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 judeen.♥ - dans l'antre du démon

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Message Sujet: judeen.♥ - dans l'antre du démon   judeen.♥  - dans l'antre du démon Empty Lun 26 Aoû - 21:07

dans l'antre du démon
Judah & Aileen


Douce amertume. Douce amertume qui m’étreint tandis que mon regard glisse sur ce qu’il reste de mon appartement où j’ai passé tant de temps à lire, réviser, rire avec quelques amis. Douce amertume quand mes bras s’emparent du dernier paquet que j’ai insisté de porter moi-même. Une femme de ma condition ne déménage pas ses affaires elle-même, elle se contente de quitter l’ancien endroit, d’entrer dans le nouveau, pimpée à la perfection, perchée sur ses talons. Le temps passe, et je ne me sens toujours pas à l’aise dans ce monde. Et si j’ai cédé à mon père de rien reprendre de mon mobilier, de laisser les déménageurs faire le travail pour mes effets personnels, si j’ai cédé d’aller vivre chez cet homme que j'exècre profondément pour lui, je me devais de garder un bout de ma personnalité et de déménager de moi-même mes effets les plus personnels. Des babioles, estimerait Judah, j’imagine, mais qui pour moi revêtaient une importance réelle sentimentale. Je n’étais pourtant pas matérialiste, au moins, aussi peu que ma condition le permettait - mes notions étaient bien sûr altérées par l’univers dans lequel je vivais depuis toujours - mais ces quelques objets avaient une histoire. Cette boîte à musique dont la ballerine tournoyait au rythme des notes, mon livre de chevet, et tant de petites choses qui reflètaient de moi ce que je pensais être. Bien que les derniers temps, je me laissais peu à peu convaincre que tout cela n’était qu’une douce fiction, tel Truman, j’avais la sensation de me réveiller dans un univers de papier carton qu’on m’avait construit toute ma vie.

Lorsque je fermais la porte derrière moi, une boule s’était formée au creux de mon ventre. Un boule douloureuse et cette peur sourde de partager ma vie avec ce que j’aurais préféré être un inconnu. Judah. Je sais de lui plus que je n’aimerais en savoir pour l’avoir longtemps méprisé par son attitude et sa manière de me jauger. Il faut dire que le conflit de nos deux familles ne m’a pas aidée à apprécier ce personnage, mais il se suffit à lui même pour faire naître en moi un profond mépris. Il n’y a qu’à le voir agir, si prétentieux, à user des femmes comme des mouchoirs en papiers, s’évanouir en elles le temps d’une nuit dont il se souviendra à peine pour les jeter au lever du jour, aussitôt capté par une autre paire de jolies jambes. Peut-on parler de réelle tromperie quand il s’agit de mariage arrangé? Toujours est-il que je sais que mon nom va être sali, une fois que nous serons engagés et qu’il partira à gauche à droite. Cette union n’a d’avenir que celui que nos univers lui prêtent.

Mon regard se perd à l’extérieur de la voiture tandis que le chauffeur prévu pour l’occasion me fait traverser le quartier. Je regarde distraitement la vie se dérouler au dehors et retiens un soupire de s’évacuer de mes lèvres, tentant toujours de ne pas exposer mes frustrations car il en reviendrait à exposer mes faiblesses. Lorsque j’arrive dans l’immeuble à l’heure précise où j’avais signalé arriver, je sors de la voiture et lève les yeux sur ce gigantesque immeuble que j’avais déjà tant observé, j’inspire un grand coup et m’avance vers l’entrée, un employé tente de me libérer de cette caisse que je tiens dans mes bras, mais je me refuse à lui céder, je suis déjà saluée et reconnue, tout le monde a été informé de la nouvelle résidente de ces lieux. Déjà dans l’ascenseur, je savoure mes dernières secondes de liberté, pensant que ce soir, c’est déjà fini, je devrais m’exposer au bras de cette homme à qui je vais devoir, si pas montrer une affection profonde, au moins ne pas refléter mon sentiment réel. Je ne peux m’empêcher de sentir ce bouillonnement intérieur se migrer en colère d’être punie pour quelque chose que je n’ai pas fait. Mais je ne suis pas une enfant, m’en défendre n'aidera pas à améliorer la situation. Je me dois simplement de rester passive et accepter mon sort comme toute femme de mon univers se doit de le faire.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent automatiquement sur le gigantesque penthouse où je vais désormais habiter. J’ai toujours su rejeter les désirs de grandeur de ma famille, si mon appartement était déjà grand il n’avait rien à voir avec une telle surface. Comment se sentir à l’aise dans un espace si grand? J’avançais, serrant comme une enfant, mes affaires dans mes bras, cherchant sans doute quelque chose auquel me cramponner: un morceau de moi-même qui n’aurait pas été perdu dans l’immense espace qui m’était offert. Je n’entends rien, et prise soudain d’un coup de panique, je tourne les talons pour retourner à l’ascenseur, changer d’avis, partir, disparaître pour toujours, loin, loin de toute cette pression sociale qui m’écrase quand un bruit de pas me retiens ici. Je fais à nouveau volte face et mon regard qui doit se rapprocher de celui d’un chaton sauvage pris au piège se percute à celui de Judah que j’avais oublié êtr si beau. Si douloureusement captivant. Si délicieusement déroutant. Ma mâchoire se serre, n’oubliant pas cette rage en moi, mes sourcils se froncent un peu, je prends un air effronté qui ne me ressemble pas, lève le menton, pas question de faiblir devant lui, d’être comme toutes ces autres femmes qu’il a dans ses bras en un claquement de doigt. “Bonjour.” lâchai-je simplement, trouvant au fond de moi cette situation bien ridicule, en plus d’être insupportable.

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Message Sujet: Re: judeen.♥ - dans l'antre du démon   judeen.♥  - dans l'antre du démon Empty Mar 27 Aoû - 13:55

dans l'antre du démon
Judah & Aileen


A quel moment est-ce-que tout a dérapé ? Lorsque ma mère m’a lâchement abandonné ? Ou était-ce déjà la merde bien avant ? Face à la baie-vitrée, les yeux perdus dans le tumulte de la ville en dessous de nous. Je n’entends pas mon père qui s’agite derrière moi. Ce n’est que lorsque sa main sur pose sur mon épaule, qu’un électro-choc me réveille et je m’empresse de secouer l’épaule avec ferveur afin de lui faire dégager sa main. Je coule vers lui un regard noir, assassin. Depuis quand se permet-il de me toucher ? Ce n’est pas arrivé depuis plus de quinze ans. Mon père est bien au courant de l’effet répulsif qu’il a sur moi. Personne ne me touche. Jamais. C’est comme ça depuis le décès de ma mère.  « Qu’est-ce-tu fais ? » je lui demande presque dans un grondement. Mon géniteur lève les deux mains en l’air, innocent.  « Fiston… » je fronce les sourcils, fermant le poings avec rage :  « Je t’interdis… » mon père soupire avant de baisser les mains et de les enfoncer dans ses poches :  « Judah, cesse de faire l’enfant ! » je hausse les sourcils, un rictus mauvais sur les lèvres. Il est sûr de vouloir jouer à ce jeu avec moi ? Mon père semble lire la question dans mon regard car il soupire de nouveau, baissant légèrement la tête comme en signe de soumission. Il sait que c’est moi qui le tient par les couilles. Qu’il me suffit d’un claquement de doigts pour qu’il perde tout.  « Ecoute… La McMillan arrive bientôt. Comporte-toi bien, n’oub… » je pointe un doigt dans sa direction, le coupant net :  « Non, c’est toi qui ne va pas oublier que nous avons pris cette décision tous les deux. Alors cesse de me traiter comme si j’étais un enfant qui allait tout faire capoter. Pigé ? J’ai plus à perdre que toi dans cette histoire… » il acquiesce avant de tourner les talons et de sortir au moment où l’équipe de nettoyage arrive. Anita, la responsable, se dirige vers moi, tout sourire. Ca fait un paquet d’année qu’elle est au service de ma famille à présent. Je crois même qu’elle a connue ma mère. Je l’accueille avec un sourire un peu crispé.  « Bonjour Anita. Vous allez bien aujourd’hui ? » je lui demande avant de lui serrer la main, rituel que nous avons depuis toujours.  « Oui, bien Monsieur Judah. Mieux que vous en tout cas. Que vous arrive-t-il ? » je n’ai pas besoin d’ouvrir la bouche pour qu’elle inspire un grand coup en fermant les yeux, poussant une sorte de roucoulement étrange.  « Ne me dites rien ! Votre fiancée arrive aujourd’hui ! Je me souviens maintenant. Vous êtes stressé de la voir arriver n’est-ce-pas ? » Personne n’est au courant de l’arrangement que nous avons passé. Alors aux yeux du reste du monde, nous sommes deux héritiers qui s’unissent, surement par amour. Nous allons bientôt devenir le nouveau couple phare. Les deux jeunes célibataires qui ont finalement cédé à l’appel de l’amour. Je me retiens d’avouer à Anita que je redoute la venue de la reine de glace, tout simplement parce que cette femme m’a en horreur et que la réciproque est valable. Je continue de sourire, lèvres pincées, toute en acquiesçant.  « Ne vous inquiétez pas mon jeune monsieur. Elle va être ravie de vous retrouver. Ca ne devait pas être facile de vivre votre idylle dans l’ombre. Vous devriez tous les deux êtres heureux de pouvoir enfin vous montrer au grand jour. » Oui, bien sûr, notre amour était caché jusque-là, puisque nous n’avions pas fait d’annonce officielle jusqu’à présent. Je continue de la laisser parler.  « Et puis vous êtes quelqu’un d’adorable, elle sera ravie de partager votre vie. » je me mords l’intérieur des joues pour ne pas éclater de rire. Adorable ? Ravie de partager ma vie ? Je dirais plutôt qu’Aileen a dû songer toute la journée aux solutions qui s’offraient à elle : fuir en abandonnant toute sa vie, se tailler les veines ou tout simplement accepter d’honorer notre contrat. Mais étant une fille raisonnable et réfléchie - à contrario de moi - elle a dû choisir la bonne option.  « Bon, je vous laisse monsieur Judah. Nous allons vous préparer une jolie chambre à coucher. Nous avons prévu plusieurs bouquets de fleurs et d’installer tout le nécessaire pour que madame se sente chez elle. On nous a dit que certaines de ses affaires devraient arriver prochainement. Nous reviendrons installer tout ça. Cela vous convient ? » Mon regard se balade sur le penthouse dans lequel je vis depuis bientôt dix ans en secouant la tête.  « Non, pas la chambre à coucher, il faudrait plutôt préparer une… » Je me stoppe net. J’allais dire une grosse connerie.  « Non. Oubliez ce que je viens de dire Anita. Je pense qu’elle sera ravie de voir la chambre ainsi. S’il vous est possible de mettre quelques fleurs dans la salle de bain et le salon aussi… » elle acquiesce avec un doux sourire avant de quitter les yeux. L’étincelle dans son regard me laisse sans mots. A-t-elle compris ? Je me détourne, enfonçant les mains dans les poches de mon pantalon pour faire de nouveau face au vide.

