Confettis célestes. (Asmée)

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{ confettis célestes }
crédit/ tumblr ☆ w/@Asmée Chamberlain

Une suspension. Une pause. Un instant d’accalmie dans sa vie trop tumultueuse. C’est, proie de toutes ses contradictions, dans l’effervescence et l’agitation de la vie nocturne qu’elle est venue chercher cette sérénité perdue. New York est différente la nuit. Le monde, lui-même, lui semble différent. Comme si l’obscurité des heures tardives venait effacer celle de son quotidien. Envolés les soucis d’argent, les menaces de son créancier, le danger qui la guette. Disparues les disputes, les conflits, les séparations. Mis de côté tous les hommes qui viennent étouffer l’oiseau libre. Elle déploie ses ailes cette nuit, Cassey. Jusqu’au petit matin, elle se perd dans la musique entraînante des clubs new-yorkais, les cocktails aux mille et une couleurs, et les danses effrénées avec de parfaits inconnus. Tu t’amuses, tu te déchaînes. Tu ris aux éclats et tournoies dans les airs. Tu vis, de tout ton cœur, de toute ton âme. Jusqu’à oublier tous les lendemains. Partir faire la fête, au lieu de régler tous les points noirs de sa vie, ce n’est sûrement pas ce que la morale lui dictait de faire. Mais il n’y a ni raison, ni conscience, ce soir. Il n’y a qu’une femme heureuse et libre, une femme qui a envie de vivre. Une femme qui en a trouvé une autre, un peu plus jeune, c’est peut-être là leur seul différence. Partie main dans la main en courant après avoir promis à l’idiot trop naïf – à moins que ce soit le naïf trop idiot – de s’embrasser devant lui s’il leur offrait la bouteille du cru le plus cher de toute la boîte. Les chevelures qui virevoltent au vent, elles s’échappent sous le clair de Lune, pour mieux se retrouver, en tête à tête. Les rires éclatent dans le silence de la nuit devant le souvenir de ce visage ahuri qui les laisse s’enfuir. La complicité qui se ressent dans le cœur de deux soleils qui ne peuvent que s’illuminer davantage ensemble. Asmée, tu la connais à peine. Asmée, tu viens de la rencontrer. Mais t’as l’impression qu’il y a ce quelque chose de particulier entre vous, celui qui fait que vous vous comprenez. La même lueur de vie dans les yeux, le même sourire que t’avais perdu que t’as retrouvé sur le visage de ton alter-ego. Comme le reflet d’une âme siamoise à la tienne, le cœur qui bat à l’unisson avec le tien. Elle se sent libre comme elle a l’impression de ne pas l’avoir ressenti depuis une éternité, Cassey. Le temps d’une nuit, les aléas effacés de sa mémoire, elle entraîne sa nouvelle amie jusqu’à la plage qui surplombe le quartier. – Quand je pense à la tête qu’il faisait… reprend-elle avec un nouvel éclat de rire en se laissant tomber sur le sable, froid, à une heure pareille, l’objet du délit qui chute entre les deux acolytes. – J’avais oublié comme c’était facile de berner un mec. Parce que ce sont eux, en ce moment, qui ont l’ascendant sur elle. Eux qui prennent position contre sa volonté, contre ses sentiments. Eux qui lui donnent le sentiment de maîtriser sa vie. Mais pas ce soir. Ce soir, tu t’es enfuie. Ce soir, t’as retrouvé ta liberté. Ce soir, tu t’es retrouvée. Et c’est peut-être bien grâce à la petite tête blonde juste à tes côtés.

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crédit/ tumblr ✯ w/@cassey warren

