Sujet: One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan Ven 25 Oct - 14:01
yesterday
They can take the future that we'll never know. They can take the places that we said we will go. All the broken dreams take everything, just take it away, they can never have yesterday
Je m'écroule sur mon lit à trois heures du matin. L'avion a eu du retard et a atterri en pleine nuit. Je n'ai même pas défait mes bagages, ça pourra attendre le lendemain. Enfin plus tard dans la journée. Je suis encore toute habillée. Je n'ai pas la force de me dévêtir alors je me contente de mettre la couette sur moi et prend un oreiller que je sers fort contre mon visage. Il a perdu l'odeur de Suile depuis bien longtemps mais ça reste celui qu'il a utilisé pour dormir, il y a trois semaines de ça. J'aurais aimé que son parfum ne disparaisse jamais. Il m'a aidé à dormir les premiers jours après son départ. Il a aussi abrité mes larmes quand je pensais à lui. Des larmes, j'en ai versé plus qu'il n'en faut ces dernières semaines. J'ai l'impression de n'avoir fait que ça. Pleurer. Me remettre. Me souvenir. Recommencer. Un cercle vicieux d'autodestruction s'est mis en place tout seul. Et je l'ai laissé faire son mal. Je me suis laissée ronger, parce que je n'avais pas la force de faire autrement.
J'ai perdu l'appétit, j'ai d'ailleurs maigri un peu plus. Ça se voit dans les creux de mes joues, à l'apparence de mes côtes. Du coup, je porte des vêtements plus amples pour donner le change. Mais mes proches ne sont pas dupes. Tor a tenté à plusieurs reprises de me remonter le morale. Ça fonctionne sur l'instant. Mais dès que je me retrouve seule chez moi, je me perds dans les ténèbres. J'ai tenté d'arranger les choses. J'ai envoyé des messages à Suile. Parfois restés sans réponse. Parfois des réponses brèves et succinctes. Quand je l'appelle, c'est souvent Lily qui décroche où alors il me dit deux mots pour me donner de leurs nouvelles. Mais sans plus. Cette distance me tue à petit feu. Elle me ronge et je n'arrive pas à dépasser cette peine. Il est devenu le centre de mon univers à la mort de Jenny. Il m'a aidé à me remettre, j'ai tenté de faire de même pour lui. J'ai perdu le contrôle de mes sentiments et maintenant, il me tient loin de lui. Tout ça à cause d'une nuit d'égarement. Je me raccroche à ce souvenir pour ne pas devenir complètement folle.
Pour penser à autre chose, je me suis plongée dans le travail. Encore plus que d'habitude. J'ai accepté de faire des voyages, chose que je ne faisais plus. Changer d'air et dormir dans une chambre d'hôtel m'a permis de faire un break avec ma culpabilité. Sauf qu'à chaque fois que je rentre, que je me rends dans ma chambre. Tout me revient en pleine figure et ça recommence. J'ai même songé à déménager, puisqu'il semble décider à me laisser dans ma peine. Si je vis dans cet appartement, c'est justement pour être proche de Suile et des enfants. Ça n'a plus aucun intérêt si tout ça est terminé. Je peux toujours trouver quelque chose à quelques rues de là, pour ne pas m'éloigner de trop. Mais suffisamment pour ne pas avoir le néon du bar sous les yeux quand je rentre ni cette envie constante d'aller le confronter pour comprendre ce qu'il a en tête en agissant comme ça. Je désespère de voir les choses s'arranger. Je pense lui avoir donner le temps nécessaire pour mettre ses pensées au clair. S'il n'a pas daigné me contacter de lui même depuis, c'est qu'il n'y a plus rien à dire. Et cette perspective me déprime terriblement. Elle fait saigner mon coeur déjà si fragile. C'est dans cette ambiance froide et désolante que je finis par trouver le sommeil par épuisement.
Sujet: Re: One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan Ven 25 Oct - 19:30
One more night.
Whatever you do, don't ever play my key Too many years being the king of pain You gotta lose it all if you wanna take control Sell yourself to save your soul.
Tu t'en es rendu compte assez rapidement, de l'absence de la blonde dans son appartement. Ce n'est pas que tu passes ton temps à épier en direction de son appartement. Mais t'as bien remarqué les volets fermés. Et les nombreuses fois où t'es resté dans la rue à enchaîner les clopes les unes après les autres, tu ne l'as pas vu sortir de chez elle. Ni pour son fameux footing. Ni pour aller faire des courses. Ni pour aller bosser. Ni pour ... Quoi que ce soit d'autre. Tu ne veux pas admettre que t'as guetté son retour depuis que t'as compris qu'elle n'était pas chez elle. Pourtant, tu l'as vu la lumière dans son appartement, en plein milieu de la nuit. Juste à la fermeture du pub, quand t'as pris le temps de sortir fumer une dernière clope avant de rentrer pour tout ranger. T'as pas vu le moment où elle est arrivée. Et son appartement n'est pas resté éclairé bien longtemps. Juste assez pour que tu saches qu'elle était bel et bien là. Bien de retour. Ton coeur s'est bêtement emballé à cette idée. Avant de se crisper au souvenir de vos derniers échanges. T'as beau essayer de ne plus trop y penser, tu ne peux faire autrement. T'as encore la sensation de sa peau délicate contre la tienne et du goût de ses lèvres sur les tiennes. T'as été bien incapable de t'en défaire tout à fait malgré les quelques trois semaines qui se sont écoulées. T'as pourtant bien tout essayé alors que tu veillais à ne répondre que par monosyllabes et phrases très courtes à ses messages et appels.