Une heure plus tard l’appartement est prêt et surtout, vide. Je suis seul dans le silence du penthouse. Pourtant l’effervescence de la ville se fait presque sentir au travers des vitres. Mais mon esprit est calme. Du moins j’essaie de contenir la tempête qui fait rage. Aileen vient vivre avec moi et je crois qu’au fond, je ne suis pas prêt. La dernière femme qui a vécu avec moi, j’en suis tombé éperdument amoureux et elle m’a bousillé le coeur. Cependant, contrairement à Elena, je sais qu’entre Aileen et moi, rien ne risque d’arriver. Notre antipathie réciproque est bien trop forte pour que de quelconque sentiments naissent - mise à part la haine et l’aversion qui ne peuvent en être que renforcés. Soudain, la sonnerie de l’ascenseur résonne. Je ne me retourne pas tout de suite. Je reste immobile. Les portes s’ouvrent. Silence. Des pas se font entendre. Nouveau silence. Puis des petits pas précipités résonnent dans la cabine. Elle ferait demi-tour. Je me retourne, un léger sourire sur les lèvres. Elle est venu, mais elle fuit. Mes pas la font s’arrêter et se retourner. Et bien que le regard qu’elle me lance en premier ressemble à celui d’une petite fille prise sur le fait, elle se ressaisie rapidement et redresse le menton. C’est à mon tour d’être saisit par ce regard qui m’électrise alors qu’elle fait tout pour me faire comprendre qu’elle n’est pas là par gaieté de coeur. Aileen et son assurance. Aileen et son besoin de montrer au monde entier qu’elle est la seule capitaine de sa destinée.  « Bonjour. » me lance-t-elle tandis que je balade mon regard sur son corps, m’arrêtant quelques instants sur le carton qu’elle porte entre les bras. De nombreuses personnes ont déjà dû essayer de lui enlever des bras. De ce fait j’en déduis que ce carton contient des choses qui lui sont importantes. Je relève le regard pour le planter dans le sien :  « Bonjour Aileen.» je lui réponds sur un ton se voulant courtois et accueillant. Je ne sais pas si je réussi vraiment. Je fais un pas en arrière afin de l’inviter à entrer.  « Bienvenue au Penthouse Ainsworth. Chez toi. » je m’avance dans le salon, les mains dans les poches avant de me tourner de nouveau vers elle. Je n’essaie pas de lui enlever son carton des mains. Carton qu’elle serre contre elle comme si ça vie en dépendait. Un tic nerveux agite ma joue. Elle lui ressemble tellement. Cette cascade de cheveux auburn. Ces yeux qui foudroient. Et ce besoin de se raccrocher à quelque chose. Je détourne rapidement le regard.  « Nous sommes attendus pour 19h30. Tu devrais aller te préparer. » j’ajoute sans même la regarder. Le Judah qui tente de paraitre aimable est rentré chez lui. Place au connard qu’Aileen connait très bien.

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Message Sujet: Re: judeen.♥ - dans l'antre du démon   judeen.♥  - dans l'antre du démon Empty Jeu 26 Sep - 17:43

dans l'antre du démon
Judah & Aileen



Je regrettais aussitôt cette part de moi qui se sentait toujours obligée. Obligée d’exécuter, obligée d’être raisonnable, obligée de dire oui aux formules d’usage. J’aurais voulu être aussi libre que Judah pouvait sembler, et exploser quand j’en éprouvais le désir ou même ce besoin vital. Si j’avais tant d’aigreur en moi, n’était-ce pas à force d’accumuler ces frustrations douloureuses qui se nouaient au fur et à mesure dans mon estomac au point de ne plus former qu’un amas informe de colères non assouvies? Si j’avais un nombre incalculable de raisons de mépriser Judah Ainsworth, la plus réelle était celle que j’admettais le moins: je l’enviais. L’enviais de savoir dire merde, et de n’en faire qu’à sa tête, lorsque quant à moi j’étais toujours obligée de jouer à la petite fille sage qui reste toujours dans le carcan. Je me donnais toujours l’illusion d’une liberté, choisissant mes études, choisissant mon lieu de vie… Mais tout restait parfaitement propre dans le portrait familial. Rien de ce qui pouvait déborder n’était accepté. Rien de ce qui différait de l’idée général de bienséance et de respect des conventions. Putain, qu’est-ce que je haïssais ces conventions. J’étouffais à l’intérieur de cette cage imposée, une cage dorée sertie de diamant. Si je menaçais de la quitter, on me jaugeait pour mon geste, me demandant pourquoi, alors que j’y étais si bien au final. Mais qu’est-ce que je faisais là? Les yeux plantés dans ceux de mon pire ennemi - moi qui n’avais pas l’impression de savoir haïr à l’initiale éprouvant la frustration de voir grandir ce sentiment ignoble au creu du ventre. « Bonjour Aileen.»  Il m’avait répondu, de ce ton insupportable, doucereux et manipulateur. J’avais gardé mon expression de défi ridicule fiché sur le visage, retenant un vilain tic d’en saboter l’impact, et de prouver à Judah à quel point il me rendait nerveuse. Si je n’avais jamais vraiment visualisé de mariage, pour moi, ni même de fiançaille, j’étais tout de même forcée de constater que mon sort était loin de toute imagination.  « Bienvenue au Penthouse Ainsworth. Chez toi. » Et cet air faussement accueillant. J’étais restée immobile, terriblement immobile, les mains devenant moites à force de nervosité, à serrer ce carton contre moi comme ma dernière bouée de sauvetage. En vrai, j’avais la sensation que si je faisais un pas dans cette cage encore plus dorée, encore plus grande, mes jambes allaient se dérober, et j’allais m’évanouir au milieu de son salon. Oui, Son salon. Il me faudrait bien du temps avant de me sentir chez moi ici. Si tant est que cela pouvait arriver un jour.

Puis il se détourne de moi, déjà lassé de son nouveau jouet. « Nous sommes attendus pour 19h30. Tu devrais aller te préparer. »  Mes yeux s’ouvrent rond, car comme d’habitude, je suis incapable de mentir par mes expressions faciales. De la surprise, puis de la colère et de la frustration, je fronce les sourcils, entrouvre la bouche, avance d’un pas, m’apprête à parler. Donc il ne me ferait même pas visiter? Je viens d’arriver dans ce penthouse gigantesque où je suis condamnée à vivre avec lui, et il ne me montrerait même pas le minimum vital? Cette manière d’être m’énerve au plus haut point, cette façon de se croire au-dessus de tout, de te donner l’impression d’être insignifiante et inutile. Ca s’apprête à sortir de ma bouche comme un geyser, je voudrais exploser, lui faire ravaler sa fierté de petit prétentieux, mais tout d’un coup je me rappelle pourquoi je suis là. Alors ma bouche se referme, mes yeux se baissent, et je me sens blessée. Blessée par cette foutue injustice. Je n’ai jamais voulu en arriver là, que sa foutue famille découvre tout cela sur la mienne, je n’ai jamais voulu de tout ça. Mon ventre se tord, tandis que mon regard sombre regarde une dernière fois le dos de cet homme qui va pourrir mon existence et je me détourne, lâchant d’un ton sec qui file dans l’air telle une gifle: “ Bien. “ Que dire de plus?

Tandis que j’évolue dans ce nouveau lieu, je ne peux m’empêcher de penser à ce soir. Ce soir où je devrais évoluer à son bras, rire à ses plaisanterie, donner l’impression d’être aux anges, alors que j’ai juste envie de vomir. Et puis, toutes ces femmes qui vont poser leurs yeux sur lui, à la fois tristes d’avoir perdu l’occasion d’être à ma place, mais en même temps chargées toujours de leur désir, prête à tout pour le dévier du droit chemin qu’il semblera avoir choisi. C’est insensé. Comment ferons-nous pour mentir à ce point? J’ai déjà l’idée de son odeur dans mes narines, peut-être même du baiser que nous devrons échanger pour convaincre la foule. Dans le même temps, toutes les pièces que je croise semblent si luxueuses, elles n’ont pas l’air d’avoir beaucoup vécu, comme si personne n’avait jamais vécu ici. Je me surprends à me demander si Judah ne se sent pas seul, ici, dans ces lieux sans âme, aseptisés dont il doit connaître à peine trois pièces. A dire vrai, j’ai du mal à l’imaginer se détendre dans son fauteuil en fin de journée, je n’ai de lui que l’image de corps qui s’entremêlent, de consommations pas nets et de nuits sans fin, sans jours pour y succéder. Je me demande ce qui arrive quand il est finalement confronté à sa solitude.

Mes pensées m’échappent, car à mesure que j’avance, je ne vois aucune trace de mes affaires, mais surtout de ma robe prévue pour l’événement de ce soir, dans son enveloppe noire confiée aux bons soins des gouvernantes. Finalement j’arrive dans un chambre qui semble si grande que je pourrais m’y perdre. Tout indique que c’est celle de Judah, mais de fleurs décorent les lieux, une odeur douce flotte dans l’air, des bougies sont allumées et ambiancent la pièce, ma tenue et mes affaires importantes sont placées dans la pièce. Je manque de lâcher mon carton mais me reprends de justesse, je le dépose néanmoins et enfouit mon visage dans mes mains en respirant rapidement, tentant de canaliser une crise d’angoisse et l’excès d’oxygène d’envahir mes poumons. Il l’a fait exprès. Non content de me briser, il veut en plus retourner sa lame acérée dans la plaie béante qu’il a créée en moi. Je respire profondément et penche la tête en arrière, ne le laissant pas gagner, ne partant pas dans une rage folle, ne partant pas non plus dans une crise de larmes. Je me contente d'être la Aileen qu’il exècre, qui garde la tête haute et froide en toute circonstance. Même si lorsque j’arrive dans la salle de bain aussi décorée que la chambre, voir plus encore, je menace de faire une chute de tension, je me contente de nier les décorations et de faire ce que j’ai à faire.

Lorsque je sors, je suis entièrement prête, vêtue de ma robe de soirée vieux rose, mes cheveux coiffés à demi-tressés retombent par-dessus mon épaule, et question maquillage, les bases m’ont été inculquées depuis longtemps pour qu’aucun défaut ne puisse assombrir le tableau, je pense être la parfaite image d’une fiancée enchantée, dans mon monde. Celui où le paraître revête tant d’importance, celui où le moindre faux pas doit être payé au centuple. Pourtant Judah a du être bien surpris, car ni coiffeuse, ni maquilleuse, j’ai toujours l’habitude de faire ça seule, bien loin de l’image de ses femmes ce là-haute qui savent à peine se laver seules. Il ne reste qu’un seul détail. Je ressors de cette chambre dans laquelle je suffoque, me promettant de migrer dans une chambre d’ami ce soir, lorsque nous rentrerons. Quand j’arrive dans le salon, je m’évertue à refermer l’attache de mon bracelet puis lève le regard vers Judah, et me maudis d’avoir ce foutu coup au coeur à chaque fois que je croise son visage ténébreux qui suscite parfois bien plus que de la haine en moi. “ Je suis prête. “ Je me fichais devant lui, droite comme un piquet, incapable de me détendre, pourtant dieu sait que la vue du soir qui tombait sur la ville était sublime vue d’ici. “ Soit dit en passant, Judah, peu importe vos arrangements, je n’ai pas signé pour ces fioritures. N’espère rien de plus de moi, que ce foutu contrat. “ Ca sort de ma bouche sans que je ne parvienne plus à le retenir, mais si je dois expulser mon venin, c’est maintenant, si je veux pouvoir feindre le bonheur d’être à son bras. J’arrive finalement à fixer ce foutu bracelet qui commençait à m’énerver. Je pince les lèvres et reprends instinctivement mon air de défi, ajoutant d’une voix plus maîtrisée, déjà prête à passer à un autre chapitre, plutôt que de m’étendre sur mes doléances. “ Tu as la bague? “ Moins froide, plus pragmatique, je décide de remettre mes frustrations à plus tard et d’être la petite fille modèle qu’on a toujours exigée de moi.