Elle ne s’arrête pas.
Elle ne s’arrête jamais.
Où qu’elle soit.  
Elle ne s’arrête pas. Jamais. La fête, le bruit, l’agitation, la nuit. C’est tout ce qu’elle a. C’est tout ce qu’il reste. Souvenir de Chicago. Flamme éteinte de sa vie passée. De cette vie à peine terminée. Alors elle ne s’arrête jamais, parce que tout ce qu’elle veut c’est oublier. Oublier à quel point sa vie a basculé. Oublier qu’elle ne sait absolument plus qui elle est, encore moins ce qu’elle veut. Oublier qu’elle se retrouve ici, seule et sans repères. Alors tu continues, Asmée. Tu continues de mener le même train de vie que depuis six ans. Tu continues de te comporter comme si t’étais invincible, comme si rien ne pourrait jamais t’arriver. Elle vit. Elle explose. Elle profite. Verres après verres, cocktails sans modération. Et elle la rencontre, elle. Etat similaire, personnalité lumineuse, plus âgée qu’elle et pourtant si ressemblante. Elle s’appelle Cassey. Elle s’appelle Cassey, et ce soir, elle est ta nouvelle amie, Asmée. Ta toute première amie. Parce que ceux qu’elle avait avant ne sont plus. Ceux de New-York ont disparu. Ceux de Chicago y sont restés. Et elle est là, dans ce nouveau monde, encore reliée à l’ancien. Perdue. Mais cette soirée, ces moments avec la blonde, c’est tout ce qu’elle aime. Tout ce dont elle a besoin. Vibrer. Exister. Dans les yeux des autres, solitude comme seul démon. Dans les yeux de Cassey, le besoin ardent de s’attacher à quelqu’un. C’est finalement avec elle, qu’elle s’est enfuit ce soir. Elle et la meilleure bouteille de toute la boîte de nuit. Se retrouvant, presque au petit matin, sur le sable, l’une à côté de l’autre. Tranquillité ambiante, tranquillité qui règne désormais. Moment d’accalmie avant que la tornade New-Yorkaise vienne se réveiller. - J’ai vraiment cru qu’il allait se décomposer sur place quand on est parties, finir démembré ou quelque chose du genre. Affirme-t-elle en faisant raisonner son plus beau rire face au bleu de la mer. Elle n’a jamais ressenti une telle chose, Asmée. Elle n’a jamais ressenti une telle connexion avec une parfaite inconnue. Elle n’a jamais eu la sensation de se sentir étroitement liée à quelqu’un, en une soirée. Cette complicité qui s’est installée entre elles, laissant penser une seule et unique chose, qu’elles se sont trouvées. - Je ne pensais pas que c’était si facile, moi non plus. Malicieuse et innocente à la fois. La décadence de sa vie laissant paraître une multitude d’expériences alors que son cœur est encore blanc de toute tâche de couleurs sentimentales. - Il faut croire que l’homme est vraiment le sexe faible. Qu’elle rétorque, plutôt fière d’elles et de cette petite soirée improvisée.

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Il y a quelque chose d’unique dans la magie de l’éphémère. Le bonheur, l’exaltation, la folie des instants volés. Ils ne sont en rien comparables aux joies quotidiennes, trop empreintes de banalité. Mais cette soirée, elle est tout sauf banale. Cette rencontre, surtout, n’a rien de banal. Dans une ville surpeuplée qui regorge indéniablement de cette terrible solitude, elle est peut-être bien de celles qui peuvent tout changer. Asmée, l’étoile céleste au sourire solaire. Celle qui illumine le monde sur son passage. Celle qui t’a illuminée, toi, pour te rappeler qui tu es. Elle en avait besoin, Cassey. Besoin de se remémorer la personne qu’elle a toujours été. La femme qui ne se laisse pas abattre, qui se lamente pas sur son sort, jamais. Qui sait afficher son plus beau sourire, peu importe les circonstances, pas pour faire semblant, non, de tout son cœur. La femme qui a envie d’y croire, la femme qui a fait le choix de la vie. C’est si rare, en vérité. Les âmes esseulées qui l’emportent sur les sourires lumineux. Les problèmes de chacun qui empiètent sur la vie de tous. Elle avait fini par se laisser happer par cette noirceur, Cassey. Oublier de sourire, oublier de vivre. Mais Asmée, mieux que personne, l’a aidée à se souvenir. Le cœur encore en fête, l’âme déliée de tous ses tourments, elle se sent délivrée du mal qui commençait à la ronger.

Tu te sens libre,
Invincible,
Reconnectée avec toi-même,
Grâce à cette âme sœur à la tienne.

