6 feet beneath the moon

01/ la question de la légitimité s'est toujours posée dans la tête d'andy. toujours poussé par ses parents à faire de grandes choses qu'il ne souhaitait pourtant pas, il s'est longtemps senti comme un imposteur. épuisé par ce syndrome de l'imposteur, il a fini par quitter son milieu à la poursuite de ses ambitions artistiques. pourtant cette question le poursuit encore "suis-je légitime?"  02/ il veille attentivement à ce que sa tête n'apparaisse jamais sur les réseaux sociaux. il n'y a d'ailleurs que très peu de photos de lui disponibles en ligne. la plupart sont traitées de façon à ce qu'il soit peu reconnaissable, ou bien ce sont d'anciennes photos où il est identifié sous son nom complet alors qu'il était plus jeune. ironique quand on sait qu'il utilise instagram comme principal moyen de communiquer sur son art. il pique les curiosités et ça fonctionne.  03/ la famille woodland a toujours été sur le devant de la scène technologique de san francisco. le père d'andy faisait partie de l'équipe de création d'une célèbre application mobile et en est rapidement devenu le porte parole. star montante de la silicone valley, il a permit à sa famille d'obtenir un niveau de vie inespéré. andy et sa soeur sont vite devenus des personnes d'intéret à l'école et il leur a fallut apprendre à se méfier des autres. andy s'est de nombreuses fois senti utilisé, mais jamais autant qu'avec cette fille avec qui il sortait au lycée et qui ne s'intéressait à lui que pour espérer en retour avoir des cadeaux. 04/ ce n’est qu’à l’aube de ses 24 ans qu’il a enfin eu le courage de quitter sa ville natale pour s’installer à new York. il a abandonné ses études en médecine dans lesquelles il avait été poussé et a claqué la porte, tirant un trait sur l'opulence dans laquelle il avait grandit car jusqu'à lors il n'avait jamais eu l'impression d'avoir réussi à accomplir quoi que ce soit. il se sentait coincé dans cette ville où il avait déjà passé toute sa vie et avait envie d'ailleurs. d'après lui c'était le juste prix du bonheur, repartir à zéro par ses propres moyens pour tenter d'accéder à la consécration. il a raccourcit son prénom et son nom en arrivant à new york, seul avec son sac de week end, laissant derrière lui ses comptes off-shore et sa famille. il détestait leur hypocrisie, il la vomissait. pourtant il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir coupable d'être parti. surtout d'avoir laissé sa petite soeur sous la même emprise qu'il avait tenté de combattre toute sa vie. 05/ en 2017 il s'est officiellement installé à new york. une première colocation, puis deux, puis trois... jusqu'à trouver la bonne combinaison. lui qui avait toujours connu la tranquillité et l'espace devait désormais apprendre à vivre en communauté avec des personnes qu'il n'avait pas l'habitude de fréquenter. faire des efforts au quotidien et apprendre à se mettre dans un coin. il lui a fallut de longs mois avant de trouver sa place, et les bons colocataires. avant de partir il avait prit soin d'emporter avec lui quelques liasses de billets dérobées dans le coffre fort de son père. ça lui a permit de payer les premiers mois de loyers, quelques meubles, quelques fringues, un vélo même. ça lui a permit de se consacrer à la photographie à temps plein, mais ça n'a pas suffit. il a eu quelques contrats, des beaux contrats, mais rien d'assez régulier pour lui permettre de vivre. alors il a prit un job à temps partiel dans une frip' de son quartier.