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Message Sujet: Re: judeen.♥ - dans l'antre du démon   judeen.♥  - dans l'antre du démon Empty Ven 27 Sep - 17:00

dans l'antre du démon
Judah & Aileen


Il m’arrive d’oublier. D’oublier que nous vivons dans un monde pourvu de sensibilité. Que tout n’est que profit, n’est que trahison pour quelques dollars. Même si j’ai toute confiance en Anita, ce n’st pas le cas de tous mes employés. Beaucoup de personnes vont et viennent dans ce penthouse. Je ne suis pas chez moi. Et je ne m’y sentirai jamais comme chez moi. C’est trop impersonnel. Cet appartement fait partie de mon personnage. Je ne dois rien laisser paraitre. Ce lieu est froid et vide, à l’instar de mon apparence. En venant ici vous ne trouverez rien qui me caractérise. Aucun des objets qui habillent ce lieu d’habitation n’a de signification pour moi. Rien n’a d’importance dans ce lieu stérile. Si ce n’est ce qui se trouve dans le coffre, caché au fond de ma penderie, derrière des chemises qui se ressemblent toutes. Debout dans ce couloir face à Aileen, je repense aux paroles échangées avec Anita. J’ai failli commettre une erreur tout à l’heure auprès d’elle, quand elle a abordé le sujet de la chambre à coucher. Pour elle, nous sommes un futur merveilleux petit couple. Lui demander de préparer une chambre d’amis aurait été étrange. Je sais qu’elle n’aurait rien dit, parce qu’elle a beaucoup d’affection pour moi, comme j’en ai pour elle. Mais surtout que ce n’est pas une femme vile. Bien au contraire. Le problème est que toutes les personnes qui viennent ici ne sont pas comme elle. Loin de là. Nombre d’entre eux vendrait leur mère pour avoir un bon gros chèque. Et les informations sur moi - tout comme sur les McMillan - se vendent à prix d’or. Je ne peux rien laisser trainer dans ce lieu, ni même laisser planer le doute, car je sais que certains ne sont là que dans ce but : avoir la meilleure information croustillante. Mon regard se pose sur le visage fermé d’Aileen. Je sais qu’elle n’a pas encore découvert notre chambre à coucher. Je sais aussi quelle sera sa réaction. C’est comme si d’être dans la même pièce que moi lui provoquait une réaction allergique. Je la répugne. Tout mon être lui donne envie de me cracher au visage avant de prendre ses jambes à son cou. Je peux lire tout ça sur son visage. Mais elle sait qu’elle n’a pas vraiment le choix d’être ici, avec moi. Cependant, je devrai lui donner les raisons qui m’ont poussé à installer ses affaires dans ma chambre. Même si très clairement, je me serais fait une joie de la tourmenter. Bien sûr, je sais qu’elle fera tout pour m’échapper, pour aller dormir ailleurs et si possible le plus loin possible de moi. Mais les yeux trainent là où je vis et évolue. Il en sera de même pour elle. Si un de nos employés remarque quoi que ce soit, une dissension entre nous, alors il en sera fini de notre accord et tout ce que nous avons monté jusqu’ici tombera à l’eau. Nous perdrons tous quelque chose. Et je sais qu’Aileen, tout comme moi, ne veut pas que ça arrive. Nous échangeons un long regard tandis que la reine de glace reste plantée au milieu du couloir avec son carton entre les bras. Elle n’est pas prête à le lâcher. Je ne lui propose pas mon aide car tout ce que j’aurais eu en échange, aurait été de me faire envoyer balader. Cette fille n’a aucunement besoin de moi dans sa vie. Je le sais. Je l’invite à aller se préparer car nous partons bientôt. Je sais que les femmes ont besoin de beaucoup de temps pour se rendre présentable. Je me suis mordu la langue pour ne pas lui dire de se faire jolie, juste pour voir la rage assombrir son doux visage. Mais je n’ai pas pu me résigner à lui dire ces quelques mots, car cette femme reste la plus belle créature que j’ai pu admirer de ma vie. Et toutes les émotions diverses et variées qu’elle arrive à me faire ressentir me rendent malade. Je préfère de loin jouer les indifférents, plutôt que d’avouer que cette sorcière fait s’accélérer les battements de mon cœur mort. Ses yeux s’écarquillent et les émotions passent sur son visage. Non ma belle, je ne te propose pas mon aide et je ne te fais pas visiter non plus. Tu abhorres être ici. Alors pourquoi prendrais-je le temps de te montrer quelque chose que tu voudrais quitter le plus vite possible ? Je lève un sourcil dans sa direction, mon petit sourire sarcastique toujours plaqué sur les lèvres avant de tourner les talons alors qu’elle en fait de même.

Pour cette fois je décide de laisser Aileen prendre possession de la chambre à coucher ainsi que de la salle de bain attenante sans envahir son espace vital. Personne n’est présent à ce moment précis dans le Penthouse. J’ai demandé à tous de nous laisser un peu d’intimité pour l’arrivée de ma dulcinée. D’ordinaire, il y’a au moins notre chef cuisinier qui nous prépare le repas du soir. J’ai déplacé mes affaires de toilettes avant qu’elle n’arrive. En l’espace de quelques minutes je suis propre et me dirige vers la chambre. L’eau coule dans la salle de bain. Simplement vêtu d’une serviette autour des hanches, j’entre dans le dressing et attrape un costume gris anthracite. Je ne sais pas de quelle couleur sera la robe de ma fiancée, mais Anita m’a bien fait comprendre que l’anthracite serait parfait. A croire que les femmes ont toutes ce sixième sens lorsqu’il s’agit de mode et d’élégance.

Assis dans mon fauteuil favori, face à la ville illuminée, j’attends patiemment en faisant tourner le liquide brun dans mon verre. Des talons résonnent soudain dans l’appartement. Je me redresse à peine, mes pensées vagabondant toujours. Comment ma mère, mon adorable mère, a-t-elle pu tomber amoureuse d’un homme aussi vil et sombre que mon géniteur ? Est-ce là aussi un mariage arrangé ? Suis-je en train de condamner Aileen à finir sa vie comme ma mère, pendante au bout d’une corde ? Soudain une douce fragrance vient chatouiller mes narines. Je tourne légèrement le visage vers l’endroit où se trouve Aileen, la tête penchée sur un bracelet, me semble-t-il, qu’elle ne réussit pas à accrocher. Je me lève au moment où elle relève la tête vers moi, m’assassinant de son regard. Je n’essaie pas de lui proposer mon aide. De toute évidence je suis trop occupé à la détailler. Sa coupe de cheveux élaborée, son visage parfaitement maquillé qui relève juste à quel point sa beauté est saisissante, et sa robe qui font d’elle une femme complément renversante. Je me maudis aussitôt d’avoir ce genre de pensées pour une femme qui ferait tout pour me voir disparaitre de la surface de la terre. « Je suis prête. » me dit-elle en se plantant devant moi, raide, froide. Elle aurait dû choisir une robe bleu polaire plutôt que quelque chose de poudré, rappelant les fleurs qui naissent au printemps. « Je vois ça. » je réponds avec tout autant de pragmatisme. « Soit dit en passant, Judah, peu importe vos arrangements, je n’ai pas signé pour ces fioritures. N’espère rien de plus de moi, que ce foutu contrat. » je souris à l’écoute de ses paroles. Cette femme est pleine de surprises. « Les fioritures, comme tu dis, font partie du contrat. Du moins, nous nous contenterons de celles qui seront utiles à la bonne réussite de notre projet commun. » La jeune femme reprend son air pincé à m’affrontant de nouveau du regard, je m’attends presque à ce qu’elle croise les bras sur sa poitrine, mais elle reste stoïque. « Tu as la bague ? » me demande-t-elle avec flegme. Un sourire en coin étire mes lèvres. Je suis presque fier de voir ce côté-là d’Aileen. Au fond, nous sommes pareils. Nous jouons tous les deux un rôle. J’enfonce ma main dans la poche intérieure de mon costume et ne cherche pas longtemps pour sentir la fraicheur du métal sur mes doigts. J’extirpe le petit anneau, fin, élégant, avec délicatesse et le tient entre mon pouce et mon index devant le visage d’Aileen. « Il n’attend plus que d’être passé à ton doigt, mon cœur. » j’ajoute, tête baissée mais le regard levé vers elle, dans l’attente de sa réaction. « On est tous les deux d’accord pour que je ne me mette pas à genou… » je lui demande, taquin. J’attrape sa main avec délicatesse et passe l’anneau à son annulaire. Nous voilà fiancés. Puis, tenant toujours sa main baguée dans la mienne, je lève celle que j’ai de libre pour la porter à son visage. Ma paume glisse sur la tranche de sa mâchoire, mes doigts viennent caresser sa nuque, ses cheveux soyeux frôlant mes doigts, je penche mon visage vers elle. Et sans même qu’elle n’ait eu le temps de comprendre ce que j’allais faire, mes lèvres rencontrent les siennes, douces. C’est un baiser fugace, mais qui suffit à créer une boule dans mon estomac. C’est elle que je voulais tester avec ce baiser, voir sa réaction, savoir si elle est prête à jouer le jeu ou si son visage trahit le dégout qu’elle a pour moi, pourtant à ce moment-là, c’est moi qui suis atteint. Pris au piège de mon propre jeu. Je m’écarte mais ne laisse cependant rien paraitre. « Il fallait que je sache si tes lèvres sont à mon goût. » je passe la langue sur les miennes. Et celles d’Aileen ont un goût totalement exquis. Je souris de plus belle, insolent. « Ca me convient… » je retire ma main de sa peau. Ma paume est comme brulée au troisième degré. Je l’enfonce dans ma poche, comme si j’avais besoin de camoufler les effets que le contact avait produit. « Malheureusement pour nous Aileen, ça fait partie des fioritures. Nous sommes attendus au tournant. Tous pensent que ce n’est que du vent. Si tu montres à quel point je te révulse, alors ça ne sert même à rien d’essayer Aileen. Réussiras-tu à faire semblant, mon cœur ? » je la provoque. J’essaie de voir jusqu’où elle peut aller. Je vais même jusqu’à attraper sa main, caressant de mon pouce le dessus, curieux de voir quelle sera sa première réaction.