Le rire cristallin de la blonde qui rejoint celui de sa comparse et éclate dans le silence paisible de la mer qui leur est entièrement dévoué. Elle laisse son regard malicieux se poser sur sa complice aux paroles si légères. Elle se rend compte de la magie de l’instant, Cassey. Elle a suffisamment d’expérience pour reconnaître l’exceptionnel quand elle le rencontre. Elle sait que, une complicité pareille, elle ne se trouve pas à n’importe quel coin de rue. Le même besoin de se sentir exister, le même besoin de laisser la vie les guider. Le même cœur insouciant dont seul l’instinct dirige chacun des pas. C’est la candeur avec laquelle Asmée parle des hommes qui lui rappelle les quelques années qui les séparent. Elles sont deux âmes similaires, aux vécus pourtant loin d’être égaux. L’une empreinte de cette innocence, l’autre avec déjà trop d’expérience. – C’est facile, quand il n’y a pas de sentiments en jeu. Les hommes, elle a pu si souvent en jouer. Jamais vraiment avec de mauvaises intentions, plutôt dans un divertissement irrésistible, l’envie de charmer celui qui lui plaît. – Mais je peux te dire qu’à partir du moment où le cœur est touché, c’est mort pour nous. Elle affiche une petite moue. Le visage précis d’un homme qui lui revient beaucoup trop facilement en tête. Elle l’évacue pour ajouter, un sourire plus espiègle sur les lèvres. – Sauf si t’es une vamp. J’aurais bien aimé être une vamp. Mais je suis trop mignonne pour ça. Elle hoche la tête, l’air entendu, avant de laisser échapper un rire. L’assurance dans ses mots, l’assurance qui émane toujours de son âme. Elle peut facilement paraître pour de l’arrogance. Mais quand on la connaît, Cassey, on sait qu’elle est tout sauf arrogante. Elle a plutôt l’insouciance d’une enfant. Et elle a l’impression que c’est la même chose chez celle qui, quelques heures plus tôt, n’était encore qu’une inconnue. L’impression de se sentir connectée avec elle, déjà liée à elle.

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C’est l’insouciance de ses jeunes années qui causent l’inconscience. C’est d’avoir été propulsée dans une vie d’adultes alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. C’est d’avoir été mise en cage, cage dorée, cage du succès. A l’abri de tous, à l’abri du monde, et à la fois plus exposée que jamais. C’est cette vie si différente des autres jeunes femmes de son âge, qui fait qu’aujourd’hui, elle n’est absolument pas prête à affronter la réalité. C’est l’insouciance. Insouciance que semble parfaitement partagée la belle inconnue, insouciance qui semble lui être propre. Elles sont pourtant différentes. Elles ont certainement deux vies opposées. Mais ce qui est certain, c’est qu’il y a cette flamme qu’elles partagent. Cette flamme bien ancrée en elles. Et t’as sûrement trouvé exactement ce dont tu avais besoin, ici, à New-York, Asmée. Tu as trouvé quelqu’un qui te rattaches à ce que tu es. A ce que tu as toujours été. A tout ce que tu connais. Et cette soirée, le sable, la bouteille, jusqu’au petit matin, c’est tout elle. C’est tout Asmée. Et elle se sent bien, terriblement bien. En grande partie grâce à Cassey. Elle écoute d’ailleurs ses paroles, des paroles qui la font rire. Des paroles d’expertes, parce qu’elle semble savoir de quoi elle parle. Il y a, dans ses paroles, une petite pointe de vécu personnel. - Oh, je vois. Les hommes, c’est ton point faible, c’est ça ? Une question qui se veut innocente. Et pourtant, si elle a besoin de se confier sur quoi que ce soit. Si elle a besoin de s’épancher sur son passif amoureux, la brune sera là pour l’écouter. Après tout, quoi de mieux qu’une bonne bouteille pour extérioriser. Quoi de mieux qu’une bonne bouteille, et une nouvelle amie. Amitié en bonne voie, Asmée. Amitié dont tu as besoin. Parce qu’elle sera peut-être une bouffée d’air frais pour effacer la peur de ta nouvelle vie. - Trop mignonne ! Qu’elle s’esclaffe en riant de bon cœur. - Bon, un peu, c’est vrai. Mais tu sais, les vamp c’est pas si cool, ça doit être fatiguant. Et elle n’en sera jamais une, Asmée. Bien trop solaire. Bien trop sociable. Au fond, elle aime les autres. Elle aime être entourée des autres. Et elle ne sait pas le cacher, comme un livre qui s’ouvre à celui qui souhaite passer devant.