T'as eus besoin de cette distance pour souffler un peu et essayer de faire le point. Essayer seulement. Parce que t'as été bien incapable de te la sortir de la tête. Elle te manque Amara. Parce que tu n'es pas habitué à ce qu'elle ne soit pas dans ta vie. Surtout depuis que Jenny n'y est plus. Tu ne sais pas comment faire sans elle. Ce n'est pas la question de savoir si elle est utile à tes côtés ou pour t'aider sur différents points. C'est de sa présence dont t'as besoin. Même si t'as trop de fierté pour simplement le reconnaître. Même si tu ne sais pas gérer la chose. Moins encore maintenant que tu connais ses sentiments pour toi. T'as aucune idée de la façon dont tu dois gérer ça. Et tu ne te vois pas demander conseil à ta soeur. Qui est la seule femme susceptible de te répondre dans ton entourage. C'est que t'as très peu d'amis depuis la disparition de ta chère et tendre. Ils se sont tous faits la malle les uns après les autres. Lassés d'attendre que tu te remettes, apparemment. Lassés de voir ton deuil s'éterniser dans le temps. Et il n'est toujours pas terminé. T'es pas sûr de te relever un jour. Toujours pas. Cette nuit durant laquelle t'as fauté avec Amara elle même, ne signifie rien. Du moins, c'est vraiment ce que t'aimerais te faire croire. Que ça n'a laissé aucune trace sur toi. Et que ses sentiments te laissent froid. Alors même que c'est évidemment tout le contraire. Tu tiens à elle. T'es terrifié à l'idée de la perdre.
C'est avec cette crainte en tête, que t'as fait un tour à la boulangerie du coin au petit matin, pour acheter de quoi apporter le petit-déjeuner chez elle. T'as attendu que tes enfants soient réveillés et habillés, avant de prendre la direction de son appartement en leur compagnie. Tu crains un peu d'imposer ta présence. Mais tu prends tout de même le risque. T'as aucune idée de la façon avec laquelle elle te recevra, compte tenu de ton silence qui ne s'est que trop éternisé. Tu ne l'as que trop ignoré ces dernières semaines et t'es bien conscient que ce silence avait largement de quoi la blesser. Elle ne s'y attendait sans doute pas à ce que tu lui tournes le dos de cette façon. Tu t'en veux pour ça. Tu t'en veux à l'idée de lui avoir sans doute fait bien trop de mal. En plus de l'avoir laissé seule alors qu'elle ne t'a jamais fait un coup pareil depuis la disparition de ton épouse. Elle aurait pu pourtant. S'éloigner pour éviter de succomber plus encore. T'en es conscient. Alors que tu frappes enfin à la porte de son appartement, Lucas dans tes bras et ta fille heureuse de tenir le panier du petit-déjeuner entre ses doigts. Tu n'es toujours pas certain qu'il s'agisse là de l'idée du siècle. Mais il est trop tard pour reculer. Ne serait-ce que vis à vis des petits.
Sujet: Re: One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan Sam 26 Oct - 15:51
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They can take the future that we'll never know. They can take the places that we said we will go. All the broken dreams take everything, just take it away, they can never have yesterday
Mon sommeil est agité. Je n'arrive pas à trouver de position qui me convienne. Je me tourne et me retourne dans le lit. Je soupire et finis par me rendormir quelques minutes. Le décalage horaire ne m'aide pas pour le coup. Pourtant je la sens, la fatigue. Elle est là, elle est présente dans tout mon être. Elle est physique comme émotionnelle. Elle va avec le temps qui se fait maussade avec l'arrivée poussée de l'automne. Dans ma tête, c'est le flou total, comme le brouillard. Dans mon coeur, c'est la grisaille qui sévit en majorité. Vers huit heures du matin, je finis par abandonner l'idée de me reposer et me rends dans ma salle de bain pour ouvrir le robinet de la baignoire. Le but n'est pas tant de me laver mais de me détendre. Un bain chaud devrait aider à me procurer la chaleur que je peine à trouver ces derniers jours. Je m'endors même dans l'eau et me réveille un peu en sursaut une heure plus tard quand j'entends un coup donné à ma porte d'entrée. Je crois d'abord qu'il s'agit d'un rêve et me dépêche de me rincer pour sortir de l'eau maintenant froide.
Mais le coup reprend quelques instants plus tard. Je sors la tête de la salle de bain, à peine emmitouflée dans une serviette. "J'arrive tout de suite !" Je n'attends personne mais je sais que ma mère a prévu de passer me voir pour prendre de mes nouvelles. Je l'ai eu au téléphone avant de décoller la veille et j'imagine donc que c'est elle qui est sur le pied de grue et aussi matinale. Je me sèche à la va-vite, fais un chignon à peu près coiffé de mes cheveux puis enfile un peignoir pour pouvoir ouvrir à mon invité surprise. S'il s'agit bien de ma mère, elle pourra toujours patienter dans le salon le temps que je m'habille. Si ce n'est pas elle.. et bien j'aviserai. Je me dépêche de rejoindre la porte, pieds nus. Je ne regarde pas dans le judas, je sais d'avance qu'il ne s'agit ni de la poste ni d'un livreur puisque nous sommes dimanche. J'ouvre la porte et commence une phrase d'excuse, quasi persuadée de trouver la tête grisante de ma mère derrière la porte. "Désolée je..." Je m'arrête dans mon élan en croisant le regard de Suile, Lucas et Lily.