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Message Sujet: Re: judeen.♥ - dans l'antre du démon   judeen.♥  - dans l'antre du démon Empty Ven 27 Sep - 19:10

dans l'antre du démon
Judah & Aileen



Judah révèle ce que j’aime le moins en moi. La plupart des personnes m’ayant un jour rencontrée, trouve une femme sereine en moi, appliquée, sérieuse, mais aussi douce et, paraît-il, gentille. Je n’ai pas la prétention de me l’auto-proclamer, surtout quand je vois ce que mon coeur peut générer comme colère sourde. Mais c’est une idée qui semble visiblement se dégager de ma personne. J’aime aider les gens, j’aime me sentir utile dans le grand brouahaha de la souffrance humaine. J’aime apaiser les âmes, et les corps aussi, j’en ai d’ailleurs fait mon métier. En aimant le monde en général, je me suis oubliée en tant qu’individu, et je n’ai jamais aimé quelqu’un en particulier. Je me suis consacrée aux autres plutôt qu’à l’Autre, ce qui faisait encore de moi il y a à peine quelques instants, une des célibataires connues et reconnues de NYC. Si d’un point de vue familial, cela n’était pas très bien interprété, je m’y complaisais, trop fragile sans doute pour me laisser briser le coeur par un homme, car j’avais la sensation que c’était la seule issue possible de ce genre d’histoire, n’ayant l’exemple d’aucun couple heureux et épanoui dans mon entourage, en tout cas pas qui dure dans le temps. Je n’assistais qu’à des mariages qui tombaient en poussière que l’on maintenait pour ne pas fâcher l’opinion publique. Je préférais garder mon coeur disponible à ces âmes meurtries que je croisais tous les jours à l’hôpital. Cela me plaisait de répandre autant que possible la bienveillance. Oui, Judah mettait à mal cette idée que j’essayais d’avoir de moi. Il noircissait le tableau, faisait refléter à quel point mon âme pouvait être noire. Cette rage, je ne la tenais pas d’hier. Il avait toujours eu cette manie de me rabaisser, parfois même sans en prendre conscience, dans de simples plaisanteries à répétitions, et des regards qui me détruisaient. Cette manière qu’il avait de me traîter de rat de laboratoire, d’intello, de vieille fille, tandis que j’épousais mes études, encore vierge à l’époque, je refoulais cette envie profonde de savoir ce que ça faisait de faire l’amour avec ce garçon que toutes les filles désiraient. Plus cela avançait, plus j’avais parfois moi-même alimenté ma rage, voyant de lui le reflet d’un déchet parfaitement accepté. Je me disais intérieurement que si je m’étais donnée à ce genre de jeu, cela aurait été beaucoup moins accepté de la part d’une femme. Je reportais sur lui toute la frustration liée à ces années, au fait qu’à l’intérieur je me sentais juste vide et terriblement seule.
Judah n’y pouvait rien, en réalité, si ma vie ne me convenait pas, il n’y pouvait rien si j’avais été adoptée, et que du coup je n’avais plus l’impression de connaître personne ou même d’avoir des racines. J’étais entourée d’individus sans visage au milieu des quels je devais me contenter de sourire pour sauver la face. Judah me mettait face à mes mensonges. Au final, il était le seul visage qui suscitait encore des émotions en moi. Peut-être que d’une certaine façon, la justification de ma colère m’aidait à expulser toute cette peur et cette absence sous une autre forme. Il faisait le bouc émissaire parfait, lui qui avait du être mon ennemi forcé pendant toutes ces années. Mais toutes ces choses, je me cachais bien de les révéler, me complaisant dans mes explications vaseuse de persécution et d’envie.

Il était là, de nouveau face à moi, il s’était levé dans son costume dont il n’y avait rien à redire sur l’élégance, s’approchant. Malgré moi, je ne pouvais que remarquer l’odeur chaude de son parfum qui brûlait mes narines. Et malgré mon aversion pour lui, je ne pouvais qu’admettre qu’il était beau à se damner. « Les fioritures, comme tu dis, font partie du contrat. Du moins, nous nous contenterons de celles qui seront utiles à la bonne réussite de notre projet commun. » Je ne lui avais pas répondu, reprenant le sens des affaires et l’ordre des priorités - qui ne faisait sans aucun doute pas passer ma rancoeur en premier - lui demandant s’il avait la bague, dans un esprit purement pragmatique. Il sourit, visiblement amusé par mon revirement, et enfonce sa main dans sa poche, alors que je ne le quitte pas des yeux. Il sort l’anneau de sa poche et aussitôt je ressens à nouveau ce sentiment violent d'être prisonnière. Je garde ma terreur derrière mon masque de fierté. « Il n’attend plus que d’être passé à ton doigt, mon cœur. »  Un de mes sourcils sursaute à la prononciation exagérée de ce “mon coeur” qui sort de ses lèvres. Je m’étais pourtant promis de ne jamais être une de ses poules qu’il pourrait affubler d’un surnom ridicule. Je suis pire, je suis sa fiancée. « On est tous les deux d’accord pour que je ne me mette pas à genou… » Je lève les yeux au ciel et soupire, l’air de lui dire d’abréger mes souffrances. Mais lorsque sa main saisit la mienne, mon souffle se coupe imperceptiblement et mon ventre se contracte, malgré moi. Il est si proche tout à coup, je sens son haleine sur mon visage. Mon regard est toujours dans le sien, comme si pour moi c’était le seul moyen de lui faire comprendre qu’il ne m’impressionnait pas. Pourtant quand sa seconde main vient atterrir sur mon visage, mon coeur manque un battement. Je le hais d’autant plus, je le déteste tant pour ces choses qu’il amène en moi, ce bouleversement dont chacun de ses gestes est l’instigateur. Je sais qu’il me teste, alors je ne laisse rien transparaître. Pas question de le laisse gagner. Mais Judah est toujours plein de surprise.

Quand ses lèvres rejoignent les miennes sans crier gare, j’ai l’impression qu’une part de moi vient de mourir. Et que celle qui était enfouie tout au fond vient de ressurgir, cette part qui s’appelle le désir. Pourtant je ne laisse rien transparaître, si je ne réponds pas à ce baiser volé, je m’abstiens également de surréagir comme il peut l’attendre. Je reste stoïque, tente de me montrer aussi impassible que je le peux encore. Mais mon coeur s’est accéléré dans ma poitrine. Et encore ce parfum, mon dieu.

Judah me brise.

« Il fallait que je sache si tes lèvres sont à mon goût. » Je fronce les sourcils et serre les dents, cette manière de passer sa langue de vipère sur ses lèvres ramène bien vite ma colère au goût du jour et je m’en sers pour éloigner de moi le fait que ce baiser m’a déstabilisée. Je ne suis plus une enfant. Un simple bisou ne devrait pas avoir cet effet improbable sur moi, encore moins lorsqu’il provient de l’homme que je méprise le plus sur cette terre. Mais je n’ai pas détesté ce moment comme je l’aurais dû. Il lâche enfin mon poignet, laissant une sensation étrange sur ma peau. Une petite voix que je tais me chuchote que c’est ce qu’on appelle le manque. « Malheureusement pour nous Aileen, ça fait partie des fioritures. Nous sommes attendus au tournant. Tous pensent que ce n’est que du vent. Si tu montres à quel point je te révulse, alors ça ne sert même à rien d’essayer Aileen. Réussiras-tu à faire semblant, mon cœur ? » Sa main rentre à nouveau en contact avec la mienne. Mon regard se fait plus doux, je lâche même un sourire en coin. Me décontractant. Je lève les mains, brisant de ce fait les caresses qu’il laissait sur ma peau. Je pose mes paumes à plat sur son torse et ajoute d’un ton plus calme et posé, celui qui ressemble à celui que j’emprunte habituellement avec les gens qui ne me rendent pas folle: “ Tu as raison, je dois ravaler ma fierté. Et aussi avouer que tu fais un fiancé très élégant. “ Je souris avec douceur, m’empare doucement de sa cravate et la resserre un peu, la mettant correctement, comme une femme le ferait pour son époux, je croise son regard brièvement. Une de mes mains vient caresser sa joue que j’analyse de près. Il ne m’en fallait pas plus pour rajouter à mon malaise, mais je le cache et viens finalement poser mes paumes sur ses épaules, me dressant sur la pointe de mes pieds, collant ma joue contre la sienne pour chuchoter contre son oreille: “Tu n’es pas le seul à avoir appris le talent de théâtre, Judah.” Mes talons rejoignent le sol et je m’écarte de lui, plantant un regard soudainement glacial dans le sien: “Mais dans l’intimité, tu ne me forceras pas à être ce que je ne suis pas. “ Je me détourne de lui, et m’éloigne pour me diriger vers la vue, me désintéressant de lui comme il l’avait fait plus tôt alors qu’il aurait du me faire visiter les lieux. Je me perds davantage dans mes pensées que dans l’horizon avant que je me tourne à nouveau vers Judah: “ Tu as des nouvelles de ton chauffeur? Il est presque l’heure d’y aller je pense? “ Je n’ai plus envie de tergiverser davantage, veuillez abréger mes souffrances. Ma souffrance c’est mon indécision et mon coeur qui balance entre rage et désir, tandis que mes yeux percutent à nouveau ce regard qui m’enflamme, bien que cela soit la dernière chose que je puisse m’admettre.

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Message Sujet: Re: judeen.♥ - dans l'antre du démon   judeen.♥  - dans l'antre du démon Empty Jeu 3 Oct - 13:50

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Judah & Aileen


C’est comme plonger dans le vide. C’est le total inconnu. D’ordinaire je connais chaque variable des décisions que je prends. Je suis le genre d’homme raisonné, parfois impulsif, mais lorsque ces décisions concernent des tournants importants de ma vie ou de ma société, je pèse le pour et le contre et analyse chaque risque. Je sais quoi faire dans chaque situation. Le fait est qu’Aileen est aussi sage qu’imprévisible. Et j’ai pleinement conscience qu’elle aiguise ma curiosité comme jamais personne ne l’avait fait jusqu’à présent. Cette fille me donne envie de partir à la chasse. De savoir de quoi elle est capable et jusqu’où je peux pousser le vice. Ce que nous échangeons à ce moment précis provoque des vagues en moi. Des vagues de lave qui se déversent en moi, qui ravage tout sur leur passage, anéantissant tout ce que j’avais préalablement construit. Je n’ai jamais connu ça. C’est différent de ce que j’ai vécu une fois. Une expérience qui m’a atomisé le coeur et l’âme, et m’a laissé un goût amer sur la langue.

