fb - to chase the monsters away. (roseen)

la fleur inconsciente se laisse porter par le vent. un bijou fragile qui vient d'éclore sans se douter de la férocité de son entourage. elle ferme les yeux la fleur, se laisse porter par le vent qui enveloppe son corps, par les passants pressés ou ceux qui prennent un peu plus le temps de respirer. respirer. pas comme elle. combien de mois sont passés en ignorant cette douleur à la poitrine, combien d'heures perdues à fermer les yeux sur cet évènement qui vient s'immiscer comme une tâche d'encre sur une feuille immaculée. c'est le grand jour, ce genre de rendez-vous qui fait trembler les lèvres des filles trop sentimentales. sally elle sourit, elle garde l'éclat éternel dans son regard d'enfant qui refuse de grandir. peter pan des temps modernes. les prunelles bleutées se perdent dans l'immensité de l'hôpital, elle contemple les vas-et-viens plus ou moins heureux, plus ou moins hâtif d'en finir avec un examen, un résultat, une bonne nouvelle en approche, mais elle est maladroite sally. un sourire bienveillant passe pour de la pitié, elle n'est pas assez fleurie pour répandre le bonheur autour d'elle. les yeux se ferment pour oublier le jugement en approche. ils s'ouvrent, son nom vient percuter son esprit face au médecin à l'air sévère, le genre d'homme qui fait baisser le menton de sally, comme une gamine prise en faute. quelle faute ? elle n'est pas coupable des mots qui sortent trop durement pour elle, des métastase qui viennent briser son aura solaire en milles morceaux, des mots comme cancer qui font monter les perles salées dans ses yeux auparavant si joyeux. elle ne pense pas à elle, mais à sa déchéance, à son frère, à rio, à tout son entourage qui va devoir surmonter la nouvelle. "ça fera deux cent dollars s'il vous plait." toutes les paroles précédentes semblent lointaines mais pourtant tellement ancrées dans les moindres pores de sa peau claire. vingt-huit ans, elle a vingt-huit ans. elle ne connaitra jamais le cap de la trentaine, le mariage, le désir d'enfant qui prend aux tripes. non, elle fera mieux que ça sally. elle profitera comme personne, jusqu'à faire imploser ses poumons malades. pour le moment elle vacille, trouve le chemin du couloir sans un au revoir, retrouve l'air frais au niveau de la devanture de l'hôpital. son paquet de cancéreuse termine à la poubelle, ultime symbole d'une vie qui se termine pour qu'une autre commence. les yeux se ferment à nouveau, cette fois ce sont des larmes silencieuses et discrètes qui coulent sur ses joues rondes. première et dernière fois, c'est promis.