maybe one day i can see you. (owen)

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{ maybe one day i can see you }
crédit/ tumblr ☾ w/@owen swaguer

Liaisons dangereuses. La littérature classique. L’amour malsain. Goût transmis par sa mère. Ce livre qui a trôné durant des mois sur la table de chevet de Cassey, allant jusqu’à pousser la curiosité de la plus jeune. Parce qu’elles ont toujours tout partagé, toutes les deux. Parce qu’elles ont toujours tout échangé. Elles ne sont que deux parties d’une même âme, depuis toujours. Fusionnelles, peut-être parce qu’elles étaient seules. Fusionnelles, peut-être parce qu’elles n’ont pas une différence d’âge si grande. C’est à travers Cassey, qu’elle s’est construite, Arya. Parce qu’au fond, elles sont devenues femmes l’une avec l’autre. D’une manière différente, mais l’une grâce à l’autre. C’est pour cette raison qu’en tombant sur la première édition de ce livre, chez Nikolaï, cadeau lui étant visiblement destiné, elle ne pense qu’à elle, Arya. Elle ne pense qu’à Cassey. Lui offrir un cadeau si ciblé, cela ne peut être personne d’autre qu’elle. Personne d’autre que ton double, Arya. Personne d’autre que la personne qui te connait certainement plus que n’importe qui au monde. C’est ce qu’elle pense. Jusqu’à ce que ce petit mot tombe du bouquin. Un mot d’Owen. Le géniteur. Et elle comprend immédiatement, Arya. Elle comprend que c’est Cassey qui l’a renseigné sur ses goûts. Sur ce qu’elle aime. Sur ce qu’elle est. Le sang ne fait qu’un tour, et le l’indifférence la gagne durant des heures. Des heures durant lesquelles elle ne regarde plus ce livre. Durant lesquelles elle tente tout. Tout pour se sortir Owen de la tête. Tout pour ne plus penser à lui. Tout pour oublier qu’il est de retour dans sa vie. Qu’il est de nouveau dans sa vie. Elle tente d’oublier, mais elle n’y parvient pas. Elle ne parvient à rien d’autre qu’à ruminer. Qu’à s’interroger sur la raison de ce cadeau. Tu te demandes s’il pense pouvoir t’acheter, Arya. Parce que tu n’as pas de prix. Ou bien il serait beaucoup trop élevé pour lui, le prix de son absence. Et c’est dans l’optique de lui dire cela, qu’elle décide finalement de quitter le domicile de son oncle pour se rendre à la caserne. Mais plus elle s’approche, plus elle s’approche du but, plus elle sent qu’elle est en train de faire une énorme erreur. L’erreur de fissurer sa carapace. L’erreur de lui montrer que sa présence lui fait bien quelque chose. L’erreur de prouver qu’elle est beaucoup plus atteinte qu’elle ne le voudrait. Trop tard, Arya. Trop tard, parce qu’il est déjà bien là, juste devant toi. Arborant l’air le plus glaciale qui soit, elle prend la parole. - Bonjour. Et maintenant, Arya ? Qu’est-ce que tu vas lui dire ? Qu’est-ce que tu vas pouvoir dire pour justifier ta présence ? - Je te remercie pour le livre. Mais ce n’était pas nécessaire. Toujours sur la défensive. Toujours prête à tout exploser sur son passage. Parce qu’elle n’est absolument pas prête à lui accorder quoi que ce soit.

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Son cœur bat la chamade. Elle ne sait pas ce qu’elle fait. Elle ne sait pas ce qu’elle devrait faire. Est-ce qu’il y a une bonne décision ? Est-ce qu’il y a une mauvaise décision ? Est-ce qu’elle devrait lui laisser une chance ? Est-ce qu’elle devrait faire taire toute cette colère ? Est-ce qu’un père en retard vaut mieux qu’une absence ? Elle ne sait pas ce qu’elle fait, Arya. Au fond, elle ne sait plus ce qu’elle fait depuis des mois. Beaucoup trop de mois. Elle prétend garder le contrôle, elle prétend être seule maîtresse de sa vie, mais elle est totalement en roue libre. Désemparée, par tout ce qui lui arrive. Désemparée, par les changements imposés par Cassey. Désemparée, par le retour d’Owen. Et elle regrette. Elle regrette d’être venue. De ne pas avoir pu rester sur ses positions. Elle regrette d’être ici parce qu’elle a peur de craquer. Complètement. T’as peur de t’effondrer. T’as peur de lui montrer que sa présence ne te laisse pas indifférente. Peur qu’il cherche à s’approcher un peu trop de toi. Peur qu’il brise ta carapace. Parce que cette carapace, c’est tout ce qui lui reste. C’est tout ce qui lui permet de maintenir ces apparences entre elle et le reste du monde. Mais le point sensible, il est juste là. La faiblesse, elle est juste là. Owen. Il est certainement l’origine de tout ce qu’elle traverse aujourd’hui. De ce sentiment d’abandon. De ce sentiment de rejet. De cette impression de n’être jamais assez bien. Cette sensation que, tôt ou tard, tout le monde partira. Et pendant ce temps, lui, il est ravi de la voir. Pendant ce temps, elle lui offre cette satisfaction. - Je ne vais pas rester. Elle est toujours froide. Sa voix est toujours froide. Mais elle est beaucoup moins agressive que la dernière fois. Beaucoup moins sûre d’elle. Elle le sent, au fond d’elle. Elle le sent et elle est parfaitement déstabilisée. - C’est le cas. C’est mon livre préféré. Mais ce n’est pas en essayant de me faire plaisir que tu parviendras à réparer quoi que ce soit entre nous. J’espère que tu en as conscience. Ce ne sont pas des cadeaux qui effaceront les années d’absence. Ce ne sont pas des cadeaux qui l’aideront à se sentir bien à nouveau. Mais au fond, elle aimerait être plus catégorique. Elle aimerait se contenter d’une phrase cinglante. D’un commentaire acide qui lui couperait l’envie de la revoir. Elle aimerait se contenter du peu qu’elle est capable de lui donner. Du néant. Du vide. Mais t’es vraisemblablement beaucoup trop ambitieuse, Arya. Et beaucoup moins dure que t’aimerais le montrer.