Deux paumes brûlantes qui se posent sur mon torse qui réagit immédiatement. Son regard s’adoucit, devient presque langoureux. Il y a cette étincelle qui vient de s’allumer dans son regard, celle du jeu et du défi. Je viens de l’obliger à danser avec moi et à suivre mes pas. Bien qu’en dehors de tout ça, de ce monde pourri dans lequel nous évoluons depuis toujours, Aileen n’en demeure pas moins une McMillan. Nous sommes faits pour être perfides quand il le faut, pour servir nos intérêts. Ma fiancée vient tout juste de mettre son masque, celui qui est identique au mieux. Presque une copie conforme. Elle a ce petit sourire en coin de ceux qui jouent et qui savent de quoi ils sont capable. Mon propre visage lui renvoie son reflet.  « Tu as raison, je dois ravaler ma fierté. Et aussi avouer que tu fais un fiancé très élégant. » Ses mots m’arrachent presque un rire, mais je me retiens de justesse, me contentant de ricaner légèrement. Ses lèvres qui s’étirent en un doux sourire n’ont presque rien de faux. Si nous n’avions pas eu ce premier échange froid et distant, je pourrais presque croire qu’elle fond pour moi et que nous sommes en passe de devenir le couple le plus amoureux du Queens. Cependant je sais pertinemment ce qu’il en est. Ses mains délicates qui remontent jusqu’à ma cravate ne rêvent que d’une chose, s’enrouler autour de mon cou et comprimer ma trachée jusqu’à ce que j’asphyxie. Mais Aileen se contente simplement de resserrer ma cravate. En réponse à ses paroles j dépose délicatement mes mains sur ses hanches, appréciant la douceur du tissus, serrant légèrement les formes d’Aileen. Plaisant.  « Laisse moi te retourner le compliment, mon amour. Heureusement que c’est notre union que nous célébrons ce soir, sinon tu aurais éclipsé ceux étant à l’honneur. » je lui réponds de ma voix grave, presque ronronnante. Nos regards s’accrochent quelques secondes tandis qu’elle lève une main jusqu’à ma joue, caressant doucement ma peau de son pouce. Puis ses mains se posent sur mes épaules et elle prend appuie sur moi pour se redresser, comme si j’avais été toujours là pour l’accompagner dans sa vie.  « Tu n’es pas le seul à avoir appris le talent de théâtre, Judah. » ses lèvres frolent mon oreille, son souffle caresse la peau sensible de mon cou et sa voix rendue grave par le chuchotement m’électrise. Je souris de plus belle. Cette femme est vraiment surprenante. Elle s’écarte de moi pour planter un regard à présent aussi froid que son coeur de sorcière de glace.  « Mais dans l’intimité, tu ne me forceras pas à être ce que je ne suis pas. » mes mains quittent ses hanches - sur lesquelles elles étaient pourtant bien installées - et la jeune femme détourne son attention de moi.  « Ne t’en fais pas. Je n’en ai pas plus envie que toi ! » je lui réponds, cinglant. Nous avons fini de jouer. Un petit rire cynique résonne dans ma tête.  « Tu n’es qu’un gros menteur, Ainsworth. » Je suis heureux de constater qu’elle fera la fiancée parfaite. Je savais que même acculée Aileen était capable de réagir à la perfection. La nouvelle reine des lieux se dirige vers la baie vitrée offrant une vue imprenable sur la ville en contrebas. Elle me relègue au rang de cafard insignifiant, comme j’ai pu le faire quelques heures auparavant. C’est une femme rancunière. Elle se venge et je sais pertinemment qu’elle se vengera de tout ce que je pourrai lui faire. Nous avons au moins un point en commun. J’attrape mon verre que j’avais délaissé quelques minutes auparavant, pour m’occuper de celle qui partagera dorénavant ma vie. Je vide mon verre d’une traite tandis qu’Aileen me prête de nouveau attention.  « Tu as des nouvelles de ton chauffeur? Il est presque l’heure d’y aller je pense? » Je jette un coup d’oeil à la rolex qui orne mon poignet. En effet. Jeffrey ne devrait pas tarder à m’avertir de son arrivée. J’attrape mon manteau ainsi que mon écharpe légère et regarde Aileen :  « Vous avez un manteau, Madame Ainsworth ? » je lui demande, insolent, tandis que j’enfile le mien.

Mon téléphone vibre. C’est le signal que Jeffrey nous attend en bas de l’immeuble. Nous descendons rapidement. Jeffrey a déjà ouvert la porte pour faire entrer Aileen. Je fais le tour et ouvre moi-même ma portière. Jeffrey relève vivement la tête, extrêmement gêné. D’ordinaire c’est à moi qu’il ouvre la porte. Il s’apprête à me demander pardon, penaud mais je le coupe d’une main levée :  « Ne t’en fais pas Jeffrey. Je préfère que tu t’occupes de ma future femme. » je le rassure, un sourire amical sur les lèvres. En moins de vingt minutes nous nous retrouvons garés devant un immense bâtiment aux allures de manoir. Les éclairages de la façade lui donnent de l’élégance. On sent tout de suite que la soirée qui y est donnée n’est pas destinée à tout le monde. Les voitures de luxe se succèdent et des hommes et des femmes aux tenues plus riches les unes que les autres en descendent. Je fais signe à Jeffrey de s’occuper d’Aileen, mais il tient tout de même à m’ouvrir la porte. Je fais le tour de la voiture pour venir me poster près de la portière de la jeune femme, le coude gauche légèrement relevé, lui offrant mon bras. Il est temps de remettre nos masques en place mon amour.

Plus rien ne me choque à présent. Ni les dorures à foison, ni les moulures au plafond, ni même les peintures de maîtres qui habillent les murs et encore moins le marbre au sol. Ce qui me choque toujours autant, ce sont ces visages fermés, ces regards scrutateurs, dans l’attente du moindre faux pas. Ce qui me dégoute ce sont des regards jugeurs qui se baladent de partout. Il n’y a pas une once de gentillesse et de bienveillance dans les échanges qui se font. Il n’y a qu’une poignée de personnes en qui j’ai confiance, ce soir. Rares sont ceux que nous pouvons considérer comme des amis. Et je les repère immédiatement. Mais avant de me diriger vers eux, nous devrons d’abord passer par les paniers de vipères à la langue fourchue et aux dents aiguisées. Un homme et une femme, habillés de simples tenues noires, s’avancent vers nous, tout sourire. Je les salue avant de leur tendre nos vêtements.  « Et c’est parti… » dis-je en regardant Aileen. Nous voilà plongés dans le grand bain. Toutes ces personnes présentes ce soir ne sont là que pour nous. Pour nous scruter. Analyser chacun de nos regards, de nos mots, de nos gestes.  «Bienvenue en Enfer. » j’ajoute pour moi même dans un soupire tandis qu’un homme bedonnant s’approche de nous d’un pas lourd. Nous n’avons même pas eu le temps d’entrer dans la salle principale. Je plaque un sourire avenant sur mes lèvres mais mon regard reste froid. Je n’ai aucune sympathie pour ce vieux croulant qui ne cesse deja de balader son regard de fouine sur le corps de ma fiancée. Mon bras vient automatiquement s’enrouler autour de sa taille et je la serre un peu contre moi. Son parfum sucré vient immédiatement me chatouiller les narines et la proximité de son corps m’apaise légèrement. Merde. Non. J’inspire un grand coup.  « Edouard. » l’homme daigne enfin poser son regard avide dans le mien et je le sens qu’il se raidit instantanément. L’aura qui se dégage de moi est à deux doigts d’être meurtrière.  « Judah ! Je n’y croyais pas. » me dit-il en attrapant ma main libre et la serrant, mollement. Ce mec est visqueux. L’idée même qu’il pose ses mains sales sur Aileen me révulse. Je décale légèrement ma fiancée sur le côté afin de la cacher quelque peu derrière moi, et serre la main de l’homme avec force.  « Vous pensiez que je mentais, Monsieur Clark ? » l’homme perd son sourire face à mon regard noir et s’empresse de secouer la tête. J’acquiesce en lâchant sa main avant de détourner la tête, le congédiant par la même occasion. Je ne prends pas la peine de présenter cet homme à Aileen. J’entraine finalement ma fiancée loin de cet homme, lâchant sa taille pour de nouveau lui offrir mon bras.  « S’il s’approche de toi. Hurle. Fort. Et frappe le jusqu’à lui démonter la mâchoire. Cet homme est une des pires creuvures que le Queens puisse connaitre. Mais il a de l’argent. Beaucoup. Il a plusieurs procès sur le dos pour agressions sexuelles, mais il a de très bons avocats. » j’explique rapidement à Aileen tandis que nous entrons dans la salle principale. Les regards se tournent immédiatement vers nous. Et les murmures emplissent la pièce.  « Mesdames et messieurs, bonsoir ! » je lance à la cantonade, un sourire charmant sur les lèvres.

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Message Sujet: Re: judeen.♥ - dans l'antre du démon   judeen.♥  - dans l'antre du démon Empty Mer 23 Oct - 19:21

dans l'antre du démon
Judah & Aileen



C’est donc dorénavant à cela que va ressembler ma vie. Un subtil mélange de rancoeur, de vengeances, de perfidie et de coups bas. De réactions aux actes de l’autre, s’enchaînant sans cesse jusqu’à ce qu’on ne sache plus qui a lancé le premier coup. Parce que Judah et moi nous ressemblons bien plus que nous ne voulons l’admettre, nous n’accepterons jamais d’avoir tort, et encore moins de ne pas avoir le dernier mot. Et à chaque fois que j’éprouverais cette colère sourde dirigée contre moi-même, de ressentir cette faiblesse vis à vis de lui, à chaque fois que je sentirai ce désir insensé monter en moi, je re-dirigerai toujours ma frustration sur lui. J’ai beau le tenir pour responsable de l’état actuel de ma vie, je n’envie en rien la position de Judah. Parce que je sais pertinemment que je vais lui en faire voir de toutes les couleurs. Que s’il joue actuellement avec moi comme un félin avec une souris apeurée, je ne tarderai pas moi aussi à sortir mes griffes acérées.
Il n’a pas supporté. Il n’a pas apprécié. Je l’ai senti quand ses mains chaudes ont quitté mes hanches, je l’ai senti dans son regard et ses mots, s’il s’attendait à mon revirement, il n’a pas eu les armes pour y répondre avec son sourire narquois habituel. Il s’est refermé comme une huître aussitôt compris qu’il venait presque de se faire avoir à son propre jeu. J’ai montré un aperçu de mes cartes, et Judah est mauvais perdant.

Il s’est pourtant revêtit de son charme habituel quand je lui ai évoqué notre chauffeur. A l’instant où nous avons rejoint l’ascenseur, vêtus de nos manteaux, j’ai senti la pression de l’extérieur m’étouffer. Désormais il ne s’agit plus d’un jeu, désormais c’est la réalité, désormais nos actes sont observés, à l’instant même où nous sortons de l’immeuble pour rejoindre la voiture. Son chauffeur m’ouvre la porte, et je m’engouffre à l’intérieur de l’habitacle. Je sais que je vais être confrontée à cet homme régulièrement, désormais, en tant que fiancée du jeune Ainsworth, je discuterai sans doute avec ce Jeffrey avec plaisir, mais aujourd’hui, je revête le rôle de la fiancée nerveuse et reste calme le long du trajet. Lorsque nous arrivons, Judah se présente à ma porte avec la galanterie qui lui est due. J’ai toujours trouvé ces choses ridicules, mais pour l’image ce soir, je me plie simplement aux coutumes, mon bras s’accroche au sien tandis que mon regard se glisse sur la façade de l’immense et somptueux bâtiment. Je n’ai plus d’amour pour ces endroits, cette opulence me révulse, quand je pense aux patients que j’ai pu rencontrer, sachant à peine se loger, à cinq dans seulement quelques mètres carrés. Je devrais ne plus me laisser choquer par ce genre d’éléments, mais depuis que j’ai atteint l’âge de la remise en question, les injustices de ce monde ne cessent de me revenir à la face à chaque pas que je fais dans cette vie aux dorures omniprésentes.
Délestés de nos manteaux, nous approchons de la salle où la foule nous attend. Cette foule de visage que l’on connaît sans connaître, dont on a appris à connaître les noms, prénoms et arbres généalogiques depuis toujours, on croise des sourires hypocrites, des regards qui nous évaluent calculent le prix de nos tenues, scrutent après la bague à mon doigt, en déterminent, tels des experts, la valeur, et évaluent en dollar l’affection que Judah me porte. En tout cas, ce qu’il est prêt à investir en moi. Ils font tous des mines ravies, des mines de faux culs, et ces femelles écoeurées d’avoir raté le coche, qui se parent de sourires de pétasses qui n’attendent déjà que l’instant de faiblesse.