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Des vies radicalement différentes, l’insouciance pourtant en commun. L’une qui paraît n’avoir encore rien vécu, l’autre qui a déjà trop vécu. Elle a l’impression de voir en Asmée celle qu’elle était quelques années plus tôt. Celle qu’elle était avant que la réalité ne vienne la rattraper. Celle qu’elle est encore en vérité. Sa vie ne l’a pas changée, Cassey. Rien ne l’a changée. Le poids des responsabilités ne l’a rendue que plus assoiffée de cette liberté. De cette envie de vivre de toute son âme, de tout son cœur, de tout son être. Être devenue mère alors qu’elle n’était elle-même encore qu’une enfant lui a donné, comme, le besoin démultiplié de savourer la vie. Ne pas la laisser lui filer entre les doigts. Ne pas se perdre, au contraire, continuer à être elle-même et donner cette envie de vivre si fort à sa fille. C’est pour cette raison qu’elle s’est tout de suite reconnue en Asmée. Comme un coup de foudre, t’as eu la sensation que ton âme avait reconnu la sienne. Ce n’est pas quelque chose qui lui arrive souvent. C’est tellement rare que c’en est d’autant plus précieux. Un trésor à peine trouvé, que t’as déjà envie de protéger. Et, elle le sent, il en est de même pour sa partenaire de crime. Tout est si naturel entre elles, si évident. Au point qu’elle décèle la plus grande faiblesse de la jolie blonde avec une facilité déconcertante. Un petit rire coupable s’échappe de ses lèvres alors qu’elle avoue, sans chercher à le nier. – Tu m’as démasquée. Je leur résiste pas. Non, elle ne résiste pas aux hommes. Et plus elle devrait y résister, moins elle y arrive. En quête permanente des mauvais, ceux dont on peut être sûr qu’ils vont la malmener. Il suffit de voir celui qui la hante en ce moment. Celui qui lui a fait le plus de mal toute sa vie durant. Peut-être que la bouteille de champagne n’était pas si futile, peut-être qu’elle va en avoir bien besoin pour noyer les idées noires. Sur cette pensée, la jeune femme entreprend de l’ouvrir tout en écoutant, d’une oreille attentive, les pensées de sa nouvelle amie. Elle laisse échapper un petit rire devant sa remarque. – C’est pas faux. Ça doit être usant de toujours faire semblant. Je sais pas cacher mes émotions mais… Ça doit être plus facile pour ceux qui y arrivent. Ou peut-être que c’est encore pire. Elle ne sait pas, Cassey. Elle n’a de toute manière jamais su mentir. Trop transparente, trop authentique, trop entière, pour être capable de lutter contre son cœur. – Et toi, comment tu es ? Question enfantine, spontanée, aux réponses bien plus profondes finalement. Elle boit une gorgée de champagne à même la bouteille avant de la tendre vers l’étincelante Asmée. Coup de cœur incontesté, elle lui donne une nouvelle fraîcheur, Asmée.

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C’est agréable. Beaucoup trop agréable. Réaliser que la solitude qui devait la gagner s’évapore, seulement grâce à Cassey. La solitude disparaît, seulement grâce à Cassey. Parce qu’en réalité, c’est tout ce qu’elle fuit, chaque fois qu’elle sort le soir. C’est ce qu’elle chercher à effacer, en communiant avec d’autres âmes. Mais il n’y a rien de mieux que de sentir qu’une âme est faite pour toi, Asmée. Rien de mieux que de sentir que, parmi tant d’autres, c’est toi l’élue. C’est toi, celle qu’il lui faut. Elles sont peut-être différentes, sur bien des points, mais il y a cette fusion qui lui donne l’impression qu’elles ne font qu’une. Qu’au fond, sa personnalité et celle de Cassey se rejoignent sur beaucoup trop de points. Les paroles de la blonde viennent pourtant lui arracher un rire. Un rire puissant, léger, qui s’échappe dans l’air lorsque leurs regards se croisent. La blonde ne résiste pas aux hommes, c’est ce qu’elle ajoute, avec légèreté. Même si, la réalité l’est peut-être beaucoup moins. Même si la réalité l’est sûrement beaucoup moins. Mais tu ne sais pas vraiment ce que c’est, toi, Asmée. Parce que t’es jamais restée assez longtemps avec un homme pour t’accrocher suffisamment. Mais ce sont surtout les paroles suivantes de la belle, qui viennent l’interpeller. C’est encore quelque chose qu’elles partagent. Plus que jamais. Parce que ses émotions, elles sont également bien trop présentes pour qu’elle ne puisse les faire taire. - Et bien, je suis comme toi. Je ne sais pas non plus cacher mes émotions. Reprend-t-elle, en riant avant de boire quelques gorgées, à même la bouteille de champagne. - C’est quand même un comble pour une actrice ! Parce que ce qu’elle est à l’écran, c’est bien loin de ce qu’elle est réellement. Parce qu’elle ne sait peut-être pas qui elle est réellement, mais il y a des choses qu’elle ne peut pas nier. Des choses qu’elle ne peut pas tromper. Beaucoup trop souvent débordée par ses émotions. Beaucoup trop en proie à ce qu’elle ressent. - Nous avons l’air d’avoir pas mal de choses en commun, toutes les deux. Et c’est déjà énorme. Enorme de trouver une telle personne, d’avoir une telle personne dans sa vie, à peine arrivée à New-York. Parce que c’était le plus effrayant pour elle, sauter dans le vide. Sauter dans le vide, dans cette ville où elle ne connait personne. Sauter malgré cette peur de se sentir plus seule que jamais.