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Elle voit bien qu’il fait de son mieux. Elle voit bien qu’il tente d’arranger les choses, de façon beaucoup moins maladroite que la dernière fois. Seulement il n’y a rien à arranger. Il y a juste cet énorme fossé entre eux. Ce trou de vingt ans qui semble impossible à combler. Insurmontable. C’est ce qu’elle ressent. L’impression que cette situation est insurmontable. Pourtant, elle a la sensation qu’il est sincère. Elle a la sensation qu’il pense réellement ce qu’il dit. Qu’il veut la connaître. Qu’il pensait la protéger. Elle a la sensation qu’il est sincère, mais cette foutue douleur ne s’efface pas. Cette foutue douleur ne disparaitra pas. C’est en permanence, qu’elle a l’impression d’être abandonnée. En permanence. Et tu sais qu’au fond, c’est lui qui a engendré tout ça, Arya. Parce que Cassey ne lui a jamais caché la vérité, sur Owen. Sur son père. Elle lui a dit que son père avait pris la fuite, avant même sa naissance. Et aujourd’hui, elle se retrouve face à lui. Lui qui annonce que c’était parce qu’il était malade, qu’il a préféré fuir. Et c’est quelque chose qu’elle ne connait pas, la maladie. Tout du moins, pas celle-ci. Alors elle ne peut pas imaginer ce qu’il a dû ressentir. Elle ne peut pas imaginer ne serait-ce qu’une seconde la douleur que cela a dû être. Mais ce qu’elle sait, en revanche, c’est qu’une famille doit affronter les épreuves ensemble. Parce que ta famille, c’est Cassey, c’est Nikolai, c’est Jane, et vous, vous avez toujours été soudés. C’est ton plus beau souvenir d’enfance, Arya. Elle encaisse tout de même un à un le moindre de ses mots. Son regard se détourne, parce qu’elle ne veut pas avoir de la peine pour lui. Parce qu’elle ne veut pas créer quoi que ce soit, avec lui. Elle veut juste rester fermée, définitivement fermée. Et pourtant, elle reprend la parole, sans même le réaliser. - Alors pourquoi tu as dû attendre de croiser ma mère, par hasard, pour soudainement venir t’intéresser à moi ? Les mots jetés. Les sentiments dévoilés. Elle insiste sur le par hasard, parce qu’au fond, c’est ce qui la blesse le plus. Il n’est pas revenu pour elle, jamais. Il n’est pas revenu pour elle, sa présence ici n’est qu’un coup du destin. Et en sachant cela, elle ne peut pas envisager l’accepter dans sa vie. Ni maintenant, ni jamais. Oh, Owen, peut-être que si tu étais revenu, tout aurait été différent. Peut-être qu’elle aurait pu pardonner, lui pardonner, Arya. Si seulement il avait pu faire un pas, un vrai. Sans se comporter comme le lâche qu’il est aujourd’hui. Parce que t’en es convaincue, Arya, s’il n’est pas revenu de lui-même c’est parce qu’il ne tient pas assez à toi. Il y a vingt ans, comme aujourd’hui.