Quant à moi, mon sourire est éclatant, je me tiens aux cotés de Judah telle une future reine envahie par un bonheur inaltérable.

Bienvenue en Enfer, avait-il dit. S’il se parlait à lui-même, c’était bien la première fois que je me sentais sur la même longueur d’onde que lui. J’étais même étonnée qu’il puisse éprouver ce sentiment tout comme moi. Je me pârais de mon plus beau sourire oui, mais à l’intérieur de moi, une alarme de détresse s’était mise à hurler. J’en avais l’habitude, je la vivais à chaque sortie de ce genre depuis ma petite enfance. Chacune de ces sorties provoquaient la sirène hurlante prévenant des bombardements dans ma tête. Nous n’arrivions pas encore dans la salle principale qu’un homme se dirigea vers nous. Je n’avais pas le jugement physique facile, mais il me fit l’effet d’un vieux crapaud. Je tourne la tête vers Judah tandis qu’il resserre une étreinte sur ma taille, une étreinte que je ne sens étrangement pas feinte et qui me surprend un peu. Ses yeux n’arrivent pas à simuler la moindre sympathie pour cet homme qui me reluque de la tête aux pieds tel un morceau de viande de choix. Judah me place derrière lui dans un geste peu subtil, visiblement peu motivé à l’idée de me présenter à cet Edouard. Quand il prononce son prénom, mes neurones s’activent et je comprends aussitôt de qui il s’agit pour en avoir entendu des tonnes sur son cas. Je me surprends à remercier Judah intérieurement de m’éviter le moindre contact avec cette créature néfaste, je laisse l’homme s’éloigner avant de reprendre ma place aux côtés de Judah. “« S’il s’approche de toi. Hurle. Fort. Et frappe le jusqu’à lui démonter la mâchoire. Cet homme est une des pires creuvures que le Queens puisse connaitre. Mais il a de l’argent. Beaucoup. Il a plusieurs procès sur le dos pour agressions sexuelles, mais il a de très bons avocats. » J’acquiesce, c’est la première fois que Judah et moi échangeons des propos sans animosité, la première fois que nous nous alignons sur quelque chose sans nous prendre le choux. “ Edouard Crawford, sa réputation le précède, en effet. Je connais une de ses victimes. “ Mon regard se dirige vers le dos de l’homme qui s’éloigne de nous avant de resserrer ma proximité avec Judah.

Après cet échange, notre entrée se fait remarquée dans la salle principale, nous exposons nos sourires ravis de jeunes fiancés et je pense que notre jeu est plus que convaincant. la fosse aux lions. Nous arrivons et les domptons avec aisance, tels de gros chats. Nous saluons les hautes familles, quelques baises-mains, des sourires affligés, nous retorquons aux banalités visant à nous piéger avec une facilité déconcertante comme si nous avions toujours été ensemble, que notre amour était une évidence.

L’heure des discours est arrivée, Judah et moi sommes mis en parfaite valeur tandis que mon père prend la parole en premier, père à qui je n’ai même pas encore su souffler un mot depuis notre arrivée. “ (...) Après tant d’années d’expérience dans mon métier, j’ai appris à ne plus me laisser surprendre par la vie. - entonne-t-il de sa voix puissante et de son impressionnant charisme. Pourtant, surpris, je l’ai été quand notre jeune Judah Ainsworth, fils prometteur de la famille voisine, m’a demandé la main de ma douce et tant aimée Aileen. Il est toujours difficile de laisser son petit oisillon s’envoler, mais je suis serein et confiant de la laisser s’épanouir dans ce mariage. Mariage qui marquera également l’union de nos deux maisons, Ainsworth et McMillan. (...) “ J’ai conscience que tous les regards sont sur nous, et ce n’est pas qu’une impression, alors je me contente de garder la posture parfaite, consciente que le moindre faux pas pourrait tout mettre à terre, nous échangeons parfois des regards avec Judah, j’ai l’impression de commencer à connaître ce regard rempli de confiance qui cache quelque chose de bien plus profond.
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Message Sujet: Re: judeen.♥ - dans l'antre du démon   judeen.♥  - dans l'antre du démon Empty Dim 3 Nov - 19:14

dans l'antre du démon
Judah & Aileen


Sensation étrange qui m’envahit. Embrume mon esprit et me donne cette impression de toute puissance qui coule dans mes veines, comme pourrait le faire un bon rail de coke. Pourtant, aucune poudre blanche n’est venue rencontrer mes narines ces dernières heures. Seulement les effluves entêtantes du parfum de ma fiancée. Sa présence m’électrise. A ses côtés je me sens sur le toit du monde, dominant tout le reste. Je suis imbu de moi-même, c’est un fait. On m’a élevé comme ça et c’est un des côtés que j’ai pris de mon géniteur. Je devrais dire « malheureusement » cependant cette façon d’être m’a propulsé où je suis aujourd’hui. Je tente toute fois d’être juste. On peut me traiter de connard prétentieux, mais je ne suis jamais injuste, ni avec mes salariés, ni avec ceux qui ne l’ont pas mérité. Sans toutes ces personnes qui travaillent pour moi, je ne serais rien. J’en ai conscience contrairement à la majorité des personnes se trouvant dans cette salle immense. Ma mère m’a appris à rester humble lorsqu’il le fallait et à ne pas hésiter à marcher sur les autres quand ceux en face de moi n’hésiteraient pas à le faire non plus. Cependant à ce moment précis, ce n’est pas comme d’habitude. J’ai l’impression d’être invincible tandis que la jeune femme se tient à mes côtés. C’est donc ce que mon enfoiré de père a toujours ressenti avec ma mère à ses côtés ? Mais voilà où ça l’a menée. Pendue au bout d’une corde dans la demeure familiale. Cette réalité me frappe de plein fouet. Je me refuse à être comme père. Je ne veux pas être ce genre de personne. J’inspire un grand coup tout en laissant mon regard balayer la salle. Je dois redescendre. Revenir à la réalité, laisser de côté ses pensées sombres. J’affiche toutefois toujours ce sourire arrogant qui me caractérise. Qui serais-je sans lui ? Il fait partie intégrante de mon fidèle masque.

Aileen joue son rôle à la perfection, me collant comme la fiancée éperdument amoureuse qu’elle est censée être. Etrangement, je savais qu’elle entrerait dans la partie, me suivant, étant même presque plus convaincante que moi. Nous avons, elle et moi, ce point commun : nous voulons réussir, détestons perdre et encore plus, perdre la face. Sa bague bien mise en évidence, je sens les regards se poser sur nous et surtout sur la main de ma fiancée. Oui, il s’agit bien de la bague de fiançailles de ma mère. Celle-là même que mon père lui avait passée au doigt lorsqu’il lui avait fait sa demande. Je me souviens encore du jour où elle me l’a donnée. Nous étions assis dans notre vaste salon, d’ordinaire froid et sans vie, comme le reste de notre maison, sauf quand ma mère était dans la pièce. Elle avait le don de réchauffer tout ce qui semblait mort, il lui suffisait d’un regard, d’un geste, d’une parole pour que la lumière se fasse. Elle m’avait sorti un écrin en velours bleu nuit. Ses yeux s’étaient posés plusieurs minutes dessus et j’avais attendu, scrutant son visage aux traits tirés par la fatigue - la tristesse peut-être ? Les yeux brillants de larmes, elle avait attrapé ma main, posant la petite boite au creux de ma paume. Refermant ses doigts autour des miens, elle avait mis de côté son sourire chaleureux qu’elle arborait toujours lorsqu’elle s’adressait à moi, et m’avait dit, le plus sérieusement du monde :  « Judah. Cette bague est très importante pour moi. Elle a toujours été dans ma famille et je veux que tu la transmettes à l’élue de ton coeur. A celle qui te rendra heureux. Qui fera battre ton coeur comme jamais il n’a battu. » je lui avais évidemment affirmé que je respecterais cette demande. Et voilà qu’Aileen porte avec grâce cette bague qui était destinée à la femme de ma vie. Comment aurais-je pu faire autrement ? Les femmes qui côtoyaient ma mère avait évidemment connaissance de cette bague et de son importance. Je ne pouvais pas faire autrement. Et au fond, ça m’arrachait les entrailles de devoir trahir ma mère. Le regard douloureux porté sur le doigt de ma fiancée, je ne fis pas tout de suite attention que le silence s’était fait et qu’une personne avait pris la parole face à l’assemblée.  «  (...) Après tant d’années d’expérience dans mon métier, j’ai appris à ne plus me laisser surprendre par la vie. - entonne-t-il de sa voix puissante et de son impressionnant charisme. Pourtant, surpris, je l’ai été quand notre jeune Judah Ainsworth, fils prometteur de la famille voisine, m’a demandé la main de ma douce et tant aimée Aileen. Il est toujours difficile de laisser son petit oisillon s’envoler, mais je suis serein et confiant de la laisser s’épanouir dans ce mariage. Mariage qui marquera également l’union de nos deux maisons, Ainsworth et McMillan. (…) » Nos regards se croisent. Ce n’est pas un homme mauvais et je sais que ma mère a toujours pris un certain plaisir à se battre contre lui pour conserver le monopole. C’était de bonne guerre, comme elle me disait toujours. Je lève ma coupe de champagne en l’air pour saluer les paroles de mon nouveau beau-père. Je quitte Aileen pour m’approcher de cet homme que je connais au final depuis très longtemps. Le verre toujours en l’air, j’embrasse la foule du regard, un sourire ravi aux lèvres :  « Merci Everett pour votre bénédiction. Je sais que ma mère aurait été ravie de voir que nous unissons nos deux noms et donc nos deux maisons. Je sais aussi qu’elle aurait adoré avoir votre fille, ma merveilleuse fiancée, pour belle-fille. » j’incline la tête en direction du père McMillan avant de faire de nouveau face à la foule, levant mon verre dans leur direction :  « Merci à tous d’être présents ce soir pour célébrer notre union et surtout ma sublime Aileen, celle qui me fera bientôt l’honneur d’être ma femme. » je tourne légèrement la tête en direction de ma fiancée avant de lui adresse un clin d’oeil.  « Chers convives, Profitez bien des buffets. Je vous conseille de déguster les petits fours au foie gras français, c’est un délice ! » les applaudissements fusent tandis que des visages que je côtoie depuis longtemps s’avancent vers moi, toutes mains tendues. Des investisseurs, des collaborateurs, des grands pontes, je discute avec eux pendant ce qui me parait plusieurs heures - tant je suis las, mon envie de faire la fête comme je sais si bien la faire me harponne.  « Judah, votre père n’est pas présent ce soir ? » tandis que l’homme m’agrippe le coude, je balaie la salle du regard. Je ne vois plus Aileen mais je sais qu’elle doit se trouver quelque part, en grande discussion. Tous étaient curieux de la voir à mon bras. Les questions doivent fuser pour elle aussi.  « En effet Albert. Il ne pouvait nous accompagner ce soir. Bien qu’il aurait aimé. Mais il est en voyage d’affaires au Japon. » l’homme acquiesce en serrant un peu plus fort mon coude. Il ne me lâchera pas facilement, je le sens.  « Je vois. Il faudra que nous nous voyions rapidement concernant la proposition que je vous ai faite… » tandis qu’il m’abreuve de parole, j’en profite pour tâter mes poches et en sortir un paquet de cigarettes. Je vais peut-être réussir à m’échapper finalement.  « Navré Albert mais… les habitudes ont la vie dure ! » dis-je en montrant mon paquet avant de m’écarter prestement de lui. Il acquiesce de nouveau et je m’enfuis en direction du balcon.

