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 somewhere only we know ± marynneth (hot)

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Message Sujet: Re: somewhere only we know ± marynneth (hot)   somewhere only we know ± marynneth (hot) - Page 6 Empty Mer 26 Fév - 18:21


somewhere only we know
Kenneth -  Marybeth

« Les amoureux sont comme les funambules. Ils ne voient seulement avec leurs yeux. Mais avec le corps tout entier. » barbey d'aurevilly.
La vie semblait t'avoir donnée à peu près tout ce que tu attendais d'elle. Tu as pu te marier avec ton amour d'enfance et vivre heureuse à ses côtés pendant de longues années. Vous aviez tous les deux un travail, un bel appartement. Vos parents avaient la santé, vous également. Enfin, toi à peu près. Parce que ton corps tu l'as usé Marybeth. Tu as continué encore et encore d'y croire, de te dire qu'en persévérant tu finirais bien par y arriver. La seule chose qui t'aies été refusé d'avoir dans cette vie est un enfant. Un tout petit. Tomber enceinte, avoir le ventre rond puis faire la connaissance neuf mois plus tard de ce petit bout d'être. Le fruit de votre amour à chérir, protéger, voir grandir. Depuis toute jeune tu as cet instinct maternel, ce besoin de prendre soin des tiens et ceux que tu chéris plus que tout. D'aussi loin que tu te souviennes tu as toujours voulu d'une famille nombreuse. D'un foyer avec de l'animation, des rires cristallins. C'est là ce dont t'avais toujours rêvé avant de te rendre à l'évidence avec les années passant. Ceci ne vous était pas destiné. A croire que ce n'était pas pour vous tout ça. Le destin est parfois bien cruel.

Il a continué de l'être par la suite lorsqu'il t'a arraché ton mari pour le balancer derrière les barreaux d'une prison. T'as été faible, à nouveau. T'as toujours été un problème en soit. Trop fragile, pas assez robuste. Trop naïve et rêveuse. A toujours vouloir le bien de tout le monde avant le tien. Avant que ton homme ne te soit enlevé vous vous disputiez souvent, bien trop à votre goût. Il avait sûrement du mal à comprendre pourquoi tu voulais désespérément cet enfant alors que ton corps rejetait systématiquement la grossesse dès les premiers mois te rendant toujours plus malade. Vous étiez seuls, incompris tous les deux. Les années passant ont su apaiser tes blessures et ce trou béant dans ta poitrine que rien ni personne n'arrivait à combler. Tu as trouvé une autre raison de te battre. Pour lui. Parce que pour Kenneth t'irais jusqu'à donner ta vie. Tu t'es battue pour qu'il te revienne, pour que sa sanction soit révisée et qu'il ait enfin un avocat décent. Quelqu'un d'affamé, voir véreux tu n'en avais que faire tout ce que tu voulais c'était retrouver ton époux qui purgeait une peine des plus injustes. De vingt ans vous êtes passés à dix, tes efforts ont su payer et enfin tu le retrouves. Enfin tu vas avoir la possibilité de t'endormir contre lui à nouveau et de te régaler de son sourire au réveil. De sa chaleur contre ton corps froid et vieillissant. De cette moitié qui t'as tant manqué au cours de cette dernière décennie.

Les mains dans les pommes de terre, tu te demandes depuis combien de temps tu n'as pas prit la peine de cuisiner dans ton appartement. Il faut dire qu'avec ta vie de femme active tu as perdu le goût aux bons petits plats cuisinés pour te contenter de take-away ou de barquettes déjà préparées. Les seules fois où t'as mis les mains à la pâte doivent être aux Noëls et Nouvel-Ans passés dans votre famille. Le sourire étalé sur ton visage, tu prends énormément de plaisir à renouer avec ces petites habitudes qui étaient les vôtres. Les accords de la guitare résonnent, bien que tu trouvais déjà ton mari doué à l'époque, tu peux cependant constater une certaine dextérité encore plus précise. Ton myocarde s'accélère dans ta poitrine, le moment est bien trop beau. T'as eu l'occasion d'y penser et d'y penser encore. A vos retrouvailles. Mais la réalité dépasse de loin tes songes et t'apaise grandement. Vous n'avez pas changés, vous êtes tout aussi amoureux si ce n'est plus encore. Votre lien est plus fort, votre confiance à toutes épreuves. Plus rien ne saura se mettre en travers de votre chemin et encore moins vous séparer. Le plat finit sa course au four alors que ton soprano rejoint la douce musique émanant des cordes de ton homme. Tes mains lavées et essuyées, tu rejoins ses côtés en te lovant dans son dos, ta joue pressée contre la sienne.

