siennes, pour se poser sur ses lèvres. Cet instant, il lui rappelle, tant de réveils qu’ils ont partagés. Tant de baisers qu’ils ont échangés. Cet instant, il lui rappelle, tout ce qu’elle a toujours eu à ses côtés.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

Peut-être que personne ne s’était aventuré aussi loin. Peut-être que personne n’a jamais su la découvrir à ce point. Cette partie obscure de son âme, Isabella a toujours eu tendance à l’éloigner de ceux qu’elle aime. Elle leur donne son affection, son soutien, sa chaleur, sa présence à toute épreuve. Mais elle refuse d’assombrir la vie des personnes auxquelles elle tient, ce ne serait pas leur faire du bien. C’est un mécanisme de protection qui lui est instinctif depuis qu’elle est née, elle qui dans sa famille a toujours été l’aînée. C’est ce que lui a enseigné sa mère, elle qui devait prendre soin de sa sœur, ses frères. Un réflexe qui lui est si naturel qu’elle ne saurait faire autrement. C’est ce qu’elle a fait toute sa vie durant. Même son secret le plus sombre, elle ne l’a jamais partagé avec les siens. Elle n’a jamais avoué tout le mal que lui a fait son père. Elle ne le fera jamais.

Mais c’est différent avec Nikolaï,
tout est si différent avec Nikolaï.

Depuis le début, il semble vouloir déceler le mystère qui se cache en elle. Loin de se contenter de l’image qu’elle donne au premier abord, l’enquêteur a tout fait pour apprendre à lire tous ces secrets en elle. Lui qui a affirmé qu’elle était attirée par la noirceur, c’est peut-être ce qu’il ressent lui-même au fond de son cœur. Elle ne comprendrait pas, sinon, pourquoi il est encore là. Pourquoi il s’évertue à être là, même quand c’est elle qui s’en va. Il s’évertue pourtant à lui donner ses raisons, à les assurer des milliers de fois. Il l’aime, Nikolaï, plus qu’aucun homme ne l’a jamais aimée. Peut-être comme aucun homme ne l’a jamais aimée. Et ça lui fait peur, Isa, ça la prend en plein cœur. Tout cet amour dont elle ne sait pas quoi faire, tout cet amour qu’elle n’avait encore jamais eu la chance de connaître. C’est sans doute pour cela qu’elle n’a pas compris, toute cette jalousie. Tous ces conflits au sujet de son ex-mari. Entre l’amour et la possession, elle ne savait plus. Complètement perdue. Elle était complètement perdue entre tout ce qu’elle éprouve encore pour Luke et ce qu’elle ressent pour lui. Tout cet océan de sentiments contradictoires qui ont eu raison de son cœur autant que de son esprit.

Parce qu’il y a peut-être bien cette part de toi,
qui pense que tu ne le mérites pas,
que tu ne mérites pas celui que t’aimes,
mais juste celui qui te possède.

Vision erronée d’une relation insensée. De cet amour à l’excès, aussi, amour qu’elle ne sait pas comment contrôler. Elle s’est laissée porter, durant toutes ces semaines, par ces peurs qui la submergent. Cette angoisse qu’elle ne maîtrise en rien. Seulement cette nuit… seulement cette nuit, elle a ressenti ce besoin. Ce besoin de le retrouver, être à ses côtés. Être dans ses bras, rien qu’avec Nikolaï. C’est en douceur qu’elle se réveille malgré tous les démons qui n’attendent qu’une ouverture, pour revenir. Qu’un seul instant de fragilité pour mieux s’emparer d’elle et l’envahir. Le minois à peine éveillé, ses opales noires viennent à sa rencontre. Comme, pour se rendre compte. Que c’est bien auprès de lui qu’elle est, presque même sur lui, alors qu’elle ne bouge pas une seconde Devant la surprise de la belle, la présence de cette télévision soudaine, il ne met pas longtemps pour se justifier. Comme s’il lui devait de s’expliquer. Alors que, non, il fait ce qu’il veut. Il fait bien ce qu’il veut puisqu’elle est partie. – Mais tu en as le droit… déclare-t-elle dans un bref murmure alors que son regard ébène se détourne vers l’écran encore allumé.

Comme si, brutalement, la réalité venait te retrouver,
te rappeler que tu n’as pas ta place ici,
plus depuis que tu es partie.

