bathroom box (feat. dambi)

-"tu peux essayer."

qu'il répond innocemment; sans doute n'a t-il pas saisi la portée de ses mots. dambi non plus d'ailleurs... tout est sorti de la mauvaise manière, tout a sonné faux. les sourcils froncés, gamine le regarde s'avancer. le regarde prendre sa main. regarde son cou, touche son cou.

elle sait déjà où ça va; et ça ne lui plaît pas.
perdue entre les délires et la réalité
son amour et sa haine
cette passion qui la peine.

dambi n'effectue aucun mouvement pour se défaire de son emprise, ni pour enserrer le corps qui lui est offert en sacrifice. elle regrette un peu les termes qui se sont échappés de ses lèvres, regrette au moins entend tout ce qu'elle a entendu.

-"si tu veux vraiment me tuer, il va falloir y mettre un peu plus de cœur."

dommage! c'est pas possible;
je n'ai plus de cœur.
c'est toi qui l'a.

marionnette dénuée de vie n'agit plus, spectatrice de la scène irréaliste. repoussée ensuite, de nouveau esseulée: le contact gelé est terminé.

-"essaie une autre fois dans mon sommeil, je te laisserai une note."

à savoir si c'est utile;
dambi a jamais été très douée pour suivre les plans.
le postérieur descend jusqu'au sol, se pose tranquillement; c'est un peu comme si l'autre gosse parlait tout seul, la demoiselle ne l'écoute plus vraiment. elle est ailleurs, entre deux pensées. dans une chimère, hors de cette maudite salle de bains. loin, très loin.

-"et si mes phrases sont aussi bâteau, démerde toi toute seule ok dam ? t'as clairement pas besoin de mon aide"

ses yeux se reposent une seconde sur le visage de l'autre idiot. ouais, il a l'air idiot. le roi des tchoins sans équivoque, personne pour lui voler la couronne.
putain, vraiment personne?

-"you're doing amazing sweetie"

-"j'sais merci. d'ailleurs, toi aussi."

l'écoute qu'est revenue un peu, d'une oreille. dambi fouille ses poches, en tire une clope. c'est déjà ça qu'elle songe, déjà ça.
se raccrocher à la fumée;
de toute façon c'est pas plus bas qu'elle peut tomber.

-"putain de merde..."

face à lui, de l'autre côté de la pièce,
à l'autre bout du monde.
elle le regarde,
triste d'être ici
triste que l'instant soit éphémère
triste qu'il lui soit si cher;
lui, le descendu des enfers.

clope allumée, de nouveau entre ses lippes. les nuages s'échappent de son nez, et y a un petit sourire retrouvé;
même si tout ce qui l'a blessé reste un poids tout sauf léger.

-"t'as pas vraiment saisi, amaury."

son doigt pointe son propre cœur. même si anatomiquement parlant, l'écervelée sait plus vraiment si il se trouve de ce côté.

-"c'est de là que je voudrais te tuer."

y a un rire qui s'échappe, elle toussote.

-"je voudrais juste pouvoir t'y effacer. ça me ferait moins mal de te regarder."

@amaury ahn