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La question est lancée, et la réponse ne se fait pas attendre. Owen prend la parole à son tour, ouvrant son cœur, s’exprimant avec sincérité. Owen prend la parole, et il lui s’explique pour la première fois, sans se cacher derrière des excuses. Sans se cacher derrière une armure. Sans se cacher derrière une carapace. Au fond, peut-être qu’il est comme toi, Arya. Peut-être qu’il cherche à se protéger, lui aussi. Peut-être qu’il cherche à effacer ses souffrances, à ne pas rouvrir les plaies du passé. Mais il le fait pourtant, il le fait pour elle. Et malgré elle, elle est touchée. Malgré toute cette rancœur, toute cette colère, toute cette douleur, elle est touchée. Touchée de voir qu’elle compte, rien qu’un peu, pour lui. Toucher de voir qu’il ne l’a peut-être jamais oublié. Ni lui, ni Cassey. Et c’est vrai, il a été lâche. Il n’a pas été l’homme, le père, qu’elle mérite. Mais avoir été lâche ne fait peut-être pas nécessairement de lui un homme mauvais.  Et tu doutes. Tu te demande s’il ne mérite pas une seconde chance, Arya. Tu te demandes s’il ne mérite pas une chance tout court. Elle est partagée. Partagée entre ce qu’elle ressent, ce qu’elle pense, ce qu’elle voudrait dire et ce qui reste bloqué en elle. Détournant légèrement les yeux, elle le laisse terminer. Elle le laisse parler, pour finalement s’ouvrir à son tour. - J’aurai juste aimé que tu reviennes. Même après tout ce temps. Juste que… Que tu reviennes, de toi-même. Elle aurait aimé qu’il revienne parce qu’elle lui manquait trop. Elle aurait aimé qu’il revienne, malgré sa peur. Qu’il prenne son courage à deux mains, juste pour elle. Parce que la vérité, c’est que tu as toujours souffert de son absence, Arya. Tu as toujours souffert du manque d’un père. Du manque de celui qui aurait dû te protéger. - Je ne sais pas quoi dire, je… Je ressens beaucoup trop choses trop différentes, et ce n’est pas facile pour moi non plus, tu sais. Elle se demande si il sait. Si il sait combien elle souffre. Si il sait combien c’est difficile pour elle. Combien c’est difficile d’encaisser son retour. - Je pensais que tu ne reviendrais jamais. Elle pensait qu’il ne reviendrait pas. Elle avait cessé d’espérer, en grandissant. Lorsque les rêves de petite fille se sont envolés. Lorsqu’elle n’en pouvait plus de se demander pourquoi les autres avaient un papa, et pas elle. Elle n’avait plus aucun espoir, Arya, se contentant de garder ce trou béant à la place du cœur. Le trou causé par son absence. Le trou qu’il a laissé, lorsqu’il s’est enfui, avant même sa naissance.

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Elle est fragile, Arya. Bien plus qu’elle ne veut bien le croire. Bien plus qu’elle ne veut bien le laisser penser. Ce mécanisme de défense qu’elle emploie, chaque fois qu’elle se montre froide, distante, détachée, c’est uniquement une réponse à cette fragilité qu’elle cache. A cette blessure, ces blessures, qui grandissent encore et encore comme un poison au fond de son être. Elle est fragile, Arya, et peut-être que si elle voulait bien l’admettre, tout serait plus facile pour elle. Peut-être que si elle voulait bien l’admettre, les plaies pourraient se refermer. Et il est là, son problème, à Arya. Elle a peur. Bien trop peur de s’exposer au monde. D’exposer ses faiblesses, de dévoiler ses failles. Parce que se dévoiler, c’est prendre le risque de souffrir, bien plus encore. C’est pourtant ce qu’il fait, Owen, avec toi aujourd’hui. Il se dévoile. Il te parle avec son cœur. Et tu ne parviens pas à rester de marbre. Elle a cette terrible sensation, que son cœur se transforme en guimauve, depuis quelques temps. Il y a Owen, à qui elle voudrait rester insensible, mais qui réside malgré tout dans ses pensées. Et puis il y a Quinn. Cette femme qui ne devait être qu’un jouet, un amusement d’une soirée, d’une nuit. Cette femme qui prend pourtant bien plus de place dans son existence. Qui approche son cœur, avec sa vulnérabilité sans pareille. Et aujourd’hui encore, les mots d’Owen ne la laissent pas insensible. Il semble prêt à se plier à sa volonté. Il semble prêt à attendre, s’il le faut. A lui laisser le champ libre, tout en restant à sa disposition. Et au fond, c’est de cela, qu’elle a besoin, Arya. Qu’il soit prêt à l’attendre, en n’abandonnant jamais. En ne baissant pas les bras. En maintenant les efforts pour la conquérir. Et il s’excuse, aussi. Il s’excuse de lui avoir fait mal. A elle. A Cassey. - Je… Merci de me dire tout ça. Elle baisse les yeux, elle reste sur la réserve, mais ses paroles sont sincères. Ses remerciements sont sincères. Et c’est déjà un pas énorme, qu’elle fait vis-à-vis de lui. - Je ne peux pas te promettre qu’un jour je serais prête, mais… C’est sûr qu’il me faudra du temps. Je ne suis pas sûre de pouvoir t’aimer un jour, Owen. Je ne suis pas sûre de pouvoir te voir comme un père. Comme mon père. Mais ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui, tu marques des points.