Constat douloureux auquel elle tente d’échapper. C’est plus facile quand ses prunelles viennent dans les siennes se noyer. Un timide sourire sur les lèvres, elle lui avoue combien elle a apprécié ces quelques heures de sommeil. Plus réparatrices que ces heures agitées, seule dans son lit. Plus apaisantes que tous les cachets qui comblent à peine ses nuits d’insomnie. Il lui répond, à son tour, combien il a bien dormi. Mais, de la manière dont il la contemple, au sourire qu’il lui offre, elle se perd un peu dans ses dires. Elle n’en entend en réalité que la moitié, ce qu’il semble très vite réaliser. Prise sur le fait, l’air un peu coupable, Isabella se redresse, des plus vulnérables. – Non, je… je t’ai entendu. Mais je n’en suis pas si sûre. confie-t-elle alors qu’elle s’installe un peu plus convenablement, assise encore bien trop proche de lui. – Je pensais à toi… à nous. avoue-t-elle à demi-mots, pas prête à lui mentir, pas prête non plus à tout lui dire. Que c’est à ses lèvres qu’elle pensait, à cette envie de l’embrasser qui revenait. L’écorchée vive prend une profonde inspiration avant d’ajouter quelques mots à son intention. – Je… notre relation est un peu difficile à appréhender en ce moment. Une manière bien contrôlée de lui avouer, combien elle est déboussolée. Combien elle est tourmentée. Combien elle est perdue dans cet amour qui n’a jamais cessé d’exister.

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Il y a quelque chose qui s’est passé cette nuit à ses côtés. C’est vrai, elle le sait, elle ne peut pas le nier. Elle ne saurait même pas le nier parce qu’Isabella, elle n’est pas de celles qui renient leurs sentiments. Malgré tout le mal qu’elle peut avoir à se dévoiler, elle n’a jamais eu peur d’aimer. C’est être aimée, en réalité, qui peut bien plus l’effrayer. C’est tout l’amour dont Nikolaï a débordé, qui l’a poussée à s’échapper. Apeurée par tout ce flot d’émotions venues tout droit de son cœur, des sentiments qu’elle ne savait pas comment gérer. Un amour qu’elle n’a pas su comment appréhender. Mais il n’empêche que l’écorchée est bien plus capable de s’avouer combien elle, elle peut l’aimer, plutôt que le contraire. Elle se rend compte que si elle est venue passer cette nuit auprès de lui, ce n’est pas anodin. Elle ne l’aurait jamais fait si cela ne signifiait rien. Seulement ses inquiétudes sont toujours aussi présentes, quand son absence se fait bien ressentir soudain. C’est quand elle voit cette télévision en face du lit, une découverte qui la trouble peut-être plus qu’elle ne devrait l’être. Car cet engin n’aurait pas sa place dans cette chambre, si elle avait encore la sienne. Mais elle ne l’a plus, Isa, plus depuis qu’elle a choisi la fuite. Plus depuis qu’elle est partie.

Et comme pour te contredire,
il vient te prévenir,
l’appareil disparaîtrait,
si toi tu revenais.

Les mots de Nikolaï ont certainement vocation à la rassurer. Ils ne font que davantage la déstabiliser. Car elle sent toute cette vague de culpabilité la submerger devant une telle dévotion, une telle affection. Un tel amour que, encore une fois, elle ne sait pas comment réagir. Pas habituée à recevoir autant, aussi aveuglément, la tourmentée se demande même qui pourrait trouver une réaction pareille aussi naturelle que l’homme qu’elle aime. Elle a la sensation qu’il se sacrifie, Isabella. La sensation qu’il lui donne tout à son propre détriment. Et c’est loin de lui faire plaisir… loin de la soulager. Il n’y a que son cœur qui se met davantage à se serrer. La gorge nouée, la latina n’ose pas répondre à de telles paroles. Une proposition à laquelle elle n’a pas de réponse. Serait-elle prête à revenir ? À se remettre avec lui ? Serait-elle prête à dépasser toutes ses angoisses pour réussir à retrouver leur vie ?

Les questions s’enchaînent,
quand l’amour, encore, se déchaîne.