Je bloque, totalement sous le choc de leur présence. Je ne m'y attendais pas du tout, vu le silence radio de ces dernières semaines. "Salut" que je dis finalement, en retrouvant peu à peu mes esprits. Je regarde à peine Suile, trop gênée par ma tenue, mon apparence et sa présence. Lily, dans sa joie naturelle, m'explique ce que contient le sachet qu'elle a en main, toute fière d'apporter le petit déjeuner. Je m'écarte de la porte pour les faire entrer. "Je viens de prendre un bain, je vous laisse vous installer, j'arrive dans quelques minutes !" J'embrasse les joues potelées de Lucas et de Lily puis hésite au moment de saluer leur père. Je décide de ne rien faire, bien contente qu'il porte mon neveu pour avoir un prétexte. "Je me dépêche !" que j'ajoute en retournant dans ma chambre rapidement. Je ferme la porte et m'y adosse en poussant un profond soupir. Je cache ensuite mon visage dans mes mains avant de les égarer dans mes cheveux. Si je m'y attendais ! Bien sûr que je suis heureuse de revoir les enfants, ils m'ont énormément manqué malgré mes appels fréquents pour prendre de leurs nouvelles.
Et Suile... et bien je suis mitigée. Je suis aussi surprise que ravie qu'il ait fait ce pas vers moi. Un peu choquée qu'il m'ait prise au dépourvu cela dit. Je vais devoir me ressaisir pour donner le change et surtout pas inquiéter les petits. Je m'habille rapidement, enfilant un jean et un pull over size. Je devrais me maquiller histoire de ne pas ressembler à un zombie mais je n'ai pas envie de feindre que tout va bien. Ce serait hypocrite et totalement inutile. Pour les enfants, je peux toujours prétexter être un peu malade. Et pour Suile, il comprendra tout seul ce qui me met dans cet état. Je ressors de la chambre cinq minutes plus tard et les rejoins dans la cuisine. "Vous voulez du lait les enfants ?" j'allume la machine à café en attendant leur réponse pour lui laisser le temps de faire couler le carburant qui m'aide à tenir encore debout. "C'est une sacrée surprise que vous me faites là ! C'est l'idée de qui ?" J'essaye de paraître naturelle mais tous mes gestes sont machinaux. Je sors des assiettes et des tasses, du sucre et du lait. A aucun moment je n'ose croiser le regard de Suile. Je l'évite volontairement et je sais que c'est une réaction puérile. J'essaye juste de protéger un peu mon coeur. Je me concentre donc sur Lucas et Lily, dont la bonne humeur m'aide à trouver la force de sourire à mon tour.
Sujet: Re: One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan Sam 26 Oct - 17:34
One more night.
Whatever you do, don't ever play my key Too many years being the king of pain You gotta lose it all if you wanna take control Sell yourself to save your soul.
Il faut bien reconnaître que c'est en ayant la peur au ventre que tu frappes à la porte de son appartement. Persuadé que t'es de ne pas être bien reçu. Et tu comprendrais sans trop de mal que ce soit le cas. Qu'elle ne se fasse pas une grande joie de t'ouvrir après vos derniers échanges qui n'ont pas été des plus heureux. Toi qui, par la suite, a encore veillé à lui parler le moins possible. Une part de toi regrette ça. Mais l'autre assume plus ou moins maladroitement ce choix. C'était trop difficile pour toi que de faire face à tout ça. A ce que vous avez partagé cette nuit là et à la confession qui a suivit ces fameuses heures. Tu n'as aucune idée de ce que tu aurais du faire pour éviter que les choses ne prennent une telle tournure. Tu n'as que trop été emporté par la surprise que ça a provoqué chez toi. Le choc, plutôt. T'as été soufflé par cette révélation et ça ne fait aucun doute que t'étais incapable de faire face. Tu n'avais pas la moindre idée de ses sentiments à ton égare. Tu ne pouvais pas les connaître, surtout. Et maintenant que t'en es bien conscient, tu n'as aucune idée de la façon avec laquelle tu dois te comporter à son égard. Tu crains de la blesser plus encore que tu ne l'as déjà fait. Et dans le même temps, tu ne peux pas te contenter de l'ignorer pour de bon. Elle a pris trop de place dans ta vie ces derniers mois, pour que tu sois en mesure de faire sans elle. Et t'as envie de croire qu'elle n'est pas encore tout à fait décidée à te chasser hors de sa vie. Pas même pour se protéger de toi et de ta bêtise.