Que ce soit son odeur, le goût de sa peau lorsque tes lèvres se posent dessus ou bien sa présence, tout suffit à te rendre ton bonheur. Le vrai, le palpable. "Oui, la nôtre." Que tu te mets à ronronner tout en appréciant ce contact à la fois si simple et si réparateur. Sa main finit par arrêter cette douce mélodie englobant votre appartement pour lentement gagner la peau de ta joue et y déposer une douce caresse que tu apprécies plus que tout. Ton cœur fond, encore adolescent. Tu ne te lasseras jamais de l'effet que ton époux te procure même à presque trente ans de mariage. Tu te sens aimée, cajolée, désirée. Tu te sens à ta place, hors du temps, dans cette bulle d'intimité qui est la votre. Tu encourages ensuite ton homme à reprendre, le temps que tu te mettes à dresser la table et que tu t'affaires au reste de tes tâches. Petite sauce, viande à saisir... Une douce odeur émane des fourneaux et vos ventres crient famine. T'en viens à t'inquiéter sur ta cuisine, à savoir si tu n'as pas perdu le coup de main ou la magie de tes assaisonnements qui savaient ravir même les plus compliqués comme ton frangin difficile au possible. Mais tu finis par te rassurer en constatant cette dose d'amour astronomique que tu peux mettre pour régaler les papilles de Kenneth ayant subi bien des repas foireux pendant ses années de prison. Tu dois juste reprendre un peu confiance en cette femme aimante qui est toujours là, cette petite fée du logis attentive et passionnée. Cette petite femme d'intérieur parfaite.

Les verres de vin se finissent et se re-remplissent. La cuisson te semble bonne après des dizaines de minutes enfournées et vous passez enfin à table. Rien que ça, t'avais oublié ce que ça pouvait faire. Que de voir cette mine ravie devant ce que tu as pu préparer, de le voir impatient rien qu'à l'idée de piocher généreusement dans son assiettes à coups de fourchette gourmande. Vous discutez famille, tu donnes les quelques potins sur ton frère et votre neveu que vous devriez voir dès le début de semaine prochaine. Oliver n'a pas vraiment changé en dix ans mais c'est fou ce que Denver a pu pousser et changer. Un beau jeune homme qu'il est, aussi beau que son père et son parrain à la même époque. Dans la fleur de l'âge. "Tu sais qu'il n'arrête pas de demander après toi? Tu vas voir un peu quel genre de tombeur ton filleul est devenu. Faut dire que la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre..." Que tu te mets à rire en pensant à ton frangin et ce nombre de conquêtes impressionnant qu'il pouvait accumuler lorsque vous étiez jeunes. Toi tu t'es mariée à tes seize ans, tu n'as connu qu'un seul et unique homme dans ta vie. Tu pioches généreusement dans ton assiette entre deux bribes de paroles. Vos parents vont bien également, ils prennent de l'âge mais dieu merci la vieillesse semble leur épargner ses petits désagréments. Tu as pris soin des Snyder comme s'ils t'avaient mis au monde pendant l'absence de ton mari, prenant avec sérieux cette tâche que de t'occuper d'eux. Il te tardes d'être au fêtes de fin d'années pour pouvoir vous retrouver tous ensemble, comme si ces dix ans n'étaient plus qu'un mauvais souvenir à planquer au fond d'un tiroir.

C'est fou comme ce sourire ne te quitte pas, démesuré. Étirant tes traits pour les sublimer. Le rose aux joues comme lors de vos brèves entrevues adolescentes. Le myocarde battant et la peau incandescente. L'envie de te lover, nicher contre lui pour ne plus jamais desserrer ton étreinte. Enfin le
temps est venu de dire adieu à tes peurs et tes craintes.



(c) DΛNDELION


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