total eclipse of the heart. (Owen)

☆ ☆ ☆
{ total eclipse of the heart }
crédit/ tumblr ☆ w/@Owen Swaguer

Il n’y a pas un bruit dans le chalet. Tout le monde semble dormir à poings fermés. Tout le monde, sauf Cassey. Elle a beau prétendre que tout va bien à tous, venir ici n’a pas réglé ses soucis d’insomnie. Elle n’essaie même plus de dormir, à cette heure, elle est sagement plongée dans un livre. Livre qu’elle termine, un peu trop vite, un peu sur sa faim. Résultat, il est plus de deux heures du matin quand elle se décide à quitter la chaleur de son lit pour rejoindre la cuisine. Vêtue d’un débardeur et d’un simple petit short, elle ne prend pas la peine de se rhabiller. Elle enfile uniquement un petit gilet qu’elle laisse négligemment ouvert. Lentement, le plus discrètement possible malgré les planches en bois qui craquent sous ses pas délicats, elle rejoint le lieu tant convoité. Elle ne perd pas de temps pour chercher quelque part dans le réfrigérateur, de quoi combler son ventre vide. Elle opte finalement pour les restes d’un gâteau au chocolat. Elle est en train de s’en servir une généreuse part, lorsqu’elle entend de nouveaux pas… Owen. Il fallait que ce soit Owen. Elle aurait préféré que ce soit n'importe qui, certainement, plutôt que lui. La vérité, c’est que depuis qu’il lui a avoué son amour, Cassey, elle est complètement paumée. Elle n’a pas su comment réagir, elle ne sait toujours pas comment agir. Elle refuse d’envisager quelque chose de sérieux, c’est trop précipité, trop… dangereux. Elle était à l’aise dans une relation qui n’engageait à rien, c’est bien différent maintenant qu’elle comprend qu’il a certains besoins.

Des besoins que tu ne peux pas remplir,
à cause de ce cœur qui n’a pas su guérir.

Guérir d’une souffrance engendrée alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente qui aimait pour la première fois. Une souffrance dont il est le responsable, parce que c’est lui, qui a fait d’elle cette femme qui ne s’autorise plus à aimer. Alors elle aime, Cassey. Elle aime démesurément, passionnément. Elle aime jusqu’aux cris, elle aime tous les conflits. Elle aime quand rien n’est possible, et quand tout se termine. Elle aime l’amour quand il fait mal, ou bien, seulement quand il est impossible. Mais vivre quelque chose de vrai, c’est censuré. S’engager, elle n’est pas capable d’y arriver. Elle ne sait même pas, en vérité, si elle pourrait un jour se laisser à nouveau aller. Sa vie, elle l’apprécie telle qu’elle est, avec ce besoin à tout prix de liberté. C’est bien loin d’aimer, comme ils l’ont autrefois fait. Bien loin, de ce qu’ils étaient. Alors c’est mieux, pour elle, pour lui, pour tous les deux. C’est mieux de rester à bonne distance, pour éviter de nouvelles souffrances. C’est mieux d’être loin de lui… parce qu’elle est trop souvent troublée dès lors que ses prunelles viennent à se poser sur lui. C’est pire encore, quand c’est lui qui la contemple. Quand elle ne peut plus fuir, exactement comme en ce moment, alors qu’ils se retrouvent seuls, dans le silence de la nuit. Silence qu’elle choisit d’interrompre, avant qu’il ne devienne réellement déstabilisant. – Qu’est-ce que tu fais là ? demande-t-elle, comme prise au dépourvu. Et elle l’est. Depuis le début de leur séjour, c’est peut-être bien la première fois qu’ils se retrouvent en tête à tête. La première fois qu’elle ne peut pas l’éviter… puisqu’il n’y a personne pour la sauver. Attitude étrange qu’elle a décidé d’adopter, le fuir comme si elle avait peur de ce qu’il pourrait bien faire. Ou peut-être de ce qu’elle, elle pourrait faire.