Tu dois vraiment faire taire la panique qui te gagne alors que la porte ne s'ouvre toujours pas. Ton regard croise celui de ta fille qui semble s'impatienter et tu hausses les épaules. Peut-être qu'elle dort simplement encore. Tu doutes qu'elle ait vérifié dans le judas et qu'elle n'ait pas envie de vous ouvrir la porte. Ne serait-ce que pour tes enfants, elle ne peut que t'ouvrir. C'est en tout cas ce que t'as bien envie de croire alors que tu continues de patienter tranquillement. Et finalement, sa voix se fait entendre dans l'appartement. Elle arrive. Juste de quoi se faire s'emballer férocement ton coeur, dans ta cage thoracique. Et ta gorge se nouer juste avant que la porte ne s'ouvre sur des excuses de la jolie blonde. Qui s'arrête nette en réalisant qui elle a en face d'elle. Tu pinces les lèvres et attends en silence qu'elle fasse enfin pleinement le point. T'es toujours pas certain de la réaction qu'elle aura face à ta présence. Mais tu l'imagines soulagée de celle de tes enfants. Qui lui manquent forcément. Trois semaines. L'équivalent d'une éternité sans eux. Dans ton esprit c'est bien le cas en tout cas. Tu ne peux te mettre en tête et au coeur la douleur que ce doit être. Surtout pour elle qui s'est habituée à les voir presque tous les jours cette dernière année. Salut ... Que tu parviens finalement à lui souffler d'une voix douce et chaude. T'as aucune idée du comportement que tu dois adopter. Mais tu doutes que rester tendu et silencieux soit la solution à vos problèmes. Il y a un moment de flottement lorsqu'elle embrasse la joue de chacun de tes enfants, avant de s'éloigner. Lily ne manque d'ailleurs pas de t'offrir un regard surpris. D'ordinaire, tu poses une main sur son épaule et viens lui offrir une bise délicate. Tu n'as pas cherché à le faire cette fois ci. Et elle non plus.
T'évites de la suivre du regard lorsqu'elle s'éloigne et rejoins la cuisine en compagnie de tes enfants. Lily prend tranquillement place sur une chaise et tu laisses Lucas vagabonder à travers la pièce. Sous ton regard qui surveille qu'il ne fasse pas de bêtise. Amara est rapidement de retour et par réflexe, tu te lèves pour l'aider. T'as jamais été trop fan de l'idée de laisser l'autre tout faire. Quand bien même tu n'es pas ici chez toi. Tu t'es invité, c'est du pareil au même. Je m'occupe de leur chocolat chaud. Que tu marmonnes dans ta barbe, en évitant de trop zieuter dans sa direction. Tu n'es déjà que trop conscient des changements qui ont opérés sur son visage et sa silhouette. Quelques kilos en moins, t'en es bien certain. Et tu n'aimes pas ça du tout. Mais tu n'es pas en droit de faire ou dire quoi que ce soit pour autant. Tout au contraire. Tu fais donc mine d'être vraiment concentré sur ta tâche qui consiste à faire chauffer du lait dans les tasses et d'y ajouter un peu de cacao, quand Lily se charge de répondre à la question en te désignant comme coupable. J'ai vu que t'étais rentrée cette nuit. Que t'avoues en trouvant le courage de reporter ton attention sur elle. Bien conscient que de son côté, elle évite déjà ton regard. Il y a ainsi assez peu de risque que vos prunelles ne se croisent. T'as fais bon voyage ? Que tu tentes tout de même. Tu ne te vois pas supporter ce silence entre vous, encore bien longtemps. Et en même temps, tu n'as aucune idée de la meilleure façon de s'y prendre pour éviter que ça ne s'éternise. Tu n'as aucune idée de ce que vous pouvez encore bien vous raconter après tout ça.
Sujet: Re: One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan Sam 26 Oct - 22:10
yesterday
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Je n'ai pas les idées claires. J'ai du mal à croire qu'il est là avec les enfants. Ça pourrait être une vision familière, de les voir tous les trois autour de ma table de cuisine. Sauf qu'au lieu de me ravir, ça me laisse un goût amer en bouche. Je tente de donner le change aux enfants. Lucas est trop petit pour capter ce genre de chose mais Lily, je sens son regard sur moi. Elle doit se demander pourquoi je suis moins présente d'un coup. L'excuse du travail n'en est pas vraiment une. Et de toute manière, à son âge, elle ne comprend pas ces explications là. Elle, tout ce qu'elle constate, c'est que je ne viens plus. Que je ne les surprends plus le week-end avec mes pancakes. Que je ne fais qu'appeler au lieu de passer. Je ne sais pas ce que Suile lui a dit pour qu'elle ne m'en veuille pas alors je reste silencieuse et attend de voir ce que ce petit déjeuner va donner. L'ambiance est tendue et tout sauf naturelle. Y a un truc qui est brisé et ça se sent, c'est impossible à ignorer.
Je le laisse s'occuper des boissons des enfants. Je lance la production de café pendant que je coupe quelques oranges pour en faire un jus frais. Je les avais acheté avant de partir pour St Louis, elles étaient plus que mûres et apporteraient plus de sucre que de vitamines. Mais ça ferait l'affaire. J'en verse un premier verre pour Lily, de petite taille pour convenir à son ventre d'enfant. Je devrais sourire quand elle désigne son père du doigt pour m'informer qu'il était l'initiateur de cette surprise. Mais ça ne fait que serrer mon coeur d'avantage de le savoir. Tout comme le fait qu'il est scruté mon retour. Sans doute par hasard, pendant sa pause au bar ou en le fermant. J'aimerais trouver touchant qu'il continue à regarder en direction de mon appartement, juste pour prendre de mes nouvelles de loin. Sauf que je n'y arrive pas. C'est trop dur de faire semblant. "Ça était oui." Même répondre à une question simple devient un calvaire. Je n'ai pas envie de m'épancher, de parler pour ne rien dire juste pour combler le vide. Je n'arrive plus à savoir si sa curiosité est sincère ou juste un prétexte pour dire quelque chose.
