give in to me (roseen)

une journée de travail productive, tu as livré des commandes à de clients pleinement satisfait de tes talents de faussaire. le graal d’émeraude entre les doigts, tu as pris la confiance. puis, il a fallu qu’un enfoiré vienne te chercher des noises. ça s’est mal terminé. il a réveillé la rage qui était tapis dans tes entrailles, latente mais toujours prête à faire surface. il ne fallait pas te chercher. dans la lumière vacillante d’un appartement miteux, vous en êtes venu aux poings. il a essayé, il a perdu. tes instincts de combattant revenus, pris de vitesse, il a terminé à l’hôpital. pas toi. pourtant, tu as l'abdomen constellés de taches bleuâtres. sur ta barre de traction, tu évacues les dernières lueurs de colère qui éblouissent ta conscience. le son d’une musique assourdissante qui monte bien trop dans les décibels pour être acceptable. en rythme, ton corps évoluent du bas vers le haut dans un effort presque futile. suspendu au-dessus du sol, la peau légèrement luisante, tu fais jouer tes muscles qui roulent énergiquement sous le derme. les secondes s’écoulent sans que tu ne les vois passer, si bien que tu n’entends pas la porte de l’appartement claquer. une âme vient de s’aventurer par ici, sans que tu ne l’ai remarqué. c’est seulement quand le silence soudain vient te frapper de plein fouet que tu stoppe tout mouvement. tu expires longuement avant que tu ne laisse aller ton corps, tombant sur ton pieds nus avec l’agilité d’un félin. nul besoin de tourner la tête. tu sais qui vient troubler ton entraînement, ce n’est pas pour te déplaire. tu marches quelque peu, le jogging que tu portes tombe outrageusement sur tes hanches fuselées. tu attrapes ta bouteille d’eau sur le chemin en te dirigeant vers l’intru. le souffle à peine court, tu arrives à sa hauteur. « comment va ma chère sœur ? » que tu souffles en venant poser délicatement tes lèvres sur son front, effleurant du bout des doigts la peau de sa nuque. tu te te détaches nonchalamment d’elle, tes pas te mènent à la cuisine ouverte. « tu as dîné ? » que tu lui demandes de ta voix grave, comme si de rien n’était. comme elle n’avait rien vu des ecchymoses qui parsèment ton buste. rien qu’un détail, rien de bien alarmant. une douche te ferait le plus grand bien, tu préfère attendre la réponse de la cadette. l’oeil attentif que tu poses sur sa silhouette. jolie brune que tu chéris, que tu voudrais garder près. « tu étais où ? » pointe de suspicion que tu ne remarques pas, qui s’échappe de tes lèvres. un homme ? tu ne sais pas après tout, tu hais amèrement l’idée. tu préfères rejeter cette vision désagréable pour ton esprit tourmenté. oh, roseen.

Les étoiles n’ont pas fières allure balayées par la brise, couvertes par les nuages disséminés dans le ciel. La môme a les yeux flanqués sur ce qui se trame au-dessus d’elle, ne remarque pas le sac de papier qui se déchire aux pas rythmés qui giflent les graviers. Parce qu’elle a déjà la cervelle hissée jusque dans la voie lactée, l’ignare, se trouve coincée dans les cratères de la lune où elle se tient pour admirer les constellations. C’est le fruit qui s’écrase, pourrissant contre sa semelle qui la tire précipitamment de ses rêveries dilettantes « oh! non! », elle râle, l’enfant, quand elle perçoit les nuées de provision et une godasse tâchée de rouge. Elle râle de plus belle en empilant à nouveau ses trouvailles les unes sur les autres ; constate par le biais des lumières irradiant d’une des fenêtres de son appartement qu’Isaac s’y trouve probablement fort à l’aise, nullement dérangé par des conceptions si dérisoires que l’approvisionnement.
Du bout de ses doigts rendus inaccessibles à son regard, Roseen entame la poignet et déboule dans le logis dans un méli-mélo épouvantable jusqu’à finir l’expédition sur le comptoir de la cuisine, les fruits et légumes intacts commençaient à pleuvoir sur le marbre.
Elle soupire profondément à la fois satisfaite du repos naissant, et exaspérée par l’apparition subite d’un Adam dégoulinant de sueur. Le haut de sa tête est marqué par l’impact furtif de son baiser.
« Je vais bien, mais j’ai dû interrompre ma promenade parce que… », des remontrances avortées aux hématomes qui naissent sous ses mirettes à la candeur insolente. « Tu t’es battu? », elle se désole des traces laissées par l’avilissement émotionnel de son ainé. S’approche tandis qu’il s’écarte pour constater en tenant son menton entre ses doigts, si des bleus sont également venus tâché ses traits, si l’oeil a été atteint « mais, enfin, avec qui? ».
Isaac s’écarte davantage, l’interroge en retour sur des considérations secondaires, s’évade. « Je ne comprends pas ce qu’il faut aux hommes pour apprécier autant se violenter » dit-elle les prunelles désormais tournées sur les placards qu’elle renfloue, de petits gestes en petits gestes.
Le félin s’échappe une fois encore, outrepasse ses droits.
« Où étais-je? Je suis celle qui revient avec les chaussures qui suintent la tomate, des courses plein les mains. Je ne reviens pas avec des bleus. Toi, tu étais où? », des orbes colériques et capricieuses dévalent sur le minois du garçon, tombent sur l’horloge suspendue derrière lui indiquant qu’elle est partie quatre heures durant.
Quatre heures de silence.
Elle culpabilise soudainement de s’être volatilisée, d’ensevelir Isaac sous les réprimandes alors qu’elle n’en a jamais eu ni le droit, ni le pouvoir. Roseen baisse la tête, désolée.
« J’étais partie me promener, je n’ai pas vu l’heure, puis je me suis arrêtée faire les courses, et j'ai tout fait tomber dans la rue » elle admet, soumise, contrainte par l’oeil tendu qu’il jette sur elle. La sensation étrange d'avoir dépassé les bornes, commis l'irréparable.