☆ ☆ ☆
{ total eclipse of the heart }
crédit/ tumblr ☆ w/@Owen Swaguer

Il suffit d’un instant, il suffit de sa présence. Pour que la douce quiétude de la nuit, calme et tranquille, vienne soudain s’interrompre. Elle ne s’attendait pas à tomber sur quelqu’un au beau milieu de la nuit, moins encore sur lui. Sinon, elle ne serait sûrement pas sortie de son lit. Réaction puérile, enfantine. Elle en a conscience, en plus, elle sait bien qu’elle est pire qu’une gamine. Mais tu ne peux pas agir autrement, tu ne te vois pas agir autrement. Parce que te risquer à l’approcher, ce serait juste remuer le couteau dans la plaie. Te rappeler qu’il pourrait bien te manquer. Et, pire encore, peut-être même craquer. Mais elle ne doit pas craquer, elle ne doit pas céder. Si elle a imposé cette distance, c’est uniquement pour leur éviter de futures souffrances. Leur éviter de se faire mal, jusqu’à l’issue fatale. Elle ne peut pas faire cela à Owen. Elle ne peut même pas le faire à Arya qui, pour la première fois, a osé vers lui un véritable pas. Mais, ce qu’elle ne s’avoue qu’à moitié, c’est qu’elle ne peut pas le faire, surtout, pour elle-même. Parce qu’elle a trop peur de souffrir, trop peur de ne pas être capable cette fois de s’en sortir. Trop peur de replonger une deuxième fois, dans ce qui a manqué de la briser la première fois. Mais il est là, Owen. Elle ne peut pas l’éviter, elle ne peut pas éternellement lui échapper. Pas alors qu’ils ont tout décidé de se réunir, ici, le temps des fêtes dans ce chalet. C’est déjà trop difficile, alors qu’elle sent ses prunelles s’arrêter sur elle. C’est son propre regard qu’elle détourne, faisant mine d’être occupée à se servir sa douceur coupable du soir. – J’étais en train de lire un bouquin, je n’ai pas vu l’heure… Jusqu’à ce que j’ai faim. dit-elle, un petit sourire en coin des lèvres. Elle ne lui fait pas la tête, Owen. Elle a juste conscience qu’elle ferait mieux de rester loin de lui. Elle désigne le dessert de sa main, avant de lui proposer. – Est-ce que tu en veux ? Parce qu’elle doit se résoudre à l’évidence, elle ne peut pas repartir subitement. Elle est bien capable de partager une conversation. La jolie blonde sent ses opales se poser sur elle, la poussant à relever enfin les siennes vers lui. – Je me doutais qu’elle poserait des questions. Elle a appris à la connaître, Gabriella. Intuitive pour son âge, elle est déjà bien perspicace. Mais c’est bien qu’elle sache, c’est bien pour elle, pour Owen. Et puis, pour Arya. – Comment a-t-elle réagi ? elle lui demande, sincèrement intéressée par la réponse à sa question. Elle s’installe sur l’une des chaises en même temps pour commencer sa dégustation. Comme si tout était normal, comme s’il n’y avait rien de mal. Comme si cela ne faisait pas des jours que t’as entrepris de le fuir. T’as jamais été une femme facile à suivre.

☆ ☆ ☆
{ total eclipse of the heart }
crédit/ tumblr ☆ w/@Owen Swaguer

Elle n’a aucune idée de ce qu’il ressent, Owen. Ils n’en ont pas parlé, pas depuis qu’il lui a avoué ses sentiments. Pas depuis qu’elle a préféré mettre un terme à leur relation. Ce n’était pas par envie, mais uniquement parce que c’était la chose qu’elle était censée faire. La réaction la plus appropriée à avoir, en son sens, pour éviter de le blesser ou d’être blessée. Peut-être même les deux, qui sait. Elle a seulement écouté sa raison, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie. Ou bien, elle se ment à elle-même. Peut-être que ce n’est pas sa conscience qu’elle a laissé parler, mais juste sa peur. Juste cette terreur devant sa plus grande peur. Car, sinon, elle se serait contentée d’arrêter ces instants charnels avec lui. Elle ne serait pas allée jusqu’à complètement le fuir. Mais t’as conscience, au fond de toi, que tu pourrais si facilement craquer. Égoïstement craquer. T’approcher, c’est beaucoup trop dangereux. Le blesser, c’est la dernière chose que tu veux. C’est bien ce qu’elle fait, pourtant, Cassey. Elle lui fait mal, sans le savoir, sans même imaginer à quel point. Elle pense que cette distance, c’est ce dont ils ont besoin. Mais ils se retrouvent là, cette nuit, seule à seul. Comme ce n’est pas arrivé depuis des jours, comme ce n’est pas arrivé depuis le début de leur séjour. Pour autant, on ne pourrait pas croire qu’il y a un froid entre eux en les observant. Il se montre taquin, elle a cet air souriant. Devant ses hypothèses, la blondinette hausse avec nonchalance les épaules, avant de dire comme une évidence. – Juste de la gourmandise. Gourmande, elle l’a toujours été. Pas seulement avec la nourriture, mais avec la vie. Elle n’en a jamais assez. Elle en veut toujours plus, Cassey. C’est ce qui peut la mener loin, très loin. Au plus près des étoiles. Mais c’est aussi ce qui a le don de la faire tomber plus bas que terre. Car à viser trop haut, elle prend souvent le risque de chuter bien bas.  Car, à trop vouloir l’impossible, tu peux vite perdre ce qui t’est pourtant bien accessible.Il suffit de voir, le désastre de sa vie amoureuse.