"Je suis contente de vous voir. Vous m'avez manqué." Je m'adresse aux enfants encore une fois. Même si ma phrase englobe Suile aussi, bien évidemment. Je n'ai juste pas envie qu'il soit mal à l'aise à son tour. Enfin pas plus qu'il ne l'est déjà j'entends. La tension est palpable. Elle est plus intense que lors d'un premier rendez-vous raté. C'est infernal. Je suis triste de constater à quel point notre relation s'est dégradée. Ce n'est pas ce que je voulais, loin de là. Je regrette le naturel d'avant, la complicité et les bons moments partagés. J'ai bien l'impression qu'ils sont de l'histoire ancienne et ça me fait mal. "Je n'ai pas beaucoup dormi alors je m'excuse si je ne parle pas beaucoup. Je compte sur vous pour me raconter tout ce que vous voulez." Enfin surtout sur Lily, Lucas est adorable quand il gazouille mais il n'est pas encore capable de faire des phrases. Je sers le café de Suile dans une tasse et le prépare machinalement comme il l'aime avant de lui poser devant lui à table. Je fais le mien et m'assieds en face, entre les deux enfants. "Alors ? Qui veut quoi ?" j'ouvre le sac contenant la nourriture pour servir au fur et à mesure des demandes. L'odeur est agréable bien que je n'ai absolument pas faim. J'ai l'estomac noué et je sais d'avance que je n'avalerais rien. Je picorerai par politesse pour n'inquiéter personne mais c'est tout.
Sujet: Re: One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan Dim 27 Oct - 9:02
One more night.
Whatever you do, don't ever play my key Too many years being the king of pain You gotta lose it all if you wanna take control Sell yourself to save your soul.
Tu n'as aucune idée de la façon avec laquelle tu dois te comporter avec elle, maintenant que tu es au courant de ses sentiments pour toi. Des sentiments amoureux auxquels tu ne peux décemment pas répondre de manière positive. Pour tout un tas de raisons parfaitement logiques selon toi. T'as été amoureux de sa soeur aînée pendant des années et aujourd'hui encore t'es bien incapable de te la sortir de la tête. A l'image d'Amara elle même dans le fond, tu dois bien l'admettre. Mais t'es bien incapable de comparer cela à des sentiments amoureux. Le fait est que tu t'es habitué à sa présence dans votre vie à tous les trois, depuis le temps. Tu t'es habitué à ce qu'elle soit là tous les jours ou presque. A ce qu'elle t'aide à faire face au deuil, entre autres choses. La petite lumière dansante qui vient sans cesse égayer tes journées pour t'éviter de rejoindre trop souvent tes démons. Maintenant que tu l'as enfin sous les yeux, tu peux constater tout à loisir que la lumière s'est éteinte. Ou au moins bien atténuée, malheureusement. Et tu en comprends sans mal la raison. Tu n'as pas réagis comme tu aurais le du. Tu le sais que t'es responsable de tout ça. Tu le sais que t'aurais mieux fait de prendre le temps. De rester pour parler encore, pour lui dire que ce n'était pas grave, pour la rassurer ...
Au lieu de ça, pris de panique, t'as préféré fuir. C'est de ta faute si elle a le teint blafard, le regard vide et les joues plus creuses. De ta faute aussi si elle évite tant ton regard que tu peines à ne pas ramener constamment sur elle. Et sa réponse des plus courtes qui ne donne pas lieu à la discussion. Qui n'incite pas à entreprendre une quelconque conversation. Alors tu retrouves le silence quand vous vous installez les uns après les autres autour de la table et qu'elle même prend grand soin de poser ses fesses entre tes deux enfants. De nouveau t'évites de la regarder alors qu'elle explique la raison de son silence de plus en plus pesant. Tu le sais que c'est un mensonge. Ou plutôt, que ce n'est pas l'exacte vérité. Pour autant, tu ne peux te permettre d'intervenir. Tu n'as pas le droit, bien sûr. De la même façon que tu préfères les laisser discuter tranquillement tous les trois. Toi même faussement très concentré sur ta tâche qui consiste à faire tournoyer ta cuillère dans ta tasse de café. T'es surtout en train de réfléchir à la meilleure façon de te défiler. T'aurais sans doute mieux fait de trouver une excuse pour lui laisser les enfants quelques heures. Plutôt que de t'imposer avec eux.
Tu n'es toi même plus du tout tenté par le sac de nourriture qu'elle ouvre pour le présenter aux enfants. Sans surprise, les deux s'extasient à l'idée des viennoiseries. T'hésites à prendre la fuite comme t'as si bien pu le faire la dernière fois. Mais tu te refuses à lui donner l'impression que tu n'es finalement venu que pour cette raison. Parce que t'en es certain que c'est là le genre de pensée qui viendrait s'installer dans son esprit. Que c'est forcément ce qu'elle ira s'imaginer, si tu t'enfuis en lui laissant tes enfants quelques heures. Alors tu te contentes de prendre ton mal en patience. Évitant de regarder dans sa direction et continuant de jouer nerveusement avec ta cuillère dans ta tasse. C'était bien où t'étais tata ? J'ai cru tu reviendrais jamais toi aussi. Tu te crispes à ces mots dans la bouche de Lily. C'est à ton tour d'afficher un teint blafard alors que tu ramènes ton regard sur elle, les sourcils froncés. Tu n'es pas certain qu'elle soit tout à fait sérieuse ni même consciente de ses mots en vérité. Et sans doute qu'elle n'est pas du tout en train de comparer la disparition temporaire et non silencieuse de sa tante, à celle tout aussi subite de sa mère. Elle a pris le temps d'appeler Amara. A sa façon elle est restée présente. Maladroitement. Mais elle a été là pour parler à son neveu et à sa nièce.