Il a l’air si paisible, Nikolaï. Si tranquille alors qu’elle, à l’intérieur, est dans tous ses états. Plus elle se réveille, plus elle réalise tout ce qui s’est passé la veille. Tout ce dont ils ont parlé, tout ce qu’elle n’a pas encore réussi à lui confier. Tout lui revient, mais c’est le sourire de l’être aimé qui vient la sortir de ses pensées. Des pensées tourmentées, chamboulées, déstabilisées aussi par les lèvres qui l’ont instinctivement attirée. C’est tant bien que mal qu’elle commence à lui livrer, combien elle peut être perturbée par toute cette relation qui ne porte plus de nom. Il paraît amusé, lui, quand elle continue de culpabiliser. Quand elle ne cesse de se torturer. Et, comme s’il lisait dans ses pensées, le jeune homme vient lui affirmer qu’elle ne doit pas tout se compliquer. Si seulement c’était si facile de se contrôler. Maîtriser toutes les angoisses qui continuent de l’assaillir. Elle ne sait pas comment il fait, Nikolaï, il paraît si tranquille, si apaisé. Comme s’il savait, qu’elle reviendrait. C’est même ce qu’il lui dit alors qu’elle-même n’en a aucune idée. – Tu parles comme si tu avais vu l’avenir. confie-t-elle dans un murmure, un brin prise au dépourvu devant tant de confiance. Elle ne sait pas comment il peut avoir autant confiance en eux, en elle, quand elle n’en est pas capable.

T’as le cœur en lambeaux,
à peine capable d’entendre tous ses jolis mots.

Elle sait qu’il dit vrai quand il affirme être patient. Mais peut-être qu’elle n’a pas envie de le faire attendre. Peut-être qu’il mérite mieux que de l’attendre. Elle est perdue, Isa, entre ce que lui dicte son cœur et ce que lui impose sa raison. Elle n’a aucunement besoin des autres pour ne plus savoir où elle en est, elle se débrouille très bien seule chaque fois pour se laisser submerger. – Tu penses que j’agis en fonction des autres ? demande-t-elle un peu étonnée, ses opales qui s’accrochent aux siennes, avant qu’il ne se décide à se rallonger. Il est là, étendu, les yeux fermés, choisissant de la taquiner. Ses paroles la font légèrement rire, un rire un peu nerveux, un peu perturbée aussi qu’il puisse aussi facilement lire en elle les désirs qu’elle n’avoue pas. – Tu me parais bien sûr de toi. qu’elle lui énonce, retrouvant à son tour une certaine légèreté. Et elle lui en est reconnaissante d’alléger la conversation. Mais c’est ce qu’il fait depuis le départ, Nikolaï, il allège ton âme dans toutes les situations.

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crédit/ tumblr ♛  w/ @nikolaï Warren

Il a le cœur en or, Nikolaï. C’est ce qui lui vient exactement, à cet instant, alors qu’elle se trouve face à lui. Ce sont les mots qui lui viennent instinctivement à l’esprit. Une expression qu’elle a souvent entendue, mais dont elle ne comprend pleinement le sens qu’en ce moment précis. Elle imagine ce cœur doré dans sa poitrine, quand le sien lui paraît bien plus assombri. Empli de cette noirceur, infecté de ce poison trop toxique. C’est ainsi qu’elle se voit, Isabella, une âme toxique. Empreinte de sa souffrance, elle l’a contaminé alors que c’était la dernière chose qu’elle désirait. Le rendre heureux, être heureuse avec lui, c’était cela dont elle a envie. Mais elle a cette sensation douloureuse que, depuis le début, elle rend leur relation de plus en plus tortueuse. Elle ne sait même pas comment, il peut encore avoir envie d’être avec elle. Interrogation à laquelle il répond, le plus simplement du monde, que l’amour lui donne des ailes. Il écoute seulement cette envie, cette envie à laquelle il croit plus qu’en n’importe quoi. Même en ce qu’elle prétend, même en leur séparation. Il existe réellement, cet homme qui croit que l’amour est plus fort que tout.

Et toi tu ne sais pas,
toi, tu n’arrives pas à y croire,
pas en se faisant aussi mal.