De ces relations passionnelles, qui  t’ont anéantie,
à celles qui auraient pu te sauver, que t’as préféré fuir,

Owen, il est le seul à être les deux à la fois,
Le seul qui lui a fait tant de mal et de bien à la fois.

Elle ne sent pas ce regard posé sur elle. Il faut dire que, depuis qu’il est entré, elle fait mine d’être occupée pour éviter d’avoir à relever ses jolies prunelles. Bien obligée, pourtant, de l’inviter à partager ce goûter improvisé, il accepte d’un geste en s’occupant des cuillères avant de s’asseoir à ses côtés. Sans laisser le trouble la submerger, la belle se focalise plutôt sur leur conversation, Gabriella et la révélation de ce qui n’était encore pour elle qu’un secret. La tête qui se relève vers lui, pour la première fois, elle observe ses pupilles bleutées, attentive à tout ce qu’il peut lui confier. – Les enfants ont le don de tout dédramatiser. dit-elle avec un faible sourire. Parce que, c’est tellement plus compliqué que cela… Tellement plus douloureux pour Arya. Mais, mine de rien, ils ont plus de recul que les adultes. Plus de compassion, aussi, certainement. – Je suis contente qu’elle l’ait pris comme ça. Elle n’a pas eu peur en apprenant pour Arya. Ça montre qu’elle a confiance en toi, en votre relation.   Et il ne remplacera jamais ses parents… mais il a un rôle tellement important. Le plus important dans sa vie. C’est une bonne chose, qu’ils soient ensemble, tous les deux. Pour tous les deux, car ils peuvent veiller l’un sur l’autre, un peu comme un père et sa fille. Mais elle ne s’attend pas à ce qu’il parle de leur propre fille. Encore moins à ses dires. Elle fronce les sourcils, comme si elle ne comprenait pas, et c’est le cas. Elle ne comprend pas. – De quoi tu parles ? Elle est aussi proche d’elle, depuis le début du séjour, qu’elles le sont au quotidien. Elles sont comme deux sœurs siamoises, incapables de se passer l’une de l’autre, comme un indescriptible besoin.

☆ ☆ ☆
{ total eclipse of the heart }
crédit/ tumblr ☆ w/@Owen Swaguer

Et toute la distance imposée avec tant de peine, elle disparaît sans la moindre difficulté. Comme si elle n’avait jamais existé. Comme s’ils étaient encore ce qu’ils ont toujours été. Deux âmes un peu trop spontanées, qui se laissent guider, pas par la raison, uniquement par leurs sentiments. Cela lui fait du bien de le retrouver, Owen. Elle en ressent, comme, le besoin. Rassurant et léger à la fois, il fait de son insomnie nocturne un agréable moment inattendu. Un de ceux dont elle peut se souvenir, bien des années plus tard. Et tu te diras, il était beau cette nuit-là. Le gâteau aussi était bon, même plus que la veille. Et tout était plus beau cette nuit-là. Tu te souviendras même des étoiles qui n’existaient que dans son regard. Ce regard qu’elle contemple, presque timidement dans un premier temps, puis avec beaucoup moins d’hésitation. Elle s’y raccroche alors qu’elle laisse cette complicité, revenir doucement les bercer. Il lui met du baume au cœur, Owen, parce qu’il a été la rencontre la plus importante de sa vie. Et peut-être qu’il l’est encore aujourd’hui. Peut-être qu’il le sera toujours un petit peu, un petit peu trop. Car, à cet instant précis, elle a cette sensation que rien n’a changé. Qu’ils sont toujours ce qu’ils étaient, il y a des années. Alors que c’est faux, ils ont évolué.

C’est même précisément parce que vous avez tant évolué,
qu’aujourd’hui, vous n’arrivez pas à vous retrouver.