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C’est ce qu’elle aime dans le monde de la nuit. C’est ce qu’elle a toujours aimé, Cassey. Le monde devient différent une fois le soleil couché. Comme un peu plus à sa portée. Les gens se laissent aller à devenir d’autres personnes, du moins c’est ce qu’ils pensent. Ce que l’on prétend bien trop souvent. Mais, ce qu’ils ne réalisent pas tous, c’est que c’est tout le contraire en réalité. C’est dans ces instants que chacun devient pleinement ce qu’il est. C’est pour cette raison que les rencontres deviennent plus enflammées, la vie plus passionnée. Ce ne sont plus les esprits qui se rencontrent, mais les âmes qui se frôlent. Elle a la sensation de les toucher du bout des doigts. Mais, avec Asmée, ce n’est pas seulement un frôlement. Avec elle, c’est comme une fusion qui se crée. Ce sont leurs âmes qui s’entrechoquent, comme pour ne plus jamais faire l’une sans l’autre. Ne plus jamais se quitter. Peut-être que mille choses les opposent toutes les deux, mille choses qui les auraient arrêtées en plein jour. Mais c’est bien différent au crépuscule. C’est différent en cet instant. Parce que, la nuit, ce n’est pas le métier, les responsabilités ou les choix que l’on fait qui comptent. C’est juste le moment précis, le moment durant lequel on choisit de se révéler. C’est ce qu’elle fait, Cassey. Elle se révèle à cette amie qu’elle a forcément rencontrée dans une autre vie. Indéniablement, pour sentir une telle connexion. Plus forte encore quand la belle lui révèle avoir les émotions aussi amplifiées, aussi exacerbées qu’elle. Le sourire amusé qui se dessine sur les lèvres de la jeune femme, elle n’est même pas surprise finalement. Parce qu’au fond de toi, tu l’as senti. Tu l’as senti tout au long de la soirée, que vous vous êtes trouvées. Un rire qui s’échappe enfin quand Asmée rappelle son métier, le métier qu’elle a presque partagé. Autre ressemblance, sûrement pas une coïncidence.   - Je pense que justement, pour jouer une émotion, il faut savoir s’en imprégner de plein fouet. Tout le monde n’est sûrement pas capable d’y arriver. Mais elle, elle doit y arriver. Elles y arrivent pleinement. Ce n’est pas toujours une chance, mais c’est ce qui rend aussi vivant. Ce qui fait que chaque moment est exaltant. Et, comme si elle lisait dans ses pensées, c’est sa nouvelle amie qui met les mots sur ce qu’elle ressent. Ce qu’elle éprouve depuis la seconde où ses yeux pétillants ont rencontré les siens. - Tu crois aux âmes sœurs ? qu’elle demande subitement. Elle va la prendre pour une folle, Asmée. Mais, pour avoir déjà vécu cette sensation, elle ne peut qu’y penser, avec elle. - Je ne parle pas d’amour, je parle d’une connexion entre deux êtres. Comme s’ils étaient connectés, comme s’ils s’étaient déjà rencontrés. Parce que c’est ce que tu ressens, Cassey. C’est ce que tu ressens avec elle.