Sujet: Re: One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan Lun 28 Oct - 13:49
yesterday
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Je bloque, ma main à moitié dans le sac de nourriture, dans l'idée d'en sortir un bagel au chocolat pour le couper en morceau et le donner à Lucas. Je suis pas sûre d'avoir bien saisi la question de Lily. Mon coeur, lui, s'est serré immédiatement après la fin de sa prise de parole. Je lève les yeux instinctivement vers Suile qui reste silencieux, bien que soucieux au vu de ses sourcils froncés. C'est aussi ce qu'il pense ? Que j'ai disparu ? J'ai plutôt l'impression d'avoir été évincée. Mise de côté pendant ces quelques semaines. Que Lily me reproche à moitié d'avoir délibérément quitté leur vie me fait mal. Horriblement mal. Ça me serre encore plus le coeur à cause de la comparaison avec Jenny. La petite ne peut pas comprendre l'impact de ses mots. Elle est innocente et se contente de dire ce qu'elle ressent. Ça n'en retire pas pour autant le choc et la douleur qu'ont ses mots sur moi. Je déglutis, sans trop savoir quoi répondre pour qu'elle comprenne. "Oui c'était bien ma chérie. Mais tu sais, j'y suis allée pour le travail."
Je ne pensais pas que cette distance l'affecterait autant. J'ai pris soin de les avoir au téléphone régulièrement, pour garder le contact et parce qu'ils me manquent tout simplement. Le dimanche, je tourne en rond dans mon appartement, l'envie de les rejoindre pour me promener, jouer ou juste profiter de leur présence est très forte. Mais je me retiens. Je pense à leur père et à notre relation plus que compliquée. Je ne veux pas m'imposer. Avant c'était naturel. Maintenant, j'ai l'impression d'avoir perdu mes droits. Tout ça à cause de cette fichue nuit. "Je suis là maintenant. On va pouvoir se voir plus souvent si tu veux." Je caresse sa joue avec un sourire confiant. Je tiens à la rassurer, à lui faire comprendre que tout va bien. Que je serais toujours là pour elle et son frère. Que mes départs ces derniers temps n'ont rien à voir avec elle. Je prends le bagel et m'occupe de le couper pour Lucas qui a déjà une belle moustache de chocolat. Ça a le mérite de me faire sourire et même un peu rire.
"Tu ne veux rien ?" j'ose lever le regard vers Suile tout en lui posant la question. Je comprends parfaitement que l'appétit soit absent de son côté. Mais ce serait trop suspicieux pour les enfants s'ils étaient les seuls à se régaler. Je goûte une viennoiserie que j'ai du mal à apprécier mais je fais avec. Je m'en veux déjà assez de nous mettre dans une telle situation inconfortable. "Comment ça va ?" que j'ajoute un peu par mimétisme. Je me doute qu'il ne répondra pas sincèrement à cette question. Pas devant les petits. Je ne sais pas s'il arrive à donner le change quand il est avec eux, ou si la situation l'affecte autant qu'à moi. Mais j'ai vraiment envie de savoir comment il vit tout ça. A chaque fois que je lui posais la question par texto ou appel, il détournait le sujet sur ses enfants. Pendant ce laps de temps, je ne me suis pas rendue à une autre réunion. Lui peut-être. J'espère que ça lui a fait du bien. Moi c'est le boulot qui me maintient à flot. Sans ça, je me serais écroulée depuis longtemps. Pas à cause de Jenny. Je pense être arrivée au bout du mon deuil. Je ne pleures plus systématiquement en pensant à elle. C'est plus à cause de son mari que je suis mal et cette fois, je ne vois vraiment pas comment arranger les choses.
Sujet: Re: One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan Lun 28 Oct - 20:27
One more night.
Whatever you do, don't ever play my key Too many years being the king of pain You gotta lose it all if you wanna take control Sell yourself to save your soul.
C'est plein de bonnes intentions que t'as décidé de rendre cette petite visite à Amara. Avec tes enfants pour excuse. Et en guise de bouclier également. Tu ne te sentais pas capable de l'affronter seul. T'avais envie de la voir. Mais t'étais pas en mesure de le faire pour discuter de votre dernière entrevue. T'as pas le courage pour ça. Pas encore. T'oses espérer que tu finiras par le retrouver. Mais en attendant, tu veux voir si t'es au moins capable de passer quelques minutes en sa compagnie. Et de voir dans quel état, elle même, se trouve. Tu le sais que ton comportement ces dernières semaines n'a pas été le meilleur qui soit. Tu comprends qu'elle puisse t'en vouloir. T'as pourtant l'espoir que ça ne soit pas le cas au point où elle ne se sentirait plus du tout l'envie de passer quelques minutes en ta compagnie. T'as pas envie que ses sentiments amoureux se soient transformés en une haine palpable. T'es pas forcément très doué avec ces choses là. Elle ne le sait sans doute pas, elle qui n'a assisté qu'à ton mariage heureux avec sa soeur. A moins que Jenny ne se soit confiée à elle au début de votre relation qui a été des plus chaotiques. Tu reviens de loin. Mais que ton mariage ait été à ce point réussit, ne signifie pas forcément que t'es plus doué pour comprendre les choses.