Mais elle l’oublierait presque ce soir. Elle oublierait presque toutes les incompréhensions, tous les conflits. Toute cette peur qui l’empêche de se rapprocher véritablement de lui. Et, surtout, de le laisser, lui, approcher de son cœur. Elle l’oublierait presque, oui... Mais elle s’efforce de se souvenir, alors qu’ils discutent avec légèreté, qu’elle ne doit surtout pas tout gâcher. Elle se rend compte, pourtant, qu’il s’intéresse toujours autant à elle. À ce qu’elle peut lire, même, alors qu’il n’est pas le plus grand des lecteurs. Juste parce que c’est elle. Juste pour elle… Oh, Cassey, fais attention. – Idaho, de Emily Ruskovitch. dit-elle rapidement, comme pour oublier ses pensées. Il ne connaîtra pas, elle le sait. Elle en mettrait presque sa main à couper. Roman sublime, mais sûrement un peu trop tragique. Trop tragique pour son état d’esprit, ce soir, trop tourmenté pour son esprit déjà torturé. – Impossible à lâcher, mais un peu trop déprimant, si tu veux mon avis. D’où le chocolat. ajoute-t-elle en désignant la cuillère emplie de son dessert, un sourire malicieux sur les lèvres. Elle ne met pas longtemps pour la déguster, mais c’est bientôt sur lui qu’elle finit par se concentrer. Lui et cette petite nièce qu’il a si bien appris à apprivoiser. À moins que ce soit Gabriella qui ait réussi à le faire avec lui. Les opales posées sur le jeune homme, elle lui adresse un doux sourire. – Ce n’est pas si horrible, l’adolescence. Il faut juste savoir leur faire confiance. C’est ce qu’elle a fait, elle, mais peut-être un peu trop. Parce que c’est à ce moment-là qu’elle a accordé moins d’attention à Arya, à ce moment-là que celle-ci a commencé à se replier sur elle-même. Peut-être qu’elle n’est pas la plus avisée, en réalité, pour le conseiller. – Et puis, elle a l’air de bien aimer Arya. Elle pourra la voir quand tu la saouleras, comme une grande sœur, c’est plutôt cool pour elle. reprend-elle avant de laisser échapper un rire léger, elle cherche juste à le taquiner. Mais il y arrivera, Owen, elle sait qu’il y arrivera. Il est tellement dur avec lui-même qu’elle craint plutôt qu’il se mette trop de pression. Nouvelle bouchée avalée, quand elle entend sa curiosité venir la questionner. Il a visiblement remarqué, qu’elle n’affectionnait pas particulièrement l’amie de leur fille. – Ah parce que tu crois que je l’ai su en même temps que vous ? Je suis sa maman, je te signale, elle m’a demandé l’autorisation. déclare-t-elle avec un petit sourire tout fier. Elle en rajoute, un peu, parce qu’effectivement, elle n’était pas ravie. Elle ne l’est toujours pas. Cette relation, elle a beaucoup trop de mal à l’accepter. Elle n’est pas sûre d’un jour y arriver. Mais Arya refuse qu’elle en parle à qui que ce soit… alors c’est ce qu’elle fait, Cassey, elle se tait. Peu importe ce qui peut lui en coûter. Peu importe aussi, tous les dommages qu’il peut en résulter. – Tu t’inquiètes pour moi, c’est mignon... elle le contemple, un peu trop longuement.

Et, tout doucement, tu frôles les limites, Cassey.

Parce que sa présence n’est pas facile à gérer. Plus encore quand il lui rappelle ce qui peut la tourmenter. Et plus encore quand il vient la toucher. Sa main posée sur la joue de la jolie blonde, Owen glisse délicatement ses doigts contre le coin de sa bouche. Elle passe la langue entre ses lèvres, légèrement troublée par cette soudaine proximité, tandis que ses iris sont toujours accrochées aux siennes. – Et toi… pourquoi tu ne trouvais pas le sommeil..? demande-t-elle dans un  murmure, comme pour tenter de savoir ce qui peut bien le garder éveillé. Et ses prunelles qui ne le quittent pas, elle le regarde, un peu trop intensément. Joli papillon en train de virevolter, elle risque vite de se brûler.