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crédit/ tumblr ✯ w/@cassey warren

Il y a ce paradoxe, chez elle. En elle. Il y a ce paradoxe, parce qu’elle ne sait pas réellement qui elle est. Elle ne sait pas réellement ce qu’elle va devenir. Mais elle est pourtant entière à cent pour cent. Elle est entière et ses émotions sont décuplés. Peut-être parce qu’elle n’a jamais été aussi vulnérable. Peut-être parce qu’elle n’a jamais était si fragile. Fragilité déconcertante d’une jeune femme aux allures pourtant si sûres. Parce que ce n’est qu’à moitié, qu’elle a appris à vivre, Asmée. Parce que ce n’est qu’à travers les écrans, qu’elle a appris à se développer. Et aujourd’hui, elle a la sensation de marcher le cœur complètement ouvert. De s’aventurer dans un nouveau monde sans armure, sans carapace, sans protection. Elle existe en prenant le risque de tomber à tout moment, d’être blessée à tout moment. Il n’y a que ces fêtes, ces soirées, qui lui procurent encore un minimum de sureté. Un minimum de repères. C’est tout ce qui te reste de cette vie qui était la tienne. Tout ce qui te reste de ce qui fait ce que tu es, Asmée. Mais ce soir, c’est différent. Parce qu’elle a trouvé Cassey. Parce que la blonde s’est posée sur son chemin. Parce que la blonde est venue illuminer sa route. Illuminer sa vie. Pour un soir. Peut-être plus. Elle n’a pas idée de ce que cette relation pourrait devenir. Mais ce soir, elle lui apporte beaucoup. Elle lui offre une présence, elle lui offre cette complicité, elle lui offre tout ce dont elle a besoin. - C’est vrai ! Au fond, jouer, c’est un peu se laisser aller. C’est de cette façon qu’elle a toujours fonctionné, elle. Elle n’avait jamais vraiment eu de cours de théâtre, elle n’avait pas d’expérience, elle n’avait pas de talent, et c’est uniquement grâce à sa personnalité qu’elle s’est retrouvée sur le petit écran. Le soleil s’est mis à briller, beaucoup trop fort. Mais aujourd’hui, il pourrait se retrouver éclipser par la perdition. Mais la question de l’autre soleil se fait finalement entendre. Une question qui lui arrache un sourire. Un sourire sincère. - Oui, j’y crois. Il y a un côté assez mystique qui me plait beaucoup. Qu’elle lâche en riant, juste avant de reprendre la parole. - Pourquoi ? Elle a toutefois une petite idée de ce que pense réellement Cassey. Parce qu’elle ressent la même chose. Elle ressent cette connexion entre elles, elle aussi. Elle ressent cette alchimie et ce sentiment d’avoir rencontré une âme jumelle à la sienne. C’est peut-être trop, c’est peut-être fort, d’autant plus pour une rencontre toute neuve. Mais c’est pourtant ce qu’elle ressent, parce que Cassey pétille, comme elle. Parce que Cassey, elle brille par elle-même.

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crédit/ tumblr ☆ w/@Asmée Chamberlain

Petite fille, Cassey, elle rêvait d'être funambule. Parmi des centaines d'autres métiers qui traversaient son esprit effronté, celui-là, il revenait souvent. Trop souvent au goût de ses parents. Mais il y avait quelque chose dans le fait de se lancer sur une corde, à même le vide, quitte à braver la mort qui l'attirait. Quelque chose qui la captivait. C'est son goût pour la vie qui transparaissait. Son envie de sentir cette adrénaline, cette excitation. Se laisser submerger par toute cette exaltation. C'est quelque chose qu'elle n'a pas perdu au fil du temps. La soif de vivre, elle s'est même multipliée. Ce n'est pas quelque chose qu'elle retrouve souvent chez les personnes qu'elle rencontre. C'est même bien plus rare qu'il ne le faudrait. C'est pour cette raison que, Asmée, elle ne veut pas la laisser filer. Elle ne veut pas perdre ce qui est en train de se créer. Ce sourire aussi pétillant que le sien, ce regard aussi lumineux et vivant que le sien.

Cette âme solaire,
Tellement similaire,
Qui reconnaît la tienne.