De la même façon que, parfois, tu peines à trouver les bons mots et le bon comportement à adopter avec tes enfants. Avec ta fille surtout. Qui commence à être assez grande pour se poser certaines questions. Et qui observe assez pour avoir vraiment beaucoup de questions. Comme celle qu'elle balance à voix haute à Amara elle même. Question suivit de quelques mots qui en disent long sur la panique qu'elle a pu ressentir. Sur les films qu'elle a pu se faire surtout. Elle qui ne comprend pas encore tout. Et qui fait des comparaisons qui n'ont pas lieu d'être. Tu n'écoutes les échanges entre les deux, que d'une oreille. Pas très attentif. Bien trop perdu dans tes propres pensées. Pas forcément très joyeuses. Toi qui n'as que trop facilement et trop rapidement renoué avec tes vieux démons. Tu te sens faible. Bien trop lâche. Bien trop nul à ce genre de jeu là. Tu ne sais pas lutter contre toi même. Plus tu baisses les bras, plus tu souffres. Plus tu souffres, moins t'as envie de lutter. Il peut suffire de rien qu'un grain de poussière, pour foutre en l'air le mécanisme de la machine. D'une seule personne que tu repousses par lâcheté, pour que tout devienne tout bonnement insupportable pour toi.
Mais ça, tu n'as aucun droit de le lui dire à Amara. Tu te contentes d'un hochement négatif de la tête lorsqu'il est question de nourriture. Tu serais bien incapable d'avaler quoi que ce soit de consistant. T'as plus envie d'une clope pour apaiser la boule de stresse qui te noue l'estomac, que de nourriture. Super. Que tu réponds sans conviction à la question suivante. Sans prendre la peine d'en dire plus, tu sors ton téléphone de ta poche et ouvre la galerie photos. Lily avait hâte de te montrer les photos de notre sortie au zoo. T'es passé maître dans l'art de détourner une conversation. De faire en sorte que l'on se concentre un peu moins sur toi et un peu plus sur tes enfants. Sur ta fille surtout, qui sait se montrer aussi bavarde que pouvait l'être sa mère. Parce qu'on ne peut pas dire qu'elle ait obtenu ce trait de caractère, de ta personne. Tu veux venir dîner à la maison ce soir ? Que tu proposes dans la foulée en t'efforçant à la regarder dans les yeux pour la première fois depuis que t'es arrivé chez elle. Tu te gardes bien de préciser que Lily a pas mal insisté. Et que toi, tu lui as fait remarquer qu'à cause de la fatigue, elle pourrait ne pas avoir l'envie de sortir de chez elle aujourd'hui. Tu ne veux pas qu'elle s'imagine que tu ne souhaites pas du tout sa présence.
Sujet: Re: One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan Mar 29 Oct - 18:17
yesterday
They can take the future that we'll never know. They can take the places that we said we will go. All the broken dreams take everything, just take it away, they can never have yesterday
La tension est plus que palpable. Elle est désagréable et me donne envie de mettre un bon coup de poing sur la table pour crever l'abcès. Sauf que les enfants sont là. Je ne peux pas devenir impulsive comme ça. Ça ne me ressemble pas en plus. Je ne suis pas violente, loin de là. Je n'ai jamais été dans une situation si compliquée non plus. Du coup je ne sais pas comment réagir. Faire comme Suile ? Me concentrer sur mon café et laisser Lily parler pour combler le silence ? Je suis bien tentée de le faire. Je sais juste que ça n'arrangera rien. La petite remarque que quelque chose ne va pas. Elle oscille sa petite bouille entre son père et moi quand notre conversation se fait par mono syllabe. Jusqu'à ce qu'il ouvre la galerie photo de son téléphone tout en évoquant une sortie au zoo. Sortie à laquelle j'aurais pu participer si tout ça n'était pas arrivé. D'ailleurs ma nièce ne manque pas de me le signaler avec ses mots d'enfants. "Je sais, je suis désolée. Je serais là. La prochaine fois."
C'est tout ce que je peux lui promettre tandis que je parcours avec elle les photos d'animaux et qu'elle tente de m'expliquer ce qui s'est passé tout en engloutissant une viennoiserie à elle toute seule. Je lève les yeux du téléphone quand Suile me propose de manger avec eux ce soir. Je bloque malgré moi. Je ne pensais pas qu'il irait jusqu'à une invitation, d'autant plus le jour même où il m'a fait la surprise d'apporter le petit déjeuner. Je ne sais pas trop quoi dire à vrai dire. J'ai envie d'accepter pour passer du temps avec eux. Mais je sais aussi qu'à un moment donné, les petits seront couchés et qu'on se retrouvera seuls tous les deux. Ce serait l'occasion de discuter. Ou de creuser encore d'avantage le fossé qui nous sépare désormais. "Dis oui tata !" Lily qui me regarde avec une moue boudeuse craquante. Elle sait comment faire pour avoir tout ce qu'elle veut cette chipie. Je lui caresse les cheveux et souris en hochant la tête. "D'accord je viendrai." Je finis ma tasse de café puis me lève pour m'en servir un second. Ce sera un minimum si je veux espérer tenir jusqu'au soir sans m'écrouler.