☆ ☆ ☆
{ total eclipse of the heart }
crédit/ tumblr ☆ w/@Owen Swaguer

Il y a comme une bulle qui s’est créée. Loin de tout ce qui les sépare au quotidien, loin de tous les autres, il n’y a plus qu’eux. Eux, en tête à tête, comme si le monde avait cessé de tourner. Elle ne fait plus attention à rien, seulement à cet instant qu’elle vit avec Owen. Elle est presque surprise qu’il soit aussi conciliant, aussi chaleureux avec elle. Cela fait bien des jours qu’elle l’évite obstinément. Il pourrait lui en vouloir, ou même lui renvoyer la pareille. Mais non, il fait la conversation auprès d’elle, jusqu’à s’intéresser à ses lectures alors qu’il n’est pas spécialement passionné par le sujet. Elle ne mérite sûrement pas autant d’attentions, Cassey. Mais c’est comme s’ils étaient retournés des années en arrière. Comme s’ils étaient toujours ces deux adolescents qui tentaient, malgré leurs différences, de se connaître.  Elle sent son cœur se réchauffer, devant le rire spontané qu’elle reconnaît. Un sourire malicieux se dessine sur le visage de la belle alors qu’elle ne perd pas de temps à lui donner son avis. À sa question, elle secoue la tête négativement. - Beaucoup plus contemporain. précise-t-elle avant que la discussion ne dérive sur quelque chose de bien plus personnel. C’est de la petite Gabriella qu’ils commencent à parler, évoquant le moment tant redouté par les parents, celui de l’adolescence. Alors que Cassey évoque la confiance, vitale dans une relation avec son enfant, son interlocuteur a un point de vue bien différent... beaucoup trop tranché au goût de l’oiseau libre, beaucoup trop arrière aussi. Devant les mots qu’il énonce avec tant d’assurance, elle lève les yeux au ciel, comme dépitée. - Wow, vive l’égalité des sexes surtout. lâche-t-elle, loin d’adhérer à sa manière de penser. À l’ère de la libération de la femme, elle ne comprend même pas qu’il puisse énoncer une chose pareille. Elle ne sait pas ce qu’il en sera pour Gaby car il est le seul à décider de son éducation. Mais elle a élevé Arya bien différemment. Elle est beaucoup trop libre, beaucoup trop indomptable elle-même pour qu’il en soit autrement. C’est le type même de conversations où elle peut vite s’emballer, alors il ne vaut mieux pas qu’elle s’étende trop sur le sujet. Préférant plutôt rebondir autrement, la jeune femme affiche un faible sourire lorsqu’il évoque la possibilité que ses relations avec Arya aient évolué. - Bien sûr qu’elles auront évolué, elles sont déjà en train de le faire. La preuve étant, avec cette invitation pour Noël. Si leur fille a pris la peine de l’inviter, c’est qu’elle commence doucement à l’accepter. Cela ne signifie pas que tout va changer du jour au lendemain, mais qu’ils prennent le bon chemin. Elle est heureuse qu’elle ait fait ce pas, Cassey. Même si cela signifie pour elle de devoir se confronter à cette proximité avec Owen. Elle l’a tout de suite encouragée, car c’était une bonne chose, pour lui, mais surtout pour Arya. Elle ne peut absolument pas en dire autant pour la présence de cette femme... Mais elle ne montre rien, Cassey. C’est plus facile de contenir sa colère quand elle est loin d’elle. Devant la réponse du pompier, la jolie blonde se contente de lui offrir un sourire plein de malice. Il ne vaut mieux pas qu’elle réponde pour éviter de trop en dire. Elle préfère le remercier, à sa manière, de s’inquiéter pour elle. - Ne t’en fais pas pour moi. C’est sur leur fille qu’il devrait se concentrer. Il ne lui doit plus rien, à Cassey. Elle sait bien qu’il a envie de veiller sur elle mais elle, n’a pas le droit d’en profiter. Pas le droit de prendre seulement ce qu’elle veut bien, seulement ce dont elle a besoin. Mais, comme pour la pousser à l’oublier, il vient glisser sa main contre sa joue. Et crée instantanément en elle ce trouble. Elle se sent déstabilisée, Cassey, perturbée par cette proximité. Par ce contact qu’elle devrait éviter. Mais elle ne recule pas, elle garde les prunelles rivées sur les siennes. Avec intensité, leurs regards s’accrochent l’un à l’autre, avant qu’elle ne reprenne vite la parole. - Nous allons dire que je te crois. lance-t-elle avec un petit sourire en coin, exactement comme il l’a fait un peu plus tôt. Ses pupilles bleutées se noient quelques secondes de plus dans les siennes, quelques secondes de trop. Avant qu’elle ne choisisse de se relever, comme déjà prête à s’échapper. Elle attrape un verre pour le remplir d’eau, mais reste debout, en face de lui. – Et sinon, tu as l’air de plutôt bien t’entendre avec mon frère. ajoute-t-elle, autant par curiosité que pour faire la conversation. Elle ne pensait pas qu’ils en seraient là un jour tous les deux. Mais elle ne pensait pas davantage qu’ils en seraient là, eux non plus.