La fraicheur de la nuit m’apaise instantanément mais je ressens malgré tout le besoin de me fumer une petite cigarette. Accoudé à la rambarde, je sens la présence de quelqu’un dans mon dos. Pendant quelques secondes je crois qu’il s’agit d’Aileen, mais lorsqu’une main, fine, aux ongles longs et presque acérés, glisse le long de mes côtes, je comprends immédiatement qu’il ne s’agit pas de ma fiancée. Je me redresse et la jeune femme, aux longs cheveux blonds ondulés, se glisse devant moi, entre la barrière et mon corps. Elle ronronne presque lorsqu’elle se presse contre moi. Je tire une latte en la regardant faire. Caroline a toujours agit ainsi avec moi. Nous avons de nombreuses fois fricotés ensemble mais Caroline est une croqueuse de diamants comme on appelle ça. Elle ne manque pourtant pas de ressources financières. Loin de là. Mais elle aime aller piocher chez les autres en échange de son corps. On pourrait presque appeler ça de la prostitution, mais dans notre milieu il ne s’agit que d’une femme qui s’ennuie.  « Salut beau brun… » ronronnet-t-elle de sa voix suave à mon oreille, avant de faire glisser ses lèvres sur ma mâchoire en guise de salut.  « Caroline. » je lui réponds en retour, froid. Mon corps a gardé les mauvaises habitudes, mais mon esprit sait qu’il faudrait que je m’éloigne d’elle au plus vite.  « Je sais que tout est faux, Judah. Tu n’es pas capable de te poser avec une seule nana. Tu es insatiable. Comment pourrais-tu te contenter d’une seule fille ? Et… Aileen McMillan? Sérieusement ? Qui peut y croire ? Certainement pas moi !! Ton corps vibre de retrouver le mien. Je peux t’aider si tu veux… maintenant… » sa main glisse le long de mon torse en direction de mon pantalon.

De la façon dont nous sommes positionnés, je sais que les convives ne nous voient pas. Pourtant je sens un regard brulant posé sur moi. Je sens mon corps qui s’échauffe tandis que j’attrape la main de Caroline en mouvement, la stoppant net, l’écartant de mon torse.  « Tu n’as plus le droit de me toucher dorénavant. La seule qui peut poser les mains sur moi dès à présent est ma fiancée, Aileen. » elle reste figée tandis que je rejette sa main avec force, faisant un pas en arrière pour écarter mon corps du sien avant de me détourner d’elle, cherchant des yeux ma sorcière.

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Message Sujet: Re: judeen.♥ - dans l'antre du démon   judeen.♥  - dans l'antre du démon Empty Ven 22 Nov - 20:33

dans l'antre du démon
Judah & Aileen




Ces discours, à l’intérieur de moi, ne résonnent que d’un creux immense, un vide substantiel, je hausserais les sourcils et le regard vers le ciel si mon avenir ne risquait pas d’être compromis par ce qui se passerait ensuite dans cette salle remplie de mes ennemis. Mais la vérité au fond de mes tripes me ronge pourtant, me lacère de l’intérieur. Je ne peux même plus regarder ce père adoptif dans les yeux, père que je pensais m’aimer, et qui aujourd’hui me sacrifie pour sauver son honneur, pour sauver son empire. Quand mon coeur était encore plein d’espoirs d’avenir, quand j’imaginais enfanter, j’avais tant le désir de vivre un amour infini pour mon enfant, loin des contraintes sociales imposées par ce statut qui m’oppresse. Mais visiblement cet amour, je ne l’ai moi-même jamais reçu. Tant que les liars seront de la partie, je n’aurais que le second plan dans la vie de ce père que je respectais tant. Une nouvelle fois dans cette soirée que je pensais improbable il y a quelques temps d’ici, je regrette de ne pas avoir fait demi-tour dans ce penthouse gigantesque dont l’immensité rajoutait à mon mal-être. Je regrette de ne pas avoir fait demi-tour, de m’être enfuie et d’être actuellement dans un avion en direction de nulle part. Un sourire ravi placardé aux lèvres, un sourire d’actrice méritant l’Oscar, je revivais pourtant à l’intérieur de moi ce nouveau drame qui m’était imposé.

J’évaluais les visages, sans même écouter Judah qui répondait désormais à mon père, lançant également quelques mots à la foule. Je regardais tous ces profils de personnes que je pensais connaître, alors que j’étais simplement face à une immense foule d’inconnus, inconnus qui incluaient mes propres parents. J’étais persuadée que je n’arriverais jamais plus à me confronter à ce père tant aimé, quant à ma mère, peu importait ce que je pouvais lui rapporter, elle avait toujours agi comme si j’avais été sa plus grande déception. Il n’y avait aucune raison que cela en soi autrement désormais. J’étais seule. Une solitude dont je prenais seulement conscience à cette seconde précise, une solitude qui me faisait me demander à quoi bon. Mais plus grande que cette sensation de solitude extrême, il y avait mon envie de maîtrise, de contrôle, de réussite. Je n’étais pas mieux que Judah, finalement, En attestait mes réactions à ses mots dont j’avais à peine saisi le sens. Tandis que l’invitation à profiter des festivités était lancées, je m’étais aussitôt faite happée par la foule, des femmes essentiellement qui demandaient à voir ma bague, à en savoir davantage sur mon amour jusque là resté caché - car inexistant . J’enviais Judah tout à coup, qui devait probablement répondre à des questions beaucoup moins genrées qui devaient plutôt concerner l’avenir des deux sociétés. Cela m’agaçait fortement, moi qui m’était battue toute ma vie pour être reconnue comme un être doté d’intelligence et de capacités autres que celles de s’occuper de son petit mari, d’être rabaissée à ces questions ridicules et parfois bien sournoises de la part de mes interlocuteurs. Je ne passais pas outre quelques plaisanteries grivoises de la part d’un homme ou l’autre sous-entendant qu’il était encore temps de changer d’avis, ou mieux, d'expérimenter les talents d’hommes d’âge mûr avant de me fermer pour toujours avec un jeunot qui ne devait rien y connaître. Si je répondais avec courtoisie à tout le monde, évitant les pièges avec aise mais aussi renvoyant les trop entreprenant avec talent, je ne m’empêchais pas de me laisser tenter par quelques flûtes de champagne pour me faire avaler plus facilement la pilule infecte de cette foutue soirée. J’avais même réussi à esquiver les commentaires désagréables de ma mère à mon encontre.

Jusqu’à l’arrivée de cette femme blonde aux yeux d’un vert intense, élégante et charmante que je connaissais sous le nom de Elisabeth s’était retrouvée face à moi, tandis que je prenais un peu d’écart avec la foule. “ C’est une jolie soirée, organisée de main de maître. “ Comment cela sonnait comme un compliment, j'acquiesçais en douceur avec un sourire de ma composition: “Merci. Un événement de cette importance se devait d'être souligné par une soirée digne de ce nom. “ Elle eut un sourire qui me déstabilisa avant de me répondre: “Ne me sous-estimez pas, ma chère Aileen, je ne suis pas si facile à duper. Je sais bien que ce qui a demandé le plus de travail, c’est votre capacité à jouer la comédie. Judah et vous, bien qu’un couple improbable, avez su être à la hauteur. On y croirait. “ Je déposais ma nouvelle flûte, vide, sur le buffet et me tournais davantage vers mon interlocutrice: “Je préfère ne pas relever le sous-entendu que vous venez de faire sur ma relation avec Judah. Lui et moi n’avons rien à prouver, et nous viverons notre mariage sans laisser les envieux et sceptiques y faire de l’ombre. “ Elle ne se laissa pas défaire de son sourire suffisant et plein de confiance, me répondant simplement avant de s’éloigner avec toute cette grâce qui me fit me sentir amoindrie: “ Une femme telle que vous ne pourra jamais conquérir Judah. Prenez soin de vous et de vos arrières, car il vous détruira. “ Je tentais de ne pas montrer mon malaise face à ces mots. Etait-ce une ancienne conquête de Judah? La salle devait en être remplie, mais je me plaisais à imaginer les femmes qu’il avait eues dans son lit vulgaires et sans intérêt, ni aucun signe d’intelligence. La blonde qui disparaissait dans la foule était sublime, et avait tout pour elle, tout pour être une fiancée à la hauteur du jeune Ainsworth. J’ignorais pourquoi imaginer cela me détruisait un peu. Je saisissais une nouvelle coupe proposée par un serveur et m’éloignais, sortant sur une petite terrasse légère en aval d’un balcon, reliées entre elles par quelques marches.

Le froid me pétrit aussitôt, faisant naître une légère chaire de poule sur mes bras dénudés, me faisant tanguer un peu, sous l’effet de l’excès de champagne. Combien en avais-je bu? 5? 6? Je n’étais pas une grande buveuse, et cela avait suffit à me rendre légèrement saoule, bien que toujours consciente de mes actes. Je me glissais proche de la rembarde, respirant l’air frais, tentant de maîtriser mon émotion soudaine à l’idée de cette femme qui soit venait prêcher le faux pour obtenir le vrai, soit était tout bonnement amoureuse de Judah, je l’avais sentis dans son regard vert émeraude. Combien de créatures du genre avait-il accumulé, face à quels fantômes allais-je devoir me battre? En avais-je l’envie? Je ne suscitais rien en lui. Rien qui s’apparente au brasier qui m’animait quand son regard se posait sur moi. Un peu émêchée, j’avais moins de mal à admettre dans quel état cet homme avait le don de me mettre. Si ma conscience se refusait à lui, mon corps le réclamait à grand cri. Intensément. Tandis que j’arrivais avec peine à calmer le ronronnement dans ma tête, j’entendis deux voix se répondre dans la nuit. Mes yeux se levèrent, cherchant les intrus dans ma tranquillité quand mon regard atterrit sur Lui. Je ne pus contenir un petit soupire bref au spectacle qu’il me donnait, si proche de cette autre femme, se laissant aisément corrompre par ses charmes. Je me traîtais instantanément d’idiote d’avoir pu croire que Judah Ainsworth puisse se maîtriser pour moi… Enfin, pour nous et notre image. Je détournais les yeux, cette image me brûlant la rétine, tandis qu’en moi se mélangeaient deux sentiments: la lassitude et une profonde jalousie exacerbée par l’effet que les bulles pouvaient avoir sur mon organisme.