J'en propose à Suile dans la foulée et manque de me brûler en renversant un peu de liquide noir à côté. "T'as un amoureux toi Tata ?" La question sort de nulle part et encore une fois, je me retrouve dans une position gênante. Lily n'y peut rien. Elle ne fait que se montrer curieuse et je suis contente qu'elle continue de parler avec moi comme si l'absence n'avait pas altéré notre relation. Je repose la thermos de café et toussote en me cherchant un morceau de sucre. "Moi j'en ai un. Il s'appelle Steve il est avec moi à l'école. Toi le tien il s'appelle comment ?" Mes yeux se posent automatiquement sur Suile quand je retourne m'assoir à ma place. Je n'arrive pas à croire qu'une question aussi innocente puisse me faire autant de mal. Je baisse les yeux et cligne plusieurs fois des paupières pour balayer les larmes qui montent d'un coup. "Non, je n'ai personne. Mais toi raconte moi comment il est ton amoureux." Je prends ma tasse entre les mains et la laisse près de mon visage pour cacher mes lèvres qui tremblent et utiliser cette diversion au cas où elle se mettrait à poser d'autres questions du même genre. Elle est enthousiaste de parler de son copain de jeu, c'est attendrissant. Mais ça ne réchauffe qu'à peine mon coeur meurtri.
Sujet: Re: One more night, one more day, one more smile on your face - Suileabhan Mar 29 Oct - 18:54
One more night.
Whatever you do, don't ever play my key Too many years being the king of pain You gotta lose it all if you wanna take control Sell yourself to save your soul.
Tu n'as aucune idée de ce que t'es supposé dire ou faire pour tenter d'alléger un peu l'atmosphère. Et tu devines sans aucun mal qu'il en va de même pour elle de son côté. Elle ne sait pas plus que toi comment elle est supposée se comporter. Tu la sens aussi tendue que toi. Si ce n'est plus encore. Parce qu'elle ne s'attendait pas à cette visite alors que toi, t'as pris le temps d'y réfléchir, de peser le pour et le contre et de voir venir la chose. Elle se retrouve face à toi alors qu'elle s'attendait certainement à devoir faire le premier pas. Pas pour toi mais au moins pour tes enfants. Tu le devines sans mal qu'ils ont eut le temps de sacrément lui manquer à Amara. Tu ne sais même pas comment elle a pu supporter ces trois semaines sans les voir. Compte tenu de la complicité qu'elle a su nouer avec eux. Du temps de Jenny déjà. Mais plus encore depuis qu'elle n'est plus là, t'en es bien conscient. Mais tu le sais aussi qu'il te faut noyer le poisson avant que Lily ne remarque que votre relation a bien changé en si peu de temps. Elle n'est ni idiote, ni aveugle. Peu importe l'âge qu'elle a. Elle voit les choses. Alors tu tentes de faire la conversation. Quand tu sors les photos que vous avez pris au zoo. Ca part d'un bon sentiment. Mais Lily a vite fait d'appuyer encore une fois sur l'absence de Amara. T'affiches une brève grimace mais tentes de l'effacer tout aussi rapidement.
Tu profites qu'elle soit en train de regarder les photos de cette sortie avec ta fille, pour l'inviter à venir dîner chez vous. T'es conscient que c'est un coup bas que de le faire devant tes enfants. En leur présence, elle ne peut décemment pas refuser. A moins de déballer une excuse vraiment béton. Or, elle est bien trop prise au dépourvue pour ça. Et tu doutes qu'elle ait déjà quelque chose de prévu alors qu'elle vient tout juste de rentrer. Tu ne sais pas toi même si c'est une si bonne idée que ça de l'inviter. Alors que vous allez forcément vous retrouver seuls tous les deux, à un moment ou à un autre. Et tu sais ce que ça signifie. Que vous allez bien devoir discuter tous les deux. A moins qu'elle ne prenne la fuite avant que ça n'arrive. Tu n'en sais trop rien. Comme tu ne sais pas si t'es prêt pour une conversation de ce genre. Il te suffit d'y penser pour être pris de panique. Dans le fond, trois semaines ce n'est pas suffisant pour y penser de façon sérieuse et à tête vraiment reposée. Tu n'as toujours pas assimilé la chose en vérité. Tu ne t'es pas encore fait à ses sentiments pour toi.
T'acceptes la nouvelle dose de café qu'elle te propose et la laisse remplir ta tasse. Pour la porter dans la foulée à tes lèvres. Manquant de t'étrangler avec la première gorgée qui passe de travers. Tu parviens, tant bien que mal, à te contenter d'un bref toussotement. T'évites les prunelles claires que tu sens se poser sur toi alors que ta fille l'interroge plus sérieusement encore. Et avec plus d'insistance, surtout. Tu tentes de te concentrer sur la conversation. C'est la première fois que t'entends parler de ce Steve et, sans surprise, ça ne te plait pas vraiment. Tu le sais pourtant qu'à cet âge là, ça ne veut rien dire. Mais quand même. Tu vas rapidement devenir le genre de père un peu trop étouffant avec ta fille, tu le sais. Parce que t'as trop conscience de toutes les choses qui peuvent arriver à une jeune femme. Et parce que tu ne supporterais pas qu'on lui brise le coeur. Qu'elle tombe sur un type dans ton genre qui ne sait pas gérer les sentiments d'une femme, par exemple. C'est un bon copain, pas un amoureux. Que tu ronchonnes, plus pour la forme qu'autre chose. Au fond de toi, t'es déjà en train de prévoir de surveiller un peu plus sérieusement la chose.