De ceux qui s'emballent facilement, de ceux qui s'attachent rapidement, elle va peut-être vite, trop vite. Mais elle ne peut pas oublier une personnalité comme celle d'Asmée. Ne peut pas passer à côté. C'est pour cette raison, sans doute, que sa voix se fait plus solennelle alors qu'elle évoque les âmes sœurs. Pas celles qui tombent amoureuses, parce qu'elle est bien placée pour savoir que l'on ne tombe pas toujours amoureux de ceux qui seraient faits pour nous, Cassey. Non, les vrais âmes sœurs. Celles qui se reconnaissent et se connectent, celles qui s'aiment, sans restrictions, sans limites. La réponse de sa nouvelle amie satisfait plutôt bien à l'antiquaire. Loin d'être une amatrice des arts divinatoires, elle se plaît parfois à lire son horoscope, s'intéresser tout simplement à l'astrologie. Elle ne saurait expliquer ces histoires d'étoiles qui seraient alignées, vraiment pas. Mais elle ressent qu'il y a quelque chose de ce genre qui vient de se passer. Quelque chose qui est arrivé, entre elles, cette nuit. - Je ne sais pas trop comment l'expliquer sans passer pour une folle, mais ce n'est pas grave, je passerais pour une folle. commence-t-elle avec un sourire en coin, amusée plus qu'intimidée. Le ridicule ne lui fait pas peur, à Cassey. Elle est trop naturelle, trop entière, pour s'empêcher d'être sincère. - Je ressens ça avec toi, c'est comme si… Il y avait une évidence. J'ai l'impression que, au-delà des considérations habituelles de la société, tu me comprends, tu… Vois en moi, plus que des amies que je connais depuis longtemps ou, même, ma propre sœur. Parce que ce qui compte, entre elles, ce ne sont pas les détails du quotidien. C'est vraiment cette alchimie entre leurs personnalités. Cette connexion entre leurs deux âmes.

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crédit/ tumblr ✯ w/@cassey warren

Elle n’a jamais vraiment su ce qu’elle voulait, Asmée. Elle n’a jamais eu une quelconque vocation. Un rêve. Une passion. Elle n’a jamais rien eu, se contentant d’essayer d’exister, tout simplement. Se contentant d’essayer d’attirer l’attention de ses parents, d’un père un peu trop ambitieux, d’une mère un peu trop intransigeante. Elle n’a jamais eu de vocation, la vocation l’a trouvé. La comédie s’est révélée, l’âme solaire s’est réveillée, et elle est devenue celle qu’elle est aujourd’hui. Et t’es pas plus certaine d’avoir un but, Asmée. T’as pas forcément d’objectif de vie. T’as pas d’ambition particulière. Mais t’as ce fil accroché à toi, comme une marionnette en équilibre, prête à danser la danse de la vie. Prête à laisser la lumière t’éclairer pour l’éternité. Elle a compris, avec le temps, qu’elle ne pouvait que s’accepter pour exister. Qu’elle ne pouvait compter que sur elle pour briller. Peut-être ce qui est sa plus grande force, mais également sa plus grande faiblesse. Parce qu’à force de vivre et s’épanouir seule, elle ne sait plus vraiment qui elle est. Ce qu’elle est. Pourtant, face à Cassey, elle a le sentiment de se voir. De se retrouver là, face à un miroir. Elle est trouble, la vérité, Asmée. Cette femme que tu ne connais pas t’aide à mieux te voir toi-même. Cette femme que tu ne connais pas semble être ta moitié, une autre partie de toi. Et les paroles de la blonde ne font que le confirmer davantage encore. Des paroles touchantes, qui lui prouvent que ce qu’elle ressent n’est pas une folie pure. Qui lui prouve que ce qu’elle ressent est réciproque, partagée par son âme sœur de la soirée. Et Cassey lui arrache un sourire. Sincère. Étincelant. Un sourire qui montre le plus beau d’elle, parce que Cassey fait ressortir le meilleur d’elle, assurément. - Tu n’es pas folle ! Ou alors… On est deux folles. C’est possible aussi. Qu’elle lâche, éclatant de rire par la même occasion. Elles le sont sûrement, pour se comporter de cette façon depuis le début de la soirée. Pour se retrouver ici, bouteille en main, prête à la vider sur le sable et sous le ciel étoilé. - Je ressens la même chose tu sais, vraiment. C’est peut-être parce que… Enfin, j’ai l’impression qu’on se ressemble beaucoup, toutes les deux. Les pensées sont dévoilées, les sentiments aussi, et peut-être que cette alchimie ne durera pas uniquement le temps d’une nuit. - Et tu crois au destin, alors ? Parce qu’on ne s’est peut-être pas trouvées pour rien. Elle lui offre un clin d’œil, attrapant de nouveau la bouteille pour une boire quelques gorgées. C’est beaucoup plus facile, avec Cassey. Beaucoup plus facile de ne pas s’évertuer à être la fille que tout le monde attend qu’elle soit. Elle se laisse aller. Elle se laisse guider. Et c’est la beauté de la simplicité.