Un serveur sortit à ce moment-là, m’adressant quelques mots: “Mademoiselle McMillan, votre mère demande après vous. “ J'acquiesçais et lui faisait signe de partir: “Merci. J’arrive. “ Il disparut. Quand je relevais les yeux vers le balcon, Judah avait disparu également, et sa compagne aussi. Je sursautais quand je m’aperçus qu’il me rejoignait. Un violente colère m’étreint tout à coup tandis que son regard percutait le mien en plein fouet. Je n’avais que pour pouvoir de l’assassiner des yeux avant de détourner un regard déçu vers le jardin. Je tournais le dos à Judah et observais les lieux recouverts par la nuit. Ma voix brisa le silence, plus lasse que tranchante: “Excuse-moi, j’ai visiblement interrompu quelque chose. “ La voix de la blonde résonnait dans ma tête, voix qui me répétait qu’il allait me détruire. Elle ne savait pas que Judah m’avait détruite depuis longtemps, depuis que je l’avais rencontré la première fois, depuis que je l’avais vu évoluer dans un monde qui ne m’appartenait pas, depuis qu’il m’avait fait me sentir inférieure et inintéressante. Et maintenant. Judah me détruisait à petit feu, et cette sensation n’était pas apaisée par mon coeur qui tambourinait, et ma tête qui tournait sous l’effet du champagne. Je terminais ma flûte d’un coup sec et fermais les yeux pour reprendre une maîtrise. Je me tournais soudainement, et sans plus le regarder je m’avançais vers lui, passant à côté de lui pour rejoindre la porte fenêtre: “Ma mère me demande. “ Mais je m’arrêtais à sa hauteur, mon épaule au niveau de la sienne, marquant une pause avant de lever les yeux vers son visage, il me brûlait la rétine. “ A plus tard, “mon amour”. “ ajoutai-je avec le sourire que j’avais arboré toute la soirée. C’était pour moi une manière de lui faire comprendre, que, moi, je continuais à honorer ma partie du contrat, même s’il n’en était visiblement pas capable, quand à lui. Ce qu’il ne devait pas savoir, c’était que ce contrat était actuellement le cadet de mes soucis. Mais il n’était pas question de lui laisser entrevoir la faiblesse dont il était le maître. Je prenais soin de moi. Et de mes foutus arrières.

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Message Sujet: Re: judeen.♥ - dans l'antre du démon   judeen.♥  - dans l'antre du démon Empty Sam 23 Nov - 16:48

dans l'antre du démon
Judah & Aileen


C’est comme une pierre au fond de mon estomac, comme un vent glacial venu de nul part qui m’hérisse le poil, ce frisson douloureux qui me remonte l’échine tandis que Caroline me fixe de ses yeux bleus, qui, je me rends compte à présent, sont trop grands. Elle me fixe de son regard au maquillage charbonneux qui lui donne, le pense-t-elle, l’air redoutable. Pourtant, ma main tenant la sienne écartée de mon corps, elle ne sait plus quoi dire, les lèvres ouvertes en un « O » parfait. La jeune femme est surprise. Il est évident que je ne l’ai pas habituée à ça. D’ordinaire, il ne lui suffisait que de passer sa langue sur ses lèvres carmin pour que nous nous retrouvions dans les toilettes pour quelques minutes endiablées avant de retourner paisiblement à la fête, nos esprits quelque peu apaisés par cette entrevue sportive. Je secoue négativement la tête tout en l’incendiant du regard. Que n’a-t-elle pas compris dans « Aileen est ma fiancée » ? Sa lèvre inférieure ressort soudainement et la jeune femme, tentatrice jusqu’ici, affiche la moue boudeuse d’une enfant que l’on vient de réprimander. Je laisse retomber sa main avant de m’écarter d’elle, la congédiant au passage. Je me détourne de cette femme qui fut jadis une distraction qui me plaisait mais qui aujourd’hui, j’en prends conscience, ne m’attire plus du tout. Ma sorcière m’attend, quelque part, non loin de là, surement témoin de la scène qui vient de se passer. Il ne me faut pas longtemps pour la repérer, à quelques pas de moi. Elle est là, les épaules dénudées alors que la température avoisine les cinq degrés. Je secoue la tête tandis qu’elle m’assassine de son regard anthracite. Foutue sorcière. Je m’approche d’elle tout en continuant de tirer sur ma cigarette. Foutu besoin de nicotine qui m’avait pourtant laissé en paix ces derniers temps. A croire que ce qu’il m’arrive en ce moment, que la venue de cette femme dans ma vie, me chamboule plus que je ne veux me l’avouer. Alors que j’arrive à sa hauteur, la jeune femme me tourne soudainement le dos. Je fronce les sourcils, déboutonnant machinalement ma veste avant de la retirer et de la déposer sur les épaules de ma fiancée. Nous sommes juste devant une gigantesque baie vitrée. Je sais que notre entrevue, à l’écart de l’agitation mondaine, ne passera pas inaperçue. Mais fais-je vraiment ça pour le paraitre ou est-ce-que je m’inquiète réellement de la santé de ma pseudo fiancée ? Je n’ai pas le temps de m’appesantir sur le sujet que la voix d’Aileen, légèrement éraillée, résonne dans le silence de la nuit - que seule la musique étouffée de la fête ne vient perturber.  « Excuse-moi, j’ai visiblement interrompu quelque chose. » Je termine ma cigarette avant de l’écraser dans le cendrier le plus proche, secouant la tête pour réfuter ses allégations. Elle n’a de toute évidence pas entendu les mots que j’ai prononcés. Autrement elle ne m’accuserait pas d’aller taquiner d’autres gonzesses lorsqu’elle a le dos tourné, lors de notre soirée de fiançailles. Je secoue de nouveau la tête en fermant les yeux, expirant longuement comme agacé par la réaction d’Aileen. Ne remarque-t-elle pas que je suis à ses côtés en ce moment-même et non plus collé à Caroline ? Pense-t-elle réellement que si je ne tenais pas à notre petite mise en scène, je me serais décollé de cette « bombe » blonde - qui ne m’attire plus du tout à présent, alors que tous les hommes de mon entourage sont unanimes à son sujet : cette femme est une bombe sexuelle ambulante. Ils étaient d’ailleurs nombreux à m’envier, surtout ces vieux croulants mariés depuis des lustres mais n’hésitant pas à se rendre dans les bordels de luxe pour assouvir leur besoin de retrouver la chaire fraiche et jeune… Car il fallait être complètement aveugle et crétin pour ne pas comprendre ce que nous partions faire tous les deux, du côtés des salles d’eau.

Aileen me fait de nouveau face, et je rouvre les yeux au moment où son épaule frôle la mienne. Je tourne la tête pour plonger mon regard aussi noir que les abysses dans le sien, gris anthracite virant parfois au vert lorsque les émotions qui l’assaillent sont trop fortes - comme à ce moment précis. Cependant je remarque rapidement que son regard est comme voilé et qu’elle tangue légèrement. Je fronce les sourcils, a-t-elle bu plus que de raison ? Je m’apprête à lui demander lorsqu’elle me lance, de sa voix dure et toujours légèrement éraillée, comme altérée par… l’alcool ?!  « Ma mère me demande. » J’acquiesce lorsqu’elle ajoute :  « A plus tard, « mon amour. » » le ton ironique qu’elle emploie pour me donner se petit surnom qui pourrait être affectueux me provoque un violent frisson. Elle m’en veut. Pourquoi ? Parce qu’elle n’a pas compris la scène qui vient de se dérouler sous ses yeux avec Caroline ? Au fond, qu’est-ce-que ça peut lui faire, du moment que personne ne remarque mes épisodes frivoles ? Avant qu’elle ne fasse le moindre pas pour s’enfuir, comme je la sens prête à le faire, je passe mon bras en travers de son ventre pour la retenir, agrippant sa hanche au passage.  « Tu te méprends sur ce que tu penses avoir vu, Aileen. » Je lui murmure à l’oreille avant de me retourner et de lui offrir mon bras. Je ne suis plus qu’en chemise à présent, mais je ne ressens pas le froid, tant le corps de ma sorcière dégage une aura de chaleur puissante. Je ne lui laisse pas le choix et fait passer son bras dans le mien avant d’avancer jusqu’à la porte qu’un majordome nous ouvre.  « Je t’accompagne voir ta mère. » je sens, étrangement, que ce tête à tête avec sa mère ne l’enchante guère. Et pour d’obscures raisons, que je ne cherche pour le moment pas à comprendre, j’ai besoin de l’accompagner. Les yeux sont rivés sur nous lorsque nous faisons de nouveau notre apparition dans la salle bondée. J’arrête notre progression à quelques pas de la baie vitrée. Je retire ma veste des épaules de ma fiancée avant de l’enfiler à nouveau, tenue convenable exigée. Ce n’est pas bien vu par les gens de la haute que de se retrouver en bras de chemise en plein milieu d’une réception. Un serveur chargé d’un plateau rempli d’une dizaine de coupes de champagne passe près de nous et s’arrête à notre hauteur, j’attrape une coupette, qui sera pour ma fiancée puisque je ne suis pas adepte des boissons alcoolisées pétillantes, et fait signe au serveur de déguerpir. Je bois une gorgée de champagne avant de faire face à Aileen qui, étrangement, n’a pas bougé. De ma main libre que je passe sur ses reins, je rapproche son corps pour le plaquer contre le mien. Je remonte ma main le long de son dos pour attraper sa nuque avec une force que je mesure. Puis mes lèvres viennent rencontrer les siennes, ma langue force légèrement la barrière de ses lèvres. Je l’embrasse avec une passion non feinte, mais je ne suis pas prêt à l’admettre. Je mets ça sur le compte du rôle que nous devons jouer et que je suis toujours à fond dans ce que je fais. Je m’écarte d’elle après avoir déposé un dernier baiser, léger, sur ses lèvres. Tandis que je me lèche légèrement les lèvres, je sens les regards ébahis qui sont posés sur nous. Je n’ai jamais été un homme démonstratif mais je sais que beaucoup été surpris de ne pas nous voir nous embrasser. Voilà chose faite. Et je sais qu’ils sont, pour la plupart, satisfaits de cet échange. Du coin de l’oeil je remarque une chevelure blonde qui disparait d’un pas rageur dans un couloir. Je m’en contre-fous. Je laisse ma main retomber sur les reins de ma fiancée tandis que je lui tends la coupe de champagne dans laquelle j’ai bu :  « Je sais que le champagne est bon mais… l’alcool délie les langues, mon coeur… » je sais qu’elle comprend où je veux en venir. Je redresse la tête, un sourire coquin étirant mes lèvres après avoir embrassé avec fougue ma fiancée.  « Ta mère nous attend, ma chérie. » je lui dis comme pour lui permettre de passer à autre chose. Je suis décidément bien trop prévenant.

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