Pourtant, elle ne peut pas le nier, c’est bien ce qu’elle aimerait. Qu’ils redeviennent ce que, il n’y a pas si longtemps, ils étaient. Qu’elle revienne, elle, à ses côtés. Mais elle ne sait pas si elle en est capable, l’écorchée. Elle ne fait que davantage se torturer. Entre le fuir et le rejoindre, entre partir le plus loin possible et rester toute une nuit dans ses bras. L’on ne peut pas dire qu’elle soit constante, Isa. Mais il a décelé ses failles il y a un moment, il découvre son instabilité maintenant. Il l’a bien percée à jour malgré ses ténèbres, plus que n’importe lequel de ses ex. Il a perçu à quel point elle est perdue, à quel point elle ne sait pas ce qu’elle doit faire. Ce qu’elle est censée faire. Ce qu’elle veut faire. Autant de réponses différentes certainement qu’il y a de questions. En permanente interrogation, l’inconstante se retrouve déchirée entre les émotions qu’elle n’arrive pas à contrôler, et la douloureuse, criante vérité. Elle ne le rendra pas heureux, elle le sait. Et comme s’il lisait dans ses sombres pensées, il tente soudain de l’éclairer. De sa lumière, il essaie de l’irradier. Devant ses paroles, l’âme en perdition comprend que, ce n’est pas d’une tierce-personne dont il pouvait bien parler, quand il affirmait qu’elle se laisse influencer. Mais de lui-même qui se tient à ses côtés.

Et tu sens ton cœur s’ébrécher un peu plus,
devant le sien qu’il t’offre toujours plus.

Il a parfaitement compris, Nikolaï, la peur qu’elle éprouve de lui faire du mal. Il l’a comprise, mais la refuse, comme s’il préférait souffrir, plutôt qu’elle ne s’enfuit. Comme s’il choisissait la douleur avec elle, plutôt que se retrouver libre sans elle. Elle sent l’émotion la submerger en même temps que sa gorge vient se serrer. Ce n’est même plus tant le fait qu’il la cerne aussi bien qui l’atteint, c’est de l’entendre prêt à se sacrifier uniquement pour son propre besoin. – Ce que je veux, c’est éviter de te faire du mal, Nikolaï ! Je… Tu peux comprendre que je refuse que tu doives « m’attendre » éternellement alors que… tu as ta vie, toi aussi. Tu comptes, toi aussi, et je ne supporte pas de t’infliger… tout cela. Elle détourne ses prunelles comme incapable d’accrocher plus longtemps les siennes. Elle ne peut pas, Isa, elle ne peut pas lui infliger tout ce mal-être qu’elle traîne. Pas si c’est pour le voir souffrir chaque jour des décisions qu’elle prend.

Peut-être que lui est prêt à se sacrifier,
toi, t’es incapable de laisser ton poison l’infecter.

Ce n’est pas seulement de la culpabilité. C’est juste qu’elle sait, la latina. Elle sait qu’il mérite bien mieux que cela. Bien mieux qu’elle et ses ténèbres. Mais, par la même occasion, elle ne répond pas à sa question. Car elle se fiche de ce qu’elle veut. Elle n’a jamais privilégié ce qu’elle veut. C’est le bien-être des autres auquel elle a toujours pensé le premier, Isabella. C’est peut-être pour cette raison qu’aujourd’hui, elle est incapable de se soigner elle-même. Elle veut juste éviter de l’entraîner avec elle dans sa chute. Une perspective qui ne cesse de la hanter, alors que le jeune homme fait encore tout pour la faire craquer. Il parvient même à déclencher un petit rire des lèvres de la belle, un rire nerveux qu’il puisse aussi bien déceler ce dont elle rêve. En totale contradiction avec ses paroles, ce baiser auquel elle a pensé dès l’instant où ses opales se sont posées sur l’homme qu’elle aime. Elle refuse de l’avouer, mais lui est déjà certain de la vérité. Un sourire en coin sur le visage, elle ne peut pas lui faire croire à un mirage. Son sourire s’agrandit alors qu’il poursuit tranquillement ses taquineries. Amusée de le voir aussi sûr de lui, la tourmentée repose ses iris sur lui alors que les siens finissent par se rouvrir. – Je me demande qui ne le comprendrait pas. murmure-t-elle, la voix lointaine, autant que son regard ébène, laissant entrevoir un bref instant combien elle l’aime. Combien elle continue de l’aimer malgré tous ses travers. Elle sent le sien la dévorer, comme toujours avec ce don pour la troubler. – Mais je ne t’embrasserai pas. affirme-t-elle soudain, avant de se se mordre la lèvre, comme pour se convaincre. Elle prend une profonde inspiration avant d’ajouter de plus belle. – Peut-être que nous devrions déjà recommencer à… parler ? Nous laisser le temps de nous retrouver ? Parce que l’embrasser lui fait trop bien perdre l’esprit. Elle a besoin de le garder intact pour mieux savoir où elle en est. Mais c’est un premier pas qu’elle fait, Isa, sans savoir encore si elle sera capable de s’exécuter.